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Hostilius, en allant vers Capoue, rencontra le Consul Néron auprès de Venouse. Là ce Général forma de l'élite des deux Armées un Corps de quarante mille hommes de pié, & de deux mille cinq cens chevaux, pour s'en servir à faire la guerre contre Annibal.


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Néronremporteune victoi-re contreAnnibal.Liv.XXVII. 41.42.

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Celui-ci aiant tiré toutes ses troupes des quartiers d'hiver, & des villes du Brutium, où elles étoient en garnison, vint à Grumante en (a) Lucanie, dans l'espérance de reprendre les villes de ce pays que la crainte avoit obligées de rentrer dans le parti des Romains. Le Consul s'y rendit aussi de Venouse, aiant fait reconnoître les lieux par où il passoit, & campa à quinze cens pas des ennemis. Entre le camp des Romains & celui des Carthaginois, il y avoit une plaine, dominée par une colline toute

(a) Basilicata, & partie de la Principauté citérieure.

Neron et Livius Cons. découverte, que les Romains avoient à leurAn. R. 545.Av. J. C.207. droite, & les ennemis à leur gauche. Cette hauteur ne donna d'ombrage ni aux uns ni aux autres, parce que n'y aiant ni bois ni enfoncement, elle n'étoit point propre à des embuches. Il se faisoit des deux côtés quelques légéres escarmouches au milieu de la plaine. Néron paroissoit n'avoir d'autre but que de retenir Annibal, & d'empêcher qu'il ne lui échappât. Annibal, au contraire, cherchant à s'ouvrir un libre passage, faisoit tous ses efforts pour attirer Néron au combat. Alors le Consul, usant contre Annibal des ruses que celui-ci avoit employées tant de fois contre les Romains, détacha de son Armée un Corps d'Infanterie composé de cinq Cohortes & de (a) dix Compagnies, & leur ordonna de monter pendant la nuit sur le côteau, de descendre dans le vallon qui étoit derriére, & de s'y tenir cachés: stratagême qu'il crut devoir réussir avec d'autant plus de facilité, qu'une colline si nue & si découverte laissoit moins craindre de surprise. Il convint avec les deux Officiers qu'il envoyoit à la tête de ce détachement, du tems où ils sortiroient de leur embuscade, & viendroient attaquer les ennemis.


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Celui-ci aiant tiré toutes ses troupes des quartiers d'hiver, & des villes du Brutium, où elles étoient en garnison, vint à Grumante en (a) Lucanie, dans l'espérance de reprendre les villes de ce pays que la crainte avoit obligées de rentrer dans le parti des Romains. Le Consul s'y rendit aussi de Venouse, aiant fait reconnoître les lieux par où il passoit, & campa à quinze cens pas des ennemis. Entre le camp des Romains & celui des Carthaginois, il y avoit une plaine, dominée par une colline toute

(a) Basilicata, & partie de la Principauté citérieure.

Neron et Livius Cons. découverte, que les Romains avoient à leurAn. R. 545.Av. J. C.207. droite, & les ennemis à leur gauche. Cette hauteur ne donna d'ombrage ni aux uns ni aux autres, parce que n'y aiant ni bois ni enfoncement, elle n'étoit point propre à des embuches. Il se faisoit des deux côtés quelques légéres escarmouches au milieu de la plaine. Néron paroissoit n'avoir d'autre but que de retenir Annibal, & d'empêcher qu'il ne lui échappât. Annibal, au contraire, cherchant à s'ouvrir un libre passage, faisoit tous ses efforts pour attirer Néron au combat. Alors le Consul, usant contre Annibal des ruses que celui-ci avoit employées tant de fois contre les Romains, détacha de son Armée un Corps d'Infanterie composé de cinq Cohortes & de (a) dix Compagnies, & leur ordonna de monter pendant la nuit sur le côteau, de descendre dans le vallon qui étoit derriére, & de s'y tenir cachés: stratagême qu'il crut devoir réussir avec d'autant plus de facilité, qu'une colline si nue & si découverte laissoit moins craindre de surprise. Il convint avec les deux Officiers qu'il envoyoit à la tête de ce détachement, du tems où ils sortiroient de leur embuscade, & viendroient attaquer les ennemis.


