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La Noblesse jetta alors les yeux sur PaulOn lui

* On appelloit homme nouveau celui dont les ancêtres n'avoient jamais possédé de Charges Curules, ce qui constituoit chez les Romains la Noblesse, qui se divisoit en Patricienne & Plébéyenne.

C. Ter. Varro, L. Æmil. Cons.An. R.335.Av. J. C.217.donnepour Col légue PaulEmile.Emile, qui avoit été Consul avec M. Livius l'année qui précéda la seconde Guerre Punique. Nous avons déja rapporté qu'au sortir du Consulat, ils avoient été tous deux accusés devant le Peuple, comme aiant détourné une partie du butin qu'ils avoient fait à la guerre. Livius avoit été condanné, Paul Emile n'avoit échappé qu'à grande peine. Encore extrêmement aigri contre le Peuple, à qui il ne pouvoit pardonner un si grand affront, il avoit une grande répugnance à entrer de nouveau dans les charges. On le força néanmoins à se vaincre; & tous les autres Candidats s'étant désisté, il fut donné pour Antagoniste à Varron, plutôt que pour Collégue.


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Les Consuls étant choisis, on nomma quatre Préteurs selon l'usage de ces tems- là, Manius Pomponius Mathon, P. Fu rius Philus, M. Claudius Marcellus, & L. Postumius Albinus: les deux prémiers restérent dans la ville pour y rendre la justice. Marcellus eut pour département la Sicile, & Postumius la Gaule. Il est remarquable que ces quatre Préteurs avoient déja géré cette charge, & les deux derniers même avoient été Consuls. De tous les Magistrats de cette année, il n'y avoit que Varron qui exerçât pour la pré- C. Ter. Varro, L. Æmil. Cons. miére fois la charge dont il étoit revétu.An. R.536.Av. J. C.216. On eut soin de faire passer des ravitaillemens à la Flotte qui hivernoit à Lilybée, & l'on embarqua pour l'Espagne toutes les munitions nécessaires aux Armées que les deux Scipionsgemeint sind Publius und Gnaeus Scipio y commandoient. Enfin l'on donna tous ses soins aux préparatifs de la campagne où l'on alloit entrer.


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Discoursprésom tueux duConsulVarron.Liv. XXII.38.

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Les Consuls, après avoir fait à Rome les levées dont nous avons parlé, restérent encore quelques jours dans la ville, en attendant le secours des Latins. Pendant cet intervalle Varron tint plusieurs Assemblées du Peuple, où il parla toujours avec le même esprit de témérité & d'arrogance, “accusant les Nobles d'avoir attiré la guerre dans l'Italie, & assurant qu'elle y dureroit toujours tant que des Géné raux de la trempe & du caractére de Fabius auroient le commandement. Que pour lui, il la termineroit dès le pré mier jour qu'il verroit l'ennemi.“ Paul Discourssensé dePaul Emile.Emile, son Collégue, ne harangua le Peuple qu'une seule fois, qui fut la veille de son départ, & n'en fut pas écouté favorablement, parce qu'il aima mieux lui dire la vérité, que de le flater. Il parla de Varron avec beaucoup de ménagement & de retenue, si ce n'est qu'il avoua,“ Qu'il avoit peine à concevoir comment un Général, avant que de connoître ses troupes, celles des ennemis, la situation des lieux, & la nature du pays, étant C. Ter. Varro, L. Æmil. Cons. encore au milieu de Rome, pouvoit saAn. R.536.Av. J. C.216.voir de si loin ce qu'il lui conviendroit de faire quand il seroit à la tête de son Armée, & marquer même par avance le jour auquel il livreroit bataille. Quea pour lui il savoit que c'étoit aux circonstances des tems & des lieux à déterminer les résolutions des hommes, & non pas aux hommes de prétendre arranger par leurs résolutions ces circonstances qui n'en dépendent point. Qu'ainsi il ne se hâteroit point de prenpre avant le tems des délibérations prématurées. Qu'il souhaitoit que les entreprises qui seroient conduites & ordonnées par la prudence, eussent un heureux succès. Que la témérité, outre qu'elle ne convenoit point à des personnes raisonnables, avoit même été malheureuse jusqu'ici.“


