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La mort de Thrason, qui seul étoit le lien & le nœud de l'alliance avec les Romains, laissa le champ libre aux partisans des Carthaginois. On envoya des Ambassadeurs à Annibal, pour traiter avec lui; & de son côté il envoya vers Hiéronyme un jeune Carthaginois de qualité, nommé, comme lui, Annibal; à qui il joignit Hippocrate & Epicyde, nés à Carthage d'une mére Carthaginoise, mais originaires de Syracuse, dont leur aieul avoit été exilé. Après le Traité conclu avec Hiéronyme, le jeune Officier retourna vers son Général: les deux autres demeurérent auprès du Roi avec la permission d'Annibal. Le Roi envoya ses Ambassadeurs à Carthage, pour rendre le Traité plus autentique. Les con T. Sempron. Q. Fabius, Cons.ditions étoient, “Qu'après qu'ils auroientAn. R.537.Av. J. C.215. chassé les Romains de la Sicile, sur quoi le jeune Prince comptoit comme sur une chose assurée, le fleuve Himéra, qui partage presque toute l'Ile, sépareroit la Province des Carthaginois de son Royaume.“ Hiéronyme, enflé des louanges de ses flateurs, demanda même quelque tems après “qu'on lui cédât toute la Sicile, laissanr aux Carthaginois pour leur part l'Italie.“ La proposition parut folle & téméraire à Annibal, comme elle l'étoit en effet: mais il dissimula, ne songeant qu'à tirer le jeune Roi du parti des Romains. Comment l'expérience de tous les siécles & de toutes les nations n'apprend- elle point aux Princes ce qu'ils doivent penser des flateurs?


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Appius, qui prévoyoit les suites de cette mort, donna avis de tout au Sénat, & prit toutes les précautions nécessaires pour conserver la partie de la Sicile qui appartenoit aux Romains. J'omets toutes les violences qu'Hippocrate & Epicyde exercérent à Syracuse, le meurtre funeste des Princesses issues d'Hiéron, la servitude où se trouvérent réduits les malheureux habitans de cette ville, forcés malgré eux à devenir les Hist. Anc.Tome X.ennemis de Rome. J'ai traité ailleurs ces matiéres avec beaucoup d'étendue. Je me bornerai ici à ce qui regarde proprement les Romains,


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Marcellus, l'un des Consuls, est chargé de la guerre en Sicile. Epicyde & Hippocrate sont créés Préteurs à Syracuse. Ils animent le peuple contre les Romains. Sage discours d'un Syracusain dans l'Assemblée. On conclut à la paix avec les Romains. Les deux Chefs de cabale troublent tout à Syracuse, & s'en rendent maîtres. Marcellus prend la ville de Léonce, puis il s'approche de Syracuse. Il l'assiége par terre & par mer. Terrible effet des machines d'Archiméde. Sambuques de Marcellus. Il change le siége en blocus. Réflexion sur Archiméde, & sur ses machines. Différentes expéditions de Marcellus dans la Sicile pendant le blocus. Pinarius, Commandant de la garnison d'Enna, dissipe les mauvais desseins des habitans par une exécution sanglante. Les soldats relegués en Sicile députent versMarcellus, pour être rétablis dans le service. Marcellus écrit au Sénat en leur faveur. Réponse sévére du Sénat. Marcellus délibére s'il quitera ou s'il continuera le siége de Syracuse. Il ménage dans la ville une intelligence qui est découverte. Prise d'une partie de la ville. Larmes de Marcellus. Divers événemens suivis de la prise de tous les différens quartiers de Syracuse. La ville est livrée au pillage. Mort d'Archiméde. La Sicile entiére de

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Lamort d'Hiéronyme avoit moins changé les dispositions des Syracusains à l'égard de Rome, qu'elle ne leur avoit donné des Généraux habiles & entrepre nans en la personne d'Hippocrate & d'Epicyde. C'est ce qui détermina les Romains, qui craignoient qu'il ne s'élevât une guerre dangereuse dans la Sicile, à y faire passer Marcellus l'un des Consuls, pour y prendre la conduite des affaires.