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Celui-ci aiant tiré toutes ses troupes des quartiers d'hiver, & des villes du Brutium, où elles étoient en garnison, vint à Grumante en (a) Lucanie, dans l'espérance de reprendre les villes de ce pays que la crainte avoit obligées de rentrer dans le parti des Romains. Le Consul s'y rendit aussi de Venouse, aiant fait reconnoître les lieux par où il passoit, & campa à quinze cens pas des ennemis. Entre le camp des Romains & celui des Carthaginois, il y avoit une plaine, dominée par une colline toute

(a) Basilicata, & partie de la Principauté citérieure.

Neron et Livius Cons. découverte, que les Romains avoient à leurAn. R. 545.Av. J. C.207. droite, & les ennemis à leur gauche. Cette hauteur ne donna d'ombrage ni aux uns ni aux autres, parce que n'y aiant ni bois ni enfoncement, elle n'étoit point propre à des embuches. Il se faisoit des deux côtés quelques légéres escarmouches au milieu de la plaine. Néron paroissoit n'avoir d'autre but que de retenir Annibal, & d'empêcher qu'il ne lui échappât. Annibal, au contraire, cherchant à s'ouvrir un libre passage, faisoit tous ses efforts pour attirer Néron au combat. Alors le Consul, usant contre Annibal des ruses que celui-ci avoit employées tant de fois contre les Romains, détacha de son Armée un Corps d'Infanterie composé de cinq Cohortes & de (a) dix Compagnies, & leur ordonna de monter pendant la nuit sur le côteau, de descendre dans le vallon qui étoit derriére, & de s'y tenir cachés: stratagême qu'il crut devoir réussir avec d'autant plus de facilité, qu'une colline si nue & si découverte laissoit moins craindre de surprise. Il convint avec les deux Officiers qu'il envoyoit à la tête de ce détachement, du tems où ils sortiroient de leur embuscade, & viendroient attaquer les ennemis.


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Pour lui, dès la pointe du jour, il ran-

(a) Additis quinque manipulis. Le Manipule formoit deux Compagnies. La Cohorte contenoit trois Manipules. Chaque Manipule étoit de six-vingts hommes pour les Hastaires & les Princes, & de soixante seulement pour les Triaires.

Neron et Livius Cons.An. R. 545.Av. J. C.207.gea en bataille toutes ses troupes, tant Infanterie que Cavalerie. Dans le même moment, Annibal donna aussi aux siens le signal du combat. sur le champ ils courent aux armes, & sortent précipitamment hors de leurs retranchemens, traversant la plaine pour aller aux ennemis. Néron voyant qu'ils s'avançoient avec plus d'ardeur que d'ordre & de discipline, commanda à C. Aurunculeïus de faire partir les Cavaliers de la troisiéme Légion, dont il étoit Tribun, avec le plus d'impétuosité qu'il pourroit contre les Carthaginois, l'assurant que répandus pêle-mêle dans la plaine comme ils étoient, il seroit aisé de les rompre & de les écraser avant qu'ils se missent en bataille.


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Annibal n'étoit pas encore sorti de son camp, qu'il entendit les cris des combattans. Aussitôt il mena toutes ses troupes contre l'ennemi. Les Cavaliers que Néron avoit fait agir dès le commencement, avoient déja répandu la terreur dans les prémiers rangs des Carthaginois. La prémiére Légion, & un Corps à peu près égal d'Infanterie des Alliés, commençoient aussi à combattre. Les Carthaginois en desordre en venoient aux mains avec l'Infanterie ou la Cavalerie des ennemis, selon que le hazard les portoit d'un ou d'autre côté. Les renforts qu'on envoie coup sur coup pour soutenir les plus avancés, augmentent insensiblement la mêlée & le desordre. Malgré le tumulte & l'effroi des Carthaginois, Neron et Livius Cons.Annibal, en vieux & expérimenté CapiAn. R. 545.Av. J. C.207.taine, auroit mis en bataille tous ses gens, capables eux-mêmes de seconder son habileté par le grand usage qu'ils avoient de la guerre, si les cris des Cohortes & des Compagnies Romaines, qui fondoient du haut de la colline sur eux, & qui les attaquoient par derriére, ne lui eussent fait appréhender qu'on ne lui fermât le chemin de son camp. Voilà ce qui acheva de déconcerter les Carthaginois, & les obligea à prendre ouvertement la fuite.


