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Pendant que ces choses se passoient à Bénévent, Annibal, après avoir ravagé tout le pays aux environs de Naples, alla camper dans le voisinage de Nole. Quand le Consul Marcellus eut appris qu'il appro choit, il ordonna au Propréteur Pomponius de le venir joindre avec l'Armée qui étoit campée au dessus de Suessule, & se mit aussitôt en devoir d'aller au devant d'Annibal, & de le combattre. Pendant Q. Fab. M. Cl. Marcel. Cons. le silence de la nuit, il fit sortir ClaudeAn. R.538.Av. J. C.214. Néron avec l'élite de sa Cavalerie par la porte la plus éloignée de l'ennemi, & lui ordonna, après qu'il auroit fait un grand circuit, de s'approcher peu à peu, & en se tenant couvert, de l'endroit où étoient les Carthaginois; & enfin, quand il verroit l'action engagée, de les venir tout d'un coup attaquer par derriére. Néron n'exécuta point ces ordres, soit qu'il se fût égaré en chemin, ou que le tems lui eût manqué. Le combat s'étant donné sans lui, les Romains ne laissérent pas d'avoir l'avantage: mais, n'étant pas secondés de la Cavalerie, leur projet ne réussit pas comme ils l'avoient espéré. Marcellus n'osant pas poursuivre les ennemis dans leur fuite, fit retirer ses soldats quoique vainqueurs. Cependant Annibal perdit ce jour-là plus de deux mille hommes. Marcellus n'en perdit pas en tout quatre cens. Vers le coucher du Soleil, Néron aiant inutilement fatigué ses hommes & leurs chevaux pendant un jour & une nuit, arriva sans avoir seulement vu l'ennemi. C'est une grande douleur pour un habile Général qui a formé un projet important, de le voir avorter par l'imprudence ou le peu de tête de celui sur qui il s'en étoit reposé pour l'exécution. Aussi le Consul fit-il une repri mande bien vive à Néron, jusqu'à lui reprocher qu'il n'avoit tenu qu'à lui qu'on ne rendît à Annibal la Journée de Cannes. Le lendemain Marcellus mit encore ses troupes Q. Fab. M. Cl. Marcel. Cons.An. R.538.Av. J. G.214.en bataille: mais Annibal ne sortit point de son camp, avouant tacitement qu'il se reconnoissoit vaincu. Le troisiéme jour il se retira à la faveur de la nuit; & renonçant à la conquête de Nole qu'il avoit tant de fois tentée inutilement, il marcha vers Tarente, où il espéroit de mieux réussir.


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Pendant que ces choses se passoient à Bénévent, Annibal, après avoir ravagé tout le pays aux environs de Naples, alla camper dans le voisinage de Nole. Quand le Consul Marcellus eut appris qu'il appro choit, il ordonna au Propréteur Pomponius de le venir joindre avec l'Armée qui étoit campée au dessus de Suessule, & se mit aussitôt en devoir d'aller au devant d'Annibal, & de le combattre. Pendant Q. Fab. M. Cl. Marcel. Cons. le silence de la nuit, il fit sortir ClaudeAn. R.538.Av. J. C.214. Néron avec l'élite de sa Cavalerie par la porte la plus éloignée de l'ennemi, & lui ordonna, après qu'il auroit fait un grand circuit, de s'approcher peu à peu, & en se tenant couvert, de l'endroit où étoient les Carthaginois; & enfin, quand il verroit l'action engagée, de les venir tout d'un coup attaquer par derriére. Néron n'exécuta point ces ordres, soit qu'il se fût égaré en chemin, ou que le tems lui eût manqué. Le combat s'étant donné sans lui, les Romains ne laissérent pas d'avoir l'avantage: mais, n'étant pas secondés de la Cavalerie, leur projet ne réussit pas comme ils l'avoient espéré. Marcellus n'osant pas poursuivre les ennemis dans leur fuite, fit retirer ses soldats quoique vainqueurs. Cependant Annibal perdit ce jour-là plus de deux mille hommes. Marcellus n'en perdit pas en tout quatre cens. Vers le coucher du Soleil, Néron aiant inutilement fatigué ses hommes & leurs chevaux pendant un jour & une nuit, arriva sans avoir seulement vu l'ennemi. C'est une grande douleur pour un habile Général qui a formé un projet important, de le voir avorter par l'imprudence ou le peu de tête de celui sur qui il s'en étoit reposé pour l'exécution. Aussi le Consul fit-il une repri mande bien vive à Néron, jusqu'à lui reprocher qu'il n'avoit tenu qu'à lui qu'on ne rendît à Annibal la Journée de Cannes. Le lendemain Marcellus mit encore ses troupes Q. Fab. M. Cl. Marcel. Cons.An. R.538.Av. J. G.214.en bataille: mais Annibal ne sortit point de son camp, avouant tacitement qu'il se reconnoissoit vaincu. Le troisiéme jour il se retira à la faveur de la nuit; & renonçant à la conquête de Nole qu'il avoit tant de fois tentée inutilement, il marcha vers Tarente, où il espéroit de mieux réussir.


