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Ils savoient qu'on gardoit avec assez peu de troupes dans la Citadelle de cette ville les ôt ages qu'Annibal avoit pris de tous Cn. Servil. C. Flamin. Cons. les peuples d'Espagne, pour s'assurer deAn. R.535.Av. J. C.217.par la rused'Abelox.Polyb. III.248-250.Liv. XXII.22. leur fidélité. La crainte d'expier leur ré volte par le sang de leurs enfans, étoit le seul lien qui attachât encore les Espagnols au parti des Carthaginois, qu'ils avoient grande envie de quiter pour prendre celui des Romains. Ce lien, qui retenoit une grande partie de la province, fut rompu par un Espagnol, qui montra plus d'adresse & de ruse que de bonne foi. Il s'appelloit Abelox, homme de qualité, & fort considéré dans le pays. Il avoit été jusques-là fort attaché aux Carthaginois: mais, par une inconstance assez ordinaire à ces Barbares, il avoit changé de parti, au moins dans le cœur, avec la fortune. Au reste, étant bien persuadé qu'on n'a que du mépris pour un transfuge & un traître qui ne porte que sa personne dans le parti qu'il embrasse, il songeoit à procurer aux Romains quelque grand avantage, afin de se rendre considérable parmi eux. Il crut que le plus grand service qu'il pût leur rendre dans la conjoncture présente, étoit de leur livrer les ôtages qu'Annibal faisoit garder dans Sagonte. Il s'agissoit de gagner, ou plutôt de tromper Bostar, à qui la garde en avoit été confiée. “Il alla le trouver, & aiant fait tomber la conversation sur les ôtages, il lui fit entendre que la crainte avoit retenu les Espagnols dans le devoir, tant que les Romains avoient été éloignés: mais que depuis qu'ils étoient arrivés Cn. Servil. C. Flamin. Cons.An. R.535.Av. J. C.217.dans la province, leur camp étoit devenu l'asile de tous ceux qui aimoient le changement. Qu'ainsi il faloit gagner par des graces & des bienfaits, des gens que l'autorité ne pouvoit plus contenir. Que le moyen le plus sûr de s'assurer des peuples, étoit de leur remettre en main leurs ôtages. Qu'ila n'y avoit personne qui ne fût bien-aise qu'on se fiât à lui; & que pour rendre les hommes fidéles, il suffit souvent de leur témoigner de la confiance.“ Il s'offrit à remener les ôtages chacun dans leur pays. Bostar n'étoit pas si rusé à beaucoup près que l'étoient communément les Carthaginois, & jugeant des autres par lui-même, il étoit bien éloigné de soupçonner un homme de qualité d'une si noire trahison. Il se laissa persuader, & fit remettre de nuit à Abelox tous les ôtages, que celui- ci livra aussitôt aux Scipions, comme il en étoit convenu auparavant avec eux. Les Généraux Romains, sans perdre de tems, les firent conduire chez leurs parens. Il est aisé de concevoir quelle surprise, & en même tems quelle joie, cau sa dans le pays un tel acte de clémence & de générosité. Tous les Espagnols, d'un commun consentement, se déclarérent pour les Romains; & ils auroient sur le champ pris les armes contre les Carthagi

a Vult sibi quisque credi, & habita fides ipsam plerumque obligat fidem. Liv.

Cn. Servil. C. Flamin. Cons. nois, si l'hiver, qui survint alors, n'eûtAn. R.535.Av. J. C.217. obligé les uns & les autres à se retirer dans leurs quartiers.


