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1 - Histoire des Arabes sous le gouvernement des Califes /

On assembla à cet effet tous les personnages les plus respectables par leur rang, leur piété, leur sagesse & leur expérience. Tels étoient Soliman-ebn-Sorad, qui avoit été un des compagnons du Prophéte; Mossabid-ebn-Nahbadh, intime ami d'Ali; Abdallah-ebn-Saïd, Abdallah-ebn-Vali & Refaah-ebn-Schaddah. Ces conférences furent un nouvel aiguillon qui anima le zéle, ou plutôt la fureur des Couffiens contre les ennemis des Alides. Il y eut entre autres plusieurs harangues extrêmement pathétiques, qui tendoient toutes à démontrer le tort que ces peuples avoient eu d'abandonner Hossein, & à faire voir que cette criminelle infidélité les avoit couverts de honte dans l'esprit de tous les Arabes; & qu'ils ne pouvoient se laver d'un trait aussi infamant, qu'en sacrifiant leurs biens & leur vie même pour faire la guerre des Arabes. la plus cruelle aux ennemis d'Ali,Mervan.Hégire 64.Ere Chr. 683. de Hassan & de Hossein.


2 - Histoire des Arabes sous le gouvernement des Califes /

Les lettres circulaires qui venoient d'être répandues dans les différentes provinces de l'Arabie, HistoireMervan.Hégire 64.Ere Chr. 683.avoient été écrites par Soliman-ebn- Sorad. C'étoit lui que l'on regardoit comme le directeur général de l'entreprise, & le promoteur de cette ligue. On lui accorda aussi le commandement des troupes. Mais cet arrangement excita de la jalousie, & souffrit beaucoup de contradiction, sur-tout de la part d'un célébre Capitaine nommé Mokthar, ou Almokthar, qui arriva à Couffah sur ces entrefaites.


3 - Histoire des Arabes sous le gouvernement des Califes /

Mokthar, malgré toute l'indifférence d'Abdallah, resta cependant encore plusieurs mois auprès de lui. Ennuyé enfin de voir que rien ne pouvoit lui attirer ses bonnes graces, & qu'il ne s'agissoit jamais de lui lorsqu'il venoit à vaquer quel des Arabes.que emploi considérable, il prit leMervan.Hégire 64.Ere Chr. 683. parti de passer à Couffah, dans le tems qu'on y formoit les plus grands projets contre les Ommiades. Il étoit bien instruit des mesures que les Alides venoient de prendre; & comme on l'avoit averti que pour être en état de réussir, il ne leur manquoit qu'un chef qui fût dans leurs sentimens, il résolut d'aller se mettre à leur tête; & il partit en effet, malgré les avis qu'on lui donna du choix que les Couffiens avoient fait de Soliman pour les commander. Le peu d'estime qu'il avoit pour ce Général, lui fit croire qu'il le supplanteroit aisément, & que sa place lui seroit dévolue sans difficulté.


4 - Histoire des Arabes sous le gouvernement des Califes /

Son méprispour Soliman lui faitdes ennemis.

5 - Histoire des Arabes sous le gouvernement des Califes /

Les choses n'allerent pas si rapi-Son méprispour Soliman lui faitdes ennemis. dement que Mokthar l'avoit imaginé, & il essuya des revers qui penserent ruiner totalement ses espérances. En arrivant à Couffah, il s'annonça comme venant de la part de Mahomet-ben-Hanifiah*,

*Mahomet, fils d'Ali, étoit nommé communément Ben Hanifiah, ou fils de Hanifiah, qui étoit une des femmes d'Ali. C'étoit pour le distinguer des autres enfans qu'Ali avoit eus de Fatime, fille du Prophéte.

HistoireMervan.Hégire 64.Ere Chr. 683.fils d'Ali, qui lavoit chargé de les aider de ses conseils & de son épée. L'arrivée d'un capitaine de sa réputation inspira d'abord aux Couffiens la plus grande confiance; mais la conduite qu'il tint à l'égard de Soliman, lui attira bientôt un nombre considerable d'ennemis. Il parla avec mépris de ce Général, & représenta qu'il étoit absolument incapable de commander des troupes, & qu'il n'avoit ni l'expérience ni l'intelligence nécessaires pour diriger avec succès aucune entreprise militaire. Il convenoit au reste qu'il étoit bon politique, très-entendu dans les affaires, excellent dans un conseil: en un mot très-propre à figurer dans les délibérations du cabinet, mais nullement capable de se décider à propos à la tête des troupes.


