Suchbegriff: corneille_menteur
Treffer: 6

1 - Reflexions sur comique-lamoryant /

Cepend ant c'eſt au Menteur que l'on doit ſixer l'époque de la bonne Comédie. Le grand Corneille, en ti- rant ſon ſujet d'un Poëte Eſpagnol, rendit au Théatre François le ſervice le plus important. Il ouvrit à ſes ſuc- ceſſeurs la route de plaire par des intrigues ſimples, & leur apprit en- core la façon ingénieuſe de les accommoder à nos mœurs.


2 - Reflexions sur comique-lamoryant /

DuMenteur, il faut paſſer, ſans intervalle, juſqu'à Moliere, pour trouver la Scene Françoiſe dans ſon point de perfection. C'eſt à cet Au teur admirable que nous devons ces traits victorieux qui ont porté notre Comique ſur tous les Théatres de l'Europe, & qui nous donnent un avantage ſi marqué ſur celui des Grecs & des Romains.


3 - Discours de la tragedie /

Il faut placer les actions où il est plus facile & mieux séant qu'elles arrivent, & lesfaire arriver dans un loisir raisonnable, sansles presser extraordinairement, si la nécessité de les renfermer dans un lieu & dans nnjour ne nous y oblige. J'ai déja fait voiren l'autre Discours que pour conserver l'unité de lieu, nous faisons parler souventdes personnes dans une place publique, quivraisemblablement s'entretiendroient dansune chambre, & je m'assure que si on racontoit dans un Roman ce que je fais arriver dans le Cid, dans Polyoeucte, dans Pompée, ou dans le Menteur, on lui donneroit un peu plus d'un jour pour l'étenduede sa durée. L'obéissance que nous devons aux régles de l'unité de jour & de lieu nous dispense alors du vraisemblable, bien qu'elle ne nous permette pas l'impossible: maisnous ne tombons pas toujours dans cettenécessité, & la Suivante, Cinna, Théodore, & Nicoméde n'ont point en besoin de DE LA TRAGEDIE. 541 s'écarter de la vraisemblance à l'égard dutemps, comme ces autres poëmes,


4 - Discours de la tragedie /

Dans le Menteur, tout l'intervalle dutroisiéme au quatriéme vraisemblablementse consume à dormir par tous les Acteurs.Leur repos n'empêche pas toutefois la continuïté d'action entre ces deux Actes, parceque ce troisiéme n'en a point de complette.Dorante le finit par le dessein de chercherles moyens de regagner l'esprit de Lucréce, 562 TROISIE'ME DISCOURS. & dès le commencement de l'autre il seprésente pour tâcher de parler à quelqu'unde ses gens, & prendre l'occasion de l'entretenir elle-même, si elle se montre.


5 - Discours de la tragedie /

Je tiens donc qu'il faut chercher cetteunité exacte autant qu'il est possible, maiscomme elle ne s'accommode pas avec tou- DES TROIS UNITE'S. 585 te sorte de sujets, j'accorderois très-volontiers que ce qu'on feroit passer en une seule ville auroit l'unité de lieu. Ce n'est pasque je voulusse que le Théatre représentâtcette ville toute entiére, cela seroit un peu trop vaste, mais seulement deux ou troislieux particuliers enfermés dans l'enclos deses murailles. Ainsi la scéne de Cinna nesort point de Rome, & est tantôt l'apartement d'Auguste dans son Palais, & tantôt la maison d'Æmilie. Le Menteur a lesTuilleries & la Place Royale dans Paris, &la Suite fait voir la prison, & le logis deMélisse dans Lyon. Le Cid multiplie encore davantage les lieux particuliers sans quitter Séville; & comme la liaison de scénen'y est pas gardée, le Théatre dès le prémier Acte est la maison de Chiméne, l'apartement de l'Infante dans le Palais du Roi,& la place publique. Le second y ajoûte lachambre du Roi, & sans doute il y a quelque excès dans cette licence. Pour rectifieren quelque façon cette duplicité de lieu, quand elle est inévitable, je voudrois qu'onfît deux choses. L'une, que jamais on nechangeât dans le même Acte, mais seulement de l'un à l'autre, comme il se fait dans les trois prémiers de Cinna; l'autre,que ces deux lieux n'eussent point besoinde diverses décorations, & qu'aucun desdeux ne fût jamais nommé, mais seulement le lieu général où tous les deux sont 586 TROSIE'ME DISCOURS. compris, comme Paris, Rome, Lyon,Constantinople, &c. Cela aideroit à tromper l'auditeur, qui ne voyant rien qui luimarquât la diversité des lieux, ne s'en appercevroit pas, à moins d'une réflexion malicieuse & critique, dont il y en a peu qui soient capables, la plûpart s'attachant avec chaleur à l'action qu'ils voyent représenter.Le plaisir qu'ils y prennent est cause qu'ilsn'en veulent pas chercher le peu de justessepour s'en dégoûter, & ils ne le reconnoissentque par force, quand il est trop visible, comme dans le Menteur & la Suite, où les différentes décorations font reconnoître cette duplicité de lieu malgré qu'on en ait.


6 - Discours de la tragedie /

Je tiens donc qu'il faut chercher cetteunité exacte autant qu'il est possible, maiscomme elle ne s'accommode pas avec tou- DES TROIS UNITE'S. 585 te sorte de sujets, j'accorderois très-volontiers que ce qu'on feroit passer en une seule ville auroit l'unité de lieu. Ce n'est pasque je voulusse que le Théatre représentâtcette ville toute entiére, cela seroit un peu trop vaste, mais seulement deux ou troislieux particuliers enfermés dans l'enclos deses murailles. Ainsi la scéne de Cinna nesort point de Rome, & est tantôt l'apartement d'Auguste dans son Palais, & tantôt la maison d'Æmilie. Le Menteur a lesTuilleries & la Place Royale dans Paris, &la Suite fait voir la prison, & le logis deMélisse dans Lyon. Le Cid multiplie encore davantage les lieux particuliers sans quitter Séville; & comme la liaison de scénen'y est pas gardée, le Théatre dès le prémier Acte est la maison de Chiméne, l'apartement de l'Infante dans le Palais du Roi,& la place publique. Le second y ajoûte lachambre du Roi, & sans doute il y a quelque excès dans cette licence. Pour rectifieren quelque façon cette duplicité de lieu, quand elle est inévitable, je voudrois qu'onfît deux choses. L'une, que jamais on nechangeât dans le même Acte, mais seulement de l'un à l'autre, comme il se fait dans les trois prémiers de Cinna; l'autre,que ces deux lieux n'eussent point besoinde diverses décorations, & qu'aucun desdeux ne fût jamais nommé, mais seulement le lieu général où tous les deux sont 586 TROSIE'ME DISCOURS. compris, comme Paris, Rome, Lyon,Constantinople, &c. Cela aideroit à tromper l'auditeur, qui ne voyant rien qui luimarquât la diversité des lieux, ne s'en appercevroit pas, à moins d'une réflexion malicieuse & critique, dont il y en a peu qui soient capables, la plûpart s'attachant avec chaleur à l'action qu'ils voyent représenter.Le plaisir qu'ils y prennent est cause qu'ilsn'en veulent pas chercher le peu de justessepour s'en dégoûter, & ils ne le reconnoissentque par force, quand il est trop visible, comme dans le Menteur & la Suite, où les différentes décorations font reconnoître cette duplicité de lieu malgré qu'on en ait.