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Le lendemain, Annibal se tint en repos dans son camp. Néron rangea les siens en bataille: mais voyant que personne ne paroissoit, il leur ordonna de ramasser les dépouilles des ennemis, & de réunir les corpsNeron et Livius Cons.An. R. 545.Av J. C.207.de leurs camarades en un tas pour leur donner la sépulture. Pendant plusieurs jours consécutifs, le Consul se présenta aux portes des Carthaginois avec tant de fierté, qu'il sembloit vouloir y donner l'assaut: jusqu'à ce qu'enfin Annibal aiant fait allumer un grand nombre de feux, & dresser plusieurs tentes dans la partie de son camp qui donnoit sur celui des ennemis, il en partit vers le milieu de la nuit, laissant un petit nombre de Numides, qui devoient se montrer aux portes & aux retranchemens, pendant qu'avec le reste de l'Armée il marchoit du côté de l'Apulie.


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Dès le matin, l'Armée Romaine, à son ordinaire, vint se présenter. Les Numides aiant paru pendant quelque tems sur les retranchemens, comme on le leur avoit ordonné, pour amuser les Romains, partirent à toute bride, & allérent rejoindre le gros de leur Armée. Le Consul voyant qu'il régnoit un grand silence dans le camp des Carthaginois, & que ceux même qu'il avoit vu le matin aller & venir aux portes étoient aussi disparus, y fit entrer deux Cavaliers, qui en aiant examiné toutes les parties avec soin, lui rapportérent qu'Annibal l'avoit absolument abandonné. Alors le Consul y entra avec ses troupes, & ne les y aiant laissées qu'autant de tems qu'il falut pour le parcourir & le piller, il les fit rentrer dans le sien avant la nuit.


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secondavantagede Néron

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Le lendemain, dès le matin, il se mit en marche; & suivant à grandes journées Neron et Livius Cons. les traces de l'Armée ennemie, il la joignitAn. R. 545.Av. J. C.207.sur Anni-bal.Liv.XXVII. 42. assez près de Venouse, où il la combattit encore, & tua deux mille Carthaginois. Annibal décampa de-là, & marchant toujours pendant la nuit & sur des hauteurs pour éviter d'en venir aux mains avec les ennemis, il gagna la ville de Métapont. Aussitôt il fit partir Hannon, qui commandoit dans le pays, avec un petit détachement, pour aller faire de nouvelles levées dans le pays des Brutiens; & aiant joint à son Armée le reste des troupes de cet Officier, il retourna sur ses pas à Venouse, & s'avança de-là jusqu'à Canouse. Néron n'avoit point cessé de le poursuivre; & lorsqu'il avoit marché vers Métapont, il avoit fait venir Q. Fulvius dans la Lucanie, pour ne point laisser ce pays sans défense.


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Asdrubal, après avoir été obligé de leLettresd'Asdrubalà Annibalintercep-tées.Liv.XXVII. 43.ver le siége de Plaisance, avoit fait partir quatre Cavaliers Gaulois & deux Numides, pour porter à Annibal les Lettres qu'il lui écrivoit. Ces Cavaliers, aiant traversé heureusement toute la longueur de l'Italie en passant toujours au milieu des ennemis, enfin, lorsqu'ils étoient prêts d'arriver, en cherchant à joindre Annibal qui se retiroit alors vers Métapont, ils furent portés par Neron et Livius Cons.An. R. 545.Av. J. C.207.des chemins qu'ils ne connoissoient pas jusqu'à Tarente. Là ils furent pris par des fourrageurs de l'Armée Romaine qui couroient la campagne, & menés au Propréteur Q. Claudius. Ils tâchérent d'abord d'éluder ses demandes par des réponses vagues: mais la crainte des tourmens, dont il étala l'appareil à leurs yeux, les aiant bientôt forcés de dire la vérité, ils lui avouérent qu'ils portoient des Lettres à Annibal de la part d'Asdrubal son frére. Claudius, sur le champ, fit conduire avec une bonne escorte les Cavaliers au Consul Néron, & lui fit rendre les Lettres cachetées comme elles l'étoient. Il apprit par la lecture de ces Lettres, qu'Asdrubal prétendoit se joindre à son frére dans l'Ombrie; & fut instruit encore plus à fond des desseins de ce Général, par les questions qu'il fit aux prisonDesseinhardi queforme Né-ron.niers, & par les réponses qu'il en tira. Mais il se persuada que, dans les conjonctures présentes, les Consuls ne devoient pas se contenter de faire la guerre suivant la méthode accoutumée, en se tenant renfermés chacun dans les bornes de leur département, pour faire tête à l'ennemi que le sénat leur avoit destiné. Qu'il faloit former quelque dessein grand, hardi, nouveau, & imprévu; dont le projet ne jettât pas moins de terreur parmi les Romains que parmi les Carthaginois; mais dont l'exécution heureuse changeât les allarmes des prémiers en une joie aussi grande qu'inespérée. Ce dessein étoit de tromper Annibal, en laissant Neron et Livius Cons. auprès de lui son camp toujours dans leAn. R. 545.Av. J. C.207. même état, de maniére qu'il pût croire que le Consul étoit présent; de traverser lui- même toute la longueur de l'Italie; d'aller se joindre à son collégue pour accabler Asdrubal, & de revenir ensuite dans son camp avant qu'Annibal se fût apperçu de son absence.


