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Néron ar-rive aucamp deLivius, &joint sestroupes àcelles deson collé-gue.Liv.XXVII. 46.

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En effet, tous les chemins par où ils passoient étoient bordés d'une foule d'hommes & de femmes accourus des lieux voisins, qui mêloient les louanges aux vœux & aux priéres, relevant le courage de l'entreprise, & en demandant aux Dieux l'heureux succès. Il y avoit un combat de générosité entre les peuples & les soldats: ceux-là voulant donner avec abondance, & ceux-ci ne voulant rien recevoir au-delà du nécessaire. Néron ar-rive aucamp deLivius, &joint sestroupes àcelles deson collé-gue.Liv.XXVII. 46.Ainsi le courage & l'ardeur des troupes de Néron croissant toujours, on arriva enfin en six ou sept jours d'une marche forcée près du camp de Livius. Néron avoit envoyé des couriers devant, pour avertir Livius de son arrivée, & lui demander s'il vouloit que leur jonction se fît le jour ou la nuit, & s'ils camperoient ensemble ou séparément. son collégue trouva plus à propos qu'il arrivât de nuit. Afin de mieux tromper l'ennemi, & de lui cacher la venue de ce nouveau renfort, il fut résolu que l'on ne donneroit point au camp de Livius plus d'éten- Neron et Livius Cons. due qu'il n'en avoit auparavant; & que lesAn. R. 545.Av. J. C.207. Officiers, les Piétons, les Cavaliers de Néron seroient reçus & recueillis chacun par son semblable.


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En effet, tous les chemins par où ils passoient étoient bordés d'une foule d'hommes & de femmes accourus des lieux voisins, qui mêloient les louanges aux vœux & aux priéres, relevant le courage de l'entreprise, & en demandant aux Dieux l'heureux succès. Il y avoit un combat de générosité entre les peuples & les soldats: ceux-là voulant donner avec abondance, & ceux-ci ne voulant rien recevoir au-delà du nécessaire. Néron ar-rive aucamp deLivius, &joint sestroupes àcelles deson collé-gue.Liv.XXVII. 46.Ainsi le courage & l'ardeur des troupes de Néron croissant toujours, on arriva enfin en six ou sept jours d'une marche forcée près du camp de Livius. Néron avoit envoyé des couriers devant, pour avertir Livius de son arrivée, & lui demander s'il vouloit que leur jonction se fît le jour ou la nuit, & s'ils camperoient ensemble ou séparément. son collégue trouva plus à propos qu'il arrivât de nuit. Afin de mieux tromper l'ennemi, & de lui cacher la venue de ce nouveau renfort, il fut résolu que l'on ne donneroit point au camp de Livius plus d'éten- Neron et Livius Cons. due qu'il n'en avoit auparavant; & que lesAn. R. 545.Av. J. C.207. Officiers, les Piétons, les Cavaliers de Néron seroient reçus & recueillis chacun par son semblable.


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En effet, tous les chemins par où ils passoient étoient bordés d'une foule d'hommes & de femmes accourus des lieux voisins, qui mêloient les louanges aux vœux & aux priéres, relevant le courage de l'entreprise, & en demandant aux Dieux l'heureux succès. Il y avoit un combat de générosité entre les peuples & les soldats: ceux-là voulant donner avec abondance, & ceux-ci ne voulant rien recevoir au-delà du nécessaire. Néron ar-rive aucamp deLivius, &joint sestroupes àcelles deson collé-gue.Liv.XXVII. 46.Ainsi le courage & l'ardeur des troupes de Néron croissant toujours, on arriva enfin en six ou sept jours d'une marche forcée près du camp de Livius. Néron avoit envoyé des couriers devant, pour avertir Livius de son arrivée, & lui demander s'il vouloit que leur jonction se fît le jour ou la nuit, & s'ils camperoient ensemble ou séparément. son collégue trouva plus à propos qu'il arrivât de nuit. Afin de mieux tromper l'ennemi, & de lui cacher la venue de ce nouveau renfort, il fut résolu que l'on ne donneroit point au camp de Livius plus d'éten- Neron et Livius Cons. due qu'il n'en avoit auparavant; & que lesAn. R. 545.Av. J. C.207. Officiers, les Piétons, les Cavaliers de Néron seroient reçus & recueillis chacun par son semblable.


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Les troupes de Néron entrérent dans le camp à la faveur des ténébres & du siIence. La joie fut réciproque dans les deux Armées. Dès le lendemain on tint un Conseil de guerre, auquel le Préteur L. Porcius assista. Il étoit campé dans le voisinage des Consuls; & avant même qu'ils fussent arrivés, conduisant son Armée par des lieux élevés, tantôt il s'étoit présenté aux ennemis dans des défilés étroits pour leur en disputer le passage, tantôt il les avoit attaqués en flanc ou par derriére, & avoit mis en pratique toutes les ressources que l'Art militaire peut fournir au plus foible pour fatiguer un ennemi plus fort & plus puissant.