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Les Consuls, après avoir fait à Rome les levées dont nous avons parlé, restérent encore quelques jours dans la ville, en attendant le secours des Latins. Pendant cet intervalle Varron tint plusieurs Assemblées du Peuple, où il parla toujours avec le même esprit de témérité & d'arrogance, “accusant les Nobles d'avoir attiré la guerre dans l'Italie, & assurant qu'elle y dureroit toujours tant que des Géné raux de la trempe & du caractére de Fabius auroient le commandement. Que pour lui, il la termineroit dès le pré mier jour qu'il verroit l'ennemi.“ Paul Discourssensé dePaul Emile.Emile, son Collégue, ne harangua le Peuple qu'une seule fois, qui fut la veille de son départ, & n'en fut pas écouté favorablement, parce qu'il aima mieux lui dire la vérité, que de le flater. Il parla de Varron avec beaucoup de ménagement & de retenue, si ce n'est qu'il avoua,“ Qu'il avoit peine à concevoir comment un Général, avant que de connoître ses troupes, celles des ennemis, la situation des lieux, & la nature du pays, étant C. Ter. Varro, L. Æmil. Cons. encore au milieu de Rome, pouvoit saAn. R.536.Av. J. C.216.voir de si loin ce qu'il lui conviendroit de faire quand il seroit à la tête de son Armée, & marquer même par avance le jour auquel il livreroit bataille. Quea pour lui il savoit que c'étoit aux circonstances des tems & des lieux à déterminer les résolutions des hommes, & non pas aux hommes de prétendre arranger par leurs résolutions ces circonstances qui n'en dépendent point. Qu'ainsi il ne se hâteroit point de prenpre avant le tems des délibérations prématurées. Qu'il souhaitoit que les entreprises qui seroient conduites & ordonnées par la prudence, eussent un heureux succès. Que la témérité, outre qu'elle ne convenoit point à des personnes raisonnables, avoit même été malheureuse jusqu'ici.“


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deux mauvais Généraux, loin de suivre mes conseils, ne prendroient pas même la peine de les écouter. Mais connoissant la différence qu'il y a entre vous & Varron, c'est à vous seul que je m'adresse; & je crains bien même, quelque bon Citoyen & quelque habile Capitaine que vous soyez, que ce ne soit en vain que vous travaillerez à soutenir la République, pendant qu'elle est si mal appuyée de l'autre part. Les bons partis,

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l'Autorité Consulaire. Car ne vous y trompez pas, Paul Emile. Vous devez vous attendre à ne pas trouver moins d'obstacle dans la personne de Varron votre Collégue, que dans celle d'Annibal votre ennemi: & je ne sai si le prémier ne sera pas plus redoutable pour vous que le second. Vous n'aurez affaire à l'un que sur le champ de bataille, à l'autre en tout tems & en tout lieu. Contre Annibal, vous trouverez du secours dans vos Légions, Varron vous attaquera par vos soldats même. Nous sa vons ce que l'imprudence de Flaminius a couté à la République. Si Varron exécute son plan, & qu'il combatte dès qu'il verra l'ennemi, ou je suis un ignorant dans l'Art Militaire, & ne connois ni Annibal ni les Carthaginois, ou il y aura bientôt dans l'Italie un lieu plus célébre par notre défaite que le Lac de Trasiméne. Je puis assurer, sans craindre qu'on ait lieu de me soupçonner de vaine gloire, que le seul moyen de réussir contre Annibal, c'est de suivre la méthode que j'ai observée en faisant la guerre contre lui. Et

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l'Autorité Consulaire. Car ne vous y trompez pas, Paul Emile. Vous devez vous attendre à ne pas trouver moins d'obstacle dans la personne de Varron votre Collégue, que dans celle d'Annibal votre ennemi: & je ne sai si le prémier ne sera pas plus redoutable pour vous que le second. Vous n'aurez affaire à l'un que sur le champ de bataille, à l'autre en tout tems & en tout lieu. Contre Annibal, vous trouverez du secours dans vos Légions, Varron vous attaquera par vos soldats même. Nous sa vons ce que l'imprudence de Flaminius a couté à la République. Si Varron exécute son plan, & qu'il combatte dès qu'il verra l'ennemi, ou je suis un ignorant dans l'Art Militaire, & ne connois ni Annibal ni les Carthaginois, ou il y aura bientôt dans l'Italie un lieu plus célébre par notre défaite que le Lac de Trasiméne. Je puis assurer, sans craindre qu'on ait lieu de me soupçonner de vaine gloire, que le seul moyen de réussir contre Annibal, c'est de suivre la méthode que j'ai observée en faisant la guerre contre lui. Et