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Pendant que ces choses se passoient à Bénévent, Annibal, après avoir ravagé tout le pays aux environs de Naples, alla camper dans le voisinage de Nole. Quand le Consul Marcellus eut appris qu'il appro choit, il ordonna au Propréteur Pomponius de le venir joindre avec l'Armée qui étoit campée au dessus de Suessule, & se mit aussitôt en devoir d'aller au devant d'Annibal, & de le combattre. Pendant Q. Fab. M. Cl. Marcel. Cons. le silence de la nuit, il fit sortir ClaudeAn. R.538.Av. J. C.214. Néron avec l'élite de sa Cavalerie par la porte la plus éloignée de l'ennemi, & lui ordonna, après qu'il auroit fait un grand circuit, de s'approcher peu à peu, & en se tenant couvert, de l'endroit où étoient les Carthaginois; & enfin, quand il verroit l'action engagée, de les venir tout d'un coup attaquer par derriére. Néron n'exécuta point ces ordres, soit qu'il se fût égaré en chemin, ou que le tems lui eût manqué. Le combat s'étant donné sans lui, les Romains ne laissérent pas d'avoir l'avantage: mais, n'étant pas secondés de la Cavalerie, leur projet ne réussit pas comme ils l'avoient espéré. Marcellus n'osant pas poursuivre les ennemis dans leur fuite, fit retirer ses soldats quoique vainqueurs. Cependant Annibal perdit ce jour-là plus de deux mille hommes. Marcellus n'en perdit pas en tout quatre cens. Vers le coucher du Soleil, Néron aiant inutilement fatigué ses hommes & leurs chevaux pendant un jour & une nuit, arriva sans avoir seulement vu l'ennemi. C'est une grande douleur pour un habile Général qui a formé un projet important, de le voir avorter par l'imprudence ou le peu de tête de celui sur qui il s'en étoit reposé pour l'exécution. Aussi le Consul fit-il une repri mande bien vive à Néron, jusqu'à lui reprocher qu'il n'avoit tenu qu'à lui qu'on ne rendît à Annibal la Journée de Cannes. Le lendemain Marcellus mit encore ses troupes Q. Fab. M. Cl. Marcel. Cons.An. R.538.Av. J. G.214.en bataille: mais Annibal ne sortit point de son camp, avouant tacitement qu'il se reconnoissoit vaincu. Le troisiéme jour il se retira à la faveur de la nuit; & renonçant à la conquête de Nole qu'il avoit tant de fois tentée inutilement, il marcha vers Tarente, où il espéroit de mieux réussir.


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Pendant que ces choses se passoient à Bénévent, Annibal, après avoir ravagé tout le pays aux environs de Naples, alla camper dans le voisinage de Nole. Quand le Consul Marcellus eut appris qu'il appro choit, il ordonna au Propréteur Pomponius de le venir joindre avec l'Armée qui étoit campée au dessus de Suessule, & se mit aussitôt en devoir d'aller au devant d'Annibal, & de le combattre. Pendant Q. Fab. M. Cl. Marcel. Cons. le silence de la nuit, il fit sortir ClaudeAn. R.538.Av. J. C.214. Néron avec l'élite de sa Cavalerie par la porte la plus éloignée de l'ennemi, & lui ordonna, après qu'il auroit fait un grand circuit, de s'approcher peu à peu, & en se tenant couvert, de l'endroit où étoient les Carthaginois; & enfin, quand il verroit l'action engagée, de les venir tout d'un coup attaquer par derriére. Néron n'exécuta point ces ordres, soit qu'il se fût égaré en chemin, ou que le tems lui eût manqué. Le combat s'étant donné sans lui, les Romains ne laissérent pas d'avoir l'avantage: mais, n'étant pas secondés de la Cavalerie, leur projet ne réussit pas comme ils l'avoient espéré. Marcellus n'osant pas poursuivre les ennemis dans leur fuite, fit retirer ses soldats quoique vainqueurs. Cependant Annibal perdit ce jour-là plus de deux mille hommes. Marcellus n'en perdit pas en tout quatre cens. Vers le coucher du Soleil, Néron aiant inutilement fatigué ses hommes & leurs chevaux pendant un jour & une nuit, arriva sans avoir seulement vu l'ennemi. C'est une grande douleur pour un habile Général qui a formé un projet important, de le voir avorter par l'imprudence ou le peu de tête de celui sur qui il s'en étoit reposé pour l'exécution. Aussi le Consul fit-il une repri mande bien vive à Néron, jusqu'à lui reprocher qu'il n'avoit tenu qu'à lui qu'on ne rendît à Annibal la Journée de Cannes. Le lendemain Marcellus mit encore ses troupes Q. Fab. M. Cl. Marcel. Cons.An. R.538.Av. J. G.214.en bataille: mais Annibal ne sortit point de son camp, avouant tacitement qu'il se reconnoissoit vaincu. Le troisiéme jour il se retira à la faveur de la nuit; & renonçant à la conquête de Nole qu'il avoit tant de fois tentée inutilement, il marcha vers Tarente, où il espéroit de mieux réussir.


