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1 - Reflexions sur comique-lamoryant /

Une premiere Loi corrigea en partie cette licence effrénée des Poëtes. Ils n'oſerent plus nommer perſonne; mais ils trouverent bien tôt le ſecret de ſe dédommager de cette contrainte. Sous des noms empruntés, Ariſtophanes & ſes con temporains tracerent des caracteres* Brumoi,idem.parfaitement reconnoiſſables*; en ſorte qu'ils eurent le plaiſir de ſatiſ faire plus finement & leur amour- propre & la malignité des ſpecta teurs.


2 - Reflexions sur comique-lamoryant /

On vit alors toutes les beautés de l'art & du génie réunies dans nos Poëmes: une économie judicieuſe dans la diſtribution de la Fable, & dans la marche de l'action; des in cidens finement ménagés, pour en flammer la curioſité du ſpectateur; des caracteres ſoûtenus, & ingénieuſement contraſtés avec des per- ſonnages acceſſoires, pour donner plus de ſaillant aux originaux. Les vices du cœur devinrent l'objet de ce haut Comique, inconnu à l'anti- quité, & avant Moliere, à toutesles nations de l'Europe; genre ſublime, dont le charme ſe fait ſentir à proportion de l'étendue & de la déli cateſſe des eſprits. Enfin, on vit dans l'eſpeceimitée des Anciens une cri tique relative aux mœurs & aux ac tions de la vie bourgeoiſe & ordi naire; & la plaiſanterie & le badinage pris du fond des choſes, ſe déclarer naturellement moins par les paroles que par les ſituations vraiement co miques des Acteurs.


3 - Reflexions sur comique-lamoryant /

Pour vous fáire ſentir cette vérité dans toute ſa force, permettez-moi de vous citer un exemple odieux: mais il faut vous convain cre, ſi je ne puis vous perſuader. Dans la monſtrueuſe Comédie de Samſon, ce Héros, rempli d'un zele courageux, & après avoir invoqué l'Etre ſuprême, enfonce les portes de la priſon, & les emporte ſur ſes épaules. Arlequin paroît dans l'in ſtant chargé d'un dindon, & ſe répand en bouffonneries auſſi platement comiques, que les ſentimens du Héros avoient paru nobles & gé néreux. Que dites-vous, je vous prie, d'un contraſte qui amene ſi bruſquement deux ſituations, deux mouvemens auſſi contraires? Doutez-vous que la nature, la raiſon & la bienſéance ne lui ſoient pas éga lement oppoſées? & pouvez-vous vous empêcher de concevoir une eſ pece d'indignation contre ce concours de frivoles ſpectateurs, qui vont réguliérement admirer des ab- ſurdités auſſi révoltantes?


4 - Reflexions sur comique-lamoryant /

Ainsi, l'objection priſe de la nature arbitraire de la Comédie, me paroît ſolidement réfutée; puiſque tout ce qui anéantit l'effet principal qu'un ouvrage doit produire, eſt un défaut eſſentiel. Cependant vous croyez pouvoir réſiſter enco re, parce que l'art comique eſt na turellement plus aſſervi que les au tres productions de génie au goût du ſiecle où l'on écrit, & que c'eſt ce goût qu'il faut ſuivre, ſi l'on veut réuſſir. J'adopte volontiers ces ma ximes: mais de quelle reſſource peuvent-elles ſervir à la gloire du Comique-Larmoyant? Loin que le goût général décide en ſa faveur, les autorités ſont au moins parta gées. Il eſt une portion choiſie de ſpectateurs dépoſitaires, pour ainſi dire, du feu ſacré de la vérité, & dont le goût ſûr & invariable n'a ja mais fléchi ſous la tyrannie de la mo de, niadoré la divinité du jour.


5 - Reflexions sur comique-lamoryant /

Quel profit les mœurs ont-elles retiré de l'étalage facile & ambitieux des beaux, des grands ſentimens? & ces brillantes moralités, ſi fort à la mode, qu'ont - elles opéré ſur nos cœurs & ſur nos eſprits? Une admi- ration ſtérile, un ébloüiſſement mo- mentané, une émotion paſſagere & incapable de produire aucuns re- tours ſur nous-mêmes. Tant de ma- ximes ſi finement préparées, tant de préceptes ſi élégamment étalés, tombent en pure perte pour les Specta- teurs. On admire Mélanide, & on la plaint: mais ſon ton continue- ment douloureux, & le récit de ſes déſaſtresromaneſques ne nous font pas d'impreſſion utile, parce qu'ils n'en font aucune relative à la poſi tion où nous ſommes. Le ſort de la Gouvernante nous attendrit & nous touche; mais ſa ſituation, toute ſin- guliere (a), n'a rien de commun avec la nôtre. Nous ne trouvons en nous-mêmes aucuns modeles de

