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1 - Reflexions sur comique-lamoryant /

Le Théatredes Grecs, ouvrage immortel du Pere Brumoi, nous apprend qu'après que la Comédie eut laiſſé ſes tretaux, elle tourna ſes vûes du côté de l'inſtruction de ſes Citoyens, relativement aux affaires politiques du Gouvernement. Dans ce premier âge de la Scene, on at- taqua plutôt les perſonnes que les vices, & l'on ſe ſervit plus volontiers des armes de la ſatyre, que des traits du ridicule. Alors le Philo- ſophe, l'Orateur, le Magiſtrat, le Général d'Armée, les Dieux mêmes, ſurent expoſés aux railleries les plus ſanglantes; & tout, ſans diſtinction, devint la victime d'une liberté qui n'avoit point de bornes.


2 - Reflexions sur comique-lamoryant /

Laſatyre perſonnelle, & le ridicule des mœurs, formerent donc ſucceſſivement le caractere des Poë- mes de ces différens Comiques; & ce fut uniquement ſous ces traits qu'ils prétendirent corriger & diver- tir leurs Concitoyens. Mais cette maniere, qui pouvoit s'étendre à toutes les conditions, ne fut pas pouſſée auſſi loin qu'elle pouvoit aller. Nous n'avons en effet aucu nes pieces, ni Greques ni Latines, qui ayent immédiatement les fem- mes pour objet. Si Ariſtophanes les introduit aſſez ſouvent ſur la Scene, ce n'eſt jamais que comme des per- ſonnages acceſſoires, quin'ont point de part au ridicule; & lors même qu'il leur donne les premiers rolles, comme dans les Harangueuſes, la critique retombe toûjours ſur les hommes qui conſtituent le véritable ſujet de ſon Poëme.


3 - Reflexions sur comique-lamoryant /

(a) Rien n'eſt plus ridicule, j'en conviens, que de diſputer ſur les noms: il ne l'eſt guere moins de vouloir donner un nom connu & déterminé à une choſe à laquelle il ne convient nullement. Le nom de Comédie ne convient pas davantage au Comique-Larmoyant, que celui de Poëme épique aux Aventures de Dom Quichotte. . . Comment donc caractériſer ce nouveau genre? Une décla- mation pathétique miſe en Dialogue, & ſoûtenue dans le cours d'une intrigue de Roman, &c. Principes pour lire les Poëtes, tome 2.


4 - Reflexions sur comique-lamoryant /

Par la légere eſquiſſe que nous venons de voir, il eſt conſtant que le Théatre Grec n'a pû leur donner aucune idée analogue au Comique- Larmoyant. Les Pieces d'Aristopha nes neſont proprement que des Dia logues ſatyriques; & il paroît par les fragmens de Ménandre, que ce Poëte n'a employé que les couleurs. du Ridicule, ou de cette critique générale, qui réjoüit plus l'eſprit qu'elle n'affecte l'ame.


5 - Reflexions sur comique-lamoryant /

Et ne croyez pas que cet aveu unanime ſoit difficile à prouver. Pre nez Ariſtophanes, Plaute & Téren- ce; parcourez le Théatre Anglois, & les bonnes Pieces du Théatre Ita lien; rappellez-vous enſuite Mo liere & Renard; conciliez ces preu ves de fait avec les déciſions des Lé- giſlateurs de la Scene, avec Ariſtote, Horace, Deſpréaux, le P. Rapin; & vous trouverez les uns & les autres également oppoſés au ſyſtème du comique-plaintif. Vous ſentirez bien des différences néceſſaires dans les mœurs & dans le génie des Poëtes de chaque Nation. Vous trou verez bien, ſuivant la nature des ſu jets, un air néceſſairement grave dans les Pieces qui attaquent les vices du cœur; un mélange de ba dinage & de ſérieux dans celles qui frondent les travers de l'eſprit; en fin un ton purement comique dans celles qui ne ſont deſtinées qu'à peindre le ridicule: Leves ubi licet; graves ubi decet *. Vous verrez encore* Le P.Porée. que l'art n'eſt point obligé de nous faire rire, & qu'il lui ſuffit ſouvent d'aller juſqu'à ce ſentiment intérieur qui dilate l'ame, ſans paſſer à ces mouvemens immodérés qui font éclater: mais vous n'y verrez point ce ton triſte & dolent, & ce roma- neſque lugubre, devenu ſous mes yeux l'idole des femmes & des jeu nes gens: en un mot, cet examen vous convaincra qu'il eſt contre la nature du genre comique de nous faire pleurer ſur nos défauts, même dans la peinture des vices les plus odieux; que le maſque de Thalie ne ſouffre, pour ainſi dire, que des lar mes de joie ou d'amour; & que ceux qui affectent de lui en faire verſer de quaſi-tragiques, peuvent chercher une autre Divinité pour lui adreſſer leurs hommages.


