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1 - Reflexions sur comique-lamoryant /

Le Théatredes Grecs, ouvrage immortel du Pere Brumoi, nous apprend qu'après que la Comédie eut laiſſé ſes tretaux, elle tourna ſes vûes du côté de l'inſtruction de ſes Citoyens, relativement aux affaires politiques du Gouvernement. Dans ce premier âge de la Scene, on at- taqua plutôt les perſonnes que les vices, & l'on ſe ſervit plus volontiers des armes de la ſatyre, que des traits du ridicule. Alors le Philo- ſophe, l'Orateur, le Magiſtrat, le Général d'Armée, les Dieux mêmes, ſurent expoſés aux railleries les plus ſanglantes; & tout, ſans diſtinction, devint la victime d'une liberté qui n'avoit point de bornes.


2 - Reflexions sur comique-lamoryant /

Le troiſieme âge du Théatre Athénien ſut infiniment moins har- di. Ménandre, qui lui ſervit de mo- dele, tranſporta la Scene dans un lieu imaginé, & qui n'eut plus rien de commun avec celui de la repré ſentation. Les perſonnages furent également inventés, & les aventu res ſuppoſées. Des Lois plus ſéveres encore que les premieres, ne per mirent pas à cette nouvelle eſpece de Comédie de retenir rien du ton qu'elle avoit pris ſur les premiers Poëtes.


3 - Reflexions sur comique-lamoryant /

Corneille, deſtiné à illuſtrerl'une & l'autre Scene, parut enfin. Mélite produiſit une nouvelle eſpece de Comédie; & cette piece, qui nous paroît ſi foible & ſi défectueuſe au jourd'hui, préſenta à nos ayeux étonnés, des beautés que l'on ne connoiſſoit point encore.


4 - Reflexions sur comique-lamoryant /

A la vûe de ce noble eſſor, il étoit naturel de penſer que la Co- médie reſteroit dans le degré de gloire où elle étoit enfin parvenue, ou du moins qu'on feroit tous ſes efforts pour ne pas dégénérer. Mais eſt-il des Lois, des Coûtumes, des conventions qui puiſſent réſiſter aux caprices de la nouveauté & fixer le goût de cette impérieuſe Déeſſe? L'autorité de Moliere, & plus en- core le ſentiment du vrai, obligerent en quelque ſorte pluſieurs de ſes ſucceſſeurs à marcher ſur ſes tra ces, & lui font encore aujourd'hui trouver d'illuſtres Diſciples. Mais la plus grande partie de nos Auteurs, ceux même à qui la nature a donné le plus de talens, croyent pouvoir abandonner un modele auſſi utile, & s'efforcent à l'envi de ſe faire un nom qui ne doive rien à l'imitation ni des Anciens ni des Modernes.


5 - Reflexions sur comique-lamoryant /

Dans le nombre des nouveautés qu'ils ont introduites ſur notre Scene, je ne dirai rien de ces Co médies ſingulieres, où l'on ſubſtitue des êtres perſonnifiés à la place de perſonnages réels; c'eſt un goût de féerie que l'Opéra ſeul a droit de revendiquer: ni de celles où la viva- cité piquante du dialogue tient lieu d'intrigue & d'action; on ne peut les regarder que comme de ſubtiles analyſes des ſentimens du cœur, que comme un compoſé de ſaillies & d'éclairs d'imagination, plus pro pres à brillanter un Roman, qu'à parer de ſes vrais ornemens un Poë me dramatique. Je me borne à vous parler de ce nouveau genre de Co mique que l'Abbé Desfontaines qualifioit de Larmoyant, & auquel en effet il eſt difficile de trouver un nom (a) plus décent & plus conve nable.


6 - Reflexions sur comique-lamoryant /

(a) Rien n'eſt plus ridicule, j'en conviens, que de diſputer ſur les noms: il ne l'eſt guere moins de vouloir donner un nom connu & déterminé à une choſe à laquelle il ne convient nullement. Le nom de Comédie ne convient pas davantage au Comique-Larmoyant, que celui de Poëme épique aux Aventures de Dom Quichotte. . . Comment donc caractériſer ce nouveau genre? Une décla- mation pathétique miſe en Dialogue, & ſoûtenue dans le cours d'une intrigue de Roman, &c. Principes pour lire les Poëtes, tome 2.