(a) Le ſujet de la Comédie doit être pris entre les événemens ordinaires; & ſes perſonnages doi vent reſſembler par toutes ſortes d'endroits au peuple pour qui on la compoſe. Elle n'a pas be ſoin d'élever ces perſonnages ſur des piédeſtaux, puiſque ſon but principal n'eſt pas de les faire admirer pour les faire plaindre plus facilement; elle veut tout au plus nous donner pour eux quelque inquiétude, cauſee par les contretems fàcheux qui leur arrivent, &c. Dubos, Réfl. crit. tom. 2. p. 255.

comparaiſons avec des aventures, qui, n'étant placées que dans l'or dre des choſes poſſibles, ne ſemblent pas faites pour nous: on eſt ſaiſi, pénétré, émû, s'il faut l'avoüer, à la vûe de tableaux ſi ingénieux: mais on ne reſſent ni remors, nihon- te, ni crainte pour ſoi-même dans le tiſſu d'événemens que le cours or dinaire des révolutions humaines ne doit jamais amener juſqu'à nous.


6 - Reflexions sur comique-lamoryant /

J'avoue que d'autres caracteres également bien frappés n'ont pas produit des fruits auſſi ſenſibles. Le Malade imaginaire n'a pas guéri les vapeurs de tous les Orgons: tous les Miſantropes n'en ſont pas deve nus plus ſociables, ni les Comtes de Tufiere plus modeſtes. Mais quelle en eſt la raiſon? C'eſt que les dé- fauts de cette eſpece n'attaquent pas la probité, & qu'on trouve même dans le monde des perſonnes qui s'en font honneur. Les tempéra mens délicats ſont tous prêts des eſpritsdélicats. Un caractere ſévere & chagrin eſt ordinairement rempli de probité. Le Duc de Montauſier ne dédaigna pas celui du Miſantro pe. Enfin, un certain orgueil ſuppo ſe un ſentiment quelquefois raiſon nable de ſa propre ſupériorité. Le préjugé, dans ces occaſions, lute avec ſuccès contre les traits de la critique: mais il ne tiendra point contre la peinture comique d'un vice de cœur, ou d'un ridicule de ſociété, ou d'un travers d'eſprit: on ne veut point, à quelque prix que ce ſoit, être l'objet des regards humilians des ſpectateurs; & ſi l'on ne ſe corrige pas en effet, on eſt du moins forcé à la diſſimulation, dans la crainte de paſſer publiquement pour ridicules ou pour mépriſables.


7 - Betrachtungen über das weinerlich Komische /

Die ersten Gesetze schränkten diese unbändige Frechheit der Dichter einigermassen ein. Sie durften sich nicht erkühnen irgend eine Person zu nennen; allein sie fanden gar bald das Geheimniß, sich dieses Zwangs wegen schadlos zu halten. Aristophanes und seine Zeitgenossen schilderten unter geborgten Namen, vollkommen gleichende Charaktere; so daß sie das Vergnügen hatten, so wohl ihrer Eigenliebe, als der Bosheit der Zuschauer, auf eine feinre Art ein Gnüge zu thun.


8 - Betrachtungen über das weinerlich Komische /

Nunmehr sahe man alle Schönheiten derKunst und des Genies in unsern Gedichten verbunden: eine vernünftige Oekonomie in der Eintheilung der Fabel und dem Fortgange derHandlung; fein angebrachte Zwischenfälle, die Aufmerksamkeit des Zuschauers anzufeuren; ausgeführte Charaktere, die mit Nebenpersonen in eine sinnreiche Abstechung * gebracht waren, um den Originalen desto mehr Vorsprung zu geben. Die Laster des Herzens wurden der Gegenstand des hohen Komischen, welches demAlterthume, und, vor Molieren, allen Völkern

* Durch dieses Wort habe ich das Französische Contraſte übersetzen wollen. Wer es besser zu übersetzen weis, wird mir einen Gefallen thun, wann er mich es lehret. Nur daß er nicht glaubt, es sey durch Gegensatz zu geben. Jch habe Abstechung deswegen gewählt, weil es von den Farben hergenommen, und also eben so wohl ein mahlerisches Kunstwort ist, als das franzö sische. Ueb.

weinerlich Komische. Europens unbekannt war, und eine neue erhabne Art ausmacht, deren Reitze nach Maßgebung des Umfanges und der Zärtlichkeit derGemüther empfunden werden. Endlich so sahe man auch, in der von den AltennachgeahmtenGattung, eine auf die Sitten und Handlungen des bürgerlichen und gemeinen Lebens sich beziehende Beurtheilung; das Lustige und Spaßhafte wurde aus dem Jnnersten der Sache selbst genommen, und weniger durch die Worte als durch die wahrhaftig komischen Stellungen der Spiele ausgedrückt.


