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1 - L'art d'aimer /


Fait cherir ses erreurs, flatte, charme, interesse.

2 - L'art d'aimer /


Un inflexible objet va se laisser fléchir;

3 - Die Kunst zu lieben /

Der Schauplatz ist den Wünschen der Verliebten günstig und das Hertz zu erweichen bietet er glückliche Augenblicke an. Durch ihre Teuschereyen macht die zaubernde Scene ihren Betrug angenehm, schmeichelt, reitzet und bewegt etc. — — AllzuliebenswürdigeGoßin

4 - Die Kunst zu lieben /

Sind Thränen nöthig sie besser zu überzeugen, so lasset ganze Ströme derselben aus den Augen brechen. Weinet! die zärtlichste Liebe ergötzt sich an Thränen, und ihre süsseste Stille entstehet aus der Unruhe. Ihre theuersten Myrten sind mit Thränen befeuchtet, und wer nicht weinen kan, kennet ihre Anmuth nicht. — — Endlich siegt die Liebe und die Strenge wanket. DieZärtlichkeit flimmert in den schmachtenden Augen; die Unbewegliche wirdbewegt, und erkühnt sich nicht den Fuß aus der Falle zu ziehen, die ihr gefällt. Erntet dann den ersten Genuß auf ihrer zitternden Hand ein; ein Kuß redet ans Herz, denn er ist die Sprache des Herzens. Liebe, umsonst flieht man dich! Alles empfindet deine Gewalt, alles weichet deinen Reitzen; so gar das stolze Gespenst, die eitle Weltweisheit. Kom, Kolossus von Rauch, siehe den Hochmuth eines deiner größten Meister biegen, und lerne dich kennen.

5 - Reflexions sur comique-lamoryant /

C'est ſans doute un ſentiment naturel de rire ou de pleurer, ſui vant les diverſes affections du cœur: mais il n'eſt point dans la nature de rire & de pleurer dans le même in ſtant, & pourſuivre notre eſpece de rire dans une Scene, & de pleurer dans l'autre. Ce paſſage trop rapide de la joie à la douleur, & de la dou leur à la joie, gêne l'ame, & lui cauſe des mouvemens déſagréables & même violens (a).


6 - Reflexions sur comique-lamoryant /

Et ne croyez pas que cet aveu unanime ſoit difficile à prouver. Pre nez Ariſtophanes, Plaute & Téren- ce; parcourez le Théatre Anglois, & les bonnes Pieces du Théatre Ita lien; rappellez-vous enſuite Mo liere & Renard; conciliez ces preu ves de fait avec les déciſions des Lé- giſlateurs de la Scene, avec Ariſtote, Horace, Deſpréaux, le P. Rapin; & vous trouverez les uns & les autres également oppoſés au ſyſtème du comique-plaintif. Vous ſentirez bien des différences néceſſaires dans les mœurs & dans le génie des Poëtes de chaque Nation. Vous trou verez bien, ſuivant la nature des ſu jets, un air néceſſairement grave dans les Pieces qui attaquent les vices du cœur; un mélange de ba dinage & de ſérieux dans celles qui frondent les travers de l'eſprit; en fin un ton purement comique dans celles qui ne ſont deſtinées qu'à peindre le ridicule: Leves ubi licet; graves ubi decet *. Vous verrez encore* Le P.Porée. que l'art n'eſt point obligé de nous faire rire, & qu'il lui ſuffit ſouvent d'aller juſqu'à ce ſentiment intérieur qui dilate l'ame, ſans paſſer à ces mouvemens immodérés qui font éclater: mais vous n'y verrez point ce ton triſte & dolent, & ce roma- neſque lugubre, devenu ſous mes yeux l'idole des femmes & des jeu nes gens: en un mot, cet examen vous convaincra qu'il eſt contre la nature du genre comique de nous faire pleurer ſur nos défauts, même dans la peinture des vices les plus odieux; que le maſque de Thalie ne ſouffre, pour ainſi dire, que des lar mes de joie ou d'amour; & que ceux qui affectent de lui en faire verſer de quaſi-tragiques, peuvent chercher une autre Divinité pour lui adreſſer leurs hommages.


