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CE Livre, dans l'espace de deux ans seulement, renferme les plus grands événemens; la Dictature de Fabius Maximus, qui a pour Général de la Cavalerie Minucius; & la fameuse Bataille de Cannes sous les Consuls Paul-Emile &Varron.


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Le Dictateur ne daigna pas se justifier des accusations du Tribun, mais haussant la voix, il dit:“ Qu'il prétendoit que, sans perdre inutilement le tems, on pensât à achever les sacrifices, & les saintes cérémonies pour lesquelles on l'avoit fait venir à Rome, afin qu'il s'en retournât promtement à l'Armée, pour châtier la témérité de Minucius, qui Cn. Servil. M. At. Regul. Cons. avoit, contre ses ordres, attaqué l'enAn. R.535.Av. J. C.217.nemi.“ Il créa Consul M. Atilius Régulus: & la veille du jour que le Peuple devoit donner son suffrage sur la proposition du Tribun, pour n'être pas témoin des coups qu'on alloit porter à son autorité en la communiquant au Général de la Cavalerie, il partit de nuit pour aller rejoindre son Armée. Le lendemain le Peuple se trouva de bonne heure à l'Assemblée. La proposition fut faite au Peuple par le Tribun. Mais il faloit, selon l'usage, qu'il se trouvât quelqu'un qui par lât sur ce sujet, qui l'expliquât, qui le développât à la multitude, avant qu'on allât aux voix. Seul, entre tous les Ro mains, Varron se chargea de l'odieuse commission d'appuyer l'entreprise du Tribun: nous verrons bientôt ce que c'étoit que ceVarron. La proposition passa, & Fabius en reçut la nouvelle en chemin. Tout le monde, tant à la Ville qu'à l'Armée, amis & ennemis, regardérent ce Decret comme un affront sanglant & une flétrissure ignominieuse pour le Dictateur. Lui seul en jugea tout différemment. Et comme autrefois un Sage répondit à quelqu'un qui lui disoit, ces gens-là se moquent de vous: & moi, dit le Philosophe, je ne me tiens point moqué: jugeant fort bien que ceux- là seuls sont véritablement moqués qui donnent lieu à la moquerie, & qui en sont émus & troublés. Fabius de-même demeura insensible à cette prétendue injure. Cn. Servil. M. At. Regul. Cons.An. R.535.Av. J. C.217.Il supporta l'injustice du Peuple avec la même fermeté d'ame, avec laquelle il avoit souffert les invectives de ses ennemis; &, bien persuadé qu'en partageant le commandement entre Minucius & lui on n'avoit pas partagé l'habileté dans l'art de commander, il revint dans son camp toujours victorieux des insultes de ses citoyens, comme des artifices de l'ennemi.


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Le Dictateur ne daigna pas se justifier des accusations du Tribun, mais haussant la voix, il dit:“ Qu'il prétendoit que, sans perdre inutilement le tems, on pensât à achever les sacrifices, & les saintes cérémonies pour lesquelles on l'avoit fait venir à Rome, afin qu'il s'en retournât promtement à l'Armée, pour châtier la témérité de Minucius, qui Cn. Servil. M. At. Regul. Cons. avoit, contre ses ordres, attaqué l'enAn. R.535.Av. J. C.217.nemi.“ Il créa Consul M. Atilius Régulus: & la veille du jour que le Peuple devoit donner son suffrage sur la proposition du Tribun, pour n'être pas témoin des coups qu'on alloit porter à son autorité en la communiquant au Général de la Cavalerie, il partit de nuit pour aller rejoindre son Armée. Le lendemain le Peuple se trouva de bonne heure à l'Assemblée. La proposition fut faite au Peuple par le Tribun. Mais il faloit, selon l'usage, qu'il se trouvât quelqu'un qui par lât sur ce sujet, qui l'expliquât, qui le développât à la multitude, avant qu'on allât aux voix. Seul, entre tous les Ro mains, Varron se chargea de l'odieuse commission d'appuyer l'entreprise du Tribun: nous verrons bientôt ce que c'étoit que ceVarron. La proposition passa, & Fabius en reçut la nouvelle en chemin. Tout le monde, tant à la Ville qu'à l'Armée, amis & ennemis, regardérent ce Decret comme un affront sanglant & une flétrissure ignominieuse pour le Dictateur. Lui seul en jugea tout différemment. Et comme autrefois un Sage répondit à quelqu'un qui lui disoit, ces gens-là se moquent de vous: & moi, dit le Philosophe, je ne me tiens point moqué: jugeant fort bien que ceux- là seuls sont véritablement moqués qui donnent lieu à la moquerie, & qui en sont émus & troublés. Fabius de-même demeura insensible à cette prétendue injure. Cn. Servil. M. At. Regul. Cons.An. R.535.Av. J. C.217.Il supporta l'injustice du Peuple avec la même fermeté d'ame, avec laquelle il avoit souffert les invectives de ses ennemis; &, bien persuadé qu'en partageant le commandement entre Minucius & lui on n'avoit pas partagé l'habileté dans l'art de commander, il revint dans son camp toujours victorieux des insultes de ses citoyens, comme des artifices de l'ennemi.