9 - Betrachtungen über das weinerlich Komische /

Damit man diese Wahrheit in aller seiner Stärke empfinde, so wird man mir erlauben, ein verhaßtes Exempel anzuführen: denn wenn man nicht überreden kann, so muß man zu überzeugen suchen. Jn dem ungeheuren LustspieleSamson, reißt dieser von einem muthigen Eifer erfüllte Held, nachdem er das höchste Wesen angerufen, die Thore des Gefängnisses ein, und trägt sie auf seinen Schultern fort. Den Augenblick darauf erscheint Harlequin und bringt einen Kalekutschhahn, und schüttet sich in komischen Possen aus, die eben so kriechend sind, als die Empfindungen des Helden edel und großmüthig zu seyn geschienen hatte. Jch bitte, was kann man wohl zu einer Abstechung sagen, die auf einmal zwey so widrige Stellungen zeiget, und zwey so widersprechende Bewegungen verursachet? Kann man noch zweifeln, daß Vernunft und Anständigkeit ihr gleich sehr zuwider sind? Kann man verhindern, daß nicht eine Art von Verdruß gegen den Zusammenlauf nichtswürdiger Zuschauer, welche solche widerwärtige Ungereimtheiten bewundern können, in uns entstehen sollte?


10 - Betrachtungen über das weinerlich Komische /

Der Einwurf also, den man aus der willkührlichen Natur der Komödie hergenommen, scheint mir hinlänglich widerlegt zu seyn; weil alles, was die vornehmste Wirkung, die ein Werk hervorbringen soll, vernichtet, ein wesentlicher Fehler ist. Wollte man gleichwohl noch darauf dringen, daß die Komödie natürlicher Weise mehr, als irgend eine andre Geburth des Genies, dem Geschmacke des Jahrhunderts, in welchem man schreibt, unterworfen sey, und daß man diesem Geschmacke also folgen müssen, wenn man darinne glücklich seyn wolle; so nehme ich diese Maximen ganz gerne an: allein was kann daraus zur Ehre des weinerlich Komischen flies weinerlich Komische. sen? Weit gefehlt, daß der allgemeine Geschmack sich dafür erkläre; wenigstens sind die Stimmen getheilt. Es giebt ein auserwähltes Haufchen Zuschauer, bey welchen das heilige Feuer der Wahrheit gleichsam niedergelegt worden, und dessen sichrer und unveränderlicher Geschmack sich niemals unter die Tyranney der Mode geschmiegt, noch diesen Götzen weniger Tage angebethet hat.


11 - Betrachtungen über das weinerlich Komische /

Was hat denn nun jene leichte und hochmüthige Auskrahmung schöner und grosser Gesinnungen den Sitten genützt? Was für Wirkungen hat denn jene glänzende Moral auf unsre Herzen und auf unsern Verstand gehabt? Eine unfruchtbare Bewunderung, eine Blendung auf wenige Augenblicke, eine überhingehendeBewegung, welche ganz unfähig ist, uns in uns selbst gehen zu lassen. So viele auf das allerfeinste vorbereitete Sittensprüche, so viel zierlich ausgekrahmte Vorschriften sind für die Zuschauer völlig in Wind gesagt. Man bewundert Melaniden, und betauert sie: allein ihr unaufhörlich kläglicher Ton, und die Erzehlung ihrer romanhaftenZufälle, machen auf uns

*Lettre ſur Melanide.

weinerlich Komische keinen nützlichen Eindruck, weil sie mit der Stellung, worinne wir uns befinden, ganz und gar keine Gemeinschaft haben. Das Schicksal derAufseherin bewegt und rühret uns, allein ihre ganz besondern Umstände haben mit den unsrigen gar nichts gemein. (1) Wir treffen in uns selbst nichts an, was wir mit den Abentheuern in Vergleichung bringen können, die blos unter die möglichen Dinge gehören, und also gar nicht für uns gemacht zu seyn scheinen. Man wird, wenn man es ja gestehen muß, bey dem Anblicke so sinnreicher Gemählde, ergriffen, durchdrungen, bewegt; allein man fühlet für uns selbst, in diesem Zusammenflusse von Begebenheiten, mit welchen der ordentliche Lauf menschlicher Dinge uns gewiß verschonen wird, weder Reue, noch Scham, noch Furcht.