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Ils savoient qu'on gardoit avec assez peu de troupes dans la Citadelle de cette ville les ôt ages qu'Annibal avoit pris de tous Cn. Servil. C. Flamin. Cons. les peuples d'Espagne, pour s'assurer deAn. R.535.Av. J. C.217.par la rused'Abelox.Polyb. III.248-250.Liv. XXII.22. leur fidélité. La crainte d'expier leur ré volte par le sang de leurs enfans, étoit le seul lien qui attachât encore les Espagnols au parti des Carthaginois, qu'ils avoient grande envie de quiter pour prendre celui des Romains. Ce lien, qui retenoit une grande partie de la province, fut rompu par un Espagnol, qui montra plus d'adresse & de ruse que de bonne foi. Il s'appelloit Abelox, homme de qualité, & fort considéré dans le pays. Il avoit été jusques-là fort attaché aux Carthaginois: mais, par une inconstance assez ordinaire à ces Barbares, il avoit changé de parti, au moins dans le cœur, avec la fortune. Au reste, étant bien persuadé qu'on n'a que du mépris pour un transfuge & un traître qui ne porte que sa personne dans le parti qu'il embrasse, il songeoit à procurer aux Romains quelque grand avantage, afin de se rendre considérable parmi eux. Il crut que le plus grand service qu'il pût leur rendre dans la conjoncture présente, étoit de leur livrer les ôtages qu'Annibal faisoit garder dans Sagonte. Il s'agissoit de gagner, ou plutôt de tromper Bostar, à qui la garde en avoit été confiée. “Il alla le trouver, & aiant fait tomber la conversation sur les ôtages, il lui fit entendre que la crainte avoit retenu les Espagnols dans le devoir, tant que les Romains avoient été éloignés: mais que depuis qu'ils étoient arrivés Cn. Servil. C. Flamin. Cons.An. R.535.Av. J. C.217.dans la province, leur camp étoit devenu l'asile de tous ceux qui aimoient le changement. Qu'ainsi il faloit gagner par des graces & des bienfaits, des gens que l'autorité ne pouvoit plus contenir. Que le moyen le plus sûr de s'assurer des peuples, étoit de leur remettre en main leurs ôtages. Qu'ila n'y avoit personne qui ne fût bien-aise qu'on se fiât à lui; & que pour rendre les hommes fidéles, il suffit souvent de leur témoigner de la confiance.“ Il s'offrit à remener les ôtages chacun dans leur pays. Bostar n'étoit pas si rusé à beaucoup près que l'étoient communément les Carthaginois, & jugeant des autres par lui-même, il étoit bien éloigné de soupçonner un homme de qualité d'une si noire trahison. Il se laissa persuader, & fit remettre de nuit à Abelox tous les ôtages, que celui- ci livra aussitôt aux Scipions, comme il en étoit convenu auparavant avec eux. Les Généraux Romains, sans perdre de tems, les firent conduire chez leurs parens. Il est aisé de concevoir quelle surprise, & en même tems quelle joie, cau sa dans le pays un tel acte de clémence & de générosité. Tous les Espagnols, d'un commun consentement, se déclarérent pour les Romains; & ils auroient sur le champ pris les armes contre les Carthagi

a Vult sibi quisque credi, & habita fides ipsam plerumque obligat fidem. Liv.

Cn. Servil. C. Flamin. Cons. nois, si l'hiver, qui survint alors, n'eûtAn. R.535.Av. J. C.217. obligé les uns & les autres à se retirer dans leurs quartiers.


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Sie wußten, daß man die Geiseln, welche Hannibal von allen Völkern in Spanien, sich ihrer Treue zu versichern, genommenhatte, in der Citadelle dieser Stadt zu wenigbewachte. Die Furcht, ihre Empörungdurch das Blut ihrer Kinder zu ahnden, warnoch das einzige Band, welches die Spanier auf der Seite der Carthaginenser hielt;da sie ausser dem grosse Begierde hatten,die Partey der Römer zu ergreifen. DiesesBand, welches einen grossen Theil der Provinz zurück hielt, ward von einem Spanierzerrissen, welcher mehr Geschicklichkeit und List, als keiner blicken ließ. Er hieß Abelox,und war ein vornehmer und in dem Landesehr angesehener Mann. Er war bisher denCarthaginensern sehr zugethan gewesen: aber,aus einer diesen Barbaren ganz gewöhnlichen Unbeständigkeit, hatte er, mit demGlück, auch seine Partey, wenigstens imHerzen, verändert. Weil er übrigens wohlwußte, daß man einen Ueberläufer undVerräther, welcher nur seine Person zuderjenigen Partey bringt, die er ergreift,nur verachtet, so dachte er darauf, wie er und was sich unter ihm zugetragen. 35 den Römern einen grossen Vortheil zuweged. 535. J. n. R. E. d. 217. J. v. C. G.bringen und sich ein Ansehen unter ihnenerwerben möchte. Er glaubte, der größteDienst, welchen er ihnen bey gegenwärtigen Umständen erweisen könnte, wäre dieser,wenn er ihnen die Geiseln auslieferte, welche Hannibal in Sagonta bewachen ließ. Es kam darauf an, den Bostar, welchemihre Bewachung aufgetragen war, zu gewinnen, oder vielmehr zu bekriegen. Er gingzu ihm, und als er sein Gespräch mit ihmauf die Geiseln gelenket hatte, gab er ihmzu verstehen, „daß die Furcht die Spanierbey ihrer Schuldigkeit erhalten hätte, so lange die Römer entfernet gewesen wären: seitdem sie aber in der Provinz angelanget wären, wäre ihr Lager eine Freystadt aller derjenigen geworden, welche die Veränderungliebten. Er müsse also durch Güte undWohlthat von den Völkern dasjenige erlangen, was das Ansehen nicht mehr erhalten könnte. Das sicherste Mittel, sich derVölker zu versichern, wäre dieses, wennman ihnen ihre Geiseln wiedergäbe. Alle(*) würden sehr vergnügt darüber seyn,wenn man ihnen traute; und die Leute wieder getreu zu machen, wäre es oft genug,wenn man ihnen sein Zutrauen zu erkennen gäbe.“ Er erbot sich, jeden Geisel in sein Land zu führen: Bostar war, wie ge (*) Vult sibi quisque credi, et habita fides ipsamplerumque obligat fidem. Liu.36 Fabius Maximus, Dictator,d. 535. J. n. R. E. d. 217. J. v.C. G.meiniglich die Carthaginenser zu seyn pflegten,eben nicht allzu verschlagen, und da er vonsich auf andere schloß, so war er weit davonentfernet, zu argwohnen, daß ein Mann vonStande eines so schändlichen Verraths sollte fähig seyn. Er ließ sich überreden, und ließ in der Nacht dem Abelox alle Geiseln übergeben, welche dieser alsbald den Scipionenauslieferte, wie er es zuvor mit ihnen abgeredet hatte. Die Römischen Generale liessensie ohne Zeitverlust zu ihren Anverwandtenführen. Es ist leicht zu begreiffen, was für einErstaunen, und zugleich was für eine Freudediese Gnade und Großmuth in dem Lande verursachet habe. Alle Spanier erklärten sicheinmüthig für die Römer; und sie würden sogleich die Waffen wider die Carthaginenserergriffen haben, wenn nicht der Winter, welcher eben einfiel, beyde genöthiget hätte, inihre Winterquartiere zu gehen.