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l'Autorité Consulaire. Car ne vous y trompez pas, Paul Emile. Vous devez vous attendre à ne pas trouver moins d'obstacle dans la personne de Varron votre Collégue, que dans celle d'Annibal votre ennemi: & je ne sai si le prémier ne sera pas plus redoutable pour vous que le second. Vous n'aurez affaire à l'un que sur le champ de bataille, à l'autre en tout tems & en tout lieu. Contre Annibal, vous trouverez du secours dans vos Légions, Varron vous attaquera par vos soldats même. Nous sa vons ce que l'imprudence de Flaminius a couté à la République. Si Varron exécute son plan, & qu'il combatte dès qu'il verra l'ennemi, ou je suis un ignorant dans l'Art Militaire, & ne connois ni Annibal ni les Carthaginois, ou il y aura bientôt dans l'Italie un lieu plus célébre par notre défaite que le Lac de Trasiméne. Je puis assurer, sans craindre qu'on ait lieu de me soupçonner de vaine gloire, que le seul moyen de réussir contre Annibal, c'est de suivre la méthode que j'ai observée en faisant la guerre contre lui. Et

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Emile, que vous ayez de sauver la République. Ce qu'il y a de fâcheux, c'est que, pour le mettre en usage, vous trouverez plus de difficultés de la part de vos citoyens, que de celle de vos ennemis. Les Romains voudront la même chose que les Carthaginois, & Varron sera dans les mêmes sentimens qu'Annibal. Il faut

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Les Romains remportérent d'abord unRusesd'Annibaldécouver te.Liv. XXII.41-43.léger avantage sur les fourrageurs d'Annibal dans un combat tumultuaire, où il demeura sur la place dix-sept cens hommes du côté des Carthaginois, & du côté des Romains cent tout au plus, tant Citoyens qu'Alliés. Annibal ne fut pas fâché de ce petit succès des ennemis. Il le regarda comme une amorce propre à les faire tomber dans ses filets, & songea à en profiter sur le champ. Comme si cet échec l'eût intimidé, il quite son camp pendant la nuit, y laissant presque tout le bagage. Il y avoit fait allumer grand nombre de C. Ter. Varro, L. Æmil. Cons. feux, pour faire croire aux Consuls queAn. R.536.Av. J. C.216. son intention étoit de leur dérober sa fuite. Pour lui il se cache avec ses troupes derriére les montagnes. Dès que le jour parut, les soldats s'apperçurent que le camp d'Annibal étoit abandonné, & démandérent avec de grandes clameurs qu'on leur donnât le signal pour aller poursuivre les ennemis, & piller leur camp. Varron appuyoit fortement leur demande. Paul Emile ne se lassoit point de répéter qu'il faloit se tenir sur ses gardes, & se défier des ruses d'Annibal. Voyant qu'on ne l'écoutoit point, il fit avertir son Collégue que les auspices n'étoient pas favorables.Varron n'osa passer outre, mais l'Armée refusoit d'obéir. Heureusement deux esclaves, qui l'année précédente avoient été faits prisonniers par les Carthaginois, aiant trouvé moyen de s'enfuir, arrivérent dans ce moment au camp des Romains, & aiant été menés sur le champ aux Consuls, leur firent connoître que l'Armée d'Annibal étoit postée en embuscade derriére les montagnes. a Cet éclaircissement vint fort à propos pour donner moyen aux Consuls de faire respecter leur autorité, que la mollesse & la complaisance mal entendue de Varron avoit apris aux troupes à mépriser.


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Les Romains remportérent d'abord unRusesd'Annibaldécouver te.Liv. XXII.41-43.léger avantage sur les fourrageurs d'Annibal dans un combat tumultuaire, où il demeura sur la place dix-sept cens hommes du côté des Carthaginois, & du côté des Romains cent tout au plus, tant Citoyens qu'Alliés. Annibal ne fut pas fâché de ce petit succès des ennemis. Il le regarda comme une amorce propre à les faire tomber dans ses filets, & songea à en profiter sur le champ. Comme si cet échec l'eût intimidé, il quite son camp pendant la nuit, y laissant presque tout le bagage. Il y avoit fait allumer grand nombre de C. Ter. Varro, L. Æmil. Cons. feux, pour faire croire aux Consuls queAn. R.536.Av. J. C.216. son intention étoit de leur dérober sa fuite. Pour lui il se cache avec ses troupes derriére les montagnes. Dès que le jour parut, les soldats s'apperçurent que le camp d'Annibal étoit abandonné, & démandérent avec de grandes clameurs qu'on leur donnât le signal pour aller poursuivre les ennemis, & piller leur camp. Varron appuyoit fortement leur demande. Paul Emile ne se lassoit point de répéter qu'il faloit se tenir sur ses gardes, & se défier des ruses d'Annibal. Voyant qu'on ne l'écoutoit point, il fit avertir son Collégue que les auspices n'étoient pas favorables.Varron n'osa passer outre, mais l'Armée refusoit d'obéir. Heureusement deux esclaves, qui l'année précédente avoient été faits prisonniers par les Carthaginois, aiant trouvé moyen de s'enfuir, arrivérent dans ce moment au camp des Romains, & aiant été menés sur le champ aux Consuls, leur firent connoître que l'Armée d'Annibal étoit postée en embuscade derriére les montagnes. a Cet éclaircissement vint fort à propos pour donner moyen aux Consuls de faire respecter leur autorité, que la mollesse & la complaisance mal entendue de Varron avoit apris aux troupes à mépriser.


