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1 - Discours de la tragedie /

Aristote veut que la Tragédie bien faitesoit belle & capabl de plaire, sans le secoursdes Comédiens, & hors de la représentation. Pour faciliter ce plaisir au Lecteur,il ne faut non plus gêner son esprit, quecelui du Spectateur; parce que l'effort qu'il est obligé de se faire pour la concevoir, & se la représenter lui-même dans son esprit,diminue la satisfaction qu'il en doit recevoir. Ainsi je serois d'avis que le Poëte prîtgrand soin de marquer à la marge les menues actions qui ne méritent pas qu'il en charge ses vers, & qui leur ôteroient même quelque chose de leur dignité, s'il seravaloit à les exprimer. Le Comédien ysupplée aisément sur le Théatre, mais surle livre on seroit assez souvent réduit à deviner, & quelquefois même on pourroit deviner mal, à moins que d'être instruit parlà de ces petites choses. J'avoue que cen'est pas l'usage des Anciens, mais il fautm'avouer aussi, que faute de l'avoir pratiqué ils nous laissent beaucoup d'obscurités dans leurs poëmes, qu'il n'y que les maitres de l'art qui puissent développer; encore ne sai je s'ils en viennent à bout, toutesles fois qu'ils se l'imaginent. Si nous nousassujettissions à suivre entiérement leur méthode, il ne faudroit mettre aucune distinction d'Actes, ni de Scénes, non plus que 574 TROISIE'ME DISCOURS. les Grecs. Ce manque est souvent causeque je ne sai combien il y a d'Actes dansleurs piéces, ni si à la fin d'un Acte un Acteur se retire pour laisser chanter le chœur, ou s'il demeure sans action cependant qu'ilchante; parce que ni eux, ni leurs interprétes, n'ont daigné nous en donner un motd'avis à la marge.


2 - Discours de la tragedie /

Nous avons encore une autre raison particuliére de ne pas négliger ce petit secours,comme ils ont fait. C'est que l'impressionmet nos piéces entre les mains des Comédiens qui courent les provinces, que nousne pouvons vertir que par là de ce qu'ilsont à faire, & qui feroient d'étranges contre-temps, si nous ne leur aidions par cesnotes. Ils se trouveroient bien embarrassés au cinquiéme Acte des piéces qui finissentheureusement, & où nous rassemblons tousles Acteurs sur notre Théatre, ce que nefaisoient pas les Anciens. Ils diroient souvent à l'un ce qui s'adresse à l'autre, principalement quand il faut que le même Acteur parle à trois ou quatre l'un après l'autre. Quand il y a quelque commandementà faire à l'oreille, comme celui de Cléopatre à Laonice pour lui aller querir du poison, il faudroit un A parte pour l'exprimeren vers, si l'on se vouloit passer de ces avis en marge, & l'un me semble beaucoupplus insupportable que les autres, qui nousdonnent le vrai & unique moyen de faire, DES TROIS UNITE'S. 575 suivant le sentiment d'Aristote, que la Tragédie soit aussi belle à la lecture qu'à la représentation, en rendant facile à l'imagination du lecteur tout ce que le Théatre présente à la vûe des Spectateurs.


3 - Von den Trauerspielen /

Aristoteles verlangt, daß ein Trauerspiel ohne Beyhülfe der Schauspieler und außer der Vorstellung, schön und fähig zu gefallen seyn solle. Um demLeser dieses Vergnügen zu erleichtern, muß man seinenGeist eben so wenig anstrengen, als den Geist des Zuschauers; denn die Mühe die er hat, sich alles inGedanken selbst vorzustellen, verringert die Lust, dieer daraus ziehen soll. Ich wollte also rathen, daß der Poet alle kleine Handlungen, die sich nicht der Mühe verlohnen, daß er die Verse damit belästiget, welche durch dergleichen Kleinigkeiten vieles von ihrer von den drey Einheiten. 559 Würde verlieren würden, an dem Rande sorgfältig anmerkte. Auf der Bühne ersetzt sie der Schauspieler gar leicht, in dem Buche aber würde man oftmals rathen müssen, und würde öfters übel rathen,wenn man nicht von diesen kleinen Nebenumständenunterrichtet wäre. Ich gestehe zwar zu, daß die Altendiesen Gebrauch nicht gehabt, man wird mir aber auchzugestehen, daß sie uns, eben deswegen, weil sie ihn nicht gehabt, viel Oerter in ihren Gedichten dunkel gelassen haben, welche nur Meister in der Kunst entwickeln können; obgleich manchmal auch diese nicht, so sehr sie sich es auch einbilden, allzuglücklich sind. Wenn wir den Alten in allen Stücken folgen wollten, so müßte man auch die Aufzüge und Auftritte nicht unterscheiden, weil es die Griechen nicht gethan haben. Der Mangel dieser Unterscheidungen ist oft Schuld, daß man nicht wissen kann, wie viel Aufzügein ihren Stücken sind, noch ob zum Schlusse einesAufzuges der Schauspieler abgeht, um den Chor singen zu lassen, oder ob er, ohne Handlung, so lange dableibt, als man singt; weder sie selbst noch ihre Ausleger haben das geringste hiervon anzumerken für gutbefunden.


