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La conversation de scipion avoit tant d'attraits, & sa dextérité à manier les esprits étoit si grande, qu'il charma pendant le repas, non seulement syphax Prince barbare, & plus aisé à gagner par une politesse & une douceur qui lui étoient tout- à-fait nouvelles; mais même Asdrubal, cet L. Vetur. Q. Cæcil. Cons.An. R. 546.Av. J. C.206.ennemi si acharné contre les Romains, & contre scipion en particulier. Ce Carthaginois avoua depuis que cet entretien lui avoit donné une plus haute idée de scipion, que ses victoires & ses conquêtes. Il ajouta qu'il ne doutoit point que syphax & son Royaume ne fussent desormais entiérement dévoués aux Romains: tant scipion avoit un art merveilleux pour s'insinuer dans les esprits, & gagner la confiance de tous ceux avec qui il traitoit.


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La conversation de scipion avoit tant d'attraits, & sa dextérité à manier les esprits étoit si grande, qu'il charma pendant le repas, non seulement syphax Prince barbare, & plus aisé à gagner par une politesse & une douceur qui lui étoient tout- à-fait nouvelles; mais même Asdrubal, cet L. Vetur. Q. Cæcil. Cons.An. R. 546.Av. J. C.206.ennemi si acharné contre les Romains, & contre scipion en particulier. Ce Carthaginois avoua depuis que cet entretien lui avoit donné une plus haute idée de scipion, que ses victoires & ses conquêtes. Il ajouta qu'il ne doutoit point que syphax & son Royaume ne fussent desormais entiérement dévoués aux Romains: tant scipion avoit un art merveilleux pour s'insinuer dans les esprits, & gagner la confiance de tous ceux avec qui il traitoit.


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On pourroit demander s'il y avoit de la prudence à scipion d'entreprendre le voyage dont il s'agit ici, & de s'exposer sans nécessité à tous les dangers qui en pourroient être la suite. Quelques momens plutôt, Asdrubal pouvoit se saisir de sa personne: & quel malheur auroit-ce été pour Rome! Il ne couroit guéres moins de risque de la part de syphax, Prince qui n'étoit pas esclave de sa parole, actuellement allié des Carthaginois, & qui se voyant maître de la personne de leur plus redoutable ennemi, pouvoit fort bien être tenté de le leur livrer. Nous verrons dans la suite Fabius lui reprocher cette action comme téméraire, & contraire aux régles. Mais l'autorité de Fabius, prévenu extrêmement contre scipion, ne doit pas être ici d'un grand poids. Pour moi, je n'ose entreprendre de résoudre un pareil doute, j'en laisse la décision aux Lecteurs. si l'événement étoit un bon juge en pareille matiére, la réponse seroit aisée: mais le sage FabiusLiv.XXII. 39. marque que l'événement n'est le maître que des personnes peu sensées, Eventus stultorum magister est. Quoi qu'il en soit, scipion n'eut pas lieu de se repentir de son voyage, & il ne retourna en Espagne qu'après avoir fait une ligue offensive & défensive avec syphax contre L. Vetur. Q. Cæcil. Cons.An. R 546.Av. J. C.206.les Carthaginois. Etant remonté sur ses galéres, il rentra au bout de quatre jours dans le port de Carthagéne, & s'appliqua aussitôt aux affaires de la province.


