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Vers la fin de la campagne, les deux Consuls eurent également permission de revenir à Rome, avec cette différence pourtant, que Livius y ramena ses troupes, qui n'étoient plus nécessaires dans la Gaule; au- lieu que celles de Néron eurent ordre de rester dans la province, pour s'opposer aux desseins d'Annibal. Les deux Consuls, par les Lettres qu'ils s'écrivirent, convinrent que pour garder jusqu'au bout cette bonne intelligence qu'ils avoient observée jusques-là entre eux, ils régleroient leur dé- Neron et Livius Cons. part de deux provinces si éloignées, de faAn. R. 545.Av. J. C.207.çon qu'ils pussent arriver en même tems à Rome; & que celui qui seroit le prémier à(a) Préneste, y attendroit son collégue. Le hazard voulut qu'ils y vinssent le même jour. De-là ils envoyérent un courier à Rome, avec un Edit qui ordonnoit au sénat de s'assembler trois jours après dans le Temple de Bellone pour les recevoir.


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On va voir entre ces deux Généraux un rare exemple d'union & de concorde. Comme ils avoient agi avec un concert parfait dans la bataille & la victoire, ils voulurent aussi montrer le même concert dans le triomphe. Mais parce que l'action s'étoit passée dans la province de Livius; que c'étoit lui qui le jour de la bataille avoit eu les auspices & le commandement; & que son Armée étoit revenue à Rome avec lui, au- lieu que Néron avoit laissé la sienne dans la province; ils convinrent que le prémier entreroit dans la ville porté sur un char attelé de quatre chevaux, accompagné de son Armée; au-lieu que Néron seroit simplement à cheval sans aucune suite.


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L'argent qu'on avoit pris sur les ennemis, & qui montoit, selon Polybe, à plus de trois cens talens, (neuf cens mille livres,) fut porté dans le Trésor public. Livius distribua à chacun de ses soldats quatorze sesterces, (trente cinq sols.) Néron en promit autant aux siens, quand il seroit de retour à son Armée.


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On remarqua que le jour du triomphe, les soldats, qui étoient ceux de Livius, célébrérent Néron dans leurs chansons beaucoup plus que leur propre Général: que les Cavaliers donnérent mille louanges à L. Veturius & à Q. Cecilius Lieutenans des Consuls, & exhortérent le peuple à les nommer Consuls pour l'année suivante. Les Consuls eux-mêmes confirmérent ce témoignage avantageux de la Cavalerie, en faisant valoir, dans l'Assemblée du Peuple, les services de ces deux Officiers, dont la valeur & le zèle avoient beaucoup contribué à la victoire.


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Dans l'importante action que nous venons de rapporter, c'est-à-dire dans la défaite d'Asdrubal, qui eut de si grandes suites, & qui, à proprement parler, décida du sort de la seconde Guerre Punique, les Consuls font tous deux un beau & grand personnage; & il me semble que s'il faloit prendre parti pour l'un ou pour l'autre, on seroit embarrassé auquel des deux on devroit donner la préférence. La hardiesse Neron et Livius Cons. du dessein que forma Néron, la singularitéAn. R. 545.Av. J. C.207. de l'entreprise, jointe sur-tout à l'heureux succès dont elle fut suivie, jette un éclat qui frappe, qui étonne, & qui enléve les suffrages. Aussi voyons-nous que dans leur triomphe, quoique Livius parût seul donné en spectacle, l'Armée & le Peuple se déclarérent pour Néron, tous les yeux étoient attachés sur sa personne, & ce fut en sa faveur principalement que les louanges & les applaudissemens furent prodigués.


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D'un autre côté, la conduite de Livius n'est pas moins digne d'admiration. On sait combien les Généraux Romains, même les plus sages, étoient jaloux de la gloire de terminer seuls & par eux-mêmes une entreprise ou une guerre qu'ils avoient commencée, & combien ils craignoient qu'un Neron et Livius Cons. rival ne vînt la leur enlever, ou même laAn. R. 545.Av. J. C.207. partager avec eux. Livius ne fait rien paroître de cette foiblesse ordinaire aux plus grands hommes, ou plutôt de cette délicatesse de gloire & d'honneur. Il étoit en état d'arrêter & de vaincre par lui-même Asdrubal, ou du moins il pouvoit s'en flater. Cependant il voit sans jalousie son collégue, peu de tems auparavant son ennemi déclaré, venir partager avec lui l'honneur de la victoire. Il faloit que sa réconciliation eût été bien sincére, & qu'il y eût en lui un zèle pour l'intérêt de la patrie bien vif & bien dominant, pour étoufer absolument dans son cœur une sensibilité si naturelle à l'homme, & sur-tout à l'homme de guerre. On voit aussi par-là combien la réponse dure qu'on lui met dans la bouche à l'égard de Fabius, a peu de vraisemblance.