7 - Reflexions sur comique-lamoryant /

Quel profit les mœurs ont-elles retiré de l'étalage facile & ambitieux des beaux, des grands ſentimens? & ces brillantes moralités, ſi fort à la mode, qu'ont - elles opéré ſur nos cœurs & ſur nos eſprits? Une admi- ration ſtérile, un ébloüiſſement mo- mentané, une émotion paſſagere & incapable de produire aucuns re- tours ſur nous-mêmes. Tant de ma- ximes ſi finement préparées, tant de préceptes ſi élégamment étalés, tombent en pure perte pour les Specta- teurs. On admire Mélanide, & on la plaint: mais ſon ton continue- ment douloureux, & le récit de ſes déſaſtresromaneſques ne nous font pas d'impreſſion utile, parce qu'ils n'en font aucune relative à la poſi tion où nous ſommes. Le ſort de la Gouvernante nous attendrit & nous touche; mais ſa ſituation, toute ſin- guliere (a), n'a rien de commun avec la nôtre. Nous ne trouvons en nous-mêmes aucuns modeles de

(a) Le ſujet de la Comédie doit être pris entre les événemens ordinaires; & ſes perſonnages doi vent reſſembler par toutes ſortes d'endroits au peuple pour qui on la compoſe. Elle n'a pas be ſoin d'élever ces perſonnages ſur des piédeſtaux, puiſque ſon but principal n'eſt pas de les faire admirer pour les faire plaindre plus facilement; elle veut tout au plus nous donner pour eux quelque inquiétude, cauſee par les contretems fàcheux qui leur arrivent, &c. Dubos, Réfl. crit. tom. 2. p. 255.

comparaiſons avec des aventures, qui, n'étant placées que dans l'or dre des choſes poſſibles, ne ſemblent pas faites pour nous: on eſt ſaiſi, pénétré, émû, s'il faut l'avoüer, à la vûe de tableaux ſi ingénieux: mais on ne reſſent ni remors, nihon- te, ni crainte pour ſoi-même dans le tiſſu d'événemens que le cours or dinaire des révolutions humaines ne doit jamais amener juſqu'à nous.


8 - Reflexions sur comique-lamoryant /

Il n'en eſt pas de même des por- traits que le Poëte crayonne d'après les vices & le ridicule; nous en ſom mes tous ſuſceptibles, & l'homme le plus parfait porte toûjours dans ſon eſprit & dans ſon cœur le germe de certains travers, de certains défauts que les occaſions ſavent bien développer. Nous devons donc nous retrouver dans la peinture de ces foibleſſes attachées à l'humanité, & y voir ce que nous ſommes, ou ce que nous pouvons être. Cette ima ge, qui devient la nôtre, eſt un ob jet des plus intéreſſans, & qui porte dans l'ame des coups de lumiere d'autant plus ſalutaires, qu'ils ſont produits par la cauſe la plus capa ble de nous déterminer, la crainte du déshonneur & du ridicule. Ainſi la nation ſuperbe & implacable des hypocrites fut abatue par la pein ture des vices de l'Impoſteur. Mille coupables furent allarmés, & ſe plai- gnirent avec d'autant plus d'aigreur, qu'ils avoient été plus vivement frappés. Dans les repréſentations de Georges Dandin, les maris les plus aguerris laiſſent remarquer ſur leurs viſages l'émotion qu'ils reſſen tent quand leur ſituation approche trop de celle de l'original; & ces rapports-là ne ſont pas rares. Le défaut de figure ou de génie, le goût du changement, le caprice les multiplient, comme l'inégalité de la naiſſance. Les tableaux ſans ceſſe re naiſſans des Diafoirus n'ont peut- être pas peu contribué à faire aban donner aux Medecins leur entêtement aveugle pour l'ancienne mé- thode, ſans les provoquer néan- moins, à ces eſſais haſardeux dont on ſuppoſe malignement que nous ſommes quel quefois les victimes. En fin, vous n'ignorez pas que les traits enjoüés & mordans des Femmes ſa vantes & des Précieuſes ridicules, corrigerent rapidement ces deux manies du ſexe.


