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1 - L'art d'aimer /


Alors il faut un art, un maître & des leçons.

2 - Die Kunst zu lieben /

Ohne Lehrmeister lernt man lieben, ohne Kunst seufzet das Herz; denn die Liebe ist eine Neigung, die dieNatur einflößt. Aber dem Gesetze der Pflichten ihre schönen Flammen zu unterwerfen, das widrige Schicksal zu erweichen, die Gunstbezeigungen für den Preiß der Beständigkeit zu erkaufen, den Argwohn bleicher Mitbuhler zu ersticken; dazu gehöret eine Kunst, dazu gehören Lehrmeister und Regeln.

3 - Reflexions sur comique-lamoryant /

Nous voici rendus, Meſſieurs, à ce moyen victorieux de toutes les autorités & de tous les raiſonnemens. Le nouveau genre de comi que plaît*; c'en eſt aſſez, & les re-*Prolo-gue d'A-mourpouramour. gles n'y font rien.


4 - Betrachtungen über das weinerlich Komische /

Und so wären wir denn endlich auf die lezte Ausflucht gebracht, welche über alle Beyspiele und Gründe sieget. Diese neue komische Gattung, sagt man, gefällt; * das ist genug, und die Regeln thun dabey nichts.


5 - Discours de la tragedie /

Nous avous pitié, dit-il, de ceux que nousvoyons souffrir un malheur qu'ils ne méritentpas, & nous craignons qu'il ne nous en arrive un pareil, quand nous le voyons souffrir à nossemblables. Ainsi la pitié embrasse l'intérêtde la personne que nous voyons souffrir,la crainte qui la suit regarde le nôtre, & cepassage seul nous donne assez d'ouverture, pour trouver la maniere dont se fait la purgation des passions dans la Tragédie. Lapitié d'un malheur où nous voyons tomber nos semblables, nous porte à la crainte d'un pareil pour nous; cette crainte au desir de l'éviter; & ce desir à purger, modérer, rectifier, & même déraciner en nous la passion qui plonge à nos yeux dans cemalheur les personnes que nous plaignons:par cette raison commune, mais naturelle& indubitable, que pour éviter l'effet ilfaut retrancher la cause. Cette explication ne plaira pae à ceux qui s'attachent aux 504 SECOND DISCOURS,commentateurs de ce Philosophe. Ils se gênent sur ce passage, & s'accordent si peul'un avec l'autre, que Paul Beny marquejusqu'à douze ou quinze opinions diverses, qu'il réfute avant que de nous donner la sienne. Elle est conforme à celle-cipour le raisonnement, mais elle différe ence point, qu'elle n'en applique l'effet qu'auxRois, & aux Princes, peut-être par cetteraison que la Tragédie ne peut nous faire craindre que les maux que nous voyons arriver à nos semblables, & que n'en faisantarriver qu'à des Rois, & à des Princes, cette crainte ne peut faire d'effet que sur desgens de leur condition. Mais sans doute ila entendu trop littéralement ce mot de nos semblables, & n'a pas assez considéré qu'iln'y avoit point de Rois à Athenes, où se représentoient les poëmes dont Aristote tire ses exemples, & sur lesquels il forme sesrégles. Ce Philosophe n'avoit garde d'avoircette pensée qu'il lui attribue, & n'eût pasemployé dans la définition de la Tragédieune chose dont l'effet pût arriver si rarement, & dont l'utilité se fût restrainte à si peu de personnes. Il est vrai qu'on n'introduit d'ordinaire que des Rois pour premiers acteurs dans la Tragédie, & que lesauditeurs n'ont point de sceptres par oùleur ressembler, afin d'avoir lieu de crain- dre les malheurs qui leur arrivent: maisces Rois sont hommes comme les auditeurs, DE LA TRAGEDIE. 505& tombent dans ces malheurs par l'emportement des passions dont les auditeurs sontcapables. Ils prêtent même un raisonnement aisé à faire du plus grand au moindre, & le spectateur peut concevoir avecfacilité, que si un Roi, pour trop s'abandonner à l'ambition, à l'amour, à la haine,à la vengeance, tombe dans un malheur sigrand qu'il lui fait pitié, à plus forte raison, lui qui n'est qu'un homme du commun, doit tenir la bride à de telles passions,de peur qu'elles ne l'abîment dans un pareilmalheur. Outre que ce n'est pas une nécessité de ne mettre que les infortunes desRois sur le Théatre. Celles des autres hommes y trouveroient place, s'il leur en arrivoit d'assez illustres, & d'assez extraordinaires pour la mériter, & que l'histoireprît assez de soin d'eux pour nous les apprendre. Scédase n'étoit qu'un simple paysan de Leuctres, & je ne tiendrois pas la sienne indigne d'y paroître, si la pureté denotre scéne pouvoit souffrir qu'on y parlâtdu violement effectif de ses deux filles, après que l'idée de la prostitution n'y a puêtre soufferte dans la personne d'une Saintequi en fut garantie.