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D'un autre côté, la conduite de Livius n'est pas moins digne d'admiration. On sait combien les Généraux Romains, même les plus sages, étoient jaloux de la gloire de terminer seuls & par eux-mêmes une entreprise ou une guerre qu'ils avoient commencée, & combien ils craignoient qu'un Neron et Livius Cons. rival ne vînt la leur enlever, ou même laAn. R. 545.Av. J. C.207. partager avec eux. Livius ne fait rien paroître de cette foiblesse ordinaire aux plus grands hommes, ou plutôt de cette délicatesse de gloire & d'honneur. Il étoit en état d'arrêter & de vaincre par lui-même Asdrubal, ou du moins il pouvoit s'en flater. Cependant il voit sans jalousie son collégue, peu de tems auparavant son ennemi déclaré, venir partager avec lui l'honneur de la victoire. Il faloit que sa réconciliation eût été bien sincére, & qu'il y eût en lui un zèle pour l'intérêt de la patrie bien vif & bien dominant, pour étoufer absolument dans son cœur une sensibilité si naturelle à l'homme, & sur-tout à l'homme de guerre. On voit aussi par-là combien la réponse dure qu'on lui met dans la bouche à l'égard de Fabius, a peu de vraisemblance.


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pagne. Attale & sulpicius attaquent & prennent Orée. sulpicius est obligé de lever le siége de Chalcis. Description de l'Euripe. Attale est presque surpris par Philippe. Ce Prince retourne en Macédoine. Les Etoliens font la paix avec Philippe. Les Romains font aussi la paix avec ce Prince; & les Alliés de part & d'autre y sont compris. Département des nouveaux Consuls. Extinction du feu dans le Temple de Vesta. Culture des terres rétablie en Italie. E- loge d'Annibal. Eloge de scipion. Ré- flexion de Tite-Live sur les affaires d'Es- pagne. scipion remporte une grande victoire sur les Carthaginois commandés par Asdrubal & Magon. scipion re- tourne à Tarragone. Masinissa se joint aux Romains. scipion recherche l'a- mitié de syphax, va le trouver en A- frique, & s'y rencontre avec Asdrubal. scipion assiége & prend Illiturgis, & la détruit entiérement. Castulon se rend, & est traitée avec moins de sévérité. Jeux & Combats de Gladiateurs donnés par scipion, en l'honneur de son pére & de son oncle. Résolution horrible des habitans d'Astapa. Ils sont tous tués. Entreprise sur Cadix. Maladie de sci- pion, qui donne lieu à une sédition. Révolte des Romains campés à sucrone. scipion use d'une adresse infinie pour appaiser & punir la sédition.

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Italie où vous serez secondé de votre collégue & de ses troupes? La victoire encore toute récente des Consuls Claude & Livius ne nous apprend-elle pas de quelle importance il est que les deux Consuls agissent de concert? Annibal ne sera-t-il pas plus à craindre lorsqu'il combattra sous les murailles de Carthage, soutenu des forces de toute l'Afrique, que dans un petit coin du Brutiun. où il est aujourd'hui renfermé, & où il attend depuis si longtems de nouveaux renforts? Quel dessein, de mieux aimer combattre dans un lieu où vos forces seront moindres de la moitié, & celles de l'ennemi beaucoup plus grandes, qu'ici où vous aurez deux Armées à employer contre une seule, déja affoiblie par tant de combats, & fatiguée d'une guerre si pénible & si longue?

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Ces nouvelles allarmérent fort les sénateurs. Ils ordonnérent sur le champ au Proconsul M. Livius de conduire à Rimini l'Armée qu'il commandoit en Etrurie; & au Préteur Cn. servilius, de faire sortir de Rome, s'il croyoit que le bien de la République le demandât, les Légions de la ville. Il en donna le commandement à M. Valerius, qui les mena à Arretium.


