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1 - Reflexions sur comique-lamoryant /

Ainsi il faut diſtinguer entre l'objet de l'art & le devoir de l'Ar tiſte. Le premier eſt ſuffiſamment rempli par la cenſure du vice & l'é- loge de la vertu. Il eſt néceſſaire, pour ſatisfaire à l'autre, que le Poëte peigne avec les couleurs qui leur ſont propres, & les vices généraux, comme les paſſions qui ont leur prin cipes dans le cœur, & le ridicule particulier, comme la biſarrerie des modes, qui prend ſa ſource dans l'eſ prit. Il faut encore qu'il choiſiſſe une action convenable, qu'il la diſpoſe d'une maniere propre à produire les effets les plus agréables, & qu'il y ſeme ſa morale par la main des Ac teurs, que la raiſon & l'expérience ſemblent, comme de concert, avoir deſtinés à cet uſage.


2 - Reflexions sur comique-lamoryant /

Quel profit les mœurs ont-elles retiré de l'étalage facile & ambitieux des beaux, des grands ſentimens? & ces brillantes moralités, ſi fort à la mode, qu'ont - elles opéré ſur nos cœurs & ſur nos eſprits? Une admi- ration ſtérile, un ébloüiſſement mo- mentané, une émotion paſſagere & incapable de produire aucuns re- tours ſur nous-mêmes. Tant de ma- ximes ſi finement préparées, tant de préceptes ſi élégamment étalés, tombent en pure perte pour les Specta- teurs. On admire Mélanide, & on la plaint: mais ſon ton continue- ment douloureux, & le récit de ſes déſaſtresromaneſques ne nous font pas d'impreſſion utile, parce qu'ils n'en font aucune relative à la poſi tion où nous ſommes. Le ſort de la Gouvernante nous attendrit & nous touche; mais ſa ſituation, toute ſin- guliere (a), n'a rien de commun avec la nôtre. Nous ne trouvons en nous-mêmes aucuns modeles de

(a) Le ſujet de la Comédie doit être pris entre les événemens ordinaires; & ſes perſonnages doi vent reſſembler par toutes ſortes d'endroits au peuple pour qui on la compoſe. Elle n'a pas be ſoin d'élever ces perſonnages ſur des piédeſtaux, puiſque ſon but principal n'eſt pas de les faire admirer pour les faire plaindre plus facilement; elle veut tout au plus nous donner pour eux quelque inquiétude, cauſee par les contretems fàcheux qui leur arrivent, &c. Dubos, Réfl. crit. tom. 2. p. 255.

comparaiſons avec des aventures, qui, n'étant placées que dans l'or dre des choſes poſſibles, ne ſemblent pas faites pour nous: on eſt ſaiſi, pénétré, émû, s'il faut l'avoüer, à la vûe de tableaux ſi ingénieux: mais on ne reſſent ni remors, nihon- te, ni crainte pour ſoi-même dans le tiſſu d'événemens que le cours or dinaire des révolutions humaines ne doit jamais amener juſqu'à nous.


3 - Reflexions sur comique-lamoryant /

Mais ce n'eſt pas, ſi je l'oſe dire, la diminution & l'affoibliſſement de nos plaiſirs où l'inutilité d'une morale grave & triſtement ſententieu ſe, qu'on peut le plus légitimement reprocher au nouveau comique; ſon défaut principal eſt d'ôter les bornes qui ont toûjours ſéparéle Co- thurne du Brodequin (a), & de nous rappeller ainſi à l'eſpece monſtrueu- ſe du Tragi-comique, ſi juſtement proſcrite après pluſieurs années d'un triomphe impoſteur. Je ſais bien que le nouveau genre n'a point de traits auſſi biſarres; que la diſproportion des perſonnages n'eſt point auſſi révoltante, & que les Valetsn'y jouent pas avec les Princes: mais le fond en eſt également défectueux, quoi- que ce ſoit par des vices différens.