6 - Histoire des Arabes sous le gouvernement des Califes /

Quoiqu'il y eût beaucoup de vrai dans ce que Mokthar représentoit au sujet de Soliman, le grand crédit de ce Général l'emporta sur tous les reproches les mieux fondés. Le plus grand nombre des Alides continua donc de se déclarer en sa faveur; & le tems étant arrivé de se des Arabes. mettre en campagne, Soliman par-Mervan.Hégire 64.Ere Chr. 683. tit pour Nokaïlhal qui étoit le lieu qu'on avoit désigné pour les rendez- vous des troupes.


7 - Histoire des Arabes sous le gouvernement des Califes /

Quoiqu'il y eût beaucoup de vrai dans ce que Mokthar représentoit au sujet de Soliman, le grand crédit de ce Général l'emporta sur tous les reproches les mieux fondés. Le plus grand nombre des Alides continua donc de se déclarer en sa faveur; & le tems étant arrivé de se des Arabes. mettre en campagne, Soliman par-Mervan.Hégire 64.Ere Chr. 683. tit pour Nokaïlhal qui étoit le lieu qu'on avoit désigné pour les rendez- vous des troupes.


8 - Histoire des Arabes sous le gouvernement des Califes /

Mokthar, qui ne doutoit point que Soliman ne fît bientôt des fautes essentielles, qui engageroient les Alides à révoquer ce Général, resta tranquillement à Couffah, dans l'espérance qu'au premier échec on auroit recours à lui pour le commandement des troupes.


9 - Histoire des Arabes sous le gouvernement des Califes /

Mais le séjour que Mokthar af-On l'accusede vouloir serendre maître de Couffah. fectoit de faire à Couffah, fit naître des soupçons. Soit qu'ils fussent fondés, ou non, les amis de Soliman en profiterent, pour répandre le bruit que Mokthar travailloit sourdement à se faire un parti pour s'emparer de Couffah & de toute la province. On l'en accusa même juridiquement au tribunal d'Abdallah-ebn-Yésid, qui étoit alors Gouverneur de cette place, & l'on voulut exiger de luiqu'il fît mettre en prison l'accusé avec les fers aux pieds & aux mains. Le Gouverneur fit d'abord des difficultés, & demanda des éclaircissemens sur le prétendu crime qu'on repro- HistoireMervan.Hégire 64.Ere Chr. 683.choit à Mokthar; mais la cabale fit tant de bruit, & le nombre des accusateurs étoit si considérable, que le Gouverneur fut obligé de souscrire à leur volonté. Ainsi, sans avoir d'autres preuves que les clameurs de ces furieux, Abdallah fit emprisonner Mokthar; & tout ce qu'il put faire en sa faveur, ce fut de lui épargner d'avoir les fers aux pieds & aux mains, comme ses ennemis l'avoient demandé.


10 - Histoire des Arabes sous le gouvernement des Califes /

Pendant le tumulte que cette affaire avoit occasionné à Couffah, Soliman s'étoit rendu à la tête des troupes, & comptoit partir dans peu pour aller attaquer les Ommiades en Syrie. Mais il fut fort surpris, lorsqu'en faisant la revue de son armée: il trouva qu'il s'en falloit bien qu'elle fût aussi nombreuse qu'il s'y étoit attendu. Tout ce grand fracas que les peuples avoient fait de toutes parts pour venger le sang de Hossein, s'étoit rallenti tout-à-coup, de sorte que la plupart des provinces n'avoient point fait partir de troupes, & d'autres n'en avoient envoyé qu'en très-petit nombre en comparaison de ce qu'el des Arabes.les avoient promis. On vit parMervan.Hégire 64.Ere Chr. 683. l'examen des rôles, que telle province qui s'étoit engagée à fournir seize mille hommes, n'en avoit envoyé que quatre mille. Mais ce qui fit le plus d'impression, ce fut le refroidissement des Couffiens eux-mêmes, qui avoient été les premiers à demander que l'on prît les armes. Un nombre considérable de ceux qui s'étoient montré d'abordles plus vifs, étoient cependant restés chez eux, soit que ce fût une suite de leur légereté & de leur inconstance naturelle, soit que ce fût l'effet des intrigues de Mokthar qui avoit, disoit-on, débauché environ dix mille hommes de ces peuples pour les empêcher de suivre Soliman.