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A peu près dans le même tems, les vaisseaux qu'on avoit envoyés de Carthage à Magon, arrivérent en Italie près de Gènes. Magon, en conséquence des ordres qu'il reçut, fit le plus de levées qu'il lui fut possible. Les Gaulois n'osoient pas lui fournir ouvertement des troupes, parce que l'Armée des Romains étoit actuellement sur leurs terres, ou dans le voisinage. M. Livius fit passer d'Etrurie en Gaule l'Armée qu'il commandoit, & se joignit à sp. Lucretius, dans le dessein ou d'aller au devant de Magon, en cas qu'il sortît de la Ligurie pour s'approcher de Rome; ou, si le Carthaginois demeuroit en repos dans un coin des Alpes, de rester dans le pays aux environs de Rimini, pour couvrir de-là l'Italie.


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Masinissa vient se joindre à scipion. Action de Cavalerie. Hannon est défait par scipion, & tué. scipion ravage l'Afrique. Il entreprend le siége d'Utique, & est obligé de l'interrompre. Con- vois envoyés à scipion. Le Consul sem- pronius est battu par Annibal, puis le bat à son tour avec beaucoup d'avanta- ge. Le Consul Cornelius contient l'Etrurie dans le devoir. Conduite bizarre & indécente des Censeurs Livius & Né- ron.

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A Rome, le Censeurs M. Livius & C. Claudius firent la revue du sénat. Q. Fabius Maximus fut nommé Prince du sénat pour la seconde fois. Ils mirent un nouvel impôt sur le sel, ou plutôt l'augmentérent; j'en ai parlé ailleurs. Le Dénombrement fut achevé plus tard que de coutume, parce que les Censeurs envoyérent dans les provinces pour savoir au juste le nombre des soldats dont chaque Armée étoit composée. Celui de tous les citoyens, en comptant les soldats, se trouva monter à deux cens quatorze mille hommes. Ce fut C. Claudius Néron qui ferma le lustre, c'est-à-dire, la cérémonie du Dénombrement.


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On commença ensuite la revue des Che-Conduitebisarre &indécentedes deuxCenseursLivius &Néron.Liv. XXIX.37.Val. Max.II. 9. valiers; & les deux Censeurs, par une circonstance qui paroit singuliére, étoient de ce nombre. Quand on fut venu à la Tribu Pollia, dans laquelle étoit M. Livius, comme le Crieur hésitoit à citer le Censeur lui- même, Citez M. Livius, lui dit Néron: &, soit qu'il conservât contre lui un reste d'inimitié, soit qu'il affectât mal-à-propos de faire paroître une austére sévérité, il obligea Livius à se (a) défaire de son cheval, sous prétexte qu'il avoit été condanné par le Peuple. M. Livius à son tour, dans la revue de la Tribu Narniensis, obligea Néron qui en étoit, à vendre son che-

(a) C'étoit le dégrader de sa qualité de Chevalier.

Cornel. et sempron. Cons.An. R. 548.Av. J. C.204.val, pour deux raisons: premiérement, pour avoir porté contre lui un faux témoignage: & en second lieu, parce qu'il ne s'étoit pas réconcilié de bonne foi avec lui. Ainsi tout le Peuple Romain fut témoin d'un démêlé très scandaleux entre deux Censeurs, qui s'acharnoient mutuellement à détruire chacun la réputation de son collégue aux dépens de la sienne propre. Lorsqu'il fut question de sortir de charge, C. Claudius jura, selon la coutume, qu'il n'avoit rien fait qui ne fût conforme aux Loix; & étant monté dans le Trésor public, il mit son collégue parmi le nombre de ceux à qui il laissoit le nom flétrissant de Tributaires, (a)Ærarios. M. Livius poussa encore plus loin la vengeance. Car étant venu après son collégue au Trésor public, excepté la Tribu Métia qui ne l'avoit ni condanné ni créé Consul & Censeur après sa condannation, il flétrit de la même ignominie tout le reste du Peuple Romain, c'est- à-dire trente-quatre Tribus entiéres: „En punition, ajouta-t-il, de ce qu'elles l'avoient condanné injustement, puis l'avoient nommé Consul & Censeur; ne pouvant nier qu'elles n'eussent péché, ou une fois dans le jugement qu'elles avoient porté contre lui, ou deux fois dans les Assemblées où elles l'avoient élevé aux charges depuis sa condannation. Il dit

(a) On appelloit ainsi ceux à qui les Censeurs ôtoient tout droit, toute marque de citoyen, excepté l'obligation de paier le tribut.

Cornel. et sempron. Cons. que Claudius se trouvoit compris dansAn. R. 548.Av. J. C.204. les trente-quatre Tribus; mais que s'il y avoit eu quelque exemple qu'un citoyen eût été en même tems condanné deux fois à une même peine, il n'auroit pas manqué d'imprimer cette note à C. Claudius nommément.“


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Citez M. Livius,