6 - Discours de la tragedie /

J'avouerai plus. Si la purgation des passions se fait dans la Tragédie, je tiens qu'elle se doit faire de la maniére que je l'explique; mais je doute si elle s'y fait jamais,& dans celles-là mêmes qui ont les conditions que demande Aristote. Elles se ren- DE LA TRAGEDIE. 509 contrent dans le Cid, & en ont causé le grand succès: Rodrigue & Chiméne y ont cetteprobité sujette aux passions, & ces passionsfont leur malheur, puisqu'ils ne sont malheureux qu'autant qu'ils sont passionnésl'un pour l'autre. Ils tombent dans l'inféli- cité par cette foiblesse humaine dont noussommes capables comme eux; leur malheur fait pitié, cela est constant, & il ena coûté assez de larmes aux spectateurspour ne le point contester. Cette pitié nous doit donner une crainte de tomber dans unpareil malheur, & purger en nous ce tropd'amour qui cause leur infortune, & nousles fait plaindre; mais je ne sai si elle nousla donne, ni si elle le purge, & j'ai bienpeur que le raisonnement d'Aristote sur ce point ne soit qu'une belle idée, quin'ait jamais son effet dans la vérité. Jem'en rapporte à ceux qui en ont vû lesreprésentations; ils peuvent en demander compte au secret de leur cœur, & repasser sur ce qui les a touchés au Théatre, pourreconnoître s'ils en sont venus par là jusqu'à cette crainte réfléchie, & si elle arectifié en eux la passion qui a causé ladisgrace qu'ils ont plainte. Un des Interprétes d'Aristote veut qu'il n'aye parlé de cette purgation des passions dans la Tragédie, que parce qu'il écrivoit après Platon,qui bannit les Poëtes Tragiques de sa République, parce qu'ils les remuent trop for- 510 SECOND DISCOURS. tement. Comme il écrivoit pour le contredire, & montrer qu'il n'est pas à proposde les bannir des Etats bien policés, il avoulu trouver cette utilité dans ces agitations de l'ame, pour les rendre recommandables par la raison même, sur qui l'autrese fonde pour les bannir. Le fruit qui peutnaître des impressions que fait la force del'exemple, lui manquoit; la punition des méchantesactions, & la récompense des bonnes, n'étoient pas de l'usage de son siécle, comme nous les avons rendues de celui du nôtre; & n'y pouvant trouver uneutilité solide, hors celle des sentences & desdiscours didactiques, dont la Tragédie sepeut passer selon son avis, il en a substitué une, qui, peut-être, n'est qu'imaginaire.Du moins si pour la produire il faut lesconditions qu'elle demande, elles se rencontrent si rarement, que Robortel ne lestrouve que dans le seul Oedipe, & soutient que ce Philosophe ne nous les prescrit pas comme si nécessaires, que leurmanquement rende un Ouvrage défectueux;mais seulement comme des idées de la perfection des Tragédies. Notre siécle les avues dans le Cid, mais je ne sai s'il les avues en beaucoup d'autres; & si nous voulons rejetter un coup d'œil sur cette régle,nous avouerons que le succès a justifié beaucoup de piéces où elle n'est pas observée.


7 - Discours de la tragedie /

Pour recueillir ce discours, avant quede passer à une autre matiére, établissonspour maxime, que la perfection de la Tragédie consiste bien à exciter de la pitié & de la crainte, par le moyen d'un prémierActeur, comme peut faire Rodrigue dansle Cid, & Placide dans Théodore; maisque cela n'est pas d'une nécessité si absolue, qu'on ne se puisse servir de divers personnages, pour faire naître ces deux sentimens, comme dans Rodogune, & mêmene porter l'auditeur qu'à l'un des deux,comme dans Polyeucte, dont la représentation n'imprime que de la pitié sans aucune crainte. Cela posé, trouvons quelquemodération à la rigueur de ces régles duPhilosophe, ou du moins quelque favorable interprétation, pour n'être pas obligésde condamner beaucoup de poëmes quenous avons vû réussir sur nos Théatres.