(a) Il ſemble qu'en France, depuis ſoixante ans, on ait oublié le ſecret de la bonne Comédie. On a perdu juſqu'a la trace de Moliere. On ne ſait plus établir & garder les différences qui ſé- parent la Comédie du genre tragique. Les deux ſtyles ſont maintenant confondus ſur notre Théa tre. Melpomene abandonne à Thalie ſa nobleſſe & ſa dignité. Donnez aux Acteurs des noms plus relevés; & de la plûpart de nos Comédies, vous ferez de vraies Tragédies, ou ce ſeront, ſi l'on veut, des Tragédies Bourgeoiſes, &c. Mémoires de Trévoux, Juillet 1748.

En effet, ſi le premier dégradoit des perſonnages héroïques, en ne leur donnant que des paſſions ſubal ternes, & s'il ne nous préſentoit que des tableaux de ces vertus commu nes, qui ne ſont point aſſez élevées pour l'Héroïſme de la Tragédie; le ſecond éleve des perſonnages communs à ce genre de ſentimens qui produit l'admiration, & les peint ſous les traits de cette pitié char mante qui fait l'appanage diſtinctif du Tragique. Ainſi le génie de l'une & de l'autre Scene paroiſſant égale ment oppoſé à l'eſſence convenue du Poëme comique, elles méritent une égale cenſure, & peut-être une égale proſcription.


4 - Betrachtungen über das weinerlich Komische /

Man muß daher den Gegenstand der Kunst und die Pflicht des Künstlers wohl unterscheiden. Der erstre ist durch den Tadel des Lasters und durch die Anpreisung der Tugend genugsam erfüllet. Der andern aber ein Genüge zu thun, muß der Poet sich nothwendig solcher Farben bedienen, welche sowohl den allgemeinen Lastern, dergleichen die Leidenschaften sind, die ihren Ursprung aus dem Herzen haben, als den besondern Lächerlichkeiten, dergleichen die thörigten Moden sind, die ihre Quelle in dem Verstande haben, eigenthümlich zukommen. Ferner muß er dazu eine anständige Handlung erwählen; er muß sie so einzurichten wissen, daß sie die vortheilhaftesten Wirkungen hervorbringen kann; und muß überall Moral, vermittelst der spielenden Personen, mit einstreuen, welche Vernunft und Erfahrung zu dieser Absicht einmüthig bestimmt zu haben scheinen.


5 - Betrachtungen über das weinerlich Komische /

Was hat denn nun jene leichte und hochmüthige Auskrahmung schöner und grosser Gesinnungen den Sitten genützt? Was für Wirkungen hat denn jene glänzende Moral auf unsre Herzen und auf unsern Verstand gehabt? Eine unfruchtbare Bewunderung, eine Blendung auf wenige Augenblicke, eine überhingehendeBewegung, welche ganz unfähig ist, uns in uns selbst gehen zu lassen. So viele auf das allerfeinste vorbereitete Sittensprüche, so viel zierlich ausgekrahmte Vorschriften sind für die Zuschauer völlig in Wind gesagt. Man bewundert Melaniden, und betauert sie: allein ihr unaufhörlich kläglicher Ton, und die Erzehlung ihrer romanhaftenZufälle, machen auf uns

*Lettre ſur Melanide.

weinerlich Komische keinen nützlichen Eindruck, weil sie mit der Stellung, worinne wir uns befinden, ganz und gar keine Gemeinschaft haben. Das Schicksal derAufseherin bewegt und rühret uns, allein ihre ganz besondern Umstände haben mit den unsrigen gar nichts gemein. (1) Wir treffen in uns selbst nichts an, was wir mit den Abentheuern in Vergleichung bringen können, die blos unter die möglichen Dinge gehören, und also gar nicht für uns gemacht zu seyn scheinen. Man wird, wenn man es ja gestehen muß, bey dem Anblicke so sinnreicher Gemählde, ergriffen, durchdrungen, bewegt; allein man fühlet für uns selbst, in diesem Zusammenflusse von Begebenheiten, mit welchen der ordentliche Lauf menschlicher Dinge uns gewiß verschonen wird, weder Reue, noch Scham, noch Furcht.


