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Polybe, dont Tite-Live a tiré tout ce raisonnement, ajoute une réflexion, que celui-ci n'auroit pas dû omettre. Ce seroit, dit-il, se tromper grossiérement, que de re garder la prise de Sagonte par Annibal comme la prémiére & véritable cause de la seconde Guerre Punique. Elle en fut le commencement, mais non la cause. Le regret qu'eurent les Carthaginois d'avoir cédé trop facilement la Sicile par le Traité de Luta tius qui termina la prémiére Guerre Punique; l'injustice & la violence des Romains, qui profitérent des troubles excités dans l'Afrique pour enlever encore la Sardaigne aux Carthaginois, & pour leur imposer un nou veau tribut; enfin les heureux succès & les conquêtes de ces derniers dans l'Espagne, qui donnérent de l'inquiétude aux uns, & inspirérent du courage & de la fierté aux autres: voilà quelles furent les véritables causes de la rupture du Traité. Si l'on s'en tenoit simplement à la prise de Sagonte, P. Cornel. Ti. Sempron. Cons. tout le tort seroit du côté des Carthaginois,An. R.534.Av. J. C.218. qui ne pouvoient, sous aucun prétexte raisonnable, assiéger une ville comprise certainement, comme Alliée de Rome, dans le Traité de Lutatius. Les Sagontins, il est vrai, n'avoient pas encore fait alliance avec les Romains lors de ce Traité: mais il est évident que ce même Traité n'ôtoit point aux deux Peuples la liberté de faire de nouveaux Alliés. A n'envisager les choses que de ce côté, les Carthaginois auroient été absolument inexcusables. Mais si l'on remonte plus haut, & qu'on aille jusqu'au tems où la Sardaigne fut enlevée par force aux Carthaginois, & où sans aucune raison on leur imposa un nouveau tribut; il faut avouer (c'est toujours Polybe qui parle) que sur ces deux points la conduite des Romains ne peut être excusêe en aucune sorte, étant fondée uniquement sur l'injustice & sur la violence. Certainement c'est une tache à leur gloire, que nulle de leurs plus belles actions ne peut effacer. Je demande seulement si l'injustice notoire des Romains qui étoit précédente, dispensoit les Carthaginois d'observer un Traité conclu dans toutes les formes, & si c'étoit une raison légitime d'entrer en guerre avec eux? Il est bien rare que dans ces sortes de discussions de Traités on agisse de bonne foi, & qu'on se fasse un devoir de n'y suivre pour guide & pour interpréte que la justice.


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Polybe, dont Tite-Live a tiré tout ce raisonnement, ajoute une réflexion, que celui-ci n'auroit pas dû omettre. Ce seroit, dit-il, se tromper grossiérement, que de re garder la prise de Sagonte par Annibal comme la prémiére & véritable cause de la seconde Guerre Punique. Elle en fut le commencement, mais non la cause. Le regret qu'eurent les Carthaginois d'avoir cédé trop facilement la Sicile par le Traité de Luta tius qui termina la prémiére Guerre Punique; l'injustice & la violence des Romains, qui profitérent des troubles excités dans l'Afrique pour enlever encore la Sardaigne aux Carthaginois, & pour leur imposer un nou veau tribut; enfin les heureux succès & les conquêtes de ces derniers dans l'Espagne, qui donnérent de l'inquiétude aux uns, & inspirérent du courage & de la fierté aux autres: voilà quelles furent les véritables causes de la rupture du Traité. Si l'on s'en tenoit simplement à la prise de Sagonte, P. Cornel. Ti. Sempron. Cons. tout le tort seroit du côté des Carthaginois,An. R.534.Av. J. C.218. qui ne pouvoient, sous aucun prétexte raisonnable, assiéger une ville comprise certainement, comme Alliée de Rome, dans le Traité de Lutatius. Les Sagontins, il est vrai, n'avoient pas encore fait alliance avec les Romains lors de ce Traité: mais il est évident que ce même Traité n'ôtoit point aux deux Peuples la liberté de faire de nouveaux Alliés. A n'envisager les choses que de ce côté, les Carthaginois auroient été absolument inexcusables. Mais si l'on remonte plus haut, & qu'on aille jusqu'au tems où la Sardaigne fut enlevée par force aux Carthaginois, & où sans aucune raison on leur imposa un nouveau tribut; il faut avouer (c'est toujours Polybe qui parle) que sur ces deux points la conduite des Romains ne peut être excusêe en aucune sorte, étant fondée uniquement sur l'injustice & sur la violence. Certainement c'est une tache à leur gloire, que nulle de leurs plus belles actions ne peut effacer. Je demande seulement si l'injustice notoire des Romains qui étoit précédente, dispensoit les Carthaginois d'observer un Traité conclu dans toutes les formes, & si c'étoit une raison légitime d'entrer en guerre avec eux? Il est bien rare que dans ces sortes de discussions de Traités on agisse de bonne foi, & qu'on se fasse un devoir de n'y suivre pour guide & pour interpréte que la justice.