8 - Discours de la tragedie /

L'action de Chiméne n'est donc pas défectueuse, pour ne perdre pas Rodrigueaprès l'avoir entrepris, puisqu'elle y faitson possible, & que tout ce qu'elle peut obtenir de la justice de son Roi, c'est un combat, où la victoire de ce déplorable amantlui impose silence. Cinna & son Æmilie nepéchent point contre la régle en ne perdantpoint Auguste, puisque la conspiration découverte les en met dans l'impuissance, & DE LA TRAGEDIE. 523 qu'il faudroit qu'ils n'eussent aucune teinture d'humanité, si une clémence si peu attendue ne dissipoit toute leur haine. Qu'épargne Cléopatre pour perdre Rodogune?Qu'oublie Phocas pour se défaire d'Héraclius? Et si Prusias demeuroit le maître,Nicoméde n'iroit-il pas servir d'ôtage à Rome? ce qui lui seroit un plus rude supplice que la mort. Les deux prémiers reçoivent la peine de leurs crimes, & succombent dans leurs entreprises sans s'en dédire;& ce dernier est forcé de reconnoître soninjustice, après que le soulévement de sonpeuple, & la générosité de ce fils qu'il vouloit aggrandir aux dépens de son ainé, ne lui permettent plus de la faire réussir.


9 - Discours de la tragedie /

Cette liberté du Poëte se trouve encoreen termes plus formels dans le vingt - cinquiéme Chapitre, qui contient les excuses,ou plutôt les justifications dont il se peut servir contre la censure. Il faut, dit-il, qu'ilsuive un de ces trois moyens de traiter les choses, & qu'il les représente ou comme elles ontété, ou comme on dit qu'ellés ont été, ou comme elles ont dû être: par où il lui donne le choix, ou de la vérité historique, oude l'opinion commune sur quoi la Fable estfondée, ou de la vraisemblance. Il ajoûte eusuite: Si on le reprend de ce qu'il n'a pasécrit les choses dans la vérité, qu'il réponde qu'il les a écrites comme elles ont dû être: sion lui impute de n'avoir fait ni l'un ni l'autre, qu'il se défende sur ce qu'en publie l'opinion commnne, comme en ce qu'on raconte desDieux, dont la plus grande partie n'a rien de véritable. Et un peu plus bas: Quelquefoisce n'est pas le meilleur qu'elles se soient passées de la maniére qu'il décrit, néanmoins elles se sont passées effectivement de cette maniére, & par conséquent il est hors de faute. Ce dernier passage montre que nous ne sommes point obligés de nous écarter de la vérité, pour donner une meilleure forme auxactions de la Tragédie par les ornemens de DE LA TRAGEDIE. 539 la vraisemblance, & le montre d'autant plus fortement, qu'il demeure pour constantpar le second de ces trois passages, que l'opinion commune suffit pour nous justifier,quand nous n'avons pas pour nous la véri- té, & que nous pourrions faire quelque chose de mieux que ce que nous faisons,si nous recherchions les beautés de cettevraisemblance. Nous courons par - là quelque risque d'un plus foible succès, mais nous ne péchons que contre le soin quenous devons avoir de notre gloire, & nonpas contre les régles du Théatre.


10 - Discours de la tragedie /

Il faut placer les actions où il est plus facile & mieux séant qu'elles arrivent, & lesfaire arriver dans un loisir raisonnable, sansles presser extraordinairement, si la nécessité de les renfermer dans un lieu & dans nnjour ne nous y oblige. J'ai déja fait voiren l'autre Discours que pour conserver l'unité de lieu, nous faisons parler souventdes personnes dans une place publique, quivraisemblablement s'entretiendroient dansune chambre, & je m'assure que si on racontoit dans un Roman ce que je fais arriver dans le Cid, dans Polyoeucte, dans Pompée, ou dans le Menteur, on lui donneroit un peu plus d'un jour pour l'étenduede sa durée. L'obéissance que nous devons aux régles de l'unité de jour & de lieu nous dispense alors du vraisemblable, bien qu'elle ne nous permette pas l'impossible: maisnous ne tombons pas toujours dans cettenécessité, & la Suivante, Cinna, Théodore, & Nicoméde n'ont point en besoin de DE LA TRAGEDIE. 541 s'écarter de la vraisemblance à l'égard dutemps, comme ces autres poëmes,