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ClaudeNéron est

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Apres que Capoue eût été prise, comme je l'ai marqué auparavant, le Sénat Cn. Fulvius, P. Sulpicius. Cons. ordonna à Claude Néron de choisir dansAn. R.541.Av. J. C.211.envoyé enEspagne.Liv.XXVI. 17. les deux Légions qu'il avoit commandées pendant le siége de cette ville six mille hommes de pié & trois cens Cavaliers, avec un pareil nombre d'Infanterie Latine, & huit cens chevaux: d'embarquer cette Armée à Pouzoles, & de la conduire en Espagne. Etant arrivé à Tarragone avec sa Flotte, il y débarqua ses troupes; & aiant tiré ses vaisseaux à sec, il fit aussi prendre les armes à ceux de l'équipage pour augmenter ses forces. S'étant ensuite avance jusques sur les bords de l'Ebre, il reçut des mains de T. Fonteius & de L. Marcius les troupes dont ils avoient eu le commandement en attendant son arrivée.


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Asdrubal, fils d'Amilcar, étoit campé àAsdrubalenfermés'échappede sesmains parfraude.Ibid. Pierre-noire dans l'Ausetanie, entre les villes d'Illiturgie & de Mentissa (villes du pays que l'on nomme aujourdhui l'Andalousie.) Néron s'empara de l'entrée d'un défilé qui se trouvoit-là. Asdrubal, qui craignoit de se voir enfermé par l'Armée ennemie, lui envoya un Trompette, qui avoit ordre de lui promettre de sa part, que s'il lui laissoit la liberté de se retirer, il abandonneroit absolument l'Espagne avec toutes ses troupes. Néron aiant reçu cette proposition avec grande joie, Asdrubal lui demanda pour le lendemain une entrevue, dans laquelle les Romains devoient marquer les conditions auxquelles ils vouloient qu'on leur livrât les citadelles des villes, & le jour où les Carthaginois reti- Cn. Fulvius, P. Sulpicius. Cons.An. R.541.Av. J. C.211.reroient leurs garnisons, & emporteroient tout ce qui leur appartenoit, sans faire au cun tort aux habitans. Néron ne fut pas plutôt convenu de ce rendez-vous, qu'Asdrubal ordonna aux siens de commencer dès la fin du jour, & de continuer pendant toute la nuit à tirer du défilé, le plus promtement qu'ils pourroient, les plus gros bagages de l'Armée. On eut grande attention à ne pas faire sortir cette nuit-là une grande quantité d'hommes, le petit nombre étant plus propre en même tems, & à tromper les ennemis par le silence, & à faciliter la retraite à travers des sentiers étroits & difficiles par où il faloit nécessairement passer. Le lendemain on se trouva de part & d'autre à l'entrevue; mais le Carthaginois, en tenant à dessein de longs discours, & en écrivant bien des choses inutiles, consuma le jour entier sans rien terminer, desorte que l'on fut obligé de remettre l'affaire au jour suivant. Il n'y fut encore rien décidé. Il naissoit toujours quelques nouvelles difficultés, qui demandoient du délai. Cependant toutes les nuits étoient mises à profit. Déja la plus grande partie de l'Infanterie étoit en sureté, lorsqu'heureusement, dès la pointe du jour, un brouillard épais couvrit tout le défilé, & toutes les plaines d'alentour. Le Carthaginois demande & obtient un dernier délai, sous prétexte d'une fête où il n'étoit point permis à ceux de sa nation de traiter d'affaires. Alors, à Cn. Fulvius, P. Sulpicius. Cons. à la faveur de l'obscurité, il sort deAn. R.541.Av. J. C.211. son camp avec sa Cavalerie & ses Eléphans; &, sans être aucunement troublé par les ennemis, il gagne un poste où il n'avoit plus rien à craindre de leur part. Sur les dix heures le brouillard se dissipa, & découvrit aux Romains tout-à-la-fois & le jour, & la fraude des Carthaginois. Néron, honteux de s'être ainsi laissé duper, se mit en devoir de les poursuivre. Mais Asdrubal ne jugea pas à propos de risquer une bataille, & tout se borna à quelques légéres escarmouches qui n'eurent point de suite. Le Général Romain auroit du mieux connoître les Carthaginois, & savoir ce que l'on entendoit par la Foi Punique.


