Suchbegriff: sempronius
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Ensuite M. Junius aiant été créé Dictateur par l'autorité du Sénat, il se nomma pour Général de la Cavalerie T. Sempronius; & parmi les nouvelles troupes qu'il mit sur pié, il enrôla tous les jeunes gens qui avoient atteint l'âge de dix-sept ans, (c'étoit le tems où les Romains commençoient à entrer dans la Milice, & à servir dans les Armées) & il en enrôla même quelques-uns qui avoient encore la robe* prétexte, & qui par conséquent étoient au dessous de cet âge. On en composa quatre Légions, & un Corps de mille Cavaliers. Il envoya en même tems demander aux Alliés du Nom Latin, le contingent qu'ils devoient fournir en vertu du Traité. Il fit aussi préparer des armes de toutes sortes, sans compter celles qu'on avoit autrefois prises sur les ennemis, & qu'on tira des Temples & des Portiques pour armer les nouveaux soldats.


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Dès que la rigueur du froid commençaCasilin,forcé parl'extrémité de la di sette, serend àAnnibal.Liv.XXIII. 19. à s'adoucir, Annibal tira ses troupes des quartiers d'hiver, & revint à Casilin, dont les habitans, aussi-bien que les soldats de la garnison, étoient réduits à une extrême disette. Car quoique les attaques eussent cessé pendant l'hiver, néanmoins, comme la ville avoit toujours été bloquée, on n'avoit pas pu y faire entrer des vivres. Tib. Sempronius commandoit les Romains en l'absence du Dictateur, que les affaires de la Religion avoient rappellé à Rome.Marcellus avoit grande envie d'aller secourir les assiégés: mais il étoit retenu, d'un côté par les eaux du Vulturne qui s'étoient extrêmement grossies, de l'autre par les C. Ter. Varro, L. Æmil. Cons.An. R.536.Av. J. C.216.priéres de ceux de Nole, qui craignoient d'être attaqués par les Campaniens dès que les Romains se seroient éloignés. Sempronius étoit à portée d'agir: mais, comme le Dictateur lui avoit défendu de rien entreprendre jusqu'à son retour, il n'osoit faire aucun mouvement en faveur de Casilin, quoiqu'il aprît qu'ils souffroient des maux capables de vaincre la constance la plus héroïque. Tout ce qu'il put faire, ce fut de remplir un grand nombre de tonneaux des blés qu'il enleva des campagnes voisines, & de les mettre sur le Vulturne, dont le courant les porteroit dans la ville, en prenant la précaution d'avertir le Magistrat de retirer ces tonneaux à mesure qu'ils passeroient. Cela dura trois nuits de suite, & fit un peu respirer les assiégés. Mais les Carthaginois s'en étant enfin apperçus, cette ressource leur manqua absolument. Rien ne passa depuis qui ne fût arrêté en chemin, excepté des noix que les Romains y jettérent, & qui étant arrivées à Casilin, étoient enlevées avec des claies. Mais qu'est-ce que c'étoit qu'un si foible secours dans une telle disette? Réduits à la derniére extrémité, ils se virent obligés à manger les cuirs de leurs boucliers, après les avoir fait bouillir pour les rendre plus moux; d'ajouter à une nourriture si misérable les rats & les autres animaux les plus sales; & d'arracher les herbes & les racines qui croissoient au bas des murailles. Annibal aiant apperçu C. Ter. Varro, L. Æmil. Cons. qu'ils semoient des raves: Quoi! s'écria-An. R.536.Av. J. C.216. t-il tout étonné: les assiégés s'imaginent- ils que je resterai autour de cette place, jusqu'à ce que ces plantes soient en maturité? Cette vue le détermina à souffrir qu'ils traitassent avec lui de la rançon des personnes libres, ce qu'il leur avoit toujours refusé jusques-là. Ils convinrent de donner par tête quatre cens vingt livres.Septuncesauri. Quand la somme fut payée, Annibal les renvoya à Cumes, comme il leur en avoit donné sa parole, & mit dans la place une garnison de six cens soldats.