6 - Reflexions sur comique-lamoryant /

Le premier embraſſe les vices qui rendent mépriſables, & les travers qui rendent ridicules: il anime ſes portraits de traits riants & ſatyri- ques; il veut que chacun puiſſe ſe reconnoître dans ſes peintures, & rire auſſi malignement de ſa propre image, que ſi c'étoit aux dépens de ſon voiſin. Le ſecond, au contraire, n'attaque que certains défauts, ou pour mieux dire, il n'en attaque au cuns: il recherche laborieuſement des ſituations triſtes & extraordinai res; & il les peint avec les plus ſom bres couleurs. L'un réjoüit le cœur & amuſe l'eſprit par un jeu vif & ſail lant, qui diſſipe les chagrins; l'autre vous y replonge par un ton lugubre; & fait tous ſes efforts pour affliger votre ame par des narrations multi pliées de malheurs & d'infortunes. Oſez décider à préſent ſur la préfé rence, ou niez la vérité des carac teres.


7 - Reflexions sur comique-lamoryant /

Ainsi il faut diſtinguer entre l'objet de l'art & le devoir de l'Ar tiſte. Le premier eſt ſuffiſamment rempli par la cenſure du vice & l'é- loge de la vertu. Il eſt néceſſaire, pour ſatisfaire à l'autre, que le Poëte peigne avec les couleurs qui leur ſont propres, & les vices généraux, comme les paſſions qui ont leur prin cipes dans le cœur, & le ridicule particulier, comme la biſarrerie des modes, qui prend ſa ſource dans l'eſ prit. Il faut encore qu'il choiſiſſe une action convenable, qu'il la diſpoſe d'une maniere propre à produire les effets les plus agréables, & qu'il y ſeme ſa morale par la main des Ac teurs, que la raiſon & l'expérience ſemblent, comme de concert, avoir deſtinés à cet uſage.


8 - Reflexions sur comique-lamoryant /

Il n'en eſt pas de même des por- traits que le Poëte crayonne d'après les vices & le ridicule; nous en ſom mes tous ſuſceptibles, & l'homme le plus parfait porte toûjours dans ſon eſprit & dans ſon cœur le germe de certains travers, de certains défauts que les occaſions ſavent bien développer. Nous devons donc nous retrouver dans la peinture de ces foibleſſes attachées à l'humanité, & y voir ce que nous ſommes, ou ce que nous pouvons être. Cette ima ge, qui devient la nôtre, eſt un ob jet des plus intéreſſans, & qui porte dans l'ame des coups de lumiere d'autant plus ſalutaires, qu'ils ſont produits par la cauſe la plus capa ble de nous déterminer, la crainte du déshonneur & du ridicule. Ainſi la nation ſuperbe & implacable des hypocrites fut abatue par la pein ture des vices de l'Impoſteur. Mille coupables furent allarmés, & ſe plai- gnirent avec d'autant plus d'aigreur, qu'ils avoient été plus vivement frappés. Dans les repréſentations de Georges Dandin, les maris les plus aguerris laiſſent remarquer ſur leurs viſages l'émotion qu'ils reſſen tent quand leur ſituation approche trop de celle de l'original; & ces rapports-là ne ſont pas rares. Le défaut de figure ou de génie, le goût du changement, le caprice les multiplient, comme l'inégalité de la naiſſance. Les tableaux ſans ceſſe re naiſſans des Diafoirus n'ont peut- être pas peu contribué à faire aban donner aux Medecins leur entêtement aveugle pour l'ancienne mé- thode, ſans les provoquer néan- moins, à ces eſſais haſardeux dont on ſuppoſe malignement que nous ſommes quel quefois les victimes. En fin, vous n'ignorez pas que les traits enjoüés & mordans des Femmes ſa vantes & des Précieuſes ridicules, corrigerent rapidement ces deux manies du ſexe.