9 - Reflexions sur comique-lamoryant /

N'évoquez point ici pour ju ſtifier une maxime trop générale, & par là même dangereuſe, le bon mot de M. le Prince ſur la Tragé die ré guliere & ennuyeuſe de l'Abbé d'Aubignac, Ce ne fut pas l'emploi des regles qui cauſa la chûte de ſa Piece, mais la foibleſſe du coloris de ſon pinceau; & comme j'ai réſo lu de ne vous oppoſer que des rai ſons dont je ſois moi-même perſua dé, je commence par vous accorder que le Comique - plaintif produit de grands mouvemens, & même quelquefois des ſentimens agréables (a). Mais réduiſant pour un moment toute la queſtion à l'intérêt du plus grand plaiſir, je ſoûtiens qu'il

(a) On ne conteſte pas aux Auteurs du Co mique-Larmoyant, que le pathétique ne donne du plaiſir: mais cela ne prouve pas que cette ſorte de plaiſir ſoit celle qui convienne à la véritable Co médie, &c. Principes, idem.

ne peut nous en procurer d'auſſi variés, d'auſſi naturels que celui du ſiecle de Moliere.


10 - Betrachtungen über das weinerlich Komische /

Nach den verschiednen Rührungen des Herzens entweder lachen oder weinen, sind, ohne Zweifel, natürliche Empfindungen: allein in eben demselben Augenblicke lachen und weinen, und jenes in der einen Scene fortsetzen, wenn man in der andern dieses thun soll, das ist ganz und gar nicht nach der Natur. Dieser schleinige Uebergang von der Freude zur Betrübniß, und von der Betrübniß zur Freude, setzet die Seele in Zwang und verursacht ihr unangenehme und gewaltsame Bewegungen. *


11 - Betrachtungen über das weinerlich Komische /

Und man glaube nur nicht, daß diese durchgängige Uebereinstimmung schwer zu beweisen sey. Man nehme den Aristophanes, Plautus und Terenz; man durchlaufe das englische Theater und die guten Stücke des Jtaliänischen; man besinne sich hernach auf den Moliere undRegnard und verbinde diese thätlichen Beweise mit den Entscheidungen der dramatischen Gesetzgeber, des Aristoteles, des Horaz, des Despreaux, des P. Rapins, so wird man die einen sowohl, als die andern, dem System des kläglichKomischen gänzlich zuwider finden. Zwar wird man die nothwendigen Verschiedenheiten zwischen den Sitten und dem Genie der Dichter eines jeden Volks bemerken; zwar wird man, nach Beschaffenheit der Gegenstände, in den Stücken, welche die Laster des Herzens angreifen, einen nothwendig ernsthaften Ton antreffen, so wie man in denen, welche mit den Ungereimtheiten des Verstandes zu thun haben, eine Vermischung des Scherzes und des Ernstes, und in denen, welche nur das Lächerliche schildern sollen, nichts als komische Züge und Wendungen finden wird; zwar wird man sehen, daß die Kunst eben nicht verbunden ist, uns zum Lachen zu bewegen, und daß sie sich oft begnügt, uns weiter nicht als auf diejenige innereEmpfindung, welche die Seele erweitert, zu bringen, ohne uns zu den unmäßigen Bewegungen zu treiben, welche laut ausbrechen: Betrachtungen über das aber jenen traurigen und kläglichen Ton, jenesromanenhafte Gewinsle, welches vor unsern Augen der Abgott des Frauenzimmers und der jungen Leute geworden ist, wird man ganz und gar nicht gewahr werden. Mit einem Worte, diese Untersuchung wird uns überzeugen, daß es wider die Natur der komischen Gattung ist, uns unsre Fehler beweinen zu lassen, es mögen auch noch sohäßlicheLaster geschildert werden; daß Thalia, so zu reden, auf ihrer Maske keine andre Thränen, als Thränen der Freude und der Liebe duldet; und daß diejenigen, welche sie quasi=tragische Thränen wollen vergiessen lassen, sich nur eine andre Gottheit für ihre Opfer suchen können.


12 - Betrachtungen über das weinerlich Komische /

Was hat denn nun jene leichte und hochmüthige Auskrahmung schöner und grosser Gesinnungen den Sitten genützt? Was für Wirkungen hat denn jene glänzende Moral auf unsre Herzen und auf unsern Verstand gehabt? Eine unfruchtbare Bewunderung, eine Blendung auf wenige Augenblicke, eine überhingehendeBewegung, welche ganz unfähig ist, uns in uns selbst gehen zu lassen. So viele auf das allerfeinste vorbereitete Sittensprüche, so viel zierlich ausgekrahmte Vorschriften sind für die Zuschauer völlig in Wind gesagt. Man bewundert Melaniden, und betauert sie: allein ihr unaufhörlich kläglicher Ton, und die Erzehlung ihrer romanhaftenZufälle, machen auf uns