12 - Betrachtungen über das weinerlich Komische /

Jch gebe zu, daß andre Charaktere, welche eben sowohl getroffen waren, keine so merkliche Wirkungen gehabt haben. Der eingebildete Kranke hat nicht alle Orgons von ihren Dünsten befreyet; es sind nicht alle Menschenfeinde gesellschaftlicher, noch alle Grafen von Tufiere bescheidner geworden. Allein was ist der Grund davon? Er ist dieser; weil die Fehler von dieser Art das rechtschafne Wesen nicht angreifen, und weil man so gar in der Welt Leute antrift, die sich eine Ehre daraus machen. Zärtliche Leibesbeschaffenheiten setzen gemeiniglich zärtlicheSeelen voraus. Eine strenge und unwillige Gemüthsart ist fast immer mit viel Rechtschaffenheit verbunden; der Her Betrachtungen über das zog von Mantausier hielt es nicht für seiner unwürdig, ein Menschenfeind zu seyn. Und ein gewisser Stolz endlich, entstehet nicht selten aus einer vernünftigenEmpfindung seiner eignen übersehenden Größe. Das Vorurtheil ringet bey solchen Gelegenheiten glücklich mit den Spöttereyen des Tadels, da es Gegentheils gegen diekomische Schilderung eines Lasters des Herzens, oder eine Lächerlichkeit im gesellschaftlichen Leben, oder einer Ungereimtheit des Verstandes, gewiß nicht bestehen wird. Der Gegenstand der beschämenden Bemerckungen der Zuschauer, will man durchaus nicht seyn, es koste auch, was es wolle; und wenn man sich auch nicht wirklich bessert, so ist man doch gezwungen sich zu verstellen, damit man öffentlich weder für lächerlich noch für verächtlich gehalten werde.


13 - Discours de la tragedie /

Nous avous pitié, dit-il, de ceux que nousvoyons souffrir un malheur qu'ils ne méritentpas, & nous craignons qu'il ne nous en arrive un pareil, quand nous le voyons souffrir à nossemblables. Ainsi la pitié embrasse l'intérêtde la personne que nous voyons souffrir,la crainte qui la suit regarde le nôtre, & cepassage seul nous donne assez d'ouverture, pour trouver la maniere dont se fait la purgation des passions dans la Tragédie. Lapitié d'un malheur où nous voyons tomber nos semblables, nous porte à la crainte d'un pareil pour nous; cette crainte au desir de l'éviter; & ce desir à purger, modérer, rectifier, & même déraciner en nous la passion qui plonge à nos yeux dans cemalheur les personnes que nous plaignons:par cette raison commune, mais naturelle& indubitable, que pour éviter l'effet ilfaut retrancher la cause. Cette explication ne plaira pae à ceux qui s'attachent aux 504 SECOND DISCOURS,commentateurs de ce Philosophe. Ils se gênent sur ce passage, & s'accordent si peul'un avec l'autre, que Paul Beny marquejusqu'à douze ou quinze opinions diverses, qu'il réfute avant que de nous donner la sienne. Elle est conforme à celle-cipour le raisonnement, mais elle différe ence point, qu'elle n'en applique l'effet qu'auxRois, & aux Princes, peut-être par cetteraison que la Tragédie ne peut nous faire craindre que les maux que nous voyons arriver à nos semblables, & que n'en faisantarriver qu'à des Rois, & à des Princes, cette crainte ne peut faire d'effet que sur desgens de leur condition. Mais sans doute ila entendu trop littéralement ce mot de nos semblables, & n'a pas assez considéré qu'iln'y avoit point de Rois à Athenes, où se représentoient les poëmes dont Aristote tire ses exemples, & sur lesquels il forme sesrégles. Ce Philosophe n'avoit garde d'avoircette pensée qu'il lui attribue, & n'eût pasemployé dans la définition de la Tragédieune chose dont l'effet pût arriver si rarement, & dont l'utilité se fût restrainte à si peu de personnes. Il est vrai qu'on n'introduit d'ordinaire que des Rois pour premiers acteurs dans la Tragédie, & que lesauditeurs n'ont point de sceptres par oùleur ressembler, afin d'avoir lieu de crain- dre les malheurs qui leur arrivent: maisces Rois sont hommes comme les auditeurs, DE LA TRAGEDIE. 505& tombent dans ces malheurs par l'emportement des passions dont les auditeurs sontcapables. Ils prêtent même un raisonnement aisé à faire du plus grand au moindre, & le spectateur peut concevoir avecfacilité, que si un Roi, pour trop s'abandonner à l'ambition, à l'amour, à la haine,à la vengeance, tombe dans un malheur sigrand qu'il lui fait pitié, à plus forte raison, lui qui n'est qu'un homme du commun, doit tenir la bride à de telles passions,de peur qu'elles ne l'abîment dans un pareilmalheur. Outre que ce n'est pas une nécessité de ne mettre que les infortunes desRois sur le Théatre. Celles des autres hommes y trouveroient place, s'il leur en arrivoit d'assez illustres, & d'assez extraordinaires pour la mériter, & que l'histoireprît assez de soin d'eux pour nous les apprendre. Scédase n'étoit qu'un simple paysan de Leuctres, & je ne tiendrois pas la sienne indigne d'y paroître, si la pureté denotre scéne pouvoit souffrir qu'on y parlâtdu violement effectif de ses deux filles, après que l'idée de la prostitution n'y a puêtre soufferte dans la personne d'une Saintequi en fut garantie.