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Dès que la rigueur du froid commençaCasilin,forcé parl'extrémité de la di sette, serend àAnnibal.Liv.XXIII. 19. à s'adoucir, Annibal tira ses troupes des quartiers d'hiver, & revint à Casilin, dont les habitans, aussi-bien que les soldats de la garnison, étoient réduits à une extrême disette. Car quoique les attaques eussent cessé pendant l'hiver, néanmoins, comme la ville avoit toujours été bloquée, on n'avoit pas pu y faire entrer des vivres. Tib. Sempronius commandoit les Romains en l'absence du Dictateur, que les affaires de la Religion avoient rappellé à Rome.Marcellus avoit grande envie d'aller secourir les assiégés: mais il étoit retenu, d'un côté par les eaux du Vulturne qui s'étoient extrêmement grossies, de l'autre par les C. Ter. Varro, L. Æmil. Cons.An. R.536.Av. J. C.216.priéres de ceux de Nole, qui craignoient d'être attaqués par les Campaniens dès que les Romains se seroient éloignés. Sempronius étoit à portée d'agir: mais, comme le Dictateur lui avoit défendu de rien entreprendre jusqu'à son retour, il n'osoit faire aucun mouvement en faveur de Casilin, quoiqu'il aprît qu'ils souffroient des maux capables de vaincre la constance la plus héroïque. Tout ce qu'il put faire, ce fut de remplir un grand nombre de tonneaux des blés qu'il enleva des campagnes voisines, & de les mettre sur le Vulturne, dont le courant les porteroit dans la ville, en prenant la précaution d'avertir le Magistrat de retirer ces tonneaux à mesure qu'ils passeroient. Cela dura trois nuits de suite, & fit un peu respirer les assiégés. Mais les Carthaginois s'en étant enfin apperçus, cette ressource leur manqua absolument. Rien ne passa depuis qui ne fût arrêté en chemin, excepté des noix que les Romains y jettérent, & qui étant arrivées à Casilin, étoient enlevées avec des claies. Mais qu'est-ce que c'étoit qu'un si foible secours dans une telle disette? Réduits à la derniére extrémité, ils se virent obligés à manger les cuirs de leurs boucliers, après les avoir fait bouillir pour les rendre plus moux; d'ajouter à une nourriture si misérable les rats & les autres animaux les plus sales; & d'arracher les herbes & les racines qui croissoient au bas des murailles. Annibal aiant apperçu C. Ter. Varro, L. Æmil. Cons. qu'ils semoient des raves: Quoi! s'écria-An. R.536.Av. J. C.216. t-il tout étonné: les assiégés s'imaginent- ils que je resterai autour de cette place, jusqu'à ce que ces plantes soient en maturité? Cette vue le détermina à souffrir qu'ils traitassent avec lui de la rançon des personnes libres, ce qu'il leur avoit toujours refusé jusques-là. Ils convinrent de donner par tête quatre cens vingt livres.Septuncesauri. Quand la somme fut payée, Annibal les renvoya à Cumes, comme il leur en avoit donné sa parole, & mit dans la place une garnison de six cens soldats.


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Le Consul partit la nuit suivante pourOn créede nouveauxConsuls &de nouveaux Pré teurs.Liv.XXIII. 24. aller rejoindre son Armée, sans en avertir le Sénat, craignant qu'on ne le retînt dans la ville, pour présider à l'élection des Consuls de l'année suivante. Le lendemain, le Sénat fut d'avis qu'on écrivît au Dictateur, & qu'on le priât, en cas que les affaires de C. Ter. Varro, L. Æmil. Cons.An. R.536.Av. J. C.216.la République le permissent, de venir à Rome pour la nomination des Consuls, & d'amener avec lui le Général de la Cavalerie, & le Préteur M. Marcellus, afin que les Sénateurs pussent les consulter en personne sur l'état présent de la République, & prendre de concert avec eux les mesures les plus sages qu'il se pourroit. Tous ceux qu'on avoit mandés se rendirent à Rome, après avoir laissé à leurs Lieutenans le commandement des Légions. Le Dictateur aiant parlé de lui-même en peu de mots & avec beaucoup de modestie, & comblé d'éloges la sage conduite de T. Sempronius son Général de Cavalerie, il indiqua une Assemblée, dans la quelle on créa Consuls L. Postumius pour la troisiéme fois, avec T. Sempronius Gracchus. Le prémier étoit absent, & commandoit dans la Gaule: le second étoit à Rome, actuellement Général de la Cavalerie, & Edile Curule. Ensuite on créa Préteurs M. Valerius Lévinus, Ap. Claudius Pulcher, Q. Fulvius Flaccus, & Q. Mucius Scevola. Le Dictateur, après avoir fait nommer ces Magistrats, s'en retourna joindre son Armée à Théane, laissant à Rome le Général de la Cavalerie, qui devoit quelques jours après prendre possession du Consulat, & à qui, par cette raison, il convenoit de consulter les Sénateurs sur les troupes qu'on devoit lever & employer l'année suivante pour le service de la République.