9 - Reflexions sur comique-lamoryant /

J'avoue que d'autres caracteres également bien frappés n'ont pas produit des fruits auſſi ſenſibles. Le Malade imaginaire n'a pas guéri les vapeurs de tous les Orgons: tous les Miſantropes n'en ſont pas deve nus plus ſociables, ni les Comtes de Tufiere plus modeſtes. Mais quelle en eſt la raiſon? C'eſt que les dé- fauts de cette eſpece n'attaquent pas la probité, & qu'on trouve même dans le monde des perſonnes qui s'en font honneur. Les tempéra mens délicats ſont tous prêts des eſpritsdélicats. Un caractere ſévere & chagrin eſt ordinairement rempli de probité. Le Duc de Montauſier ne dédaigna pas celui du Miſantro pe. Enfin, un certain orgueil ſuppo ſe un ſentiment quelquefois raiſon nable de ſa propre ſupériorité. Le préjugé, dans ces occaſions, lute avec ſuccès contre les traits de la critique: mais il ne tiendra point contre la peinture comique d'un vice de cœur, ou d'un ridicule de ſociété, ou d'un travers d'eſprit: on ne veut point, à quelque prix que ce ſoit, être l'objet des regards humilians des ſpectateurs; & ſi l'on ne ſe corrige pas en effet, on eſt du moins forcé à la diſſimulation, dans la crainte de paſſer publiquement pour ridicules ou pour mépriſables.


10 - Reflexions sur comique-lamoryant /

Si les fables propres au Brode quin étoient entierement épuiſées, on pourroit pardonner plus volon tiers à l'invention des caracteres larmoyans, qui, mêlés de vrai & de faux, ont au moins le mérite de nous toucher dans le moment, s'ils nous révoltent à la réflexion: mais il en eſt une foule (a) qui ſont encore tous neufs, & dont on ſouhaite en vain depuis long-tems d'avoir la peinture ſur la Scene. Nous n'avons peut-être pas un ſeul portrait fidele de certaines mœurs, de certains ridicules de notre tems, de l'affabili- téimpérieuſe de nos courtiſans, & de leur ſoif inſatiable des plaiſirs & de la faveur; de la vanité étourdie & de l'enflure importante de nos jeu nes Magiſtrats; de l'avarice réelle & de la prodigalité orgueilleuſe de

(a) Je répons, dit M. Dubos, que Moliere & ſes imitateurs n'ont pas mis ſur la Scene la qua trieme partie des caracteres propres à faire le ſujet d'une Comédie. Il en eſt du caractere & de l'eſprit des hommes à peu près comme de leurs viſages, quoique toûjours compoſés des mêmes parties, cependant ils ne ſe reſſemblent point, &c.

nos grands Financiers; de cette ja- louſie délicate & quelquefois emportée qui regne parmi les femmes de la Cour, ſur les avantages du rang, & plus encore ſur ceux de la beau té; de ces Bourgeoiſes opulentes que la fortune enivre, & qui inſul tent, par leur éclat impudent, aux lois, aux bienſéances & à la raiſon, &c.


11 - Reflexions sur comique-lamoryant /

Quelle ſupériorité n'a pas le vrai Comique ſur un genre auſſi ſté rile! Non-ſeulement tous les carac teres & toutes les conditions, les vices & les ridicules ſont expoſés à ſes traits; il a encore la liberté de varier les couleurs dont les mêmes originaux, les mêmes travers peu vent être peints; & cette carriere-là n'a point de bornes: car quoique les hommes ſoient ſujets aux mêmes défauts dans tous les tems, ils les montrent néanmoins différemment dans les différens ſiecles. Les An ciens à cet égard ne reſſemblent point aux Modernes. Nous ne reſ- ſemblons pas même aujourd'hui à nos peres.


