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Votre Lieutenant & vos Tribuns, quoique bien informés de ce fait & de beaucoup d'autres pareils, n'ont pas laissé de porter leurs mains sacriléges sur ces trésors, & de se souiller eux, leurs maisons, & vos soldats d'une proie si abominable. Je craindrois, Messieurs, si vous n'aviez soin d'expier leur sacrilége par une réparation exemplaire, que la Déesse ne s'en vengeât sur votre République qui en est innocente, comme elle l'a déja fait sur les coupables. Il s'est formé entre eux deux partis. Pleminius commandoit l'un, & les Tribuns Légionaires étoient à la tête de l'autre. Ils en sont venus aux mains plusieurs fois, avec une animosité & un acharnement aussi grand, que s'ils combattoient contre les Carthaginois. Il s'est commis de côté & d'autre des cruautés inouïes. Voilà de quelle maniére la Déesse punit les violateurs de son Temple.

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Pour ce qui regarde les injures que nous avons reçues, nous n'avons & n'aurons jamais recours qu'à vous seuls pour en obtenir la vengeance. Nous ne demandons pas que vous ajoutiez foi sur le champ à nos plaintes, & que vous condanniez Pleminius sans l'entendre. Qu'il se présente en personne, qu'il entende nos accusations, qu'il les réfute. si, dans tout ce que nous avons avancé, il se trouve la moindre exa-

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Après cet éclaircissement, on congédiaFabiusparle con-tre scipionavec beau-coup d'ai-greur.Liv.XXIX. 19. les Locriens, & l'on commença à délibérer. Plusieurs du sénat attaquérent avec aigreur, non seulement Pleminius, mais scipion lui-même. Q. Fabius fut celui qui parla avec le plus d'emportement, en reprochant à scipion, „qu'il étoit né pour corrompre la discipline militaire. Que c'étoit ainsi qu'en Espagne la sédition de ses soldats avoit fait plus de tort à la République que les armes des Carthaginois. Que par une licence inconnue jusqu'ici parmi les Romains, & purement tirannique, il usoit à l'égard des troupes, tantôt d'une indulgence excessive, tantôt Cornel. et sempron. Cons.An. R. 548.Av. J. C.204.d'une rigueur qui alloit jusqu'à la cruauté. Il conclut à ce que Pleminius fût amené à Rome, & tenu en prison pendant qu'on lui feroit son procès; & que si les accusations des Locriens se trouvoient bien fondées, il fût étranglé dans la prison, & tous ses biens confisqués. Qu'on rappellât scipion à Rome, pour être sorti de sa province sans la permission du sénat; & qu'on engageât les Tribuns du peuple à le faire dépouiller par le peuple de son commandement. Qu'on répondît aux Locriens, après les avoir fait rentrer, que le sénat & le Peuple Romain n'avoient nulle part aux injustices dont ils se plaignoient, & en étoient fort touchés. Qu'on leur déclarât qu'ils étoient regardés à Rome comme des gens de bien & d'honneur, comme de bons amis & de fidéles Alliés. Qu'on leur restituât leurs enfans, leurs femmes, & leurs biens. Qu'on s'informât exactement à quelle somme montoient les trésors qu'on avoit enlevés, & qu'on en remît le double dans le Temple. Qu'on fît un sacrifice d'expiation, après avoir préalablement conféré avec le Collége des Pontifes, pour apprendre d'eux quelles cérémonies il convenoit de faire, à quels Dieux il faloit s'adresser, & quelles victimes il faloit immoler pour expier le sacrilége de ceux qui avoient pillé les trésors de Proserpine. Enfin il vouloit que tous les soldats qui étoient en garni- Cornel. et sempron. Cons. son à Locres fussent transportés dans laAn. R. 548.Av. J. C.204. sicile, & qu'on envoyât à leur place quatre Cohortes des Alliés du Nom Latin.“