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Quoi qu'il en soit de ce songe, duquelIl marchevers lesPyrénées.Polyb. III.189. 190.Liv. XXI.23.Polybe ne dit rien, Annibal passa l'Ebre, attaqua les* peuples qui habitoient sur la route depuis l'Ebre jusqu'aux Monts Pyrénées, donna plusieurs combats sanglans, où il perdit lui-même assez de monde. Il soumit néanmoins cette contrée, dont il don na le gouvernement à Hannon, afin d'être

* Les Ilergétes, les Bargufiens, les Erénésiens, les Andosiens.

P. Cornel. Ti. Sempron. Cons.An. R.534.Av. J. C.218.le maitre des défilés qui séparent l'Espagne d'avec la Gaule. Il lui laissa pour gardes ces passages, & pour contenir les habitans du pays, dix mille hommes de pié & mille de cavalerie, & lui confia les bagages de ceux qui devoient le suivre en Italie.


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Polybe nous donne en peu de mots uneCheminqu'Annibal eut àfaire pourpasser deCarthagéne en Italie.Polyb. III.192. 193. idée fort nette de l'espace des lieux que de voit traverser Annibal pour arriver en Italie. On compte depuis Carthagéne d'où il partit jusqu'à l'Ebre, deux mille deux cens stades: (110* lieues.) Depuis l'Ebre jusqu'à Emporium, petite ville maritime qui sépare l'Espagne de la Gaule selon Strabon, seize cens stades: (80 lieues.) Depuis Emporium jusqu'au passage du Rhône pareil espace de seize cens stades: (80 lieues.) Depuis le passage du Rhône jusqu'aux Alpes, quatorze cens stades: (70 lieues.) Depuis les Alpes jusques dans les plaines de l'Italie, douze cens stades: (60 lieues.) Ainsi depuis Carthagéne jusqu'en Italie, l'espace est de huit mille stades, c'est-à-dire de quatre cens lieues. Ces mesures doivent être justes; car Polybe marque que les Romains avoient distingué cette route avec soin par des espaces de huit stades, c'est-à-dire par des milles Romains.


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Polybe nous donne en peu de mots uneCheminqu'Annibal eut àfaire pourpasser deCarthagéne en Italie.Polyb. III.192. 193. idée fort nette de l'espace des lieux que de voit traverser Annibal pour arriver en Italie. On compte depuis Carthagéne d'où il partit jusqu'à l'Ebre, deux mille deux cens stades: (110* lieues.) Depuis l'Ebre jusqu'à Emporium, petite ville maritime qui sépare l'Espagne de la Gaule selon Strabon, seize cens stades: (80 lieues.) Depuis Emporium jusqu'au passage du Rhône pareil espace de seize cens stades: (80 lieues.) Depuis le passage du Rhône jusqu'aux Alpes, quatorze cens stades: (70 lieues.) Depuis les Alpes jusques dans les plaines de l'Italie, douze cens stades: (60 lieues.) Ainsi depuis Carthagéne jusqu'en Italie, l'espace est de huit mille stades, c'est-à-dire de quatre cens lieues. Ces mesures doivent être justes; car Polybe marque que les Romains avoient distingué cette route avec soin par des espaces de huit stades, c'est-à-dire par des milles Romains.


