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Hiéron, fidéle Allié des Romains. Sa mort. Eloge de ce Prince. Hiéronyme succéda à Hiéron. Dessein qu'avoit euHiéron de rétablir la liberté à Syracu- se. Sages précautions qu'il prit en mourant. Andranodore écarte tous les autres Tuteurs. Caractére d'Hiéronyme. Conspiration contre ce jeune Prince. Il se déclare pour les Carthaginois. Il traite indécemment les Ambassadeurs de Rome. Fabius empêche qu'Otacilius mari de sa niéce ne soit nommé Consul. Fabius & Marcellus sont nommés Consuls, & entrent en charge. Distribution des troupes. Création des Censeurs. Mate lots fournis par les Particuliers. Annibal retourne en Campanie. Les Généraux Romains se rendent tous à leurs dépar temens. Combat entre Hannon & Gracchus près de Bénévent. Les Romains remportent la victoire. Gracchus accor de la liberté aux esclaves qui portoient les armes sous ses ordres, pour récompen- ser leur courage. Légére punition des lâches. Joie des victorieux en retournant à Bénévent. Repas que leur donnent les habitans. Nouvel avantage deMarcellus sur Annibal. Sévérité des Censeurs à Rome. Preuves admirables de l'amour du Bien Public dans plusieurs

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Hiéron, fidéle Allié des Romains. Sa mort. Eloge de ce Prince. Hiéronyme succéda à Hiéron. Dessein qu'avoit euHiéron de rétablir la liberté à Syracu- se. Sages précautions qu'il prit en mourant. Andranodore écarte tous les autres Tuteurs. Caractére d'Hiéronyme. Conspiration contre ce jeune Prince. Il se déclare pour les Carthaginois. Il traite indécemment les Ambassadeurs de Rome. Fabius empêche qu'Otacilius mari de sa niéce ne soit nommé Consul. Fabius & Marcellus sont nommés Consuls, & entrent en charge. Distribution des troupes. Création des Censeurs. Mate lots fournis par les Particuliers. Annibal retourne en Campanie. Les Généraux Romains se rendent tous à leurs dépar temens. Combat entre Hannon & Gracchus près de Bénévent. Les Romains remportent la victoire. Gracchus accor de la liberté aux esclaves qui portoient les armes sous ses ordres, pour récompen- ser leur courage. Légére punition des lâches. Joie des victorieux en retournant à Bénévent. Repas que leur donnent les habitans. Nouvel avantage deMarcellus sur Annibal. Sévérité des Censeurs à Rome. Preuves admirables de l'amour du Bien Public dans plusieurs

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Jamais Allié ne se montra plus fiHiéronfidéle Allié desRomains.déle, plus zèlé, plus constant que ne le fut Hiéron II par rapport aux Romains pendant l'espace de près de cinquante ans, depuis le commencement de cette alliance jusqu'à sa mort. Sa fidélité fut mise à une rude épreuve après la sanglante Bataille de Cannes, qui fut suivie de la défection presque générale des Alliés de Rome. Mais le ravage même de ses terres par les troupes Carthaginoises que leur Flotte y avoit débarquées, ne fut pas capable de l'ébranler. Il eut seulement laLiv. XXIII.30. douleur de voir que la contagion du mauvais exemple avoit pénétré jusques dans sa famille. Il avoit un fils, nommé Gé lon, qui avoit épousé Néréide fille dePyrrhus, dont il eut Hiéronyme, duquel il sera bientôt parlé. Il n'avoit eu rien plus à cœur que de lui inspirer les sentimens qu'il avoit lui-même pour les Romains, & il lui répétoit souvent, quea tant qu'il leur demeureroit fidéle, il trouveroit dans leur amitié des troupes, des richesses, & une protection seule ca

a Si ea fecissem, in vestra amicitia exercitum. divitias, munimenta regni me habiturum. Sallust. in Bell. Jug.

T. Sempron. Q. Fabius, Cons.An. R.537.Av. J. C.215.pable d'affermir son Royaume. Gélon, méprisant la vieillesse de son pére, & ne faisant plus de cas de l'alliance des Romains depuis leur derniére disgrace à Cannes, s'etoit déclaré ouvertement pour les Carthaginois. Ila armoit déja la multitude, & sollicitoit les Alliés de Syracuse à se joindre à lui; & peut-être auroit-il causé du mouvement dans la Sicile, si une mort prompte & imprévue n'avoit rompu ses mesures. Elle survint si à propos, qu'elle laissa quelque soupçon, dit Tite Live, que le pére l'avoit avancée. Il me semble que ce soupçon ne convient guéres au caractére doux & vertueuxMortd'Hiéron.Liv.XXIV. 4.d'Hiéron. Il ne survécut pas longtems à son fils, & mourut à l'âge de quatre- vingts-dix ans, infiniment regretté des Peuples. Il avoit régné cinquante-quatre ans.