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Hist. Anc.Tome X.Epicyde &Hippocra te sontcréés Préteur à Sy racuse.Liv.XXIV. 27.

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Avant qu'il y arrivât, il s'étoit passé à Syracuse bien des choses tristes & affreuses, dont on peut voir la description ail Hist. Anc.Tome X.Epicyde &Hippocra te sontcréés Préteur à Sy racuse.Liv.XXIV. 27.leurs. En dernier lieu, on y avoit nom mé pour Préteurs Epicyde & Hippocrate, tous deux attachés à la fortune & aux intérêts d'Annibal, comme on l'a dit auparavant. Les nouveaux Préteurs ne firent pas connoître d'abord leur intention, quelque fâchés qu'ils fussent de ce qu'on avoit envoyé des Ambassadeurs à Appius, pour lui demander une tréve de dix jours; & de ce qu'après l'avoir obtenue, on en avoit fait partir d'autres, pour renouveller avec les Romains le Traité d'alliance auquel Hiéronyme avoit renoncé. Appius commandoit alors auprès de Murgen Q. Fab. M. Cl. Marcel. Cons.ce* une Flotte de cent vaisseaux; & deAn. R.538.Av. J. C.214.là observoit les mouvemens que produi roit parmi les Syracusains la liberté qu'on venoit de leur rendre, & qui n'avoit pas encore pris une forme bien constante & bien solide. En attendant, il envoya àMarcellus, qui arrivoit en Sicile, les Députés des Syracusains. Le Consul apprit d'eux les conditions de paix que l'on proposoit; & les trouvant raisonnables, il envoya de son côté des Ambassadeurs à Syracuse, pour conclure la paix, & renouveller l'ancienne alliance avec les Préteurs mêmes.


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Les Ambassadeurs Romains trouvérent,Ils ani ment lepeuplecontre lesRomains.Liv.XXIV. 28. en y arrivant, l'état des choses bien changé. Hippocrate & Epicyde, croyant n'avoir plus rien à craindre depuis qu'ils avoient appris que la Flotte des Carthaginois étoit arrivée au promontoire de Pachin, d'abord par de sourdes menées, puis par des plaintes ouvertes, avoient inspiré à tout le monde une grande aversion pour les Romains, en faisant entendre qu'on songeoit à leur livrer Syracuse. La démarche d'Appius, qui s'étoit approché de l'entrée du port avec ses vaisseaux pour encourager ceux du parti Romain, fortifia de nouveau ces soupçons & ces accusations, desorte que la multitude courut tumultuairement pour empê

* Ville vers l'embouchure du fleuve Simæthus, à la partie Orientale de l'Ile.

Q. Fab. M. Cl. Marcel. Cons.An. R.538.Av. J. C.214.Sage discours d'unSyracusaindans l'Assemblée.cher les Romains de mettre pié à terre, supposé qu'ils en eussent le dessein.


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Cette résolution auroit sauvé Syracuse,Les deuxChefs decabaletroublenttout à Syracuse, &s'en ren dent maî-tres.Liv.XXIV. 32. si elle eût été exécutée. Mais Hippocrate & Epicyde brouillérent tout par leurs menées séditieuses, & vinrent à bout, par de fausses suppositions & des accusations calomnieuses, d'animer également la multitude & les troupes contre les Romains. Après plusieurs intrigues & plusieurs événemens, dont on trouvera le détail dans l'endroit déja indiqué, ces deux Chefs de Q. Fab. M. Cl. Marcel. Cons.An. R.538.Av. J. C.214.parti se rendent maîtres de Syracuse, font tuer tous leurs Collégues, & se font eux- mêmes déclarer seuls Préteurs dans une Assemblée tumultueuse. C'est ainsi que Syracuse, après un rayon de liberté qui dura bien peu, retomba dans une dure & cruelle servitude.