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Asdrubal, fils d'Amilcar, étoit campé àAsdrubalenfermés'échappede sesmains parfraude.Ibid. Pierre-noire dans l'Ausetanie, entre les villes d'Illiturgie & de Mentissa (villes du pays que l'on nomme aujourdhui l'Andalousie.) Néron s'empara de l'entrée d'un défilé qui se trouvoit-là. Asdrubal, qui craignoit de se voir enfermé par l'Armée ennemie, lui envoya un Trompette, qui avoit ordre de lui promettre de sa part, que s'il lui laissoit la liberté de se retirer, il abandonneroit absolument l'Espagne avec toutes ses troupes. Néron aiant reçu cette proposition avec grande joie, Asdrubal lui demanda pour le lendemain une entrevue, dans laquelle les Romains devoient marquer les conditions auxquelles ils vouloient qu'on leur livrât les citadelles des villes, & le jour où les Carthaginois reti- Cn. Fulvius, P. Sulpicius. Cons.An. R.541.Av. J. C.211.reroient leurs garnisons, & emporteroient tout ce qui leur appartenoit, sans faire au cun tort aux habitans. Néron ne fut pas plutôt convenu de ce rendez-vous, qu'Asdrubal ordonna aux siens de commencer dès la fin du jour, & de continuer pendant toute la nuit à tirer du défilé, le plus promtement qu'ils pourroient, les plus gros bagages de l'Armée. On eut grande attention à ne pas faire sortir cette nuit-là une grande quantité d'hommes, le petit nombre étant plus propre en même tems, & à tromper les ennemis par le silence, & à faciliter la retraite à travers des sentiers étroits & difficiles par où il faloit nécessairement passer. Le lendemain on se trouva de part & d'autre à l'entrevue; mais le Carthaginois, en tenant à dessein de longs discours, & en écrivant bien des choses inutiles, consuma le jour entier sans rien terminer, desorte que l'on fut obligé de remettre l'affaire au jour suivant. Il n'y fut encore rien décidé. Il naissoit toujours quelques nouvelles difficultés, qui demandoient du délai. Cependant toutes les nuits étoient mises à profit. Déja la plus grande partie de l'Infanterie étoit en sureté, lorsqu'heureusement, dès la pointe du jour, un brouillard épais couvrit tout le défilé, & toutes les plaines d'alentour. Le Carthaginois demande & obtient un dernier délai, sous prétexte d'une fête où il n'étoit point permis à ceux de sa nation de traiter d'affaires. Alors, à Cn. Fulvius, P. Sulpicius. Cons. à la faveur de l'obscurité, il sort deAn. R.541.Av. J. C.211. son camp avec sa Cavalerie & ses Eléphans; &, sans être aucunement troublé par les ennemis, il gagne un poste où il n'avoit plus rien à craindre de leur part. Sur les dix heures le brouillard se dissipa, & découvrit aux Romains tout-à-la-fois & le jour, & la fraude des Carthaginois. Néron, honteux de s'être ainsi laissé duper, se mit en devoir de les poursuivre. Mais Asdrubal ne jugea pas à propos de risquer une bataille, & tout se borna à quelques légéres escarmouches qui n'eurent point de suite. Le Général Romain auroit du mieux connoître les Carthaginois, & savoir ce que l'on entendoit par la Foi Punique.