11 - Discours de la tragedie /

Le but du Poëte est de plaire selon lesrégles de son art. Pour plaire, il a besoin quelquefois de rehausser l'éclat des belles actions, & d'exténuer l'horreur des funestes. Ce sont des nécessités d'embellissement, où il peut bien choquer la vraisemblance particuliére par quelque altération del'histoire, mais non pas se dispenser de lagénérale, que rarement, & pour des choses qui soient de la derniére beauté, & sibrillantes qu'elles éblouïssent. Sur-tout il ne doit jamais les pousser au-delà de la vraisemblance extraordinaire, parce que ces ornemens qu'il ajoûte de son invention nesont pas d'une nécessité absolue, & qu'ilfait mieux de s'en passer tout-à-fait, que d'en parer son poëme contre toute sorte devraisemblance. Pour plaire selon les réglesde son art, il a besoin de renfermer son action dans l'unité de jour & de lieu, & comme cela est d'une nécessité absolue & indispensable, il lui est beaucoup plus permis sur ces deux articles, que sur celui des embellissemens.


12 - Discours de la tragedie /

Quand je dis qu'il n'est pas besoin derendre compte de ce que font les Acteurs,pendant qu'ils n'occupent point la Scéne,je n'entens pas dire qu'il ne soit quelquefois fort à propos de le rendre; mais seulement qu'on n'y est pas obligé, & qu'iln'en faut prendre le soin que quand ce quis'est fait derriére le Théatre sert à l'intelligence de ce qui se doit faire devant les spectateurs. Ainsi je ne dis rien de ce qu'afait Cléopatre depuis le second Acte jusqu'au quatriéme, parce que durant toutce temps-là elle a pû ne rien faire d'important pour l'action principale que je prépare; mais je fais connoître dès le prémiervers du cinquiéme, qu'elle a employé toutl'intervalle d'entre ces deux derniers, à tuerSéleucus, parce que cette mort fait une partie de l'action. C'est ce qui me donnelieu de remarquer, que le Poëte n'est pastenu d'exposer à la vûe toutes les actionsparticuliéres qui aménent à la principale. Ildoit choisir celles qui lui sont les plus avan- tageuses à faire voir, soit par la beauté du spectacle, soit par l'éclat & la véhémence des passions qu'elles produisent, soit parquelque autre agrément qui leur soit attaché; & cacher les autres derriére la Scéne, DES TROIS UNITE'S. 563 pour les faire connoître au spectateur, oupar une narration, ou par quelque autre adresse de l'art. Sur-tout il doit se souvenirque les unes & les autres doivent avoir unetelle liaison ensemble, que les derniéres soient produites par celles qui les précédent, & que toutes ayent leur source dansla protase qui doit fermer le prémier Acte.Cette régle que j'ai établie dès le prémierDiscours, bien qu'elle soit nouvelle, & contre l'usage des Anciens, a son fondementsur deux passages d'Aristote. En voici leprémier: Il y a grande difference, dit-il,entre les événemens qui viennent les uns aprèsles autres, & ceux qui viennent les uns àcause des autres. Les Maures viennent dansle Cid après la mort du Comte, & nonpas à cause de la mort du Comte; & lePêcheur vient dans D. Sanche, après qu'on soupçonne Carlos d'être le Prince d'Arragon, & non pas à cause qu'on l'en soupçonne: ainsi tous les deux sont condamnables. Le second passage est encore plus formel, & porte en termes exprès, que toutce qui se passe dans la Tragédie, doit arrivernécessairement ou vraisemblablement de ce qui l'a précédé.