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Marcellus, comme nous l'avons dit, étoit arrivé peu auparavant en Sicile, & aiant joint ses troupes avec celles d'Appius, il avoit pris de vive force & d'emblée la ville des* Léontins. Quand il eut appris tout ce qui s'étoit passé à Syracuse, il s'avança aussitôt vers cette ville, & campa avec son Armée auprès du Temple de Jupiter Olympien, à quinze cens pas de Syracuse. Avant que d'aller plus loin, & de faire aucun acte d'hostilité, il envoya des Députés, pour faire savoir aux habitans qu'il venoit pour rendre la liberté aux Syracusains, & non pour leur faire la guerre, à moins qu'il n'y fût obligé. On ne leur permit pas d'entrer dans la ville.Epicyde & Hippocrate allérent au devant d'eux hors des portes, & aiant entendu leurs propositions, répondirent fiérement, “que si les Romains songeoient à mettre le siége devant leur ville, ils s'appercevroient bientôt qu'autre chose étoit d'attaquer Syracuse, & d'attaquer Léonce.“

* Leontium, ville sur la côte orientale, qui n'est pas éloignée de Catane.

Q. Fab. M. Cl. Marcel. Cons.Marcellus se détermina donc à faire l'attaAn. R.538.Av. J. C.214.Description deSyracuse.Cic.Verr. VI.117-119.que de la ville par terre & par mer.


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Dans ce même tems Himilcon Général des Carthaginois arriva dans la Sicile avec une grande Armée, dans l'espérance de la reconquérir entiérement, & d'en chasser les Romains. Hippocrate sortit de Syracuse avec dix mille hommes de pié & cinq cens chevaux pour l'aller joindre, afin de faire la guerre de concert contre Marcellus, en joignant ensemble leurs troupes. Epicyde resta dans la ville, pour y commander pendant le blocus.Marcellus, en revenant d'Agrigente, où les ennemis l'avoient prévenu, & dont ils s'étoient emparés, rencontra l'Armée d'Hippocrate, l'attaqua, & la défit. Cet avantage retint dans le devoir plusieurs de ceux qui songeoient à se ranger du côté des Carthaginois.


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Au commencement de la troisiéme anMarcellusdélibéres'il continuera ous'il quitera le siégede Syracu se.Liv. XXV.23.née du siége de Syracuse, pendant que d'un autre côté les Romains commençoient celui de Capoue, Marcellus se trouvoit encore peu avancé. Il ne voyoit aucun moyen de pouvoir prendre Syracuse, soit par force, parce qu'Archiméde lui opposoit toujours des obstacles invincibles; soit par famine, parce que la Flotte Carthaginoise, qui étoit revenue plus nombreuse qu'auparavant, y faisoit entrer librement des con Q. Fulvius, Ap. Claud. Cons.An. R.540.Av. J. C.212.vois. Il délibéroit donc s'il demeureroit devant la ville pour presser le siége, ou s'il marcheroit du côté d'Agrigente contre Hippocrate & Himilcon. Mais, avant que de prendre ce dernier parti, il voulut essayer s'il ne pourroit point se rendre maître de Syracuse par quelque intelligenceIl ménagedans la ville une intelligencequi est dé couverte.Liv.XXV. 23.secrette. Il avoit dans son camp plusieurs Syracusains des plus qualifiés, qui y étoient venus chercher un asile au commencement des troubles. Marcellus s'adressa à eux, leur promettant que si la ville se rendoit aux Romains, ils lui conser veroient ses loix, ses priviléges, & sa liberté. Ils ne manquoient pas de bonne volonté, mais il ne leur étoit pas aisé de s'aboucher avec ceux de leurs patrons ou amis qui étoient restés dans la ville; parce que les auteurs de la révolte tenant plusieurs habitans pour suspects, redoubloient leur vigilance & leur attention, pour empêcher qu'on ne fît à leur insu quelque tentative de cette nature en faveur des Romains. Ce fut l'esclave de l'un de ces Syracusains fugitifs, qui s'étant introduit dans la ville comme déserteur, ménagea secrettement une intrigue, où entrérent jusqu'à quatre- vingts des principaux de Syracuse. Ils se partageoient pour venir tantôt les uns, tantôt les autres, dans le camp de Marcellus, cachés dans des barques sous des filets de pêcheurs. Toutes les mesures étoient prises pour livrer la ville aux Romains, lorsqu'un certain Attale, de dépit de n'avoir pas été Q. Fulvius, Ap. Claud. Cons. mis du secret, découvrit la conspiration àAn. R.540.Av. J. C.212.Prise d'u ne partiede la ville.Liv. XXV.24.Plut inMarc. 308.Epicyde, qui fit mourir tous les conjurés.


