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L'affaire des comptans ne fit du bruit que du tems de la disgrace du célebre Fouquet qui avoit abusé de ce droit du Ministère. Qui ne voit que le testament pré-tendu du Cardinal de Richelieu n'a été forgé qu'après l'avanture de Monsieur Fouquet?


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12°. Seroit-il possible que dans un testament politique adressé à un Prince âgé de quarante ans passés, un Mi-nistre tel que le Cardinal de Richelieu eût dit tant d'ab-surdités quand il entre dans les détails, & n'eût en gé-néral, annoncé que des vérités triviales, faites pour unenfant qu'on éleve, & non pour un Roi qui régnoit depuis trente années. Il assure que les Rois ont besoin de conseils; qu'un conseiller d'un Roi doit avoir de la capacité & de la probité; qu'il faut suivre la raison, établir le regne de Dieu; que les intérêts publics doi-vent être préférés aux particuliers; que les flatteurs sont dangereux; que l'or & l'argent sont nécessaires. Voila de grandes maximes d'Etat à enseigner à un Roi de quarante ans! Voila des vérités d'une finesse & d'une profondeur dignes du Cardinal de Richelieu!


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12°. Seroit-il possible que dans un testament politique adressé à un Prince âgé de quarante ans passés, un Mi-nistre tel que le Cardinal de Richelieu eût dit tant d'ab-surdités quand il entre dans les détails, & n'eût en gé-néral, annoncé que des vérités triviales, faites pour unenfant qu'on éleve, & non pour un Roi qui régnoit depuis trente années. Il assure que les Rois ont besoin de conseils; qu'un conseiller d'un Roi doit avoir de la capacité & de la probité; qu'il faut suivre la raison, établir le regne de Dieu; que les intérêts publics doi-vent être préférés aux particuliers; que les flatteurs sont dangereux; que l'or & l'argent sont nécessaires. Voila de grandes maximes d'Etat à enseigner à un Roi de quarante ans! Voila des vérités d'une finesse & d'une profondeur dignes du Cardinal de Richelieu!


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13°. Qui croiroit enfin que le Cardinal de Richelieu ait recommandé à Louis XIII. la pureté & la chasteté par son testament politique? lui qui avoit eu publique-ment tant de maîtresses, & qui, si l'on en croit les mé-moires du Cardinal de Rets & de tous les courtisans de ce tems-là, avoit porté la témérité de ses désirs jusqu'à des objets qui devoient l'effrayer & le perdre.


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Qu'on pese toutes ces raisons, & qu'après on attri-bue ce livre, si on l'ose, au Cardinal de Richelieu.


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Après ces faiseurs de testamens viennent les auteurs d'anecdotes. Nous avons une petite histoire imprimée en 1700. de la façon d'une Mademoiselle Durand, per-sonne fort instruite, qui porte pour titre: Histoire des amours de Grégoire VII. du Cardinal de Richelieu, de la Princesse de Condé, & de la Marquise Durfé. J'ai lû, il y a quelques années, les amours du révérend Pere de la Chaise, Confesseur de Louis XIV.


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Enfin, le quatriéme siécle est celui qu'on nomme le siécle de Louïs XIV, & c'est peut-être celui des quatre, qui approche le plus de la perfection. Enrichi des dé- couvertes des trois autres, il a plus fait en certain genre, que les trois ensemble. Tous les Arts à la vérité n'ont point été poussez plus loin que sous les Médicis, sous les Augustes & les Alexandres; mais la raison humaine en général s'est perfectionnée. La saine Philosophie n'a été connue que dans ce tems: Et il est vrai de dire, qu'à commencer depuis les dernieres années du Cardinal de Richelieu, jusqu'à celles qui ont suivi la mort de Louïs XIV, il s'est fait dans nos Arts, dans nos esprits, dans nos mœurs, comme dans notre Gouvernement, une révolu- tion générale, qui doit servir de marque éternelle à la vé- ritable gloire de notre Patrie. Cette heureuse influence ne s'est pas même arrêtée en France; elle s'est étendue en Angleterre; elle a excité l'émulation dont avoit alors besoin cette Nation spirituelle & profonde; elle a porté le goût en Allemagne, les Sciences en Moscovie; elle a même ranimé l'Italie qui languissoit, & l'Europe a dû sa politesse à Louïs XIV.


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Le Cardinal de Richelieu, occupé d'abaisser la Maison d'Autriche, le Calvinisme & les Grands, ne jouït point d'une puissance assez paisible pour réformer la Nation; mais aumoins il commença cet heureux ouvrage.


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Les Généraux des Louïs XIII avoient pris le Roussillon; les Catalans venoient de se donner à la France, protectrice de la liberté qu'ils défendoient contre leurs Rois; mais ces succez n'avoient pas em- pêché les Ennemis de prendre Corbie en 1637, & de venir jusqu'à Pontoise. La peur avoit chassé de Pa- ris la moitié de ses Habitans; & le Cardinal de Ri- chelieu, au milieu de ses vastes projets d'abaisser la Puissance Autrichienne, avoit été réduit à taxer les Portes cocheres de Paris à fournir chacune un Laquais pour aller à la guerre, & pour repousser les Enne- mis des Portes de la Capitale.