13 - Discours de la tragedie /

La liaison des Scénes qui unit toutes lesactions particuliéres de chaque Acte l'uneavec l'autre, & dont j'ai parlé en l'Examende la Suivante, est un grand ornement dansun poëme, & qui sert beaucoup à former 564 TROSIE'ME DISCOURS. une continuïté d'action par la continuïtéde la représentation; mais enfin ce n'estqu'un ornement, & non pas une régle. LesAnciens ne s'y sont pas toujours assujettis,bien que la plûpart de leurs Actes ne soientchargés que de deux ou trois Scénes; cequi la rendoit bien plus facile pour eux,que pour nous qui leur en donnons quelquefois jusqu'à neuf ou dix. Je ne rapporterai que deux exemples du mépris qu'ils en ont fait. L'un est de Sophocle dans l'Ajax, dont le monologue, avant que de setuer, n'a aucune liaison avec la Scéne quile précéde, ni avec celle qui le suit. L'autreest du troisiéme Acte de l'Eunuque de Térence, où celle d'Antiphon seul n'a aucune communication avec Chrémés & Pythiasqui sortent du Théatre quand il y entre.Les Savans de notre siécle, qui les ont prispour modéles dans les Tragédies qu'ils nous ont laissées, ont encore plus négligé cetteliaison qu'eux, & il ne faut que jetter l'œilsur celles de Buchanan, de Grotius, & deHeinsius, dont j'ai parlé dans l'Examen dePolyeucte, pour en demeurer d'accord.Nous y avons tellement accoutumé nosspectateurs, qu'ils ne sauroient plus voirune Scéne détachée, sans la marquer pourun défaut. L'œil & l'oreille même s'enscandalisent, avant que l'esprit y aye pû faire de réflexion. Le quatriéme Acte deCinna demeure au-dessous des autres par DES TROIS UNITE'S. 565 ce manquement; & ce qui n'étoit pointune régle autrefois, l'est devenu maintenant par l'assiduïté de la pratique.


14 - Discours de la tragedie /

J'ai parlé de trois sortes de liaisons danscet Examen de la Suivante. J'ai montré aversion pour celles de bruit, indulgencepour celles de vûe, estime pour celles de présence & de discours, & dans ces derniéres j'ai confondu deux choses qui méritent d'être séparées. Celles qui sont de présence & de discours ensemble ont sans doutetoute l'excellence dont elles sont capables;mais il en est de discours sans présence, &de présence sans discours, qui ne sont pas dans le même degré. Un Acteur qui parle à unautre d'un lieu caché sans se montrer, faitune liaison de discours sans présence, quine laisse pas d'être fort bonne, mais cela arrive fort rarement. Un homme qui demeure sur le Théatre seulement pour entendre ce que diront ceux qu'il y voit entrer, fait une liaison de présence sans discours, qui souvent a mauvaise grace, & tombe dans une affectation mendiée, plutôt pour remplir ce nouvel usage qui passeen précepte, que pour aucun besoin qu'enpuisse avoir le sujet. Ainsi dans le troisiéme Acte de Pompée, Achorée après avoirrendu compte à Charmion de la receptionque César a faite au Roi quand il lui a présenté la tête de ce Héros, demeure sur leThéatre, où il voit venir l'un & l'autre, 566 TROISIE'ME DISCOURS. seulement pour entendre ce qu'ils diront & le rapporter à Cléopatre. Ammon fait lamême chose au quatriéme d'Androméde,en faveur de Phinée, qui se retire à la vûedu Roi & de toute sa Cour qu'il voit arriver. Ces personnages qui deviennent muets, lient assez mal les scénes, où ils ont si peude part qu'ils n'y sont comptés pour rien.Autre chose est, quand ils se tiennent cachés pour s'instruire de quelque secret d'importance par le moyen de ceux qui parlent, & qui croyent n'être entendus de personne; car alors, l'intérêt qu'ils ont à ce qui sedit, joint à une curiosité raisonnable d'apprendre ce qu'ils ne peuvent savoir d'ailleurs, leur donne grande part en l'actionmalgré leur silence. Mais en ces deux exemples, Ammon & Achorée mêlent uneprésence si froide aux scénes qu'ils écoutent, qu'à ne rien déguiser, quelque couleur que je leur donne pour leur servir deprétexte, ils ne s'arrêtent que pour les lier avec celles qui les précédent, tant l'une & l'autre pièce s'en peut aisément passer.


15 - Discours de la tragedie /

Le nombre des Scénes dans chaque Actene reçoit aucune régle: mais comme toutl'Acte doit avoir une certaine quantité devers qui proportionne sa durée à celle des autres, on y peut mettre plus ou moins descénes, selon qu'elles sont plus ou moinslongues, pour employer le temps que toutl'Acte ensemble doit consumer. Il faut, s'ilse peut, y rendre raison de l'entrée & de la sortie de chaque Acteur. Sur-tout pour la 572 TROISIE'ME DISCOURS. sortie, je tiens cette régle indispensable,& il n'y a rien de si mauvaise grace qu'unActeur qui se retire du Théatre, seulementparce qu'il n'a plus de vers à dire.