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Asdrubal, fils d'Amilcar, étoit campé àAsdrubalenfermés'échappede sesmains parfraude.Ibid. Pierre-noire dans l'Ausetanie, entre les villes d'Illiturgie & de Mentissa (villes du pays que l'on nomme aujourdhui l'Andalousie.) Néron s'empara de l'entrée d'un défilé qui se trouvoit-là. Asdrubal, qui craignoit de se voir enfermé par l'Armée ennemie, lui envoya un Trompette, qui avoit ordre de lui promettre de sa part, que s'il lui laissoit la liberté de se retirer, il abandonneroit absolument l'Espagne avec toutes ses troupes. Néron aiant reçu cette proposition avec grande joie, Asdrubal lui demanda pour le lendemain une entrevue, dans laquelle les Romains devoient marquer les conditions auxquelles ils vouloient qu'on leur livrât les citadelles des villes, & le jour où les Carthaginois reti- Cn. Fulvius, P. Sulpicius. Cons.An. R.541.Av. J. C.211.reroient leurs garnisons, & emporteroient tout ce qui leur appartenoit, sans faire au cun tort aux habitans. Néron ne fut pas plutôt convenu de ce rendez-vous, qu'Asdrubal ordonna aux siens de commencer dès la fin du jour, & de continuer pendant toute la nuit à tirer du défilé, le plus promtement qu'ils pourroient, les plus gros bagages de l'Armée. On eut grande attention à ne pas faire sortir cette nuit-là une grande quantité d'hommes, le petit nombre étant plus propre en même tems, & à tromper les ennemis par le silence, & à faciliter la retraite à travers des sentiers étroits & difficiles par où il faloit nécessairement passer. Le lendemain on se trouva de part & d'autre à l'entrevue; mais le Carthaginois, en tenant à dessein de longs discours, & en écrivant bien des choses inutiles, consuma le jour entier sans rien terminer, desorte que l'on fut obligé de remettre l'affaire au jour suivant. Il n'y fut encore rien décidé. Il naissoit toujours quelques nouvelles difficultés, qui demandoient du délai. Cependant toutes les nuits étoient mises à profit. Déja la plus grande partie de l'Infanterie étoit en sureté, lorsqu'heureusement, dès la pointe du jour, un brouillard épais couvrit tout le défilé, & toutes les plaines d'alentour. Le Carthaginois demande & obtient un dernier délai, sous prétexte d'une fête où il n'étoit point permis à ceux de sa nation de traiter d'affaires. Alors, à Cn. Fulvius, P. Sulpicius. Cons. à la faveur de l'obscurité, il sort deAn. R.541.Av. J. C.211. son camp avec sa Cavalerie & ses Eléphans; &, sans être aucunement troublé par les ennemis, il gagne un poste où il n'avoit plus rien à craindre de leur part. Sur les dix heures le brouillard se dissipa, & découvrit aux Romains tout-à-la-fois & le jour, & la fraude des Carthaginois. Néron, honteux de s'être ainsi laissé duper, se mit en devoir de les poursuivre. Mais Asdrubal ne jugea pas à propos de risquer une bataille, & tout se borna à quelques légéres escarmouches qui n'eurent point de suite. Le Général Romain auroit du mieux connoître les Carthaginois, & savoir ce que l'on entendoit par la Foi Punique.