*Lettre ſur Melanide.

weinerlich Komische keinen nützlichen Eindruck, weil sie mit der Stellung, worinne wir uns befinden, ganz und gar keine Gemeinschaft haben. Das Schicksal derAufseherin bewegt und rühret uns, allein ihre ganz besondern Umstände haben mit den unsrigen gar nichts gemein. (1) Wir treffen in uns selbst nichts an, was wir mit den Abentheuern in Vergleichung bringen können, die blos unter die möglichen Dinge gehören, und also gar nicht für uns gemacht zu seyn scheinen. Man wird, wenn man es ja gestehen muß, bey dem Anblicke so sinnreicher Gemählde, ergriffen, durchdrungen, bewegt; allein man fühlet für uns selbst, in diesem Zusammenflusse von Begebenheiten, mit welchen der ordentliche Lauf menschlicher Dinge uns gewiß verschonen wird, weder Reue, noch Scham, noch Furcht.


13 - Betrachtungen über das weinerlich Komische /

Ganz anders ist es mit den Schilderungen bewandt, welche der Dichter von den Lastern und von dem Lächerlichen macht; sie finden bey

(1) Der Stoff einer Komödie muß aus den gewöhn lichen Begebenheiten genommen seyn; und ihre Personen müssen, von allen Seiten, mit dem Vol ke, für das sie gemacht wird, eine Aehnlichkeit ha ben. Sie hat nicht nöthig, diese ihre Personen auf ein Fußgestelle zu erhöhen, weil ihr vornehm ster Entzweck eben nicht ist, Bewundrung für sie zu erwecken, damit man sie desto leichter beklagen könne; sie will aufs höchste, durch die verdrußli chen Zufälle, die ihnen begegnen, uns für sie ein wenig unruhig machen. Dubos kritische Be trachtungen Th. II. S. 225.

Betrachtungen über das uns allen Statt, und auch der vollkommenste Mensch trägt sowohl in seinem Verstande, als in seinem Herzen beständig den Saamen gewisser Ungereimtheiten und gewisser Fehler, welche sich bey Gelegenheit entwickeln. Wir finden uns also in dem Gemählde solcher mit der Menschheit verbundenen Schwachheiten getroffen, und sehen darinne was wir sind, oder wenigstens seyn können. Dieses Bild, welches zu dem unsrigen wird, ist eines von den einnehmendsten Gegenständen, und erleuchtet unsre Seelen mit gewissen Lichtstrahlen, die desto heilsamer sind, je fähiger ihre Ursache, die Furcht vor der Schande und dem Lächerlichen, zu seyn pflegt, uns zu heilsamen Entschliessungen zu bewegen. So ward der stolze und unversöhnliche Hauffe der Heuchler durch das Gemählde von den Lastern des scheinheiligen Betriegers zu Boden geschlagen. Tausend Schuldige wurden in Harnisch gejagt, und beklagten sich mit so viel grösserer Bitterkeit, je empfindlicher sie waren getroffen worden. Bey den Vorstellungen des George Dandins lassen auch die verhärtesten Ehemänner auf ihren Gesichtern die Bewegung spüren, die sie alsdenn empfinden, wenn ihre Umstände mit den Umständen des Originals allzusehr übereinstimmen; diese Uebereinstimmungen sind nicht selten, ob sie schon durch den Mangel der Bildung oder des Genies, durch den Geschmack an Veränderungen und den Eigensinn, so viel weinerlich Komische. fältig gemacht werden, als sie es durch die Verschiedenheit der Geburth sind. Die ohne Unterlaß wieder jung werdenden Schilderungen derDiafoiren haben vielleicht nicht wenig dazu beygetragen, daß die Aerzte ihren blinden Eigensinn für die alte Methode verlassen haben, ohne daß sie eben zu jenen kühnen Versuchen wären gereizt worden, von welchen man schalkhaft genug vorgiebt, daß wir dann und wann derselben Opfer seyn müßten. Und wem ist endlich unbekannt, daß die muntern und beissenden Züge der gelehrten Weiber und der kostbar Lächerlichen, auf das plötzlichste das schöne Geschlecht von diesen zwey Unsinnigkeiten abgebracht haben?