4 - Von den Trauerspielen /

Wir haben noch einen andern Grund dieses kleine Hülfsmittel nicht zu verachten. Der Druck unsrerStücke läßt sie in die Hände der Schauspieler, welcheim Lande herum ziehen, kommen, die wir auf keineandre Art, von dem was sie zu thun haben, unterrichten können, und die gleichwohl, wenn wir ihnen nicht zu Hülfe kämen, die närrischsten Fehler begehen würden. Sie würden besonders im fünften Aufzuge in großer Ungewißheit seyn, wo wir alle Per 560 II. P. Corneille dritte Abhandlung,sonen auf der Bühne zusammen bringen, welches die Alten nicht thaten. Sie würden oft das, wassie zu dem einen sagen sollten, zu dem andern sagen,besonders wenn es kömmt, daß eine Person zu dreybis vier Personen, einem nach dem andern, sprechenmuß. Wenn man etwas einem ins Ohr zu befehlenhat, wie die Cleopatra der Laonice, so müßte man ein Aparte machen, wenn man es in Versen ausdrücken, und sich der Anmerkungen am Rande enthalten wollte, welches mir aber noch viel unerträglicher zu seyn scheint. Kurz, das einzige und wahre Mittel das Trauerspiel, nach der Meynung des Aristoteles, dem Leser eben so angenehm als dem Zuschauer zu machen, ist, wenn man so verfährt, daß sich jener alles leicht vorstellen kann, was dieser auf der Bühnemit seinen Augen sieht.


5 - La Poésie Dramatique /

SI un Peuple n'avoit jamais eu qu'un genre de Spectacle plaisant & gai, & qu'on lui en proposât un autre sérieux & touchant, sauriez-vous, mon Ami, ce qu'il en penseroit? Je me trompe fort, ou les hommes de sens, après en avoir conçu la possibilité, ne manqueroient pas de dire: A quoi bon ce genre? La vie ne nous apporte-t-elle pas assez de peines réelles, sans qu'on nous en fasse encore d'imaginaires? Pourquoi donner entrée à la tristesse jusques dans nos amusemens? Ils parleroient comme des gens étrangers au plaisir de s'attendrir & de répandre des larmes.


6 - La Poésie Dramatique /

Le Poëte, le Romancier, le Comédien vont au cœur d'une maniere détournée, & en frappent d'autant plus sûrement & plus fortement l'ame, qu'elle s'étend & s'offre d'elle-même au coup. Les peines sur lesquelles ils m'attendrissent sont imaginaires; d'accord: mais ils m'attendrissent. Chaque ligne de l'Homme de qualité retiré du monde, du Doyen de Killerine, & de Cléveland, excite en moi un mouvement d'intérêt sur les malheurs de la vertu, & me coûte des larmes. Quel art seroit plus funeste que celui qui me rendroit complice du vicieux? Mais aussi quel art plus précieux que celui qui m'attache imperceptiblement au sort de l'homme de bien; qui me tire de la situation tranquille & douce dont je jouis, pour me promener avec lui, m'enfoncer dans les cavernes où il se refugie, & m'associer à toutes les traverses par lesquelles il plaît au Poëte d'éprouver sa constance?


7 - La Poésie Dramatique /

Si l'on avoit conçu que, quoiqu'un ouvrage dramatique ait été fait pour être représenté, il falloit cependant que l'Auteur & l'Acteur oubliassent le spectateur, & que tout l'intérêt fût relatif aux personnages, on ne liroit pas si souvent dans les poëtiques: si vous faites ceci, ou cela, vous affecterez ainsi ou autrement votre spectateur. On y liroit au contraire: si vous faites ceci ou cela, voici ce qui en résultera parmi vos personnages.