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On pourroit demander s'il y avoit de la prudence à scipion d'entreprendre le voyage dont il s'agit ici, & de s'exposer sans nécessité à tous les dangers qui en pourroient être la suite. Quelques momens plutôt, Asdrubal pouvoit se saisir de sa personne: & quel malheur auroit-ce été pour Rome! Il ne couroit guéres moins de risque de la part de syphax, Prince qui n'étoit pas esclave de sa parole, actuellement allié des Carthaginois, & qui se voyant maître de la personne de leur plus redoutable ennemi, pouvoit fort bien être tenté de le leur livrer. Nous verrons dans la suite Fabius lui reprocher cette action comme téméraire, & contraire aux régles. Mais l'autorité de Fabius, prévenu extrêmement contre scipion, ne doit pas être ici d'un grand poids. Pour moi, je n'ose entreprendre de résoudre un pareil doute, j'en laisse la décision aux Lecteurs. si l'événement étoit un bon juge en pareille matiére, la réponse seroit aisée: mais le sage FabiusLiv.XXII. 39. marque que l'événement n'est le maître que des personnes peu sensées, Eventus stultorum magister est. Quoi qu'il en soit, scipion n'eut pas lieu de se repentir de son voyage, & il ne retourna en Espagne qu'après avoir fait une ligue offensive & défensive avec syphax contre L. Vetur. Q. Cæcil. Cons.An. R 546.Av. J. C.206.les Carthaginois. Etant remonté sur ses galéres, il rentra au bout de quatre jours dans le port de Carthagéne, & s'appliqua aussitôt aux affaires de la province.


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Toutes ces actions, & celles qui suivirent, dont je ne prétens point diminuer le mérite, ne sont en nulle sorte comparables pour la difficulté aux obstacles & aux dangers qui se rencontreront dans la guerre d'Afrique. Nous n'y avons aucun port où notre Flotte puisse aborder, aucun pays disposé à nous recevoir, aucune ville qui nous soit alliée, aucun Roi qui nous soit ami, aucun endroit enfin où nous puissions ou camper ou marcher, sans avoir aussitôt les ennemis sur les bras. Pouvez-vous compter sur syphax, & sur les Numides? C'est bien assez pour vous de vous y être fié une fois impunément. La témérité n'est pas toujours heureuse: & la fraude cherche ordinairement à s'attirer la confiance dans des choses de peu de conséquence, pour se dédommager ensuite en trompant avec plus d'avantage dans quelque occasion importante & qui en vaille la peine. Votre pére & votre oncle ne furent accablés par les armes des ennemis, qu'après avoir été abandonnés par la trahison des Celtibériens leurs alliés: & vous-même n'avez pas eu tant à craindre de la part d'Asdrubal & de Magon avec qui vous étiez en guerre, que de celle de Mandonius & d'Indibilis avec qui vous aviez fait amitié. Pouvez-vous compter sur la fidélité des Numides, vous qui avez é-

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Il est vrai que syphax & Masinissa aiment mieux l'empire de l'Afrique pour eux-mêmes, que pour les Carthaginois: mais ils aiment mieux y voir dominer les Carthaginois, que toute autre nation. La jalousie & différentes vues d'intérêt, les animent maintenant les uns contre les autres, & les divisent, parce qu'ils n'ont rien à craindre du dehors. Montrez-leur les armes des Romains, & des Armées étrangéres, ils se réuniront dans le moment, & accourront de toutes parts comme pour éteindre un incendie qui les menace tous également. Vous savez que les Carthaginois ont défendu l'Espagne avec assez d'opiniâtreté, quoiqu'à la fin ils aient succombé. Ils montreront bien un autre zèle & un autre courage, quand il s'agira de défendre les murailles de leur patrie, les Temples de leurs Dieux, leurs autels & leurs foyers; lorsqu'en allant au combat, ils seront suivis de leurs femmes éplorées, & de leurs petits enfans, qui imploreront leur secours.

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agréables & plus fréquentes que vous n'en receviez d'Espagne. Je n'ai pas conçu ces espérances au hazard. Elles sont fondées sur la fortune du Peuple Romain, sur la protection que nous avons lieu d'attendre des Dieux témoins & vengeurs de la rupture du Traité par les Carthaginois, & sur l'alliance des Rois syphax & Masinissa, à l'amitié desquels je me fierai de façon, que je me tiendrai bien en garde contre leur inconstance.