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Après cet éclaircissement, on congédiaFabiusparle con-tre scipionavec beau-coup d'ai-greur.Liv.XXIX. 19. les Locriens, & l'on commença à délibérer. Plusieurs du sénat attaquérent avec aigreur, non seulement Pleminius, mais scipion lui-même. Q. Fabius fut celui qui parla avec le plus d'emportement, en reprochant à scipion, „qu'il étoit né pour corrompre la discipline militaire. Que c'étoit ainsi qu'en Espagne la sédition de ses soldats avoit fait plus de tort à la République que les armes des Carthaginois. Que par une licence inconnue jusqu'ici parmi les Romains, & purement tirannique, il usoit à l'égard des troupes, tantôt d'une indulgence excessive, tantôt Cornel. et sempron. Cons.An. R. 548.Av. J. C.204.d'une rigueur qui alloit jusqu'à la cruauté. Il conclut à ce que Pleminius fût amené à Rome, & tenu en prison pendant qu'on lui feroit son procès; & que si les accusations des Locriens se trouvoient bien fondées, il fût étranglé dans la prison, & tous ses biens confisqués. Qu'on rappellât scipion à Rome, pour être sorti de sa province sans la permission du sénat; & qu'on engageât les Tribuns du peuple à le faire dépouiller par le peuple de son commandement. Qu'on répondît aux Locriens, après les avoir fait rentrer, que le sénat & le Peuple Romain n'avoient nulle part aux injustices dont ils se plaignoient, & en étoient fort touchés. Qu'on leur déclarât qu'ils étoient regardés à Rome comme des gens de bien & d'honneur, comme de bons amis & de fidéles Alliés. Qu'on leur restituât leurs enfans, leurs femmes, & leurs biens. Qu'on s'informât exactement à quelle somme montoient les trésors qu'on avoit enlevés, & qu'on en remît le double dans le Temple. Qu'on fît un sacrifice d'expiation, après avoir préalablement conféré avec le Collége des Pontifes, pour apprendre d'eux quelles cérémonies il convenoit de faire, à quels Dieux il faloit s'adresser, & quelles victimes il faloit immoler pour expier le sacrilége de ceux qui avoient pillé les trésors de Proserpine. Enfin il vouloit que tous les soldats qui étoient en garni- Cornel. et sempron. Cons. son à Locres fussent transportés dans laAn. R. 548.Av. J. C.204. sicile, & qu'on envoyât à leur place quatre Cohortes des Alliés du Nom Latin.“


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La dispute qui s'alluma entre ceux qui favorisoient scipion, & ceux qui lui étoient contraires, fit qu'on ne put recueillir les voix, ni rien terminer ce jour-là. Outre les attentats de Pleminius & la désolation des Locriens, on reprochoit encore à ce Général une façon de se (a) vétir peu séante pour un homme de guerre, & surtout pour un Romain. On ajoutoit, „qu'il passoit son tems à entendre les discours & les dissertations des Rhéteurs & des Philosophes, & à juger de l'adresse & de la force des Athlétes. Que ses Officiers & toute sa maison vivoient dans la même mollesse au milieu des délices de syracuse. Qu'il sembloit avoir oublié Carthage & Annibal. Que toute son Armée, plongée dans la même licence qui avoit corrompu les soldats de sucrone & ceux de Locres, étoit plus redoutable aux Alliés du Peuple Romain, qu'à ses ennemis.“


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Quoique ces accusations, en partieLe sénatnomme desCommissai-res pourexaminerl'affaire desLocriens,& les plain- vraies, en partie fausses, fussent appuyées sur quelque vraisemblance, on s'en tint cependant à l'avis de Q. Metellus, qui convenoit avec Fabius dans tous les autres

(a) C'étoit d'user d'un manteau & de chaussures qui étoient propres aux Grecs. Cum pallio crepidisque inambulare in gymnasio