11 - Histoire des Arabes sous le gouvernement des Califes /

Pendant le tumulte que cette affaire avoit occasionné à Couffah, Soliman s'étoit rendu à la tête des troupes, & comptoit partir dans peu pour aller attaquer les Ommiades en Syrie. Mais il fut fort surpris, lorsqu'en faisant la revue de son armée: il trouva qu'il s'en falloit bien qu'elle fût aussi nombreuse qu'il s'y étoit attendu. Tout ce grand fracas que les peuples avoient fait de toutes parts pour venger le sang de Hossein, s'étoit rallenti tout-à-coup, de sorte que la plupart des provinces n'avoient point fait partir de troupes, & d'autres n'en avoient envoyé qu'en très-petit nombre en comparaison de ce qu'el des Arabes.les avoient promis. On vit parMervan.Hégire 64.Ere Chr. 683. l'examen des rôles, que telle province qui s'étoit engagée à fournir seize mille hommes, n'en avoit envoyé que quatre mille. Mais ce qui fit le plus d'impression, ce fut le refroidissement des Couffiens eux-mêmes, qui avoient été les premiers à demander que l'on prît les armes. Un nombre considérable de ceux qui s'étoient montré d'abordles plus vifs, étoient cependant restés chez eux, soit que ce fût une suite de leur légereté & de leur inconstance naturelle, soit que ce fût l'effet des intrigues de Mokthar qui avoit, disoit-on, débauché environ dix mille hommes de ces peuples pour les empêcher de suivre Soliman.


12 - Histoire des Arabes sous le gouvernement des Califes /

Soliman laranime.

13 - Histoire des Arabes sous le gouvernement des Califes /

La chose fut exécutée, & elle réussit comme Soliman l'avoit prévu. Ces cris de vengeance réveillerent l'ardeur des Couffiens. Une espece de frénésie s'alluma dans leur sang; chacun courut aux armes, & partit avec précipitation pour aller au rendez-vous général. L'arrivée de ces recrues consola un peu Soliman: de sorte qu'avec les secours qu'il attendoit encore de Madaïn & de Basrah, il comptoit se voir bientôt en état de marcher en Syrie. Le plan de son expédition étoit déja tout disposé. Il devoit commencer par massacrer Obéidallah, que l'on pouvoit regarder comme le principal auteur de la mort deHossein; après quoi il espéroit employer toutes ses forces contre les Ommiades, & réussir à les exterminer.


14 - Histoire des Arabes sous le gouvernement des Califes /

La chose fut exécutée, & elle réussit comme Soliman l'avoit prévu. Ces cris de vengeance réveillerent l'ardeur des Couffiens. Une espece de frénésie s'alluma dans leur sang; chacun courut aux armes, & partit avec précipitation pour aller au rendez-vous général. L'arrivée de ces recrues consola un peu Soliman: de sorte qu'avec les secours qu'il attendoit encore de Madaïn & de Basrah, il comptoit se voir bientôt en état de marcher en Syrie. Le plan de son expédition étoit déja tout disposé. Il devoit commencer par massacrer Obéidallah, que l'on pouvoit regarder comme le principal auteur de la mort deHossein; après quoi il espéroit employer toutes ses forces contre les Ommiades, & réussir à les exterminer.


15 - Histoire des Arabes sous le gouvernement des Califes /

Soliman, charmé des dispositions de ses troupes, crut devoir en pro- HistoireMervan.Hégire 65.Ere Chr. 684.fiter pour marcher au plutôt à l'ennemi, malgré les avis qu'il reçut de différens endroits, & entr'autres de la part d'Abdallah-ebn-Yésid , Gouverneur de Couffah, qui examinant l'état des affaires avec plus de sang froid que Soliman, lui envoya un courier pour le conjurer de ne pas avancer plus avant, & même de revenir au plutôt à Couffah pour y attendre des conjonctures plus heureuses. Ce Gouverneur sans doute étoit informé des forces queMervan mettoit sur pied; & il avertissoit Soliman, en conséquence, de ne point continuer une entreprise qui ne pouvoit être que malheureuse, ayant aussi peu de troupes à opposer à l'ennemi.