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La mort de ce Prince causa de grandesAn. R.537.Av. J. C.215.Hiéronyme succé de à Hié ron.Liv.XXIV. 4. révolutions dans la Sicile. Le Royaume étoit tombé entre les mains d'Hiéronyme son petit-fils. Cea Prince n'étoit encore qu'un enfant, qui, bien loin de pouvoir résister à la séduction de la Puissance Souveraine, & soutenir le poids du Gouvernement, n'étoit pas capable de porter comme il faut celui de sa propre liberté, & de se conduire lui-même. Ses Tuteurs, & ceux qu'on avoit chargés de son éducation, au- lieu de s'opposer aux vices auxquels il étoit naturellement porté, l'y précipitérent encore davantage, afin d'avoir toute l'autorité sous son nom. Onb vit alors combien il est important pour le bonheur d'un Etat, qu'un Prince qui commence à régner encore jeune, ne soit environné que de personnes capables de lui inspirer des sentimens & des principes dignes d'un Roi; & quel malheur c'est quand la flaterie s'empare dès lors de leurs oreilles & de leur cœur.


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Tout ce qu'il fit pour éviter, autant qu'il lui étoit possible, les maux qu'il prévoyoit, fut de nommer à Hiéronyme quinze Tuteurs, qui devoient former son Conseil. Il les conjura en mourant de ne jamais se départir de l'alliance avec les Romains, à laquelle il avoit été inviolablement attaché pendant cinquante ans; & d'aprendre au jeune Prince leur pupille à marcher sur ses traces, & à suivre les principes dans lesquels il avoit été élevé jusques-là.


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Caracté re d'Hiéronyme.

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Le b meilleur Prince du monde & leCaracté re d'Hiéronyme.

a Funus fit regium, magis amore civium & ca ritate, quàm curâ suorum, celébre. Liv.

b Vix quidem ulli bono moderatoque regi facilis erat favor apud Syracusanos, succedenti tantæ caritati Hieronis. Verùm enim verò Hieronymus, velut suis vitiis desiderabilem efficere vellet avum, primo statim conspectu, omnia quàm disparia essent, ostendit.

T. Sempron. Q. Fabius, Cons.An. R.537.Av. J. C.215.plus modéré, succédant à un Roi aussi chéri de ses sujets que l'avoit été Hiéron, auroit eu bien de la peine à les consoler de la perte qu'ils venoient de faire. Mais, comme si Hiéronyme eût cherché, par ses vices, à le faire encore plus regretter, il ne fut pas sitôt monté sur le trône, qu'il fit connoître combien toutes choses étoient changées. Ni le Roi Hiéron, ni Gélon son fils, pendant tant d'années, ne s'étoient jamais distingués du reste des citoyens par leur habillement, ni par aucune parure qui sentît le faste. Ici l'on vit paroître tout d'un coup Hiéronyme revétu de pourpre, le front ceint du diadême, environné d'une troupe de gardes armés. Quelquefois même il affectoit d'imiterDenys le Tiran, en sortant comme lui du palais sur un char tiré par quatre chevaux blancs. Tout a le reste répondoit à cet équipage: un mépris marqué de tout le monde, des oreilles fiéres & dédaigneuses, une affectation à ne dire que des choses desobligeantes, un abord difficile, & qui le rendoit presque inaccessible non seulement aux Etrangers, mais à

a Hunc tam superbum apparatum habitumque convenientes sequebantur, contemptus omnium, superbæ aures, contumeliosa dicta, rari aditus, non alienis modò, sed tutoribus etiam; libidines novæ, inhumana crudelitas.

T. Sempron. Q. Fabius, Cons. ses Tuteurs mêmes; un rafinement pourAn. R.537Av. J. C.215. trouver de nouvelles débauches, une cruauté qui alloit jusqu'à éteindre en lui tout sentiment d'humanité. Ce caractére odieux du jeune Roi jetta une si grande frayeur dans les esprits, que quelques-uns de ses Tuteurs se donnérent eux-mêmes la mort, ou se condannérent à un exil volontaire.


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Le b meilleur Prince du monde & leCaracté re d'Hiéronyme.

a Funus fit regium, magis amore civium & ca ritate, quàm curâ suorum, celébre. Liv.

b Vix quidem ulli bono moderatoque regi facilis erat favor apud Syracusanos, succedenti tantæ caritati Hieronis. Verùm enim verò Hieronymus, velut suis vitiis desiderabilem efficere vellet avum, primo statim conspectu, omnia quàm disparia essent, ostendit.