7 - Reflexions sur comique-lamoryant /

Celui, dites-vous, qui le pre mier étala le Spectacle de la Comé die, ne put travailler d'après un mo dele; il dreſſa un plan ſelon ſes vûes; & ce fut par conſéquent du fond de ſes idées que le nouvel ouvrage tira ſa nature & ſes attributs; ceux qui vinrent enſuite ſe crurent auſſi en droit d'inventer. Sous leurs mains, la Comédie reçut une nouvelle for me, qui eſſuya elle-même des viciſſitudes. Ces changemens ne furent pas traités d'innovations; on n'ima ginoit pas encore qu'il ne fût pas permis de changer, de modifier une production écloſe du cerveau d'un Auteur, & dont la nature ne peut être, ſi on l'oſe dire, que verſatille & un peu arbitraire. Car enfin, ajoûtez- vous, l'eſſence de la Comédie, quel le qu'elle ſoit, ne ſera jamais auſſi invariablement fixée que l'eſſence des vérités géométriques: d'où vous concluez qu'il doit être permis à nos Modernes de changer l'an cienne conſtitution du Poëme co mique. L'exemple de leurs prédé ceſſeurs les enhardit, & la nature de la choſe le permet.


8 - Reflexions sur comique-lamoryant /

Ainsi, l'objection priſe de la nature arbitraire de la Comédie, me paroît ſolidement réfutée; puiſque tout ce qui anéantit l'effet principal qu'un ouvrage doit produire, eſt un défaut eſſentiel. Cependant vous croyez pouvoir réſiſter enco re, parce que l'art comique eſt na turellement plus aſſervi que les au tres productions de génie au goût du ſiecle où l'on écrit, & que c'eſt ce goût qu'il faut ſuivre, ſi l'on veut réuſſir. J'adopte volontiers ces ma ximes: mais de quelle reſſource peuvent-elles ſervir à la gloire du Comique-Larmoyant? Loin que le goût général décide en ſa faveur, les autorités ſont au moins parta gées. Il eſt une portion choiſie de ſpectateurs dépoſitaires, pour ainſi dire, du feu ſacré de la vérité, & dont le goût ſûr & invariable n'a ja mais fléchi ſous la tyrannie de la mo de, niadoré la divinité du jour.


9 - Reflexions sur comique-lamoryant /

LaComédie eſt l'image des ac tions communes de la vie, ou ſi l'on veut, des vices & des vertus ordi- naires qui en compoſent le cercle, La peinture des bonnes, comme celle des mauvaiſes qualités, forme donc ſa conſtitution eſſentielle. Deſſiner avec correction les por traits des hommes, rendre avec exactitude leurs caracteres & leurs ſentimens, faire ſervir ces peintures aux progrès des mœurs; c'eſt em- braſſer à la fois les grands objets de l'art & de l'Artiſte.


10 - Reflexions sur comique-lamoryant /

Quolque ces principes ſoient vrais en général, ils n'ont cepen dant qu'une application in directe au genre comique. Peindre les hommes, & rendre leurs caracteres avec cxactitude, eſt un but commun aux la Rochefoucaults & aux la Bruye res, qui n'ont jamais prétendu nous donner que des tableaux des vices & des vertus en général, & non des Poëmes dramatiques. La peinture des bonnes & des mauvaiſes quali tés ne forme donc pas par elle-mê me l'eſſence de la Comédie; c'eſt de l'aſſortiment des couleurs, de l'atti tude & de l'expreſſion des perſon- nages qu'elle reçoit principalement ſon nom, ſa forme & ſon être.


11 - Reflexions sur comique-lamoryant /

(a) Le ſujet de la Comédie doit être pris entre les événemens ordinaires; & ſes perſonnages doi vent reſſembler par toutes ſortes d'endroits au peuple pour qui on la compoſe. Elle n'a pas be ſoin d'élever ces perſonnages ſur des piédeſtaux, puiſque ſon but principal n'eſt pas de les faire admirer pour les faire plaindre plus facilement; elle veut tout au plus nous donner pour eux quelque inquiétude, cauſee par les contretems fàcheux qui leur arrivent, &c. Dubos, Réfl. crit. tom. 2. p. 255.