14 - Betrachtungen über das weinerlich Komische /

Man berufe sich nicht zur Bestätigung dieser zu allgemeinen und eben deswegen gefährlichen Maxime auf den Einfall Sr. Hoheit des Prinzen über die regelmäßige aber verdrüßliche Tragödie des Abts von Aubignac. Die Anwendung der Regeln verursachte den Fall dieses Stücks gar nicht; sondern die schlechte Colorite seines Pin

* S. den Prolog des Lustspiels Liebe für Liebe.

weinerlich Komische. sels schlug es nieder. Doch weil ich mir vorgenommen habe meinen Gegnern nur solche Gründe entgegen zu setzen, von welchen ich selbst überzeugt bin, so will ich es ihnen vorläufig einräumen, daß das kläglich Komische große Bewegungen und oft angenehme Empfindungen verursache. Allein, wenn ich auf einen Augenblick die ganze Frage dahinaus lauffen lasse, bey welcher Gattung das größere Vergnügen anzutreffen seyn, so behaupte ich, daß jene neuere uns kein so mannichfaltiges und natürliches Vergnügen verschaffen könne, als die Gattung welche in dem Jahrhunderte des Moliere herrschte.


15 - Discours de la tragedie /

J'avouerai plus. Si la purgation des passions se fait dans la Tragédie, je tiens qu'elle se doit faire de la maniére que je l'explique; mais je doute si elle s'y fait jamais,& dans celles-là mêmes qui ont les conditions que demande Aristote. Elles se ren- DE LA TRAGEDIE. 509 contrent dans le Cid, & en ont causé le grand succès: Rodrigue & Chiméne y ont cetteprobité sujette aux passions, & ces passionsfont leur malheur, puisqu'ils ne sont malheureux qu'autant qu'ils sont passionnésl'un pour l'autre. Ils tombent dans l'inféli- cité par cette foiblesse humaine dont noussommes capables comme eux; leur malheur fait pitié, cela est constant, & il ena coûté assez de larmes aux spectateurspour ne le point contester. Cette pitié nous doit donner une crainte de tomber dans unpareil malheur, & purger en nous ce tropd'amour qui cause leur infortune, & nousles fait plaindre; mais je ne sai si elle nousla donne, ni si elle le purge, & j'ai bienpeur que le raisonnement d'Aristote sur ce point ne soit qu'une belle idée, quin'ait jamais son effet dans la vérité. Jem'en rapporte à ceux qui en ont vû lesreprésentations; ils peuvent en demander compte au secret de leur cœur, & repasser sur ce qui les a touchés au Théatre, pourreconnoître s'ils en sont venus par là jusqu'à cette crainte réfléchie, & si elle arectifié en eux la passion qui a causé ladisgrace qu'ils ont plainte. Un des Interprétes d'Aristote veut qu'il n'aye parlé de cette purgation des passions dans la Tragédie, que parce qu'il écrivoit après Platon,qui bannit les Poëtes Tragiques de sa République, parce qu'ils les remuent trop for- 510 SECOND DISCOURS. tement. Comme il écrivoit pour le contredire, & montrer qu'il n'est pas à proposde les bannir des Etats bien policés, il avoulu trouver cette utilité dans ces agitations de l'ame, pour les rendre recommandables par la raison même, sur qui l'autrese fonde pour les bannir. Le fruit qui peutnaître des impressions que fait la force del'exemple, lui manquoit; la punition des méchantesactions, & la récompense des bonnes, n'étoient pas de l'usage de son siécle, comme nous les avons rendues de celui du nôtre; & n'y pouvant trouver uneutilité solide, hors celle des sentences & desdiscours didactiques, dont la Tragédie sepeut passer selon son avis, il en a substitué une, qui, peut-être, n'est qu'imaginaire.Du moins si pour la produire il faut lesconditions qu'elle demande, elles se rencontrent si rarement, que Robortel ne lestrouve que dans le seul Oedipe, & soutient que ce Philosophe ne nous les prescrit pas comme si nécessaires, que leurmanquement rende un Ouvrage défectueux;mais seulement comme des idées de la perfection des Tragédies. Notre siécle les avues dans le Cid, mais je ne sai s'il les avues en beaucoup d'autres; & si nous voulons rejetter un coup d'œil sur cette régle,nous avouerons que le succès a justifié beaucoup de piéces où elle n'est pas observée.