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On essayera de faire voir ce qu'étoient & la France & les autres Etats de l'Europe avant la naissance de Louis XIV; ensuite on décrira les grands événemens politiques & militaires de son Régne. On dira ce qui s'est passé de son tems au sujet de la Religion, qui ayant été donnée aux hommes comme la régle de la Morale, devient trop souvent entre leurs mains un des grands objets de la Po- litique. On parlera ensuite de la vie privée de Louis XIV, de cette vie toûjours égale, toûjours décente jusques dans DE LOUIS XIV. les plaisirs, modéle de la conduite de tout homme en place. Le Gouvernement interieur de son Royaume, objet bien plus important, contiendra aussi quelques Ar- ticles à part; enfin on traitera du progrès des Arts & des Sciences, & de l'Histoire de l'Esprit humain, principal objet de cet Ouvrage.


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On essayera de faire voir ce qu'étoient & la France & les autres Etats de l'Europe avant la naissance de Louis XIV; ensuite on décrira les grands événemens politiques & militaires de son Régne. On dira ce qui s'est passé de son tems au sujet de la Religion, qui ayant été donnée aux hommes comme la régle de la Morale, devient trop souvent entre leurs mains un des grands objets de la Po- litique. On parlera ensuite de la vie privée de Louis XIV, de cette vie toûjours égale, toûjours décente jusques dans DE LOUIS XIV. les plaisirs, modéle de la conduite de tout homme en place. Le Gouvernement interieur de son Royaume, objet bien plus important, contiendra aussi quelques Ar- ticles à part; enfin on traitera du progrès des Arts & des Sciences, & de l'Histoire de l'Esprit humain, principal objet de cet Ouvrage.


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Des Etats Chretiens De L'Europe avant Louis

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Ferdinand II, mort dans ses conjonctures, laissa tous ses Etats à son fils Ferdinand III, qui hérita de sa poli- tique, & fit comme lui, la Guerre de son Cabinet: il ré- gna pendant la minorité de Louïs XIV.


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Cette Guerre Civile, commencée dans la minorité de Louis XIV, empêcha pour un tems l'Angleterre d'entrer dans les intérêts de ses Voisins; elle perdit sa considération avec son bonheur; son Commerce fut interrompu; les autres Nations la crurent ensevelie sous ses ruïnes jusqu'au tems où elle devint tout-à- coup plus formidable que jamais, sous la Domination de Cromwel, qui l'assujettit, en portant l'Evangile dans une main, l'épée dans l'autre, le masque de la Religion sur le visage, & qui dans son Gouvernement, couvrit des qualitez d'un grand Roi tous les crimes d'un Usurpateur.


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L'esprit éclairé, qui régne en France depuis un siécle, & qui s'est étendu dans presque toutes les con- ditions, a été le meilleur remede à cet abus. Les bons Livres écrits sur cette matiére, sont des vrais services rendus aux Rois & aux Peuples, & un des grands chan- gemens, qui se soient faits par ce moyen dans nos mœurs sous Louis XIV, c'est la persuasion dans laquelle les Religieux commencent tous à être, qu'ils sont Su- jets du Roi avant, que d'être serviteurs du Pape. La Jurisdiction, cette marque essentielle de la Souverai- neté, est encore demeurée au Pontife Romain. La France même, malgré toutes ses Libertez de l'Eglise Gallicane, souffre que l'on appelle au Pape en dernier ressort dans les Causes Ecclésiastiques.


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Jamais Cour ne sçut mieux se conduire selon les hommes & selon les tems. Les Papes sont presque toûjours des Italiens, blanchis dans les affaires, sans passions qui les aveuglent; leur Conseil est composé de Cardinaux, qui leur ressemblent, & qui sont tous ani- mez du même esprit. De ce Conseil émanent des or- dres, qui vont jusqu'à la Chine & à l'Amérique; il em- DE LOUIS XIV. brasse en ce sens l'Univers; & on peut dire ce que di- soit autrefois un Etranger du Sénat de Rome: j'ai vû un Consistoire de Rois. La plûpart de nos Ecrivains se sont élevez avec raison contre l'ambition de cette Cour; mais je n'en vois point qui ait rendu assez de justice à sa prudence. Je ne sai, si une autre Nation eût pû conserver si long-tems dans l'Europe tant de pré- rogatives toujours combatues: toute autre Cour les eû peut-être perdues, ou par sa fierté, ou par sa mollesse, ou par sa lenteur, ou par sa vivacité; mais Rome, em- ployant presque toujours à propos la fermeté & la souplesse, a conservé tout ce qu'elle a pû humaine- ment garder. On la vit rampante sous Charles Quint, terrible à notre Roi Henri III, ennemie & amie tour- à-tour de Henri IV, adroite avec Louis XIII, opposée ouvertement à Louis XIV, dans le tems qu'il fut à craindre, & souvent ennemie secrete des Empereurs dont elle se défioit plus que du Sultan des Turcs.