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C. Lelius s'étant approché d'Hippone pendant la nuit, fit sortir, dès le point du jour, les soldats de la Flotte, & les mena piller la campagne. Comme ils ne trouvérent aucune résistance de la part des habitans aussi tranquilles que dans un tems de paix, ils y firent un horrible dégat. La nouvelle qui en fut portée à Carthage, remplit la ville d'effroi & de consternation. On publioit que la Flotte des Romains, commandée par scipion, étoit arrivée; car on savoit que ceAllarme deCarthage.Général étoit déja passé en sicile. Comme, dans ce prémier abord, ils n'avoient pu reconnoître exactement le nombre ni des vaisseaux dont la Flotte ennemie étoit composée, ni des soldats qui ravageoient le pays, la crainte, toujours ingénieuse à augmenter le mal, leur grossissoit le danger. Ils se livrérent donc d'abord à la frayeur & à une espéce de desespoir, puis à des réflexions tristes & accablantes, en considérant „que la fortune avoit tellement changé de face à leur égard, qu'après avoir eu leur Armée victorieuse campée aux portes de Rome, après avoir défait tant d'Armées des ennemis, & soumis tous les peuples de l'Italie de gré ou de force, ils étoient eux-mêmes à la veille de voir, par un revers des plus funestes, l'Afrique ravagée, & Carthage assiégée par les Romains; avec scipion et Licinius Cons. cette différence, qu'ils avoient beaucoupAn. R. 547{??}.Av. J. C.205. moins de ressources que les Romains pour soutenir de pareilles calamités. Que le peuple de Rome & le pays Latin leur fournissoit une Jeunesse qui sembloit renaître de ses propres ruïnes, & se multiplier en quelque sorte après leurs plus grandes défaites. Que pour eux, ni Carthage, ni la Campagne, ne pouvoient leur donner des soldats: qu'ils n'employoient que des troupes mercenaires tirées d'Afrique, toujours prêtes, sur la moindre lueur d'un gain plus grand, à changer de maîtres, & à manquer de fidélité. Que de deux Rois qu'ils avoient eus pour alliés, syphax n'avoit plus le même attachement pour eux, depuis que scipion s'étoit abouché avec lui; & que Masinissa les avoit ouvertement abandonnés, & étoit devenu leur plus grand ennemi. Qu'il ne leur restoit plus d'espérance, ni de ressource. Que d'ailleurs Magon n'avoit point réussi à soulever les peuples de la Gaule contre les Romains, & n'avoit pu encore se joindre à Annibal. Qu'enfin la réputation d'Annibal lui-même diminuoit de jour à autre, aussi-bien que ses forces.“


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Dans le tems qu'ils s'occupoient de ces préparatifs, ils apprirent enfin que c'étoit Lelius, & non pas scipion, qui étoit arrivé; & qu'il n'avoit amené de troupes que ce qu'il en faloit pour faire des courses dans la campagne, mais que le fort de la guerre étoit encore dans la sicile. Cette nouvelle leur donna le tems de respirer: ce qui n'empêcha pas qu'ils n'envoyassent sur le champ des Ambassadeurs à syphax & aux autres Rois du pays, pour les faire souvenir de l'alliance qui les unissoit avec les Carthaginois. Ils en dépêchérent aussi vers le Roi Philippe, avec ordre de lui offrir deux cens talens d'argent, (deux cens mille écus) pour l'engager à passer en sicile, ou dans l'Italie. Ils en firent partir aussi pour l'Italie, par lesquels ils recommandoient à leurs Généraux d'employer, pour y retenir scipion, tout ce qui seroit capable de jetter la terreur dans l'esprit des Romains. Pour ce qui est de Magon, avec des Députés on lui envoya encore vingt-cinq Vaisseaux de guerre, six mille hommes de pié, huit cens chevaux, sept éléphans, & des sommes d'argent très considérables, qu'il devoit employer à lever des troupes auxiliaires, scipion et Licinius Cons. avec lesquelles il fût en état de s'approcherAn. R. 547.Av. J. C.205. de Rome, & de se joindre à Annibal. Telles étoient les mesures que prenoient les Carthaginois pour se mettre en sureté contre les desseins des ennemis.