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Le Consul partit la nuit suivante pourOn créede nouveauxConsuls &de nouveaux Pré teurs.Liv.XXIII. 24. aller rejoindre son Armée, sans en avertir le Sénat, craignant qu'on ne le retînt dans la ville, pour présider à l'élection des Consuls de l'année suivante. Le lendemain, le Sénat fut d'avis qu'on écrivît au Dictateur, & qu'on le priât, en cas que les affaires de C. Ter. Varro, L. Æmil. Cons.An. R.536.Av. J. C.216.la République le permissent, de venir à Rome pour la nomination des Consuls, & d'amener avec lui le Général de la Cavalerie, & le Préteur M. Marcellus, afin que les Sénateurs pussent les consulter en personne sur l'état présent de la République, & prendre de concert avec eux les mesures les plus sages qu'il se pourroit. Tous ceux qu'on avoit mandés se rendirent à Rome, après avoir laissé à leurs Lieutenans le commandement des Légions. Le Dictateur aiant parlé de lui-même en peu de mots & avec beaucoup de modestie, & comblé d'éloges la sage conduite de T. Sempronius son Général de Cavalerie, il indiqua une Assemblée, dans la quelle on créa Consuls L. Postumius pour la troisiéme fois, avec T. Sempronius Gracchus. Le prémier étoit absent, & commandoit dans la Gaule: le second étoit à Rome, actuellement Général de la Cavalerie, & Edile Curule. Ensuite on créa Préteurs M. Valerius Lévinus, Ap. Claudius Pulcher, Q. Fulvius Flaccus, & Q. Mucius Scevola. Le Dictateur, après avoir fait nommer ces Magistrats, s'en retourna joindre son Armée à Théane, laissant à Rome le Général de la Cavalerie, qui devoit quelques jours après prendre possession du Consulat, & à qui, par cette raison, il convenoit de consulter les Sénateurs sur les troupes qu'on devoit lever & employer l'année suivante pour le service de la République.


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Lorsqu'on aprit à Rome un si grand malheur, les citoyens furent tellement accablés de tristesse, que les boutiques aiant été sur le champ fermées, toute la ville, pendant plusieurs jours, parut une solitude, chacun demeurant renfermé chez soi C. Ter. Varro, L. Æmil. Cons. comme en pleine nuit. Pour ôter à RoAn R.536.Av. J. C.216.me cette image d'affliction & de deuil universel, le Sénat ordonna aux Ediles de se promener par les rues, & de faire ou vrir les boutiques. Alors T. Sempronius aiant convoqué les Sénateurs, les consola; “& les aiant fait souvenir de la fermeté & de la constance avec laquelle ils avoient soutenu la défaite de Cannes, il les exhorta à s'armer de courage, & à ne se point laisser abattre par de moindres calamités. Il leur fit entendre que pourvu que les affaires réussissent du côté d'Annibal & des Carthaginois, comme il y avoit lieu de l'espérer, on pouvoit sans risque différer à un autre tems la guerre des Gaulois. Qu'avec le secours des Dieux le Peuple Romain trouveroit bien l'occasion de se venger de la fraude & de l'artifice de ces Barbares. Mais que l'objet dont il faloit s'occuper maintenant, c'étoit la guerre des Carthaginois, & les forces que l'on seroit en état de leur opposer.“


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Double tribut imposé à Rome sur le Peuple. Distribution des Armées, Marcellus est créé Consul. Vice dans son élection. Q. Fabius Maximus lui est substitué. Suite des arrangemens par rapport aux Armées. Les Carthaginois envoient des troupes en Sardaigne. Les Consuls & les autres Généraux se rendent chacun à leur département. Philippe envoie des Ambassadeurs à Annibal. Ruse de Xénophane Chef de l'Ambassade. Alliance faite entre Phi lippe & Annibal. Xénophane avec les autres Ambassadeurs est pris par les Romains, & envoyé à Rome. Etat de la Sardaigne. Entreprise des Campaniens contre Cumes rendue inutile par Sempro nius. Le même Sempronius défend aussi Cumes contre Annibal. Attention & prudence de ce Consul. Les Ambassadeurs dePhilippe & d'Annibal sont menés & arrivent à Rome. Mesures que prennent les Romains contre Philippe. Ce Prince en voie de nouveaux Ambassadeurs à Annibal. Discorde à Nole entre le Sénat & le Peuple. La Sardaigne se révolte. Elle est entiérement soumise par Manlius, après une célébre victoire. Marcellus ravage les terres des Alliés d'Annibal, qui implorent son secours. L'Armée d'Annibal est battue devant Nole par Marcellus. Com bat singulier entre Jubellius & Claudius.