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Asdrubal, fils d'Amilcar, étoit campé àAsdrubalenfermés'échappede sesmains parfraude.Ibid. Pierre-noire dans l'Ausetanie, entre les villes d'Illiturgie & de Mentissa (villes du pays que l'on nomme aujourdhui l'Andalousie.) Néron s'empara de l'entrée d'un défilé qui se trouvoit-là. Asdrubal, qui craignoit de se voir enfermé par l'Armée ennemie, lui envoya un Trompette, qui avoit ordre de lui promettre de sa part, que s'il lui laissoit la liberté de se retirer, il abandonneroit absolument l'Espagne avec toutes ses troupes. Néron aiant reçu cette proposition avec grande joie, Asdrubal lui demanda pour le lendemain une entrevue, dans laquelle les Romains devoient marquer les conditions auxquelles ils vouloient qu'on leur livrât les citadelles des villes, & le jour où les Carthaginois reti- Cn. Fulvius, P. Sulpicius. Cons.An. R.541.Av. J. C.211.reroient leurs garnisons, & emporteroient tout ce qui leur appartenoit, sans faire au cun tort aux habitans. Néron ne fut pas plutôt convenu de ce rendez-vous, qu'Asdrubal ordonna aux siens de commencer dès la fin du jour, & de continuer pendant toute la nuit à tirer du défilé, le plus promtement qu'ils pourroient, les plus gros bagages de l'Armée. On eut grande attention à ne pas faire sortir cette nuit-là une grande quantité d'hommes, le petit nombre étant plus propre en même tems, & à tromper les ennemis par le silence, & à faciliter la retraite à travers des sentiers étroits & difficiles par où il faloit nécessairement passer. Le lendemain on se trouva de part & d'autre à l'entrevue; mais le Carthaginois, en tenant à dessein de longs discours, & en écrivant bien des choses inutiles, consuma le jour entier sans rien terminer, desorte que l'on fut obligé de remettre l'affaire au jour suivant. Il n'y fut encore rien décidé. Il naissoit toujours quelques nouvelles difficultés, qui demandoient du délai. Cependant toutes les nuits étoient mises à profit. Déja la plus grande partie de l'Infanterie étoit en sureté, lorsqu'heureusement, dès la pointe du jour, un brouillard épais couvrit tout le défilé, & toutes les plaines d'alentour. Le Carthaginois demande & obtient un dernier délai, sous prétexte d'une fête où il n'étoit point permis à ceux de sa nation de traiter d'affaires. Alors, à Cn. Fulvius, P. Sulpicius. Cons. à la faveur de l'obscurité, il sort deAn. R.541.Av. J. C.211. son camp avec sa Cavalerie & ses Eléphans; &, sans être aucunement troublé par les ennemis, il gagne un poste où il n'avoit plus rien à craindre de leur part. Sur les dix heures le brouillard se dissipa, & découvrit aux Romains tout-à-la-fois & le jour, & la fraude des Carthaginois. Néron, honteux de s'être ainsi laissé duper, se mit en devoir de les poursuivre. Mais Asdrubal ne jugea pas à propos de risquer une bataille, & tout se borna à quelques légéres escarmouches qui n'eurent point de suite. Le Général Romain auroit du mieux connoître les Carthaginois, & savoir ce que l'on entendoit par la Foi Punique.


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Soit que ce début de Néron en EsP. Scipion, âgéseulementde 24 ans,est nommé pourcommander en Es pagne enqualité deProconsul.Liv.XXVI.18. 19.pagne ne fît pas beaucoup espérer de son commandement; soit, comme il est plus vraisemblable, qu'il n'eût été envoyé qu'en attendant le choix d'un Général que l'on pût laisser un tems considérable dans cette province; ce qu'il y a de certain, c'est que l'on résolut à Rome de procéder à l'élection d'un nouveau Commandant, qui allât se mettre à la tête des Armées d'Espagne. On y étoit fort embarrassé. Tout ce que l'on voyoit de clair, c'est que l'on ne pouvoit apporter trop de soin & d'attention dans le choix d'un Capitaine qui fût capable de remplacer deux grands Généraux, tués & défaits avec leurs Armées dans l'espace de trente jours. Le Sénat dé- Cn. Fulvius, P. Sulpicius. Cons.An. R.541.Av. J. C.211.libéra sur ce choix, & n'aiant pu se déterminer renvoya l'affaire au Peuple. L'Assemblée fut indiquée par les Consuls pour l'élection d'un Proconsul qui allât commander en Espagne. On s'attendoit que dans l'intervalle on verroit se présenter ceux qui se croiroient dignes d'un emploi si important. Cette attente fut trompée. Personne ne parut: ce qui renouvella toute la douleur du coup funeste qui avoit enlevé à la République deux Généraux si dif ficiles à remplacer. Les Citoyens cependant, malgré leur affliction, se rendirent à la Place publique au jour de l'Assemblée: & là, aiant les yeux attachés sur les Magistrats & sur les prémiers de la ville qui se regardoient tristement les uns les autres sans rien dire, ils étoient dans la derniére désolation de voir les affaires de la République si desespérées, que personne n'osât accepter le commandement des Armées d'Espagne. Ce fut dans ce moment que P. Scipion, fils de celui du même nom qui avoit été tué en Espagne, âgé environ de vingt-quatre ans, se plaça dans un lieu élevé où tout le monde pouvoit l'appercevoir, & déclara qu'il étoit disposé à se charger de cet emploi si l'on vouloit le lui confier. Dès qu'on eut jetté les yeux sur lui, il s'éleva de toutes parts des cris de joie, qui lui annonçoient un commandement heureux & brillant. On alla aussitôt aux voix, & non seulement toutes les Centuries, mais tous les particuliers dont elles Cn. Fulvius, P. Sulpicius. Cons. étoient composées, depuis le prémier jusAn. R.541.Av. J. C.211.qu'au dernier, ordonnérent que P. Scipion allât commander en Espagne.