T. Sempron. Q. Fabius, Cons.An. R.537.Av. J. C.215.plus modéré, succédant à un Roi aussi chéri de ses sujets que l'avoit été Hiéron, auroit eu bien de la peine à les consoler de la perte qu'ils venoient de faire. Mais, comme si Hiéronyme eût cherché, par ses vices, à le faire encore plus regretter, il ne fut pas sitôt monté sur le trône, qu'il fit connoître combien toutes choses étoient changées. Ni le Roi Hiéron, ni Gélon son fils, pendant tant d'années, ne s'étoient jamais distingués du reste des citoyens par leur habillement, ni par aucune parure qui sentît le faste. Ici l'on vit paroître tout d'un coup Hiéronyme revétu de pourpre, le front ceint du diadême, environné d'une troupe de gardes armés. Quelquefois même il affectoit d'imiterDenys le Tiran, en sortant comme lui du palais sur un char tiré par quatre chevaux blancs. Tout a le reste répondoit à cet équipage: un mépris marqué de tout le monde, des oreilles fiéres & dédaigneuses, une affectation à ne dire que des choses desobligeantes, un abord difficile, & qui le rendoit presque inaccessible non seulement aux Etrangers, mais à

a Hunc tam superbum apparatum habitumque convenientes sequebantur, contemptus omnium, superbæ aures, contumeliosa dicta, rari aditus, non alienis modò, sed tutoribus etiam; libidines novæ, inhumana crudelitas.

T. Sempron. Q. Fabius, Cons. ses Tuteurs mêmes; un rafinement pourAn. R.537Av. J. C.215. trouver de nouvelles débauches, une cruauté qui alloit jusqu'à éteindre en lui tout sentiment d'humanité. Ce caractére odieux du jeune Roi jetta une si grande frayeur dans les esprits, que quelques-uns de ses Tuteurs se donnérent eux-mêmes la mort, ou se condannérent à un exil volontaire.


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Conspiration con tre Hiero nyme.Liv.XXIV. 5.

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Il arriva, à peu près dans ce tems-là,Conspiration con tre Hiero nyme.Liv.XXIV. 5. qu'on découvrit une conjuration contre la vie d'Hiéronyme. On dénonça un des principaux conjurés, nommé Théodote. Appliqué à la question, il avoua le crime pour lui-même: mais la violence des suplices les plus cruels ne fut pas capable de lui faire trahir ses complices. Enfin, comme s'il eût cédé à la force des tourmens, il chargea les meilleurs amis du Roi quoiqu'innocens, entre lesquels il nomma Thrason comme le Chef de toute l'entreprise; ajoutant qu'ils n'auroient eu garde de s'y engager, s'ils n'avoient eu à leur tête un homme d'un aussi grand crédit. La cha T. Sempron. Q. Fabius, Cons.An. R.537.Av. J. C.215.leur que celui-ci avoit toujours fait paroître pour le parti des Romains, rendit la dépo sition de Théodote vraisemblable: ainsi il fut sur le champ exécuté avec ceux qu'on lui avoit donnés pour complices, qui n'étoient pas moins innocens que lui. Pendant qu'on fit souffrir à Théodote les tourmens les plus rigoureux, aucun de ses complices ne se cacha, ni ne prit la fuite, tant ils comptérent sur sa fidélité & sur sa constance, & tant il eut lui-même de force pour garder un tel secret. Ainsi, par un événement des plus rares & des plus singuliers, une conspiration découverte ne fut pas pour cela une conspiration manquée, & ne laissa pas de réussir, comme nous le verrons bientôt.


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Hiéronyme se déclare pourles Cartha ginois.Liv.XXIV. 6.

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La mort de Thrason, qui seul étoit le lien & le nœud de l'alliance avec les Romains, laissa le champ libre aux partisans des Carthaginois. On envoya des Ambassadeurs à Annibal, pour traiter avec lui; & de son côté il envoya vers Hiéronyme un jeune Carthaginois de qualité, nommé, comme lui, Annibal; à qui il joignit Hippocrate & Epicyde, nés à Carthage d'une mére Carthaginoise, mais originaires de Syracuse, dont leur aieul avoit été exilé. Après le Traité conclu avec Hiéronyme, le jeune Officier retourna vers son Général: les deux autres demeurérent auprès du Roi avec la permission d'Annibal. Le Roi envoya ses Ambassadeurs à Carthage, pour rendre le Traité plus autentique. Les con T. Sempron. Q. Fabius, Cons.ditions étoient, “Qu'après qu'ils auroientAn. R.537.Av. J. C.215. chassé les Romains de la Sicile, sur quoi le jeune Prince comptoit comme sur une chose assurée, le fleuve Himéra, qui partage presque toute l'Ile, sépareroit la Province des Carthaginois de son Royaume.“ Hiéronyme, enflé des louanges de ses flateurs, demanda même quelque tems après “qu'on lui cédât toute la Sicile, laissanr aux Carthaginois pour leur part l'Italie.“ La proposition parut folle & téméraire à Annibal, comme elle l'étoit en effet: mais il dissimula, ne songeant qu'à tirer le jeune Roi du parti des Romains. Comment l'expérience de tous les siécles & de toutes les nations n'apprend- elle point aux Princes ce qu'ils doivent penser des flateurs?