12 - Reflexions sur comique-lamoryant /

Concluons donc qu'il ne doit jamais être permis d'inventer que pour embellir; que le genre du Comique Larmoyant eſt une dé- couverte dangereuſe, & capable de porter le coup mortel au vrai Co mique. Lorſqu'un art eſt arrivé à ſa perfection, vouloir en changer l'eſſence, eſt moins une liberté permi ſe à l'Empire des Lettres, qu'une licence intolérable (a). Les Grecs & les Romains nos Maîtres & nos modeles dans toutes les produc tions de goût, ont principalement deſtiné la Comédie à nous amuſer & à nous inſtruire par la voie de la critique & de l'enjoue

(a) Comme les Arts ſe touchent, écoutons les plaintes de M. Blondel, dans ſon Diſcours ſur l'Architecture, imprimé en 1747. Il eſt à crain dre, dit-il, que les nouveautés ingénieuſes qu'on introduit de nos jours, même avec ſuccès, ne ſoient imitées par des Artiſans, qui, n'ayant ni le mérite ni la capacité des Inventeurs, jmagi neroient dans la ſuite une infinité de formes bi- ſarres, qui corromproient inſenſiblement le goût, & feroient décorer du beau nom d'invention des ſingularités extravagantes. Quand une fois ce poi ſon des Arts a ſéduit, les Anciens paroiſſent ſtériles, les grands Hommes froids, & les préceptes trop reſſerrés, &c.

ment. Toutes les Nations de l'Eu rope ont depuis ſuivi cette maniere plus ou moins exactement, ſuivant qu'elle s'accordoit avec leur génie particulier: nous l'avons nous-mê- mes adoptée dans les jours de notre gloire, dans ce ſiecle ſi ſouvent mis en parallele avec celui d'Auguſte; pour quoi forcer Thalie d'emprunter au- jourd'hui la ſombre attitude de Melpomene, & de répandre un air ſé rieux ſur un Théatre dont les jeux & les ris ont toûjours fait le princi pal ornement, & feront toûjours le caractere diſtinctif?


13 - Betrachtungen über das weinerlich Komische /

Die Schaubühne der Griechen, das unsterbliche Werk des Pater Brumoi, lehret uns, daß die Komödie, nachdem sie ihre bretterne Gerüste verlassen, ihr Augenmerk auf den Unterricht der Bürger, in Ansehung der politischen Angelegenheiten der Regierung, gerichtet habe. Jn dem ersten Alter der Bühne grif man vielmehr die Personen, als die Laster an, und gebrauchte lieber die Waffen der Satyre, als die Züge des Lächerlichen. Damals waren der Weltweise, der Redner, die Obrigkeit, der Feldherr, die Götter selbst, den allerblutigsten Spöttereyen ausgesetzt; und alles, ohne Unterscheid, ward das Opfer einerFreyheit, die keine Grenzen kannte.


14 - Betrachtungen über das weinerlich Komische /

Die persönliche Satyre und das Lächerliche derSitten machten also, die auf einander folgenden Kennzeichen der Gedichte von diesen verschiedenen Arten des Komischen, aus; und unter diesen Zügen einzig und allein suchten die Verfasser ihre Mitbürger zu bessern und zu ergötzen. Doch diese letztre Art, welche sich auf alle Stände erstrecken konnte, ward nicht so weit getrieben, als sie es wohl hätte seyn können. Wir haben in der That kein Stück, weder im Griechischen noch im Lateinischen, dessen Gegenstand unmittelbar das Frauenzimmer sey. Aristophanes führt zwar oft genug Weibsbilder auf, allein nur immer als Nebenrollen, welche keinen Antheil an dem Lächerlichen haben; und auch alsdenn, wenn er ihnen die ersten Rollen giebt, wie zum Exempel in den Rednerinnen, fällt dennoch die Critik auf die Manns Betrachtungen über das personen zurück, welche den wahren Gegenstand seines Gedichts ausmachen.


15 - Betrachtungen über das weinerlich Komische /

(1) Jch gestehe es, nichts ist lächerlicher, als über Namen zu streiten; es ist aber auch eben so lä cherlich, einen bekannten und bestimmten Namen einer Sache beyzulegen, der er nicht zukömmt. Der Name einer Komödie kömmt dem weiner lich Komischen nicht besser zu, als der Name eines Epischen Gedichts den Abentheuern des Dom Quichott zukömmt = = Wie soll man also diese neue Gattung bezeichnen? Eine in Gesprä che gebrachte pathetische Declamation, die durch eine romanenhafte Verwicklung zusammen gehal ten wird et cetera Man sehe Principes pour lire les Poetes im 2ten Theile.