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Les Romains remportérent d'abord unRusesd'Annibaldécouver te.Liv. XXII.41-43.léger avantage sur les fourrageurs d'Annibal dans un combat tumultuaire, où il demeura sur la place dix-sept cens hommes du côté des Carthaginois, & du côté des Romains cent tout au plus, tant Citoyens qu'Alliés. Annibal ne fut pas fâché de ce petit succès des ennemis. Il le regarda comme une amorce propre à les faire tomber dans ses filets, & songea à en profiter sur le champ. Comme si cet échec l'eût intimidé, il quite son camp pendant la nuit, y laissant presque tout le bagage. Il y avoit fait allumer grand nombre de C. Ter. Varro, L. Æmil. Cons. feux, pour faire croire aux Consuls queAn. R.536.Av. J. C.216. son intention étoit de leur dérober sa fuite. Pour lui il se cache avec ses troupes derriére les montagnes. Dès que le jour parut, les soldats s'apperçurent que le camp d'Annibal étoit abandonné, & démandérent avec de grandes clameurs qu'on leur donnât le signal pour aller poursuivre les ennemis, & piller leur camp. Varron appuyoit fortement leur demande. Paul Emile ne se lassoit point de répéter qu'il faloit se tenir sur ses gardes, & se défier des ruses d'Annibal. Voyant qu'on ne l'écoutoit point, il fit avertir son Collégue que les auspices n'étoient pas favorables.Varron n'osa passer outre, mais l'Armée refusoit d'obéir. Heureusement deux esclaves, qui l'année précédente avoient été faits prisonniers par les Carthaginois, aiant trouvé moyen de s'enfuir, arrivérent dans ce moment au camp des Romains, & aiant été menés sur le champ aux Consuls, leur firent connoître que l'Armée d'Annibal étoit postée en embuscade derriére les montagnes. a Cet éclaircissement vint fort à propos pour donner moyen aux Consuls de faire respecter leur autorité, que la mollesse & la complaisance mal entendue de Varron avoit apris aux troupes à mépriser.


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Tout étoit en combustion dans l'ArméeDivision& disputeentre lesdeux Con suls.Liv. XXII.44.Plut. inFab. 182.Romaine. Les Conseils de guerre se passoient plus en disputes, qu'en délibérations. Comme on étoit campé dans une plaine fort unie & toute découverte, & que la Cavalerie d'Annibal étoit supérieure en tout à celle des Romains, Paul Emile ne jugeoit pas à propos d'engager le combat dans cet endroit, mais vouloit qu'on artirât l'ennemi dans un terrain où l'Infanterie pût avoir la plus grande part à l'ac tion. Son Collégue, Général sans expé rience, mais plein de présomtion & d'estime de lui-même, étoit d'un avis tout contraire. C'est le grand inconvénient d'un commandement partagé entre deux Généraux, parmi lesquels la jalousie, ou l'antipathie d'humeur, ou la diversité de vues, ne manquent guéres de mettre la division.Paul Emile opposoit à Varron l'exemple de la témérité de Sempronius & de Flaminius. Varron lui reprochoit à son tour que la conduite de Fabius qu'il vouloit imiter, étoit un prétexte bien commode, pour couvrir sous le nom spécieux de prudence une véritable lâcheté. Il prenoit les Dieux & les Hommes à témoin, que ce n'étoit point sa faute, si Annibal, par une longue & tranquille possession, s'acquéroit comme une espéce de droit sur l'Italie. Qu'il étoit retenu comme enchaîné par son Collégue, & que l'on ôtoit les ar- C. Ter. Varro, L. Æmil. Cons. mes des mains des soldats, qui étoientAn R.536.Av. J. C.216. pleins d'ardeur, & ne demandoient qu'à combattre.