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La mort de Thrason, qui seul étoit le lien & le nœud de l'alliance avec les Romains, laissa le champ libre aux partisans des Carthaginois. On envoya des Ambassadeurs à Annibal, pour traiter avec lui; & de son côté il envoya vers Hiéronyme un jeune Carthaginois de qualité, nommé, comme lui, Annibal; à qui il joignit Hippocrate & Epicyde, nés à Carthage d'une mére Carthaginoise, mais originaires de Syracuse, dont leur aieul avoit été exilé. Après le Traité conclu avec Hiéronyme, le jeune Officier retourna vers son Général: les deux autres demeurérent auprès du Roi avec la permission d'Annibal. Le Roi envoya ses Ambassadeurs à Carthage, pour rendre le Traité plus autentique. Les con T. Sempron. Q. Fabius, Cons.ditions étoient, “Qu'après qu'ils auroientAn. R.537.Av. J. C.215. chassé les Romains de la Sicile, sur quoi le jeune Prince comptoit comme sur une chose assurée, le fleuve Himéra, qui partage presque toute l'Ile, sépareroit la Province des Carthaginois de son Royaume.“ Hiéronyme, enflé des louanges de ses flateurs, demanda même quelque tems après “qu'on lui cédât toute la Sicile, laissanr aux Carthaginois pour leur part l'Italie.“ La proposition parut folle & téméraire à Annibal, comme elle l'étoit en effet: mais il dissimula, ne songeant qu'à tirer le jeune Roi du parti des Romains. Comment l'expérience de tous les siécles & de toutes les nations n'apprend- elle point aux Princes ce qu'ils doivent penser des flateurs?


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La mort de Thrason, qui seul étoit le lien & le nœud de l'alliance avec les Romains, laissa le champ libre aux partisans des Carthaginois. On envoya des Ambassadeurs à Annibal, pour traiter avec lui; & de son côté il envoya vers Hiéronyme un jeune Carthaginois de qualité, nommé, comme lui, Annibal; à qui il joignit Hippocrate & Epicyde, nés à Carthage d'une mére Carthaginoise, mais originaires de Syracuse, dont leur aieul avoit été exilé. Après le Traité conclu avec Hiéronyme, le jeune Officier retourna vers son Général: les deux autres demeurérent auprès du Roi avec la permission d'Annibal. Le Roi envoya ses Ambassadeurs à Carthage, pour rendre le Traité plus autentique. Les con T. Sempron. Q. Fabius, Cons.ditions étoient, “Qu'après qu'ils auroientAn. R.537.Av. J. C.215. chassé les Romains de la Sicile, sur quoi le jeune Prince comptoit comme sur une chose assurée, le fleuve Himéra, qui partage presque toute l'Ile, sépareroit la Province des Carthaginois de son Royaume.“ Hiéronyme, enflé des louanges de ses flateurs, demanda même quelque tems après “qu'on lui cédât toute la Sicile, laissanr aux Carthaginois pour leur part l'Italie.“ La proposition parut folle & téméraire à Annibal, comme elle l'étoit en effet: mais il dissimula, ne songeant qu'à tirer le jeune Roi du parti des Romains. Comment l'expérience de tous les siécles & de toutes les nations n'apprend- elle point aux Princes ce qu'ils doivent penser des flateurs?


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Sur le prémier bruit de ce Traité, ApIl traiteindécemment lesAmbassadeurs deRome.pius Préteur de Sicile envoya des Ambassadeurs à Hiéronyme, pour renouveller l'alliance que les Romains avoient eue avec son aieul. Ce Prince, affectant un orgueilridicule & déplacé, les reçut avec un air dédaigneux, “en leur demandant d'un ton moqueur ce qui s'étoit passé à la Journée de Cannes: que les Ambassadeurs d'Annibal en racontoient des choses incroyables: qu'il étoit bien aise d'en savoir la vérité par leur bouche, afin de se déterminer sur le choix de ses Alliés.“ Les Romains lui répondirent qu'ils reviendroient quand il auroit appris à recevoir sérieusement des Ambassadeurs, & se retirérent.