Cornel. et sempron. Cons.An. R. 548.Av. J. C.204.tes forméescontre sci-pion.Liv.XXIX. 20.chefs, mais lui étoit opposé dans ce qui regardoit la personne de scipion. „Que penseroit-on, disoit-il, du sénat & du Peuple Romain, si, après avoir choisi scipion encore jeune pour recouvrer les Espagnes, ce qu'il avoit exécuté avec beaucoup de prudence & de valeur; si, après l'avoir créé Consul pour terminer la guerre de Carthage; si dans le tems même qu'il faisoit espérer à toute la République qu'il arracheroit Annibal du sein de l'Italie, & soumettroit l'Afrique, ils le rappelloient tout d'un coup de sa province, & le forçoient de revenir à Rome avec Pleminius, en le condannant en quelque sorte sans l'entendre; d'autant plus que les Locriens déclaroient que c'étoit en son absence qu'on les avoit accablés de tous les maux qu'ils avoient soufferts, & qu'ainsi on ne pouvoit lui reprocher tout au plus que d'avoir eu un peu trop d'indulgence & de ménagement pour le Commandant qu'il avoit établi dans leur ville. Que son sentiment étoit que l'on fît partir dans trois jours pour la sicile le Préteur M. Pomponius, à qui cette province étoit échue; que les Consuls envoyassent avec lui dix Commissaires tirés du sénat à leur choix, & deux Tribuns du Peuple, avec un Edile; & que le Préteur, avec ce Conseil, prît connoissance de toute l'affaire. Que s'ils reconnoissoient que ce fût par l'ordre ou du consentement de Cornel. et sempron. Cons.scipion qu'on eût exercé sur les LocriensAn. R. 548.Av. J. C.204. les violences dont ils se plaignoient, alors ils lui ordonneroient de sortir de sa province. Qu'en cas qu'il fût déja passé en Afrique, les deux Tribuns du Peuple & l'Edile, avec deux des Commissaires au choix du Préteur, partissent aussitôt pour l'Afrique; les Tribuns & l'Edile, pour ramener scipion à Rome; les deux Commissaires, pour commander l'Armée, jusqu'à ce qu'on eût envoyé un nouveau Général en sa place. Que si au contraire M. Pomponius & les dix Commissaires du sénat trouvoient que scipion n'eût eu aucune part au malheur des Locriens, il restât en ce cas à la tête de ses troupes, & continuât la guerre ainsi qu'il l'avoit projettée.“


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Les Com-missairespartentpour Lo-cres. Ple-minius estcondanné,& envoyéà Rome.Liv.XXIX. 20.21.

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Ils commencérent par faire charger de chaînes & conduire à Rhége Pleminius, & trente-deux de ses complices. Après quoi leur prémier soin fut, selon les ordres dont ils étoient chargés, de s'acquiter de tout ce que la Religion exigeoit pour la réparation du sacrilége. Aiant donc ramassé tout l'argent qui se trouva chez Pleminius & ses soldats, ils y joignirent celui qu'ils avoient apporté avec eux; & après avoir remis le tout dans le trésor de la Déesse, ils lui offrirent un sacrifice d'expiation.


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Ils commencérent par faire charger de chaînes & conduire à Rhége Pleminius, & trente-deux de ses complices. Après quoi leur prémier soin fut, selon les ordres dont ils étoient chargés, de s'acquiter de tout ce que la Religion exigeoit pour la réparation du sacrilége. Aiant donc ramassé tout l'argent qui se trouva chez Pleminius & ses soldats, ils y joignirent celui qu'ils avoient apporté avec eux; & après avoir remis le tout dans le trésor de la Déesse, ils lui offrirent un sacrifice d'expiation.