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Des queScipion eut été nommé ProScipionpasse enEspagne.Liv.XXVI. 19consul, il songea à son départ. Aux vieilles troupes qui étoient restées en Espagne du débri des deux Armées défaites, & à celles qui y étoient passées de Pouzole avec Néron, on ajouta dix mille hommes de pié

a In specie fictæ simulationis, sicut reliquæ virtutes, ita pietas inesse non potest; cum qua simul & sanctitatem & religionem tolli necesse est. Cic. de Nat. I. 3.

Cn. Fulvius, P. Sulpicius. Cons.An. R.541.Av. J. C.211.& mille chevaux. M. Julius Silanus y fut aussi envoyé en qualité de Propréteur, pour aider Scipion dans les fonctions du commandement. Lorsque tout fut prêt, ce Général partit d'Ostie avec une Flotte de trente galéres à cinq rangs. Etant arrivé à Tarragone, il y tint une espéce d'Assemblée de tous les Ambassadeurs des Peuples d'Espagne alliés des Romains, qui s'étoient rendus dans cette ville au bruit de sa venue. Il leur donna audience, & leura parla à tous avec cette confiance & cette grandeur d'ame que le solide mérite inspire; de façon cependant qu'il ne lui échappa aucun mot qui pût le rendre suspect d'orgueil ou de vanité; & qu'en conservant un air de vérité qui gagnoit la confiance, il mettoit dans ses discours toute la dignité possible.


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Etant parti de Tarragone, il visita les villes des Alliés, & les quartiers d'hiver de l'Armée; & donna de grands éloges aux soldats, qui, après deux défaites si cruelles reçues coup sur coup, avoient par leur courage conservé la province au Peuple Romain; & sans donner le tems aux ennemis de profiter de leurs victoires, les avoient obligés à repasser l'Ebre; & enfin, par une conduite si fidéle & si généreuse, avoient défendu les Alliés de la République. Il avoit

a Ita elato ab ingenti virtutum suarum fiducia animo, ut nullum ferox verbum excideret; ingensque omnibus quæ diceret, cum majestas inesset, tum fides. Liv.

Cn. Fulvius, P. Sulpicius. Cons. toujours Marcius avec lui. La considéraAn. R.541.Av. J. C.211.tion qu'il avoit pour cet Officier, & les éloges qu'il donnoit à sa valeur, montroient bien qu'il étoit exemt d'une basse jalousie, & que ce qu'il craignoit le moins étoit de trouver quelqu'un qui ternît ou qui parta geât sa gloire. Silanus prit la place de Néron, & l'on mit les nouveaux soldats dans les quartiers d'hiver. Scipion aiant pourvu à tout, & pris toutes les précautions nécessaires avec autant de diligence que de sagesse, revint à Tarragone.


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Als dieses zu Benevent vorgieng, verwüstete Hannibal die ganze umliegende Gegendvon Neapolis, und schlug endlich sein Lagernicht weit von Nola auf. Als der Consul und was sich unter ihnen zugetragen. 289Marcellus seine Annäherung vernahm, bed. 538. J. n. R. E. d. 214. J. v. C. G.fahl er dem Proprätor Pomponius mit derArmee, welche bey Suessula ihr Lager gehabthatte, zu ihm zu stossen, und machte sich alsobald gefaßt dem Hannibal entgegen zu gehen, und mit ihm zu schlagen. Er ließ den Claudius Nero, bey nächtlicher Stille, mit einem Ausschusse von der Reuterey, durch dasvon den Feinden entfernteste Thor aus, undbefahl ihm einen grossen Umschweiff zu nehmen, und sich nach und nach ungesehen demLager der Carthaginenser zu nähern, damiter ihnen plötzlich, sobald das Treffen ange gangen sey, in Rücken fallen könne. Nerokam diesen Befehlen nicht nach, entwederweil er sich von dem Wege verirret hatte,oder weil die Zeit darzu zu kurz war. DasTreffen gieng ohne ihm vor sich, gleichwohlerhielten die Römer die Oberhand, ob siegleich, weil sie von der Reuterey nicht unterstützt wurden, ihr Vorhaben nicht so ausführen konnten, wie sie es gewünscht hatten.Marcellus wagte es nicht die Feinde auf derFlucht zu verfolgen, und ließ seine Soldaten,ob sie gleich Sieger waren, zurück ziehen.Unterdessen verlohr Hannibal doch an diesem Tage mehr als zweytausend Mann. >Marcellus verlohr nicht mehr als vierhundert. Bey Untergang der Sonne langte Nerowieder an, nachdem er Tag und NachtMann und Pferd vergebens abgemattet, undden Feind nicht einmal gesehen hatte. Es istwas sehr verdrüßliches für einen geschickten 290 Q. F. Maximus, u. M. Claud. Marcellus, Cons.d. 538. J. n. R. E. d. 214. J. v. C. G. General, wenn er etwas wichtiges vorhat,und wenn er sein Unternehmen durch die Unvorsichtigkeit oder Ungeschicklichkeit desjenigen, dem er die Ausführung anvertrauet hatte, zu Schanden gemacht sieht. Der Con sul gab auch dem Nero einen lebhafften Verweiß, und warf ihm vor, es hätte nur anihm gelegen, daß man dem Hannibal dasUnglück bey Cannä nicht wieder vergoltenhätte. Den Morgen drauf stellte Marcellusabermals seine Trupen in Schlachtordnung,Hannibal aber kam nicht aus seinem Lager,und gestand also stillschweigend, daß er überwunden sey. Den dritten Tag zog er sichbey der Nacht zurück, gab die Hoffnung Nola zu erobern, die er sich so offt vergebens gemacht hatte, auf, und gieng auf Tarent los,wo er beßres Glück zu finden hoffte.