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Le texte de Polybe tel que nous l'avons, & celui de Tite-Live, mettent cette Ile entre la Saonne & le Rhône, c'est-à-dire à l'endroit où Lyon a été bâtie. On prétend que c'est une faute. Il y avoit dans le Grec

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Annibal prit le parti de faire camper & reposer son Armée pendant quelque tems sur le sommet de cette colline qui avoit assez de largeur, après en avoir fait nettoyer le terrain, & ôter toute la neige qui le couvroit, tant la nouvelle que l'ancienne, ce qui couta des peines infinies. On creusa ensuite, par son ordre, un chemin dans le rocher même; & ce travail fut poussé avec une P. Cornel. Ti. Sempron. Cons.An. R.534Av. J. C.218.ardeur & une constance étonnante. Pour ouvrir & élargir cette route, on abattit tous les arbres des environs; & à mesure qu'on les coupoit, les bois étoit rangé autour du roc, après quoi on y mettoit le feu. Heureusement il faisoit un grand vent, qui alluma bientôt une flamme ardente, de sorte que la pierre devint aussi rouge que le brasier même qui l'environnoit. Alors An nibal, si l'on en croit Tite-Live, (car Po lybe ne dit rien de cette circonstance) fit verser dessus du* vinaigre, qui s'insinuant dans les veines du rocher entr'ouvert par la force du feu, le calcina & l'amollit. De cette sorte, en prenant un circuit afin que la pente fût plus douce, on pratiqua le long du rocher un chemin qui donna un libre passage aux troupes, aux bagages, & même aux éléphans. On employa quatre jours à cette opération. Les bêtes de somme mouroient de faim, car on ne trouvoit rien pour elles dans ces montagnes toutes couvertes de neige. On arriva enfin dans des endroits cultivés & fertiles, qui fournirent abondamment de fourrage aux che

* Plusieurs rejettent ce fait comme supposé & impossible. Cependant Pline fait remarquer la force du vinaigre pour rompre des pierres & des rochers. Saxa rumpit infusum, quæ non ruperit ignis antecedens. Lib. 23 cap. 1. C'est pourquoi il appelle le vinaigre, succus rerum domitor. Lib. 33. cap. 2. Dion, en parlant du siége de la ville d'Eleuthére, dit qu'on en fit tomber les murailles par la force du vinaigre. Lib. 36. p. 8. Apparemment ce qui arrête ici, est la difficulté de trouver dans ces montagnes la quantité de vinaigre nécessaire pour cette opération.

P. Cornel. Ti. Sempron. Cons. vaux, & toute sorte de nourriture aux soldats.


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Pour peu que l'on soit accoutumé à lireGrandeur& sagessede l'entreprise d'Annibal. l'Histoire avec réflexion, on ne peut s'em pêcher d'admirer un dessein aussi grand, aussi noble, aussi hardi que celui d'Annibal, qui entreprend de traverser quatre cens lieues de pays, de passer les Pyrénées, le Rhône, les Alpes, pour aller attaquer les Romains dans le centre même de leur Empire, sans être arrêté par les difficultés sans nombre qui devoient immanquablement se rencontrer dans un pareil dessein. Mais quand on considére tous les périls où il s'expose P. Cornel. Ti. Sempron. Cons.An. R.534.Av. J. C.218.lui & son Armée, sur-tout dans le passage des Alpes où il en périt plus de la moitié, on seroit tenté de taxer sa conduite d'imprudence & même de témérité, sur-tout si l'on suppose qu'il se soit engagé dans une entreprise aussi hazardeuse que celle-ci sans en avoir prévu toutes les suites, & sans s'être informé de la disposition des peuples & de l'état des lieux au travers desquels il devoit passer. Il seroit sans doute inexcusable, s'il s'étoit conduit de la sorte: mais il a, sur ce sujet, un bon apologiste dans la personne de Polybe. Polyb. III.201.Annibal, dit cet Historien, conduisit cette grande affaire avec beaucoup de prudence. Il s'étoit informé exactement de la nature & de la situation des lieux où il s'étoit proposé d'aller. Il savoit que les peuples où il devoit passer, n'attendoient que l'occasion de se révolter contre les Romains. Enfin, pour se précautionner contre la difficulté des chemins, il s'y faisoit conduire par des gens du pays, qui s'offroient d'autant plus volontiers pour guides, & auxquels on pouvoit se fier avec d'autant plus d'assurance, qu'ils avoient les mêmes espérances & les mêmes intérêts. D'ailleurs les chemins par les Alpes n'étoient point si impraticables qu'on pourroit se l'i maginer. Avant qu'Annibal en approchât, les Gaulois voisins du Rhône avoient passé plus d'une fois ces montagnes, & venoient tout récemment de les traverser pour se joindre aux Gaulois des environs du Pô contre les Romains. Et de plus, les Alpes mêmes sont habitées par un peuple très nombreux, P. Cornel. Ti. Sempron. Cons. où une Armée, par conséquent, peut trouAn. R.534.Av. J. C.218.ver des vivres & des fourrages. Je puis parler avec assurance de toutes ces choses, dit Polybe en terminant cette réflexion, parce que je me suis instruit des faits par le témoignage des contemporains; & pour ce qui est des lieux, je les connois par moi-même, aiant visité les Alpes avec soin, pour en prendre une exacte connoissance.