6 - Betrachtungen über das weinerlich Komische /

Doch die Verringerung und Swächung<Schwächung> unseres Vergnügens, oder die Unnützlichkeit einer ernsthaften und traurig spruchreichen Moral, ist Betrachtungen über das der gegründeste Vorwurf noch nicht, den man der neuen Art von Komödien machen kann: ihr vornehmster Fehler ist dieser, daß sie die Grenzen gar aufhebt, welche von je her das Tragische von dem Komischen getrennt haben, und uns jene ungeheure Gattung des Tragikomischen zurück bringet, welche man mit so vielem Grunde, nach verschiednen Jahren eines betrieglichen Triumphs, verworffen hat. Jch weis wohl, die neue Art hat bey weitem nicht so viele und grosse Ungereimtheiten; die Verschiedenheit ihrer Personen ist nicht so anstößig, und die Bedienten dürfen darinne nicht mit Prinzen zusammen spielen: allein im Grunde ist sie doch eben so fehlerhaft, ob schon auf eine veschiedne Weise. Denn wie die erstre Art die heroischen Personen erniedrigte, indem sie ihnen bloß gemeine Leidenschaften gab, und nur die gewöhnlichen Tugenden aufführte, die zu dem heldenmäßigen derTragödie lange nicht erhaben genug sind; eben so erhöhnt die andre die gemeinen Personen zu Gesinnungen, welche Bewunderung erwecken, und mahlt sie mit Zügen jenes reitzenden Mitleids, welches das unterscheidende Eigenthum des Trauerspiels ausmachet. Beyde sind also dem Wesen, welches man dem komischen Gedichte zugestanden hat, gleich sehr zuwider; beyde verdienen also einen gleichen Tadel, und vielleicht auch eine gleiche Verbannung.


7 - La Poésie Dramatique /

Mais rien ne prévaut contre le vrai. Le mauvais passe malgré l'éloge de l'imbécilité, & le bon reste malgré l'indécision de l'ignorance & la clameur de l'envie. Ce qu'il y a de fâcheux, c'est que les hommes n'obtiennent justice que quand ils ne sont plus. Ce n'est qu'après qu'on a tourmenté leur vie, qu'on jette sur leurs tombeaux quelques fleurs inodores. Que faire donc? Se reposer, ou subir une loi à laquelle de meilleurs que nous ont été soumis. Malheur à celui qui s'occupe, si son travail n'est pas la source de ses instans les plus doux, & s'il ne sait pas se contenter de peu de suffrages. Le nombre des bons juges est borné. O mon Ami, lorsque j'aurai publié quelque chose, que cesoit l'ébauche d'un drame, une idée philosophique, un morceau de morale ou de littérature, car mon esprit se délasse par la variété, j'irai vous voir. Si ma présence ne vous gêne pas, si vous venez à moi d'un air satissait; j'attendrai sans impatience que le temps & l'équité, que le temps amene toujours, aient apprécié mon ouvrage.


8 - La Poésie Dramatique /

L'exemple d'un épisode heureux ne prouve rien, dira-t-on. Et si vous ne rompez le discours monotone de la vertu par le fracas de quelques ca- racteresridicules & même un peu forcés, comme tous les autres ont fait; quoi que vous disiez du genre honnête & sérieux, je craindrai toujours que vous n'en tiriez que des scenes froides & sans couleur, de la morale ennuyeuse & triste, & des especes de sermons dialogués.

9 - La Poésie Dramatique /

Si dans le Pere de Famille je n'ai pas sçu répondre à l'importance de mon sujet; si la marche en est froide, les passions discoureuses & moralistes; si les caracteres du Pere, de son Fils, de Sophie, du Commandeur, de Germeuil & de Cécile man quent de vigueur comique, sera-ce la faute du genre ou la mienne?