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Sie wußten, daß man die Geiseln, welche Hannibal von allen Völkern in Spanien, sich ihrer Treue zu versichern, genommenhatte, in der Citadelle dieser Stadt zu wenigbewachte. Die Furcht, ihre Empörungdurch das Blut ihrer Kinder zu ahnden, warnoch das einzige Band, welches die Spanier auf der Seite der Carthaginenser hielt;da sie ausser dem grosse Begierde hatten,die Partey der Römer zu ergreifen. DiesesBand, welches einen grossen Theil der Provinz zurück hielt, ward von einem Spanierzerrissen, welcher mehr Geschicklichkeit und List, als keiner blicken ließ. Er hieß Abelox,und war ein vornehmer und in dem Landesehr angesehener Mann. Er war bisher denCarthaginensern sehr zugethan gewesen: aber,aus einer diesen Barbaren ganz gewöhnlichen Unbeständigkeit, hatte er, mit demGlück, auch seine Partey, wenigstens imHerzen, verändert. Weil er übrigens wohlwußte, daß man einen Ueberläufer undVerräther, welcher nur seine Person zuderjenigen Partey bringt, die er ergreift,nur verachtet, so dachte er darauf, wie er und was sich unter ihm zugetragen. 35 den Römern einen grossen Vortheil zuweged. 535. J. n. R. E. d. 217. J. v. C. G.bringen und sich ein Ansehen unter ihnenerwerben möchte. Er glaubte, der größteDienst, welchen er ihnen bey gegenwärtigen Umständen erweisen könnte, wäre dieser,wenn er ihnen die Geiseln auslieferte, welche Hannibal in Sagonta bewachen ließ. Es kam darauf an, den Bostar, welchemihre Bewachung aufgetragen war, zu gewinnen, oder vielmehr zu bekriegen. Er gingzu ihm, und als er sein Gespräch mit ihmauf die Geiseln gelenket hatte, gab er ihmzu verstehen, „daß die Furcht die Spanierbey ihrer Schuldigkeit erhalten hätte, so lange die Römer entfernet gewesen wären: seitdem sie aber in der Provinz angelanget wären, wäre ihr Lager eine Freystadt aller derjenigen geworden, welche die Veränderungliebten. Er müsse also durch Güte undWohlthat von den Völkern dasjenige erlangen, was das Ansehen nicht mehr erhalten könnte. Das sicherste Mittel, sich derVölker zu versichern, wäre dieses, wennman ihnen ihre Geiseln wiedergäbe. Alle(*) würden sehr vergnügt darüber seyn,wenn man ihnen traute; und die Leute wieder getreu zu machen, wäre es oft genug,wenn man ihnen sein Zutrauen zu erkennen gäbe.“ Er erbot sich, jeden Geisel in sein Land zu führen: Bostar war, wie ge (*) Vult sibi quisque credi, et habita fides ipsamplerumque obligat fidem. Liu.36 Fabius Maximus, Dictator,d. 535. J. n. R. E. d. 217. J. v.C. G.meiniglich die Carthaginenser zu seyn pflegten,eben nicht allzu verschlagen, und da er vonsich auf andere schloß, so war er weit davonentfernet, zu argwohnen, daß ein Mann vonStande eines so schändlichen Verraths sollte fähig seyn. Er ließ sich überreden, und ließ in der Nacht dem Abelox alle Geiseln übergeben, welche dieser alsbald den Scipionenauslieferte, wie er es zuvor mit ihnen abgeredet hatte. Die Römischen Generale liessensie ohne Zeitverlust zu ihren Anverwandtenführen. Es ist leicht zu begreiffen, was für einErstaunen, und zugleich was für eine Freudediese Gnade und Großmuth in dem Lande verursachet habe. Alle Spanier erklärten sicheinmüthig für die Römer; und sie würden sogleich die Waffen wider die Carthaginenserergriffen haben, wenn nicht der Winter, welcher eben einfiel, beyde genöthiget hätte, inihre Winterquartiere zu gehen.