12 - Reflexions sur comique-lamoryant /

Et d'abord le nouveau Comi que a tout le vuide des impreſſions produites par la lecture des Romans. Comme eux, rempli d'intrigues forcées & de ſituations extraordinaires, de caracteres outrés, & ſou vent plus vrais que vraiſſemblables; s'il cauſe à l'ame ce trouble invo lontaire qui la charme dans le mo ment, c'eſt que nous ſommes néceſ ſairement émûs à la vûe des objets les plus faux, quand la peinture en eſt faite avec art. Mais prenez gar de que ces émotions n'ont point ce degré d'intérêt, cette durée & ce ca ractere de vérité que produit l'imi tation fidele d'une ſituation puiſée dans le ſein de la nature.


13 - Reflexions sur comique-lamoryant /

Mais ce n'eſt pas, ſi je l'oſe dire, la diminution & l'affoibliſſement de nos plaiſirs où l'inutilité d'une morale grave & triſtement ſententieu ſe, qu'on peut le plus légitimement reprocher au nouveau comique; ſon défaut principal eſt d'ôter les bornes qui ont toûjours ſéparéle Co- thurne du Brodequin (a), & de nous rappeller ainſi à l'eſpece monſtrueu- ſe du Tragi-comique, ſi juſtement proſcrite après pluſieurs années d'un triomphe impoſteur. Je ſais bien que le nouveau genre n'a point de traits auſſi biſarres; que la diſproportion des perſonnages n'eſt point auſſi révoltante, & que les Valetsn'y jouent pas avec les Princes: mais le fond en eſt également défectueux, quoi- que ce ſoit par des vices différens.

(a) Il ſemble qu'en France, depuis ſoixante ans, on ait oublié le ſecret de la bonne Comédie. On a perdu juſqu'a la trace de Moliere. On ne ſait plus établir & garder les différences qui ſé- parent la Comédie du genre tragique. Les deux ſtyles ſont maintenant confondus ſur notre Théa tre. Melpomene abandonne à Thalie ſa nobleſſe & ſa dignité. Donnez aux Acteurs des noms plus relevés; & de la plûpart de nos Comédies, vous ferez de vraies Tragédies, ou ce ſeront, ſi l'on veut, des Tragédies Bourgeoiſes, &c. Mémoires de Trévoux, Juillet 1748.

En effet, ſi le premier dégradoit des perſonnages héroïques, en ne leur donnant que des paſſions ſubal ternes, & s'il ne nous préſentoit que des tableaux de ces vertus commu nes, qui ne ſont point aſſez élevées pour l'Héroïſme de la Tragédie; le ſecond éleve des perſonnages communs à ce genre de ſentimens qui produit l'admiration, & les peint ſous les traits de cette pitié char mante qui fait l'appanage diſtinctif du Tragique. Ainſi le génie de l'une & de l'autre Scene paroiſſant égale ment oppoſé à l'eſſence convenue du Poëme comique, elles méritent une égale cenſure, & peut-être une égale proſcription.


14 - Betrachtungen über das weinerlich Komische /

Die Schaubühne der Griechen, das unsterbliche Werk des Pater Brumoi, lehret uns, daß die Komödie, nachdem sie ihre bretterne Gerüste verlassen, ihr Augenmerk auf den Unterricht der Bürger, in Ansehung der politischen Angelegenheiten der Regierung, gerichtet habe. Jn dem ersten Alter der Bühne grif man vielmehr die Personen, als die Laster an, und gebrauchte lieber die Waffen der Satyre, als die Züge des Lächerlichen. Damals waren der Weltweise, der Redner, die Obrigkeit, der Feldherr, die Götter selbst, den allerblutigsten Spöttereyen ausgesetzt; und alles, ohne Unterscheid, ward das Opfer einerFreyheit, die keine Grenzen kannte.


15 - Betrachtungen über das weinerlich Komische /

Das dritte Alter der Atheniensischen Bühne war unendlich weniger frech. Menander, welcher das Muster derselben ward, verlegte die Scene an einen eingebildeten Ort, welcher mit dem, wo die Vorstellung geschah, nichts mehr gemein hatte. Die Personen waren gleichfalls Geschöpfe der Erfindung, und wie die Begebenheiten erdichtet. Neue Gesetze, welche weit strenger als die erstern waren, erlaubten dieser neuen Art von Komödie nicht das geringste von dem zu behalten, was sie etwa den ersten Dichtern konnte abgeborgt haben.