10 - La Poésie Dramatique /

Quelquefois j'ai pensé qu'on discuteroit au théatre les points de Morale les plus importans, & cela sans nuire à la marche violente & rapide de l'action dramatique.


11 - La Poésie Dramatique /

On seroit tenté de croire qu'un drame devroit être l'ouvrage de deux hommes de génie, l'un qui arrangeât, & l'autre qui fît parler. Mais qui est-ce qui pourra dialoguer d'après le plan d'un autre? Le génie du dialogue n'est pas universel; chaque homme se tâte & sent ce qu'il peut: sans qu'il s'en apperçoive, en formant son plan il cherche les situations dont il espere sortir avec succès. Changez ces situations, & il lui semblera que son génie l'abandonne. Il faut à l'un des situations plaisantes; à l'autre, des scenes morales & graves; à un troisieme, des lieux d'éloquence & de pathétique. Donnez à Corneille un plan de Racine, & à Racine un plan de Corneille, & vous verrez comment ils s'en tireront.


12 - La Poésie Dramatique /

Si le systême moral est corrompu, il faut que le goût soit faux.


13 - La Poésie Dramatique /

Si vous êtes bien né, si la nature vous a donné un esprit droit & un cœursensible, fuyez pour un temps la société des hommes; allez vous étudier vousmême. Comment l'instrument rendrat-il une juste harmonie, s'il est désac- cordé? Faites-vous des notions exactes des choses; comparez votre conduite avec vos devoirs; rendez-vous homme de bien, & ne croyez pas que ce travail & ce temps si bien employés pour l'homme, soient perdus pour l'Auteur. Il réjaillira de la perfectionmorale que vous aurez établie dans votre caractere & dans vos mœurs, une nuance de grandeur & de justice qui se répandra sur tout ce que vous écrirez. Si vous avez le vice à peindre, sachez une fois combien il est contraire à l'ordre général & au bonheur public & particulier, & vous le peindrez fortement. Si c'est la vertu; comment en parlerez-vous d'une maniere à la faire aimer aux autres, si vous n'en êtes pas transporté? De retour parmi les hommes, écoutez beaucoup ceux qui parlent bien, & parlezvous souvent à vous-même.


14 - La Poésie Dramatique /

Un jour qu'il s'étoit proposé de passer avec ses amis quelques heures à s'entretenir sur les Lettres ou sur la Morale, car il n'aimoit pas à parler des affaires publiques; ils étoient absens, & il prit le parti de se promener seul.


15 - La Poésie Dramatique /

Ce n'est pas tout. Dans un même homme, tout est dans une vicissitude perpétuelle, soit qu'on le considere au physique, soit qu'on le considere au moral: la peine succede au plaisir, le plaisir à la peine; la santé à la maladie, la maladie à la santé. Ce n'est que par la mémoire que nous sommes un même individu pour les autres & pour nousmêmes. Il ne me reste peut-être pas à l'âge que j'ai, une seule molécule du corps que j'apportai en naissant. J'ignore le terme prescrit à ma durée; mais lorsque le moment de rendre ce corps à la terre sera venu, il ne lui restera peutêtre pas une des molécules qu'il a. L'ame en différens périodes de la vie ne se ressemble pas davantage. Je balbutiois dans l'enfance. Je crois raisonner à présent. Mais tout en raisonnant, le temps passe & je m'en retourne à la balbutie. Telle est ma condition & celle de tous. Comment seroit-il donc possible qu'il y en eût un seul d'entre nous qui conservât pendant toute la durée de son existence le même goût, & qui portât les mêmes jugemens du vrai, du bon & du beau? Les révolutions causées par le chagrin & par la méchanceté des hommes, suffiroient seules pour altérer ses jugemens.