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Pour peu que l'on soit accoutumé à lireGrandeur& sagessede l'entreprise d'Annibal. l'Histoire avec réflexion, on ne peut s'em pêcher d'admirer un dessein aussi grand, aussi noble, aussi hardi que celui d'Annibal, qui entreprend de traverser quatre cens lieues de pays, de passer les Pyrénées, le Rhône, les Alpes, pour aller attaquer les Romains dans le centre même de leur Empire, sans être arrêté par les difficultés sans nombre qui devoient immanquablement se rencontrer dans un pareil dessein. Mais quand on considére tous les périls où il s'expose P. Cornel. Ti. Sempron. Cons.An. R.534.Av. J. C.218.lui & son Armée, sur-tout dans le passage des Alpes où il en périt plus de la moitié, on seroit tenté de taxer sa conduite d'imprudence & même de témérité, sur-tout si l'on suppose qu'il se soit engagé dans une entreprise aussi hazardeuse que celle-ci sans en avoir prévu toutes les suites, & sans s'être informé de la disposition des peuples & de l'état des lieux au travers desquels il devoit passer. Il seroit sans doute inexcusable, s'il s'étoit conduit de la sorte: mais il a, sur ce sujet, un bon apologiste dans la personne de Polybe. Polyb. III.201.Annibal, dit cet Historien, conduisit cette grande affaire avec beaucoup de prudence. Il s'étoit informé exactement de la nature & de la situation des lieux où il s'étoit proposé d'aller. Il savoit que les peuples où il devoit passer, n'attendoient que l'occasion de se révolter contre les Romains. Enfin, pour se précautionner contre la difficulté des chemins, il s'y faisoit conduire par des gens du pays, qui s'offroient d'autant plus volontiers pour guides, & auxquels on pouvoit se fier avec d'autant plus d'assurance, qu'ils avoient les mêmes espérances & les mêmes intérêts. D'ailleurs les chemins par les Alpes n'étoient point si impraticables qu'on pourroit se l'i maginer. Avant qu'Annibal en approchât, les Gaulois voisins du Rhône avoient passé plus d'une fois ces montagnes, & venoient tout récemment de les traverser pour se joindre aux Gaulois des environs du Pô contre les Romains. Et de plus, les Alpes mêmes sont habitées par un peuple très nombreux, P. Cornel. Ti. Sempron. Cons. où une Armée, par conséquent, peut trouAn. R.534.Av. J. C.218.ver des vivres & des fourrages. Je puis parler avec assurance de toutes ces choses, dit Polybe en terminant cette réflexion, parce que je me suis instruit des faits par le témoignage des contemporains; & pour ce qui est des lieux, je les connois par moi-même, aiant visité les Alpes avec soin, pour en prendre une exacte connoissance.


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Aussitôt après la journée du Tésin, tous les Gaulois du voisinage s'empressérent à l'envi de venir se rendre à Annibal comme ils en avoient d'abord formé le plan, de le fournir de munitions, & de prendre parti dans ses troupes. Et ce fut là, com me Polybe l'a déja fait remarquer, la principale raison qui obligea ce sage & habile Général, malgré le petit nombre & la fatigue de ses troupes, de hazarder une action, qui étoit devenue pour lui d'une absolue nécessité, dans l'impuissance où il étoit de retourner en arriére quand il l'auroit voulu; parce qu'il n'y avoit qu'une victoire qui pût faire déclarer en sa faveur les Gaulois, dont le secours étoit l'unique ressource qui lui restât dans la conjoncture présente.


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Il tenoit de pareils discours, & parmi ses soldats, & dans la tente même de Sci- P. Corn. Ti. Sempron. Cons.An. R.534.Av. J. C.218.pion. Un intérêt personnel le faisoit penser & parler de la sorte. Le tems de l'élection des nouveaux Consuls qui approchoit, lui faisoit craindre qu'on ne lui envoyât un successeur avant qu'il eût pu en venir aux mains avec Annibal, & il croyoit devoir profiter de la maladie de son collé gue pour s'assurer à lui seul tout l'honneur de la victoire. Comme il ne cherchoit pas le tems des affaires, dit Polybe, mais le sien, il ne pouvoit manquer de prendre de mauvaises mesures. Il donna donc ordre aux soldats de se tenir prêts à combattre.