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Cependant Lelius faisoit un butin imMasinissavient trou-ver Lelius,& se pláintde la len-teur descipion.mense dans le pays qu'il avoit trouvé sans défense & sans troupes, lorsque Masinissa, qui avoit appris l'arrivée d'une Flotte Romaine, le vint trouver avec un petit nombre de Cavaliers. Il se plaignit à lui de la lenteur de scipion, en lui représentant, „Qu'il auroit déja du être passé en Afrique avec son Armée, pendant que les Carthaginois étoient consternés, & que syphax étoit occupé à faire la guerre contre lui (Masinissa.) Que ce Prince étoit actuellement embarrassé & flottant entre l'alliance Romaine, & celle des Carthaginois. Mais que si on lui donnoit le tems de mettre ordre à ses affaires, il ne tiendroit aux Romains aucune des paroles qu'il leur avoit données. Qu'il fît donc à scipion toutes les instances possibles pour l'engager à se rendre au plutôt en Afrique. Que pour lui, quoiqu'il eût été obligé d'abandonner ses Etats, il ne laisseroit pas de se joindre aux Romains avec un secours considérable d'Infanterie & de Cavalerie. Au reste il exhortoit Lelius à s'éloigner de l'Afrique, ajoutant qu'il y avoit grande apparence que la Flotte des ennemis étoit partie de Carthage, & qu'il ne lui conseilloit pas de scipion et Licinius Cons.An. R. 547.Av. J. C.205.Lelius re-tourne ensicile.la combattre en l'absence de scipion.“ Après cet entretien, Masinissa prit congé de Lelius; & celui-ci, dès le lendemain, partit avec ses vaisseaux chargés de butin, & retourna en sicile, où il fit part à scipion des avis que Masinissa lui avoit donnés.


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CE Livre renferme l'histoire de près de cinq années, depuis 548 jusqu'à 552. Les principaux faits contenus dans ce Livre sont, l'arrivée de scipion en Afrique, l'incendie des deux Camps ennemis, la défaite & la prise de syphax, l'histoire de sophonisbe, la sortie d'Annibal de l'Italie, sa défaite au combat de Zama en Afrique, la paix accordée aux Carthaginois, qui termine la seconde Guerre Punique.


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syphax épouse sophonisbe, fille d'Asdru- bal. syphax renonce à l'amitié de sci- pion, & à l'alliance des Romains. sci- pion cache à ses soldats l'infidélité de syphax. scipion se rend à Lilybée, & prépare tout pour le départ de la Flotte. Elle part. La Flotte aborde en Afri- que. La terreur se répand dans les campagnes & dans les villes. scipion ravage les terres, après avoir défait un détachement de Cavalerie Carthaginoise.

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syphax épouse sophonisbe, fille d'Asdru- bal. syphax renonce à l'amitié de sci- pion, & à l'alliance des Romains. sci- pion cache à ses soldats l'infidélité de syphax. scipion se rend à Lilybée, & prépare tout pour le départ de la Flotte. Elle part. La Flotte aborde en Afri- que. La terreur se répand dans les campagnes & dans les villes. scipion ravage les terres, après avoir défait un détachement de Cavalerie Carthaginoise.

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syphax épouse sophonisbe, fille d'Asdru- bal. syphax renonce à l'amitié de sci- pion, & à l'alliance des Romains. sci- pion cache à ses soldats l'infidélité de syphax. scipion se rend à Lilybée, & prépare tout pour le départ de la Flotte. Elle part. La Flotte aborde en Afri- que. La terreur se répand dans les campagnes & dans les villes. scipion ravage les terres, après avoir défait un détachement de Cavalerie Carthaginoise.

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syphaxépouse so-phonisbe,fille d'As-drubal.Liv.XXIX. 23.