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Les Guerres avoient produit des Généraux illu- stres, tels qu'un Gustave - Adolphe, un Valstein, un Duc de Veimar, Picolomini; Jean de Vert, le Maré- chal de Guebrian, les Princes d'Orange, le Comte d'Harcourt. Des Ministres d'Etat ne s'étoient pas moins signalez. Le Chancelier Oxenstiern, le Comte Duc Olivarés; mais surtout le Cardinal Duc de Richelieu, avoient attiré sur eux l'attention de l'Eu- rope. Il n'y a aucun siécle qui n'ait eu des Hom- mes d'Etat & de Guerre célébres; la politique & les armes semblent malheureusement être les deux pro- fessions les plus naturelles à l'homme; il faut toûjours ou négocier, ou se battre. Le plus heureux passe pour le plus grand, & le Public attribue souvent au mérite tous les succez de la fortune.


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Rien n'étoit plus commun alors que de voir des Prêtres commander des Armées: le Cardinal Infant, le Cardinal de Savoye, Richelieu, la Valette, Sourdis Archevêque de Bourdeaux, avoient endossé la cuirasse, & fait la guerre eux-mêmes. Les Papes menacerent quelquefois d'excommunication ces Prêtres guerriers. Le Pape Urbain VIII, fâché contre la France, fit dire au Cardinal de la Vallette, qu'il le dépoüilleroit du Cardinalat s'il ne quittoit les armes; mais réüni avec la France, il le combla de bénédictions.


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La France n'avoit en tout qu'environ quatrevingt mille hommes effectifs sur pied. La Marine anéantie depuis des siécles, rétablie un peu par le Cardinal de Richelieu, fut ruinée sous Mazarin. Louis XIII. DE LOUIS XIV. n'avoit qu'environ trente millions réels de revenu; mais l'argent étoit à vingt-six livres le marc; ces tren- te millions revenoient à environ cinquante-sept milli- ons de ce tems, où la valeur arbitraire du marc d'argent est poussée jusqu'à quarante-neuf livres idéales, valeur numéraire exorbitante, & que l'intêrêt public & la justice demandent qui ne soit jamais augmentée.


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Le Commerce généralement répandu aujourd'hui, étoit en très - peu de mains; la Police du Royaume étoit entierement négligée; preuve certaine d'une ad- ministration peu heureuse. Le Cardinal de Richelieu, occupé de sa propre Grandeur attachée à celle de l'Etat, avoit commencé à rendre la France formi- dable au - dehors, sans avoir encore pû la rendre bien florissante au-dedans. Les grands-chemins n'é- toient ni réparez, ni gardez, les brigands les infe- stoient, les ruës de Paris étroites, mal pavées, & cou- vertes d'immondices dégoutantes, étoient remplies de Voleurs. On voit par les Registres du Parlement, que le Guet de cette Ville étoit réduit alors à quarante- cinq hommes mal payez, & qui même ne ser- voient pas.


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La même faiblesse, qui mettoit en vogue cette chi- mére absurde de l'Astrologie judiciaire, faisoit croire aux possessions & aux sortiléges; on en faisoit un point de Religion; l'on ne voyoit que des Prêtres qui conjuroient des Démons. Les Tribunaux, com- posez de Magistrats, qui devoient être plus éclairez, que le Vulgaire, étoient occupez à juger des Sor- ciers. On reprochera toûjours à la mémoire du Car- dinal de Richelieu la mort de ce fameux Curé de Loudun, Urbain Grandier, condamné au feu comme Magicien par une Commission du Conseil. On s'in- digne, que le Ministre & les Juges ayent eu la faiblesse de croire aux Diables de Loudun, ou la barbarie d'a- voir fait périr un innocent dans les flâmes. On se souviendra avec étonnement, jusqu'à la derniere posté- rité, que la Maréchale d'Ancre fut brulée en Place de Greve, comme Sorciere; & que le Conseiller Cour- tin, interrogeant cette femme infortunée, lui demanda de quel sortilége elle s'étoit servie pour gouverner l'esprit de Médicis; que la Maréchale lui répondit: Je me suis servie du pouvoir qu'ont les ames fortes sur les esprits faibles; & qu'enfin cette réponse ne servit qu'à précipiter l'Arrêt de sa mort.


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Le Cardinal de Richelieu, & Louïs XIII venoient de mourir, l'un admiré & haï, l'autre déja oublié. Ils avoient laissé aux Français, alors très - inquiets, de l'aversion pour le nom seul du Ministére; & peu de re- spect pour le Trône. Louïs XIII par son Testament établissoit un Conseil de Régence. Ce Monarque, mal obéï pendant sa vie seflatta de l'être mieux après sa mort,18 Août 1643. mais la premiere démarche de sa veuve Anne d'Autriche, fut de faire annuller les volontés de son mari par un Arrêt du Parlement de Paris. Ce Corps, long-tems op- posé à la Cour, & qui avoit à peine conservé sous Lou- ïs la liberté de faire des Remontrances, cassa le Testa- ment de son Roi, avec la même facilité qu'il auroit jugé la cause d'un Citoyen. Anne d'Autriche s'adressa à cette Compagnie pour avoir la Régence illimitée; par- ceque Marie de Médicis s'étoit servie du même Tribu- nal après la mort d'Henri IV, & Marie de Médicis avoit donné cet exemple; parceque toute autre voye eût été longue & incertaine, que le Parlement entouré de Gar- des ne pouvoit résister à ses volontés, & qu'un Arrêt rendu par le Parlement & par les Pairs, sembloit assu- rer un droit incontestable *.