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La Guerre ne se faisoit pas comme nous l'avons vu faire du tems de Louïs XIV; les Armées n'étoient ESSAI SUR LE SIECLE pas si nombreuses, aucun Général, depuis le siége de Metz par Charles Quint, ne s'étoit vû à la tête de cin- quante mille hommes: on assiégeoit & on défendoit les Places avec moins de canons qu'aujourd'hui. L'Art des Fortifications étoit encore dans son enfance; les piques & les arquebuses étoient en usage; on n'avoit pas perdu l'habitude des armes défensives, il restoit encore des anciennes Loix des Nations, celle de dé- clarer la Guerre par un Héraut. Louïs XIII fut le dernier qui observa cette coûtume. Il envoya un Hé- raut d'Armes à Bruxelles déclarer la Guerre à l'Espagne en 1635.


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On consultoit les Astrologues, & on y croyoit. Tous les Mémoires de ces tems-là, à commencer par l'Histoire du Président de Thou, sont remplis de Prédictions. Le grave & severe Duc de Sully, rap- porte sérieusement celles, qui furent faites à Henry IV. Cette crédulité, la marque la plus infaillible de l'igno- rance, étoit si accréditée, qu'on eut soin de tenir un Astrologue caché prés de la Chambre de la Reine Anne d'Autriche, au moment de la naissance de Louis XIV.


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En voilà assez pour faire connaître en général les mœurs & l'esprit du siécle, qui précéda celui de Louïs XIV.


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qu'on vit depuis dans le siécle qu'on appelle le siécle de Louïs XIV.


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LOUIS XIV.

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Cette seule erreur de nom étoit le prétexte des pré- tentions ambitieuses d'une Compagnie d'hommes de Loi, qui tous, pour avoir acheté leurs Offices de Robe, pen- soient tenir la place des Conquérans des Gaules, & des Seigneurs des Fiefs de la Couronne. Ce Corps en tous les tems avoit abusé du pouvoir que s'arroge nécessairement un Premier Tribunal toûjours subsistant dans une Capitale. Il avoit osé donner un Arrêt contre Charles VII, & le bannir du Royaume: il avoit commencé un Procès Criminel contre Henri III; il avoit en tous les tems résisté, autant qu'il l'avoit pû, à ses Souverains; & dans cette Minorité de Louis XIV, sous le plus doux des Gouvernemens, & sous la plus indulgénte des Reines, il vouloit faire la GuerreCivile à son Prince, à l'exemple de ce Parlement d'An- gleterre, qui tenoit alors son Roi prisonnier, & qui DE LOUIS XIV. lui fit trancher la tête. Tels étoient les discours & les pensées du Cabinet.


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Elle s'enfuit de Paris avec ses enfans, son Ministre, le Duc d'Orleans, frere de Louïs XIII, le Grand Condé lui - même, & alla à St. Germain; on fut obligé de met- tre en gages chez des Usuriers les Pierreries de la Cou- ronne. Le Roi manqua souvent du nécessaire. Les Pa- ges de sa Chambre furent congediez, parcequ'on n'avoit pas dequoi les nourrir. En ce tems-là même la tante de Louïs XIV, fille de Henry le Grand, femme du Roi d'Angleterre, réfugiée à Paris, y étoit réduite aux der- niéres extrémités de la pauvreté, & sa fille, depuis ma- riée au frere de Louïs XIV, restoit au lit n'ayant pas de- quoi se chauffer; sans que le Peuple de Paris, enyvré de ses fureurs, fît seulement attention aux afflictions de tan de personnes Royales.


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Elle s'enfuit de Paris avec ses enfans, son Ministre, le Duc d'Orleans, frere de Louïs XIII, le Grand Condé lui - même, & alla à St. Germain; on fut obligé de met- tre en gages chez des Usuriers les Pierreries de la Cou- ronne. Le Roi manqua souvent du nécessaire. Les Pa- ges de sa Chambre furent congediez, parcequ'on n'avoit pas dequoi les nourrir. En ce tems-là même la tante de Louïs XIV, fille de Henry le Grand, femme du Roi d'Angleterre, réfugiée à Paris, y étoit réduite aux der- niéres extrémités de la pauvreté, & sa fille, depuis ma- riée au frere de Louïs XIV, restoit au lit n'ayant pas de- quoi se chauffer; sans que le Peuple de Paris, enyvré de ses fureurs, fît seulement attention aux afflictions de tan de personnes Royales.