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Double tribut imposé à Rome sur le Peuple. Distribution des Armées, Marcellus est créé Consul. Vice dans son élection. Q. Fabius Maximus lui est substitué. Suite des arrangemens par rapport aux Armées. Les Carthaginois envoient des troupes en Sardaigne. Les Consuls & les autres Généraux se rendent chacun à leur département. Philippe envoie des Ambassadeurs à Annibal. Ruse de Xénophane Chef de l'Ambassade. Alliance faite entre Phi lippe & Annibal. Xénophane avec les autres Ambassadeurs est pris par les Romains, & envoyé à Rome. Etat de la Sardaigne. Entreprise des Campaniens contre Cumes rendue inutile par Sempro nius. Le même Sempronius défend aussi Cumes contre Annibal. Attention & prudence de ce Consul. Les Ambassadeurs dePhilippe & d'Annibal sont menés & arrivent à Rome. Mesures que prennent les Romains contre Philippe. Ce Prince en voie de nouveaux Ambassadeurs à Annibal. Discorde à Nole entre le Sénat & le Peuple. La Sardaigne se révolte. Elle est entiérement soumise par Manlius, après une célébre victoire. Marcellus ravage les terres des Alliés d'Annibal, qui implorent son secours. L'Armée d'Annibal est battue devant Nole par Marcellus. Com bat singulier entre Jubellius & Claudius.

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La quatriéme année de la guerre contre Annibal, le Consul T. Sempronius Gracchus entra en charge aux Ides de Mars, (le 15) aussi-bien que les Préteurs. Le Peuple voulut que M. Marcellus continuât à commander en qualité de Proconsul, parce que, depuis la Bataille de Cannes, il étoit le seul Général qui eût combattu avec avantage contre Annibal en Italie.


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Les Consuls firent un nouveau partage des troupes, différent de celui qui avoit été projetté. Fabius eut pour lui l'Armée que M. Junius avoit commandée pendant sa Dictature; & son Collégue Sempronius vingt-cinq mille Alliés, auxquels on joignit les esclaves qui s'étoient engagés volontairement à porter les armes au nombre de huit mille. On donna au Préteur M. Valerius les Légions qui étoient revenues de Sicile. Marcellus, avec la qualité de Proconsul, fut laissé à la tête de celles qui devoient veiller à la conservation de Nole T. Sempron. Q. Fabius, Cons. au dessus de Suessule. Les Preteurs, à quiAn. R.537.Av. J. C.215. étoient échues la Sicile & la Sardaigne, partirent pour se rendre à leurs départemens.


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Entreprise desCampaniens contre Cumesrendue in utile parSempro nius.Liv.XXIII.35-37.

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Pour revenir à l'Italie, comme la BaEntreprise desCampaniens contre Cumesrendue in utile parSempro nius.Liv.XXIII.35-37.taille de Cannes avoit abattu les forces des Romains, & que les délices de Capoue avoient amolli le courage des Carthaginois, on n'y faisoit plus la guerre avec tant de vigueur. Les Campaniens entreprirent de soumettre ceux de Cumes à leur domination. Ils employérent d'abord les sollicitations, pour les engager à quiter le T. Sempron. Q. Fabius, Cons.An. R.537.Av. J. C.215.parti des Romains. Mais n'aiant pu réussir par cette voie, ils eurent recours à la ruse pour les surprendre. Ils invitérent le Sénat de Cumes à un sacrifice qui se faisoit dans la petite ville de Hama, où le Sénat de Capoue devoit se trouver. Ceux de Cumes se doutoient bien de quelque fraude, mais ils ne laissérent pas d'accepter l'offre, pour faire tomber les Campaniens dans leur propre piége. Ils donnérent aussitôt avis de ce qui se passoit à Sempronius qui campoit alors auprès de Literne, & lui firent dire que non seulement le Sénat, mais le Peuple & l'Armée de Capoue se trouveroient au sacrifice. Le Consul leur ordonna de transporter tous leurs effets de la campagne dans la ville, & de se tenir renfermés dans leurs murailles. Pour lui, la veille du sacrifice, il se mit en marche pour approcher de Cumes, qui n'étoit éloigné de Hama que de troisUne lieue.milles. Les Campaniens s'y étoient déja assemblés en grand nombre. La cérémonie devoit durer trois jours. Elle commençoit le soir, & finissoit avant minuit.Sempronius crut que c'étoit le tems où il devoit attaquer les Campaniens. Il partit en effet environ deux heures avant le coucher du Soleil, & étant arrivé à Hama en grand silence sur le minuit, il entra en même tems par toutes les portes du camp des Campaniens, qu'il trouva fort négligé, comme il arrive parmi des gens, qui, après avoir beaucoup bu & mangé, ont T. Sempron. Q. Fabius, Cons. un grand besoin de dormir. La plupartAn. R.537.Av. J. C.215. furent tués, les uns dans leurs lits, où ils étoient ensevelis dans le sommeil; les autres, à mesure qu'ils revenoient sans armes du sacrifice. Les Campaniens perdirent plus de deux mille hommes dans ce desor dre nocturne, avec leur Chef Marius Alfius. On leur prit trente-quatre drapeaux.Sempronius ne perdit pas cent soldats. Il demeura maître du camp.