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Le Consul Servilius, après une courte expédition dans l'Afrique, revient en Italie pour prendre le commandement des troupes de terre. Les deux Consuls suivent le plan de Fabius. Les Députés de Naples offrent un présent aux Romains. Espion & esclaves punis. Ambassades envoyées en différens lieux. On se prépare à l'élection des Consuls. Naissance & caractére de Varron. Discours d'un Tribun en sa faveur. Il est nommé Con- sul. On lui donne pour Collégue Paul Emile. Nomination des Préteurs. Nombre des troupes. Il arrive à Rome des Ambassadeurs du Roi Hiéron avec des présens. Discours présomtueux du ConsulVarron. Discours sensé de Paul Emile. Le Sénat l'exhorte à donner un combat décisif. Beau discours de Fabius à Paul Emile. Réponse de celui-ci. Harangue dePaul Emile aux troupes. Ruse d'Annibal découverte. Extrême embarras où la di- sette le réduit. Allarme de Rome sur le combat qui est près de se livrer. Divi- sion & dispute entre les deux Consuls.

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Le Consul Servilius, après une courte expédition dans l'Afrique, revient en Italie pour prendre le commandement des troupes de terre. Les deux Consuls suivent le plan de Fabius. Les Députés de Naples offrent un présent aux Romains. Espion & esclaves punis. Ambassades envoyées en différens lieux. On se prépare à l'élection des Consuls. Naissance & caractére de Varron. Discours d'un Tribun en sa faveur. Il est nommé Con- sul. On lui donne pour Collégue Paul Emile. Nomination des Préteurs. Nombre des troupes. Il arrive à Rome des Ambassadeurs du Roi Hiéron avec des présens. Discours présomtueux du ConsulVarron. Discours sensé de Paul Emile. Le Sénat l'exhorte à donner un combat décisif. Beau discours de Fabius à Paul Emile. Réponse de celui-ci. Harangue dePaul Emile aux troupes. Ruse d'Annibal découverte. Extrême embarras où la di- sette le réduit. Allarme de Rome sur le combat qui est près de se livrer. Divi- sion & dispute entre les deux Consuls.

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Varron se détermine à donner le combat,

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contre l'avis de son Collégue. Harangue d'Annibal à ses troupes. Fameuse Bataille de Cannes. Défaite des Romains. Mort de Paul Emile. Réflexion sur le refus que fait Annibal d'aller attaquer Rome. Les Carthaginois dépouillent les morts sur le champ de bataille. Annibal se rend maître des deux camps. Générosité d'une Dame de Canouse à l'é gard des Romains. Le jeune Scipion étoufe une dangereuse conspiration. Quatre mille Romains se retirent à Venouse. Le Consul Varron s'y rend.

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Naissance & ca ractére deVarron.Liv. XXII.26.

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Le principal instrument de cette disgraNaissance & ca ractére deVarron.Liv. XXII.26.ce complette, qui, en les réduisant aux abois, les obligea malgré eux à suivre une conduite plus prudente, fut C. Térentius Varron. Cet homme, d'une naissance tout-à-fait basse, fils d'un boucher, & qui lui-même avoit exercé sous son pére les ministéres les plus vils de cette profession, se trouvant un bien assez considérable, osa aspirer à une plus haute fortune. Il s'attacha au Barreau, & aux Assemblées du Peuple; & à force de prendre le parti & de plaider les causes des plus vils Citoyens contre les prémiers de la République, dont il attaquoit en même tems la fortune & la réputation, il vint à bout de se faire connoître, & se fraya un chemin aux charges de la République. Il obtint successivement la Questure, les deux Edilités, la Préture. Restoit le Consulat. Il se présenta une occasion favorable pour un homme comme lui de s'en aplanir les Cn. Servil. M. At. Regul. Cons.An. R.535.Av. J. C.217.voies. Ce fut lorsqu'il s'agit d'égaler Mi nucius Général de la Cavalerie à Fabius son Dictateur. Nous avons vu que Varron seul eut l'impudence d'appuyer une si injuste & si pernicieuse proposition. Par-là il sut profiter habilement de la haine qu'on portoit au Dictateur pour gagner la faveur du Peuple, auprès duquel il eut tout le mérite du Decret qui fut rendu alors. Il ne manqua pas l'année suivante, qui est celle dont nous parlons, de demander le Consulat, comme la juste récompense d'un si grand service.