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Dans le Conseil la plupart étoient d'avis „que l'on différât de quelques jours le combat, pour donner le tems à Néron & à ses soldats de se reposer, & de reprendre haleine. Mais Néron, non seulement conseilla, mais pria avec instance de ne point rendre téméraire par le délai une entreprise que la promtitude rendoit infaillible. Il représenta qu'Annibal, retenu par une espéce de charme qui ne pouvoit pas durer longtems, ne s'étoit avisé ni de le suivre, ni d'attaquer son camp. Que si l'on faisoit diligence, on pouvoit espérer qu'Asdrubal seroit vaincu, & lui retourné à son Armée avant Neron et Livius Cons.An. R. 545.Av. J. C.207.qu'Annibal eût fait aucun mouvement. Que d'accorder du tems à l'ennemi, c'étoit livrer à Annibal le camp qui lui étoit opposé, & lui ouvrir le chemin pour se joindre à son frére. Qu'il faloit donc donner sur le champ la bataille, & profiter de l'erreur des ennemis tant absens que présens, qui ignoroient également les uns & les autres le nombre & les forces de ceux qu'ils avoient en tête, ceux- ci les croyant plus grandes, & ceux-là les croyant moindres, qu'elles n'étoient en effet.“


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Dans le Conseil la plupart étoient d'avis „que l'on différât de quelques jours le combat, pour donner le tems à Néron & à ses soldats de se reposer, & de reprendre haleine. Mais Néron, non seulement conseilla, mais pria avec instance de ne point rendre téméraire par le délai une entreprise que la promtitude rendoit infaillible. Il représenta qu'Annibal, retenu par une espéce de charme qui ne pouvoit pas durer longtems, ne s'étoit avisé ni de le suivre, ni d'attaquer son camp. Que si l'on faisoit diligence, on pouvoit espérer qu'Asdrubal seroit vaincu, & lui retourné à son Armée avant Neron et Livius Cons.An. R. 545.Av. J. C.207.qu'Annibal eût fait aucun mouvement. Que d'accorder du tems à l'ennemi, c'étoit livrer à Annibal le camp qui lui étoit opposé, & lui ouvrir le chemin pour se joindre à son frére. Qu'il faloit donc donner sur le champ la bataille, & profiter de l'erreur des ennemis tant absens que présens, qui ignoroient également les uns & les autres le nombre & les forces de ceux qu'ils avoient en tête, ceux- ci les croyant plus grandes, & ceux-là les croyant moindres, qu'elles n'étoient en effet.“


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Toutes les troupes étant réunies, se rangérent en bataille. Néron commandoit à Neron et Livius Cons.An. R. 545.Av. J. C.207.la droite, Livius à la gauche, & le Préteur au corps de bataille. Asdrubal avoit commencé à s'emparer d'une hauteur assez voisine du fleuve, dans le dessein de s'y retrancher: mais voyant qu'il lui étoit impossible d'éviter le combat, il fit tout ce que l'on pouvoit attendre de la présence d'esprit & du courage d'un grand Capitaine. Il prit tout d'un coup un poste avantageux, & rangea ses troupes dans un terrain étroit, leur donnant plus de profondeur que de largeur. Il plaça les éléphans à l'avant-garde; & mit les Gaulois, qui étoient la partie la plus foible de ses troupes à la gauche, où ils étoient appuyés à la hauteur dont j'ai parlé. Il se chargea lui-même de l'aile droite avec les Espagnols, vieilles troupes en qui il avoit le plus de confiance. Enfin il plaça les Liguriens dans le milieu, immédiatement après les éléphans.


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Néron aiant fait d'inutiles efforts pour monter sur la colline qu'il avoit en face, & voyant qu'il n'étoit pas possible d'aller aux ennemis par ce chemin: Quoi! s'écria-t-il en s'adressant à ses troupes, & ne pouvant souffrir plus longtems cette inaction, sommes-nous donc venus ici de si loin & avec tant de diligence, pour demeurer les bras croisés, & être simples spectateurs? Il part aussitôt avec la plus grande partie de l'aile droite, passe derriére la bataille, fait tout le tour de l'Armée, & vient fondre obliquement sur l'aile droite des Carthaginois; & bientôt s'étendant il prend même l'ennemi par les derriéres. Jusques-là le combat avoit été douteux. Mais quand les Espagnols, & bientôt après les Liguriens se virent attaqués en même tems de front, par les flancs & en queue, la déroute fut entiére, & ils furent taillés en piéces. Le carnage passa bientôt jusqu'aux Gaulois, où l'on trouva encore moins de résistance. Vaincus par le sommeil, & accablés par la fatigue, à laquelle tous les Anciens ont remarqué que cette nation succomboit facilement, à peine pouvoient- ils soutenir le poids de leurs corps & de leurs armes: & comme on étoit sur le midi, brulés tout à-la-fois de la chaleur & de la soif, ils se laissoient tuer ou prendre, Neron et Livius Cons.An. R. 545.Av. J. C.207.sans se mettre en peine de défendre leur vie & leur liberté.