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Pour revenir à l'Italie, comme la BaEntreprise desCampaniens contre Cumesrendue in utile parSempro nius.Liv.XXIII.35-37.taille de Cannes avoit abattu les forces des Romains, & que les délices de Capoue avoient amolli le courage des Carthaginois, on n'y faisoit plus la guerre avec tant de vigueur. Les Campaniens entreprirent de soumettre ceux de Cumes à leur domination. Ils employérent d'abord les sollicitations, pour les engager à quiter le T. Sempron. Q. Fabius, Cons.An. R.537.Av. J. C.215.parti des Romains. Mais n'aiant pu réussir par cette voie, ils eurent recours à la ruse pour les surprendre. Ils invitérent le Sénat de Cumes à un sacrifice qui se faisoit dans la petite ville de Hama, où le Sénat de Capoue devoit se trouver. Ceux de Cumes se doutoient bien de quelque fraude, mais ils ne laissérent pas d'accepter l'offre, pour faire tomber les Campaniens dans leur propre piége. Ils donnérent aussitôt avis de ce qui se passoit à Sempronius qui campoit alors auprès de Literne, & lui firent dire que non seulement le Sénat, mais le Peuple & l'Armée de Capoue se trouveroient au sacrifice. Le Consul leur ordonna de transporter tous leurs effets de la campagne dans la ville, & de se tenir renfermés dans leurs murailles. Pour lui, la veille du sacrifice, il se mit en marche pour approcher de Cumes, qui n'étoit éloigné de Hama que de troisUne lieue.milles. Les Campaniens s'y étoient déja assemblés en grand nombre. La cérémonie devoit durer trois jours. Elle commençoit le soir, & finissoit avant minuit.Sempronius crut que c'étoit le tems où il devoit attaquer les Campaniens. Il partit en effet environ deux heures avant le coucher du Soleil, & étant arrivé à Hama en grand silence sur le minuit, il entra en même tems par toutes les portes du camp des Campaniens, qu'il trouva fort négligé, comme il arrive parmi des gens, qui, après avoir beaucoup bu & mangé, ont T. Sempron. Q. Fabius, Cons. un grand besoin de dormir. La plupartAn. R.537.Av. J. C.215. furent tués, les uns dans leurs lits, où ils étoient ensevelis dans le sommeil; les autres, à mesure qu'ils revenoient sans armes du sacrifice. Les Campaniens perdirent plus de deux mille hommes dans ce desor dre nocturne, avec leur Chef Marius Alfius. On leur prit trente-quatre drapeaux.Sempronius ne perdit pas cent soldats. Il demeura maître du camp.


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Le lendemain il assiégea Sempronius dansLe mê me Sem proniusdefendCumescontre Annibal. Cumes. Cette entreprise ni lui réussit pas mieux. Les assiégés se défendirent avec un courage intrépide. Voyant une tour d'Annibal appliquée contre le mur, ils y mirent le feu par le moyen de plusieurs flam T. Sempron. Q. Fabius, Cons.An. R.537.Av. J. C.215.beaux qu'ils y jettérent tout à la fois. Cet embrasement jetta le trouble parmi les ennemis. Aussitôt les Romains firent une sortie par deux portes de la ville en même tems, & repoussérent les Carthaginois jusques dans leur camp avec tant de vigueur, qu'il sembla ce jour-là que c'étoit Annibal, & non le Consul, qui étoit assiégé. Environ treize cens Carthaginois furent tués dans cette action, & l'on en prit en vie cinquante-neuf. Sempronius n'attendit pas que les ennemis se fussent remis de leur consternation, pour faire sonner la retraite, & retirer les siens dans la ville. Le lendemain, Annibal se flatant que le Consul, enflé de l'avantage qu'il avoit remporté, se présenteroit pour livrer un combat dans les formes, rangea les siens en bataille entre le camp & la ville. Mais, quand il vit que les ennemis se contentoient de défendre leurs murailles à l'ordinaire sans rien hazarder témérairement, il retourna dans son camp de Tifate, avec le regret & la confusion d'avoir manqué son coup.