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Néron envoya les Lettres d'Asdrubal auxIl partpour allerjoindre Li-vius sonCollégue.Liv.XXVII. 44.App. 343. sénateurs, & les instruisit de ce qu'il avoit résolu de faire. Il leur donna différens avis sur les précautions qu'il croyoit qu'on devoit prendre dans la conjoncture présente. En même tems il dépêcha des Cavaliers dans tous les pays par où il devoit conduire son Armée, pour ordonner de sa part à tous les habitans des villes & des campagnes de tenir sur le chemin des vivres tout prêts pour la nourriture des soldats, d'y faire conduire des chevaux & d'autres bêtes de somme, pour porter ceux qui se trouveroient fatigués. Pour lui, il choisit dans toute son Armée ce qui s'y trouvoit de meilleures troupes, dont il forma un Corps de six mille hommes de pié, & de mille cavaliers, à qui il fit entendre qu'il vouloit attaquer une ville de Lucanie dans le voisinage de son camp, & surprendre la garnison Carthaginoise qui la défendoit: qu'ils fussent tout prêts à marcher quand il l'ordonneroit. Il partit de nuit, & prit sa route du côté du Picenum, (Marche d'Ancone) aiant laissé Q. Catius, un de ses Lieutenans, pour commander en son absence.


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An. R. 545.Av. J. C.207.Allarmede Romesur la nou-velle du dé-part de Né-ron.

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Cependant Néron étoit déja en marche.Néron dé-clare sondessein à sestroupes.Liv.XXVII. 45. Il n'avoit point d'abord fait connoître à ses soldats où il les menoit. Lorsqu'il eut fait assez de chemin pour pouvoir s'ouvrir à eux sans danger, il leur exposa son dessein, ajoutant: „Que jamais entreprise n'avoit été ni plus hazardeuse en apparence, ni plus sure en effet. Qu'il les menoit à une victoire certaine, puisque l'Armée de son collégue étant déja formidable par elle-même, pour peu qu'ils y ajoutassent de renfort ils ne pouvoient manquer de faire pancher la balance. Que la surprise seule que causeroit parmi les ennemis au moment du combat l'étrange nouvelle de l'arrivée d'un second Consul avec une Armée, suffisoit pour leur assurer la victoire. Que(a) dans la guerre tout dépend de la renommée, & que les plus légers motifs décident souvent de la confiance ou de la crainte du soldat. Qu'au res-

(a) Famam bellum conficere, & parva momenta in spem metumque impellere animos. Liv.

Neron et Livius Cons.An. R. 545.Av. J. C.207.te ils auroient tout l'honneur d'un succès, que les hommes, suivant leur maniére ordinaire de juger, attribueroient certainement tout entier à ceux qui seroient venus les derniers au secours des autres. Qu'ils voyoient eux-mêmes avec quel empressement les peuples venoient au devant d'eux: qu'ils entendoient les éloges que l'on donnoit à leur valeur, & les vœux que l'on faisoit pour leur prospérité.“