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Néron, dès la nuit qui suivit le combat,Néron re-tourne àson Armée.Liv.XXVII. 50. partit pour retourner à son Armée; & faisant encore plus de diligence à son retour qu'il n'en avoit fait en venant, il rentra, après six jours de marche, dans le camp qu'il avoit laissé près d'Annibal. Il trouva moins de monde sur sa route, parce qu'il n'avoit point envoyé de couriers devant lui. Ceux qui s'y rencontrérent, étoient transportés d'une joie qu'ils ne pouvoient contenir.


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Néron re-tourne àson Armée.Liv.XXVII. 50.

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Mais ce qu'il est difficile d'exprimer & de faire sentir, ce sont les divers mouvemens qui agitérent les citoyens de Rome, soit pendant qu'ils furent dans l'incertitude de l'événement, soit quand ils eurent appris la nouvelle de la victoire. Depuis qu'on y avoit su le départ de Néron, tous les jours les sénateurs entroient dès le matin dans le sénat avec les Magistrats, & le Peuple remplissoit la Place publique; & personne ne retournoit dans sa maison que la nuit ne fût venue, tant ils étoient occupés du soin des Affaires publiques. Les Dames travailloient pour le Bien commun d'une autre maniére, en se répandant en foule dans les Temples, & y offrant continuellement aux Dieux leurs priéres & leurs vœux. Ces Payens nous apprennent combien & comment nous devons nous intéresser au salut de l'Etat.


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Pendant tous ces mouvemens, le ConsulTête d'As-drubal jet-tée dans lecamp d'An-nibal. Il seretire dansle fond del'Abruzze.Liv.XXVII. 51.Néron étoit arrivé dans son camp. La tête d'Asdrubal, jettée dans celui des Carthaginois, apprit à leur Général le funeste sort de son frére. Deux des prisonniers que le Consul fit passer dans son camp, l'instruisirent en détail de ce qui s'étoit passé à la Journée de Métaure. Annibal, consterné d'une nouvelle également funeste à sa patrie & à sa maison, s'écria qu'il reconnoissoit à ce cruel coup la fortune de Carthage.Horace lui met dans la bouche des paroles qui expriment bien ses sentimens. C'en(a)


(a) Carthagini jam non ego nuncios
Mittam superbos. Occidit, occidit
spes omnis & fortuna nostri
Nominis, Asdrubale interempto.

Horat. Od. 4. l. 4.

Neron et Livius Cons.An. R. 545.Av. J. C.207.est fait: je n'envoyerai plus à Carthage de superbes couriers. En perdant Asdrubal, je perds toute mon espérance & tout mon bonheur. Il décampa dans le moment, & se retira aux extrémités de l'Italie dans le Brutium, où il ramassa tout ce qui lui restoit de troupes, n'étant plus en état de les conserver séparées les unes des autres comme auparavant. Il ordonna en même tems à tous les Métapontins de quiter leur ville, & à tous ceux de la Lucanie qui étoient dans son parti d'abandonner leur pays, & de le venir joindre chez les Brutiens.


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Triomphede Livius &de Néron.Liv.XXVIII. 9.

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Vers la fin de la campagne, les deux Consuls eurent également permission de revenir à Rome, avec cette différence pourtant, que Livius y ramena ses troupes, qui n'étoient plus nécessaires dans la Gaule; au- lieu que celles de Néron eurent ordre de rester dans la province, pour s'opposer aux desseins d'Annibal. Les deux Consuls, par les Lettres qu'ils s'écrivirent, convinrent que pour garder jusqu'au bout cette bonne intelligence qu'ils avoient observée jusques-là entre eux, ils régleroient leur dé- Neron et Livius Cons. part de deux provinces si éloignées, de faAn. R. 545.Av. J. C.207.çon qu'ils pussent arriver en même tems à Rome; & que celui qui seroit le prémier à(a) Préneste, y attendroit son collégue. Le hazard voulut qu'ils y vinssent le même jour. De-là ils envoyérent un courier à Rome, avec un Edit qui ordonnoit au sénat de s'assembler trois jours après dans le Temple de Bellone pour les recevoir.