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Ces tristes réflexions n'occupérent pasPréparatifs pourla campagne suivante. longtems les Romains. Ils songérent à prévenir les suites d'un si fâcheux événement. On fit de grands préparatifs pour la campagne suivante: on mit des garnisons dans les places: on envoya des troupes en Sardaigne & en Sicile: on en fit marcher aussi à Tarente, & dans tous les postes importans. L'on équipa soixante galéres à cinq rangs de rames, & l'on dépêcha aussi vers Hiéron pour lui demander du secours. Ce Roi leur fournit cinq cens Crétois, & mille Rondachers. Enfin il n'y eut point de mesures que l'on ne prît, point de mouvement que l'on ne se donnât. Car, ajoute Polybe, tels sont les Romains en général & en particulier: plus ils ont raison de craindre, plus ils deviennent P. Corn. Ti. Sempron. Cons.An. R.534.Av. J. C.218.redoutables. Avant tout, ils firent venir de l'Armée le Consul Sempronius, pour présider à l'Assemblée où l'on devoit procéder à l'élection des Consuls. On nomma pour cette charge Cn. Servilius, & C. Flaminius. Nous verrons bientôt quel étoit le caractére de ce dernier, après que nous aurons raporte ce qui se passa en Espagne dans la même année.


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Les Mines de fer, d'argent & d'or furent dans la suite des tems d'un très grand revenu pour les Romains. Polybe, cité par Strabon, nous apprend que de son tems ilStrab. III.247. y avoit quarante mille hommes occupés aux mines qui étoient dans le voisinage de Carthagéne, & qu'ils fournissoient chaque jour au Peuple Romain vingt-cinq mille dragmes, c'est-à-dire douze mille cinq cens livres.


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Die Versammlung des Raths war der geheime Rathdes Staats und gleichsam die Seele aller öffentlichen Be rathschlagungen, beynahe wie der Rath zu Rom. Wenndie Meynungen einmüthig waren und alle Stimmen miteinander übereinkamen, so war der Ausspruch des Rathsder einzige endliche und unumschränkte. Wenn aberdie Meynungen getheilt waren und man sich nicht ver

(*) Dieser Nahme kommt von einem Worte her, wel ches bey den Hebräern und Phöniciern einen Nich ter bedeutet.

Einleitung.gleichen konnte, so wurden die Angelegenheiten dem Vol ke vorgetragen, und in diesem Falle gelangte an dasselbedas Recht einen endlichen Ausspruch zu thun. Es ist leicht wahrzunehmen, wie grosse Weisheit in dieser Anordnung war, und wie sehr sie diente, den PartheyenEinhalt zu thun, die Gemüther zu vereinigen, und dieguten Anschläge zu unterstützen, und empor zu bringen.Denn eine Versammlung, wie diese, mußte ausseror dentlich eyfersüchtig auf ihr Ansehen seyn, und ließ esnicht leicht geschehen, daß die Sachen, die sie zu ihrer Herr schafft gezogen hatte, einer gantz andern Gewalt in dieHände fielen. Polybius merkt an, so lange der Rathdie öffentlichen Angelegenheiten in seiner Gewalt gehabt,sey der Staat mit vieler Weisheit regieret worden, undalle Unternehmungen hätten einen grossen Erfolggehabt.


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Man findet, wie ich gläube, in dem Alterthume keiVerkauf fung der Aemter ist bey den Al ten unbe kannt.ne Spur, aus der man schliessen könnte, daß sowohldie Würden des Staats, als die richterlichen Aemteriemahls wären käuflich gewesen. Und was hierAristoteles von dem Aufwande gesagt, den man zu Car thago nöthig gehabt, um darzu zu gelangen, das zieltsonder Zweifel auf die Geschenke, durch welche mandie Wahlstimmen derjenigen erkaufte, die die öffentli chen Aemter zu besetzen hatten, welches, wie auchPolybius anmerkt, unter den Carthaginensern sehr gePolyb. VI.497.wöhnlich war, die sich keinen Gewinst für eine Schan de achteten. Es ist daher nicht zu verwundern, daßAristoteles einen Gebrauch verwirft, der, wie man leichtvoraus sieht, sehr unglückliche Folgen haben kann.