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Als dieses zu Benevent vorgieng, verwüstete Hannibal die ganze umliegende Gegendvon Neapolis, und schlug endlich sein Lagernicht weit von Nola auf. Als der Consul und was sich unter ihnen zugetragen. 289Marcellus seine Annäherung vernahm, bed. 538. J. n. R. E. d. 214. J. v. C. G.fahl er dem Proprätor Pomponius mit derArmee, welche bey Suessula ihr Lager gehabthatte, zu ihm zu stossen, und machte sich alsobald gefaßt dem Hannibal entgegen zu gehen, und mit ihm zu schlagen. Er ließ den Claudius Nero, bey nächtlicher Stille, mit einem Ausschusse von der Reuterey, durch dasvon den Feinden entfernteste Thor aus, undbefahl ihm einen grossen Umschweiff zu nehmen, und sich nach und nach ungesehen demLager der Carthaginenser zu nähern, damiter ihnen plötzlich, sobald das Treffen ange gangen sey, in Rücken fallen könne. Nerokam diesen Befehlen nicht nach, entwederweil er sich von dem Wege verirret hatte,oder weil die Zeit darzu zu kurz war. DasTreffen gieng ohne ihm vor sich, gleichwohlerhielten die Römer die Oberhand, ob siegleich, weil sie von der Reuterey nicht unterstützt wurden, ihr Vorhaben nicht so ausführen konnten, wie sie es gewünscht hatten.Marcellus wagte es nicht die Feinde auf derFlucht zu verfolgen, und ließ seine Soldaten,ob sie gleich Sieger waren, zurück ziehen.Unterdessen verlohr Hannibal doch an diesem Tage mehr als zweytausend Mann. >Marcellus verlohr nicht mehr als vierhundert. Bey Untergang der Sonne langte Nerowieder an, nachdem er Tag und NachtMann und Pferd vergebens abgemattet, undden Feind nicht einmal gesehen hatte. Es istwas sehr verdrüßliches für einen geschickten 290 Q. F. Maximus, u. M. Claud. Marcellus, Cons.d. 538. J. n. R. E. d. 214. J. v. C. G. General, wenn er etwas wichtiges vorhat,und wenn er sein Unternehmen durch die Unvorsichtigkeit oder Ungeschicklichkeit desjenigen, dem er die Ausführung anvertrauet hatte, zu Schanden gemacht sieht. Der Con sul gab auch dem Nero einen lebhafften Verweiß, und warf ihm vor, es hätte nur anihm gelegen, daß man dem Hannibal dasUnglück bey Cannä nicht wieder vergoltenhätte. Den Morgen drauf stellte Marcellusabermals seine Trupen in Schlachtordnung,Hannibal aber kam nicht aus seinem Lager,und gestand also stillschweigend, daß er überwunden sey. Den dritten Tag zog er sichbey der Nacht zurück, gab die Hoffnung Nola zu erobern, die er sich so offt vergebens gemacht hatte, auf, und gieng auf Tarent los,wo er beßres Glück zu finden hoffte.