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Cette entreprise aiant ainsi échoué, un événement fortuit lui présenta une nouvelle ressource, & fit renaître son espérance. Des vaisseaux Romains avoient pris un certain Damippus, qu'Epicyde envoyoit pour négocier avec Philippe Roi de Macédoine. Epicyde témoigna beaucoup de desir de le racheter, & Marcellus ne s'en éloigna pas. On convint d'un endroit auprès du port Trogile, pour y tenir les conférences sur la rançon du prisonnier. Comme on y alla plusieurs fois, un soldat Romain s'étant avisé de considérer de près le mur avec attention, en avoit compté les pierres, & mesuré des yeux la hauteur de chacune d'entr'elles; puis aiant fait le plus juste qu'il put la supputation du total, il reconnut que le mur n'étoit pas à beaucoup près aussi haut qu'il l'avoit cru lui & les autres, & il conclut qu'avec de médiocres échelles on pouvoit facilement monter dessus.


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Cette entreprise aiant ainsi échoué, un événement fortuit lui présenta une nouvelle ressource, & fit renaître son espérance. Des vaisseaux Romains avoient pris un certain Damippus, qu'Epicyde envoyoit pour négocier avec Philippe Roi de Macédoine. Epicyde témoigna beaucoup de desir de le racheter, & Marcellus ne s'en éloigna pas. On convint d'un endroit auprès du port Trogile, pour y tenir les conférences sur la rançon du prisonnier. Comme on y alla plusieurs fois, un soldat Romain s'étant avisé de considérer de près le mur avec attention, en avoit compté les pierres, & mesuré des yeux la hauteur de chacune d'entr'elles; puis aiant fait le plus juste qu'il put la supputation du total, il reconnut que le mur n'étoit pas à beaucoup près aussi haut qu'il l'avoit cru lui & les autres, & il conclut qu'avec de médiocres échelles on pouvoit facilement monter dessus.


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Marcellus, dès la pointe du jour, étoitAn. R.540.Av. J C.212. entré avec toutes ses troupes dans Epipole.Epicyde aiant assemblé promtement quelques troupes qu'il avoit dans l'Ile qui joi gnoit l'Achradine, marcha contre Marcellus: mais le trouvant plus fort & mieux accompagne qu'il n'avoit cru, après une légére escarmouche il se retira promtement dans l'Achradine, moins touché de la force & du nombre des ennemis, que de la crainte qu'il ne se formât quelque conjuration dans la ville en leur faveur, & qu'il ne trouvât en arrivant les portes de l'Achradine & de l'Ile fermées.


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Marcellus, n'aiant point réussi de ce côté-là, tourna ses vues du côté d'un Fort appellé Euryéle, situé à l'extrémité de la ville la plus éloignée de la mer, qui commandoit toute la campagne du côté de la terre, & qui par cette raison étoit fort pro pre pour recevoir des convois. Philodéme, qui y commandoit, ne chercha pendant quelques jours qu'à amuser Marcellus, en attendant qu'Hippocrate & Himilcon vins sent à son secours avec leurs troupes. Marcellus voyant qu'il ne pouvoit se rendre maî- tre de ce poste, campa entre la Ville-neuve & Tyque. Mais enfin Philodéme, ne se voyant point secouru, rendit son Fort à condition qu'il méneroit sa garnison à Epicyde dans l'Achradine.