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Le Préteur fit ensuite assembler la garnison, lui ordonna de sortir de la ville, & de camper au milieu de la campagne, défendant à tout soldat sous des peines très rigoureuses de rester dans la ville, ou d'emporter avec soi quoi que ce fût qui ne lui appartînt pas. Il permit alors aux Locriens de reprendre leurs biens où ils le trouveroient, & de répéter ce qui auroit disparu. Avant toutes choses, il voulut qu'on leur rendît sur le champ les personnes libres, menaçant des châtimens les plus rudes ceux qui retiendroient qui que ce pût être. Enfin, aiant assemblé les Locriens, il leur déclara, „que le sénat & le Peuple Romain leur rendoient leur liberté & leurs loix. Que si quelqu'un d'entre eux vouloit accuser Pleminius, ou quelque autre, il Cornel. et sempron. Cons. n'avoit qu'à le suivre à Rhége. Que s'ilsAn. R. 548.Av. J. C.204. avoient dessein d'accuser scipion au nom de leur ville d'avoir ordonné ou approuvé les violences dont on avoit usé envers eux, ils envoyassent leurs Députés à Messine, & qu'il y examineroit toute cette affaire avec son Conseil.“


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Les Locriens firent de grands remercimens au Préteur & aux Commissaires, au sénat & au Peuple Romain, ajoutant qu'ils iroient accuser Pleminius. „Qu'à l'égard de scipion, quoiqu'il eût paru peu sensible à leurs maux, c'étoit un personnage qu'ils aimoient mieux avoir pour ami que pour ennemi. Qu'ils étoient bien persuadés que ce n'étoit ni par son ordre, ni de son consentement, qu'on leur avoit fait des injustices si énormes. Qu'il avoit, ou trop cru Pleminius, ou trop peu écouté les Locriens. Qu'il y avoit des hommes qui naturellement étoient assez ennemis du crime pour souhaiter qu'il ne se commît pas, mais qui n'avoient pas assez de fermeté pour le punir quand il avoit été commis.“


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Les Locriens firent de grands remercimens au Préteur & aux Commissaires, au sénat & au Peuple Romain, ajoutant qu'ils iroient accuser Pleminius. „Qu'à l'égard de scipion, quoiqu'il eût paru peu sensible à leurs maux, c'étoit un personnage qu'ils aimoient mieux avoir pour ami que pour ennemi. Qu'ils étoient bien persuadés que ce n'étoit ni par son ordre, ni de son consentement, qu'on leur avoit fait des injustices si énormes. Qu'il avoit, ou trop cru Pleminius, ou trop peu écouté les Locriens. Qu'il y avoit des hommes qui naturellement étoient assez ennemis du crime pour souhaiter qu'il ne se commît pas, mais qui n'avoient pas assez de fermeté pour le punir quand il avoit été commis.“


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Ce discours, qui justifioit scipion, fit grand plaisir au Préteur & aux Commissaires, qui se trouvoient par-là déchargés d'une commission fort onéreuse. Ils condannérent Pleminius, & avec lui environ trente-deux autres, qu'ils envoyérent à Rome piés & mains liés. Pour eux ils prirent le chemin de la sicile, pour examiner par eux-mêmes si les reproches que l'on faisoit Cornel. et sempron. Cons.An. R. 548.Av. J. C.204.à scipion sur sa conduite particuliére, & sur le peu de discipline de son Armée, avoient quelque fondement, & pour en rendre compte ensuite au sénat.


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Pleminius & ses complices aiant été conMort dePleminius.Liv.XXIX. 22.duits à Rome, furent aussitôt mis en prison: & d'abord, aiant été amenés devant le Peuple par les Tribuns, ils trouvérent les esprits si prévenus par le souvenir des injures qu'ils avoient faites aux Locriens, qu'il ne sembloit pas qu'ils pussent espérer aucune indulgence. Mais, comme on les faisoit paroître souvent dans la Place publique, la difformité de Pleminius, à force de frapper les yeux des citoyens, fit insensiblement succéder la compassion à la haine & à la colére: outre que la considération de scipion, tout absent qu'il étoit, contribuoit beaucoup à leur rendre la multitude favorable.


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Mort dePleminius.Liv.XXIX. 22.