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Le principal instrument de cette disgraNaissance & ca ractére deVarron.Liv. XXII.26.ce complette, qui, en les réduisant aux abois, les obligea malgré eux à suivre une conduite plus prudente, fut C. Térentius Varron. Cet homme, d'une naissance tout-à-fait basse, fils d'un boucher, & qui lui-même avoit exercé sous son pére les ministéres les plus vils de cette profession, se trouvant un bien assez considérable, osa aspirer à une plus haute fortune. Il s'attacha au Barreau, & aux Assemblées du Peuple; & à force de prendre le parti & de plaider les causes des plus vils Citoyens contre les prémiers de la République, dont il attaquoit en même tems la fortune & la réputation, il vint à bout de se faire connoître, & se fraya un chemin aux charges de la République. Il obtint successivement la Questure, les deux Edilités, la Préture. Restoit le Consulat. Il se présenta une occasion favorable pour un homme comme lui de s'en aplanir les Cn. Servil. M. At. Regul. Cons.An. R.535.Av. J. C.217.voies. Ce fut lorsqu'il s'agit d'égaler Mi nucius Général de la Cavalerie à Fabius son Dictateur. Nous avons vu que Varron seul eut l'impudence d'appuyer une si injuste & si pernicieuse proposition. Par-là il sut profiter habilement de la haine qu'on portoit au Dictateur pour gagner la faveur du Peuple, auprès duquel il eut tout le mérite du Decret qui fut rendu alors. Il ne manqua pas l'année suivante, qui est celle dont nous parlons, de demander le Consulat, comme la juste récompense d'un si grand service.


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C'est la marque d'un Gouvernement peu fage, & la cause la plus ordinaire des mauvais succès qui arrivent dans un Etat,a lorsque dans le choix des Généraux & des Commandans, on ne met aucune différence entre les bons & les mauvais sujets, & que la faveur & la brigue enlévent les récompenses qui sont dues au mérite. Cette vérité paroîtra ici dans tout son jour à l'égard de Varron.


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Discoursd'un Tribun en fa veur deVarron.Liv XXII.34. 35.

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Le Peuple lui étoit très favorable. Les Sénateurs s'opposérent à sa demande de tout leur pouvoir, ne voulant point que des gens de la lie du Peuple s'accoutumassent à devenir leurs égaux, en se déclarant leurs ennemis. Varron avoit parmi les Tribuns du Peuple un parent. Celui-ci,

a Inter bonos & malos discrimen nullum: omnia virtutis præmia ambitio possidet. Sallust. in Bell. Catil.

Cn. Servil. M. At. Regul. Cons. pour rendre la personne de son CandidatAn. R.535.Av. J. C.217. plus agréable, travailloit, par ses discours séditieux, à rendre toute la Noblesse odieuse au Peuple. Il disoit“ que c'étoient les Nobles qui, desirant la guerre depuis plusieurs années, avoient fait venirAnnibal en Italie: & que non contens de cela, ils la traînoient exprès & par fraude en longueur, quoiqu'il fût aisé de la terminer tout d'un coup. Que c'étoit un complot fait entr'eux tous; & qu'on ne verroit jamais la fin de la guerre, jusqu'à ce qu'on eût fait un Consul vraiment Plébéyen, c'est-à-dire un homme * nouveau. Car, ajoutoit-il, les Plébéyens devenus nobles, sont initiés aux mêmes mistéres; & ils ont commencé à mépriser le Peuple, depuis qu'ils ont cessé d'être méprisés par les Patriciens.“


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Varronest nommé Consul.

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Ces discours firent tant d'impression,Varronest nommé Consul. que quoique Varron eût cinq compétiteurs, dont trois étoient Patriciens, deux de familles Plébéyennes, mais illustrées depuis longtems par des charges, on le créa seul Consul, afin qu'il présidât aux Assemblées dans lesquelles on lui donneroit un Collégue.