14 - Discours de la tragedie /

En prémier lieu, il ne veut point qu'un homme fort vertueux y tombe de la félicitédans le malheur, & soutient que cela ne produit ni pitié, ni crainte, parce que c'est un événement tout-à-fait injuste. Quelques Interprétes poussent la force de ce mot Grecμιαρὸν, qu'il fait servir d'épithéte à cet événement, jusqu'à le rendre par celui d'abominable. A quoi j'ajoûte, qu'un tel succèsexcite plus d'indignation & de haine contre celui qui fait souffrir, que de pitié pourcelui qui souffre; & qu'ainsi ce sentiment,qui n'est pas le propre de la Tragédie, àmoins que d'être bien ménagé, peut étouffer celui qu'elle doit produire, & laisserl'auditeur mécontent par la colére qu'il remporte, & qui se mêle à la compassion quilui plairoit, s'il la remportoit seule.


15 - Discours de la tragedie /

Il reste donc à trouver un milieu entreces deux extrémités, par le choix d'unhomme, qui ne soit ni tout-à-fait bon, nitout-à-fait méchant, & qui par une faute, ou foiblesse humaine, tombe dans un malheur qu'il ne mérite pas. Aristote en donne pour exemple Oedipe, & Thyeste, enquoi véritablement je ne comprens point sa pensée. Le prémier me semble ne faireaucune faute, bien qu'il tue son pére, parce qu'il ne le connoit pas, & qu'il ne faitque disputer le chemin en homme de cœurcontre un inconnu qui l'attaque avec avantage. Néanmoins comme la significationdu mot Grec ἀμάρτημα peut s'étendre à unesimple erreur de méconnoissance, telle qu'étoit la sienne, admettons-le avec ce Philosophe, bien que je ne puisse voir quelle passion il nous donne à purger, ni de quoi nous pouvons nous corriger sur son exem- 508 SECOND DISCOURS. ple. Mais pour Thyeste, je n'y puis découvrir cette probité commune, ni cettefaute sans crime, qui le plonge dans sonmalheur. Si nous le regardons avant la Tra- gédie qui porte son nom, c'est un incestueux qui abuse de la femme de son frére.Si nous le considérons dans la Tragédie,c'est un homme de bonne foi qui s'assuresur la parole de son frére, avec qui il s'est réconcilié. En ce prémier état, il est trèscriminel; en ce dernier, très-homme debien. Si nous attribuons son malheur àson inceste, c'est un crime dont l'auditoiren'est point capable, & la pitié qu'il pren- dra de lui n'ira point jusqu'à cette crainte qui purge, parce qu'il ne lui ressemble point. Si nous imputons son desastre àsa bonne-foi, quelque crainte pourra suivre la pitié que nous en aurons; mais ellene purgera qu'une facilité de confiance surla parole d'un ennemi réconcilié, qui estplutôt une qualité d'honnête homme, qu'une vicieuse habitude, & cette purgation ne fera que bannir la sincérité des réconciliations. J'avoue donc avec franchise queje n'entens point l'application de cet exemple.