8 - La Poésie Dramatique /

Et l'Acteur, que deviendra-t-il, si vous vous êtes occupé du spectateur? Croyez-vous qu'il ne sentira pas que ce que vous avez placé dans cet endroit & dans celui-ci, n'a pas été imaginé pour lui. Vous avez pensé au spectateur; il s'y adressera. Vous avez voulu qu'on vous applaudît; il voudra qu'on l'applaudisse; & je ne sais plus ce que l'illusion deviendra.


9 - La Poésie Dramatique /

J'ai remarqué que l'Acteur jouoit mal tout ce que le Poëte avoit composé pour le spectateur; & que si le parterre eût fait son rôle, il eût dit au person- nage: A qui en voulez-vous? Je n'en suis pas. Est-ce que je me mêle de vos affaires? Rentrez chez vous. Et que si l'Auteur eût fait le sien, il seroit sorti de la coulisse & eût répondu au parterre: Pardon, Messieurs, c'est ma faute: une autrefois je ferai mieux & lui aussi.


10 - La Poésie Dramatique /

Il se passe toujours dans l'entr'acte, & souvent il survient dans le courant de la piéce, des incidens que le Poëte dérobe aux spectateurs, & qui supposent dans l'intérieur de la maison des entretiens entre ses personnages. Je ne demanderai pas qu'il s'occupe de ces scenes, & qu'il les rende avec le même soin que si je devois les entendre. Mais s'il en faisoit une esquisse, elle acheveroit de le remplir de son sujet & de ses caracteres; & communiquée à l'Acteur, elle le soutiendroit dans l'esprit de son rôle & dans la chaleur de son action. C'est un surcroît de travail que je me suis quelquefois donné.


11 - La Poésie Dramatique /

Attachez une physionomie à vos personnages, mais que ce ne soit pas celle des Acteurs. C'est à l'Acteur à convenir au rôle, & non pas au rôle à convenir à l'Acteur. Qu'on ne dise jamais de vous; qu'au lieu de chercher vos caracteres dans les situations, vous avez ajusté vos situations au caractere & au talent du Comédien.


12 - La Poésie Dramatique /

Attachez une physionomie à vos personnages, mais que ce ne soit pas celle des Acteurs. C'est à l'Acteur à convenir au rôle, & non pas au rôle à convenir à l'Acteur. Qu'on ne dise jamais de vous; qu'au lieu de chercher vos caracteres dans les situations, vous avez ajusté vos situations au caractere & au talent du Comédien.


13 - La Poésie Dramatique /

Attachez une physionomie à vos personnages, mais que ce ne soit pas celle des Acteurs. C'est à l'Acteur à convenir au rôle, & non pas au rôle à convenir à l'Acteur. Qu'on ne dise jamais de vous; qu'au lieu de chercher vos caracteres dans les situations, vous avez ajusté vos situations au caractere & au talent du Comédien.


14 - La Poésie Dramatique /

Attachez une physionomie à vos personnages, mais que ce ne soit pas celle des Acteurs. C'est à l'Acteur à convenir au rôle, & non pas au rôle à convenir à l'Acteur. Qu'on ne dise jamais de vous; qu'au lieu de chercher vos caracteres dans les situations, vous avez ajusté vos situations au caractere & au talent du Comédien.


15 - La Poésie Dramatique /

C'est ce que j'ai essayé dans la premiere scene du second acte du Pere de Famille: c'est ce que j'aurois pu tenter à la troisieme scene du même acte. Madame Hébert, personnage panto- mime & muet, auroit pu jetter par intervalles quelques mots qui n'auroient pas nui à l'effet: mais il falloit trouver ces mots. Il en eût été de même de la scene du quatrieme acte, où SaintAlbin revoit sa maîtresse en présénce de Germeuil & de Cécile. Là un plus habile eût exécuté deux scenes simultanées; l'une sur le devant, entre SaintAlbin & Sophie; l'autre sur le fond, entre Cécile & Germeuil, peut-être en ce moment plus difficiles à peindre que les premiers: mais des Acteurs intelli- gens sauront bien créer cette scene.