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Tite-Live

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Ce même Traité nous apprend que dès le tems des Rois, il y avoit à Rome des ci toyens qui s'appliquoient au trafic. Et cela étoit absolument nécessaire dans un Etat qui étoit obligé d'avoir recours aux autres peuples pour plusieurs besoins de la vie, & surtout pour ce qui regarde les provisions de Avant-propos. blé & les vivres. Il en est rarement parlé dans les Historiens. Tite-Live fait mentionAn. R.259.Liv. II. 27. du choix d'un Magistrat qui devoit être chargé du soin des vivres, & établir une société de Négocians. Dans la suite le trafic fut une des principales sources des richesses qu'acquéroient les Romains, soit en l'exerçant par eux-mêmes, soit en plaçant leur argent sur les vaisseaux, comme faisoit Caton le Censeur. Il est parlé dans sa viePlut. inCat. pag.349. d'une société de cinquante Négocians qui mettoient sur mer cinquante vaisseaux. Ce (a) célébre Romain faisoit cas & usage de cette maniére d'acquérir du bien. Cicéron s'explique encore plus nettement sur ce sujet, comme je l'ai déja marqué ailleurs. Quant (b) au trafic, dit-il, celui qui roule sur un grand négoce, & qui apportant de toutes parts une grande abondance des choses utiles à la vie, donne moyen à chacun de se fournir de ce qu'il lui faut, on ne sauroit le blâmer, lorsqu'il s'exerce sans fraude & sans mensonge. Il n'a rien même que d'honnête & de louable, si ceux qui s'y appliquent ne sont pas insatiables, & se contentent

(a) Est interdum præstare populo, mercaturis rem quærere, ni tam periculosum fiet. Cat. init. lib. de Re Rustica.

(b) Mercatura, si tenuis est, sordida putanda est. Sin magna & copiosa, multa undique apportans, multisque sine vanitate impertiens, non est admodum vituperanda. Atque etiam, si satiata quæstu, vel contenta potius ... videtur jure optimo posse laudari. Offic. I. 151.

Avant-propos. d'avoir gagné du bien jusqu'à un certain point.


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Liv.

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Rome alors se vit exposée, dans l'enceinte même de ses murs, à un extrême danger, dont elle fut préservée par un grand bonheur. Voici le fait. La chiourme, chez les Romains, étoit composée, partie d'affranchis, qui d'esclaves étoient devenus citoyens Romains; partie de soldats que fournissoient les Alliés. Ils étoient appellés les uns & les autres socii navales, comme on le voit dans plusieurs endroits de Liv.XXXVI.2 XXXVII.2. XL. 16.XLII. 27.Liv.XXIV.11.Tite-Live. Ils étoient enrôlés comme les soldats, & prêtoient serment comme eux. Dans la seconde Guerre Punique, comme le Trésor public étoit épuisé, on obligea les citoyens de fournir pour la chiourme, & d'entretenir à leurs frais & dépens certain nombre de leurs esclaves, réglé sur la quantité de leurs revenus. Dans le tems dont nous parlons, il y avoit à Rome quatre mille hommes, Samnites pour la plupart, envoyés par les Alliés pour remplir la chiourme. Comme ils avoient un éloignement déclaré du service de mer, ils ne cessoient de s'entretenir ensemble en secret du malheur où ils alloient être exposés. Les esprits s'échauférent à un tel point, qu'ils formérent le dessein de bruler & de piller la ville. Trois mille esclaves entré- L. Cornel. C. Aquil. Cons. rent dans leur complot. HeureusementAn. R.493.Av. J. C.259. un des Officiers des Samnites découvrit la conspiration, & en apprit tout le détail, dont il donna aussitôt avis au Sénat, qui l'étoufa dans sa naissance, & avant qu'elle éclatât.


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Ce fut l'an de Rome 488 que ce specVal. Max.II. 4.Liv. Epit.XVI.tacle fut donné pour la prémiére fois au Peuple Romain, lorsque les deux fréres M. & D. Brutus firent célébrer avec pompe les funérailles de leur pére. Cette coutume n'avoit pas les Romains pour auteurs. Elle étoit déja en usage chez d'autres peuples d'Italie, & Tite-Live enLiv. IX.40. parle sous l'an de Rome 444, comme d'une pratique usitée parmi les Campaniens, qui s'en donnoient même le barbare divertissement dans leurs repas. Les Romains ne donnérent d'abord des combats de Gladiateurs que dans les funérailles des Des Combats hommes illustres: mais dans la suite la pratique en devint toute commune, jusSenec. deBrevit. Vit.cap. XX.ques-là que les particuliers marquoient eux-mêmes dans leur testament combien ils vouloient qu'il y eût de couples de Gladiateurs qui combattissent ainsi après leur mort. Ces Gladiateurs étoient appellésBustuarii, parce qu'ils combattoient autour du bucher, bustum.


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Samnites. Ils étoient appellés ainsi sans doute, parce qu'ils étoient armés comme les Samnites, quelle que fût cette armure. Il en est souvent parlé dans les Auteurs. Tite-Live: Campani ab su LiviusIX.perbia, & odio Samnitium, gladiatores, quod spectaculum inter epulas erat, eo ornatu armarunt, Samnitiumque nomine ap pellarunt.Horace:


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Avant même que Rome fût devenue la capitale du Monde connu, Antiochus Epi phane Roi de Syrie avoit introduit dans ses Etats, à l'imitation de Rome, les combats de Gladiateurs. Tite-Live (a) observe que ce spectacle causa d'abord plus d'horreur

(a) Gladiatorum munus, Romanæ consuetudinis, primò majore cum terrore hominum insuetorum ad tale spectaculum, quàm voluptate, dedit: deinde, sæpius dando, & modò vulneribus tenus, modò sine missione etiam, familiare oculis gratumque id spectaculum fecit.

De Gladiateurs. que de plaisir aux spectateurs pour qui il étoit nouveau. Il falut les y accoutumer peu à peu & par degrés. Dans les commencemens, à la prémiére blessure le combat cessoit. Puis leurs yeux, par l'usage souvent réitéré, se familiarisérent avec le sang; & ce spectacle enfin, tout horrible qu'il étoit en lui-même, finissant pour l'ordinaire par la mort de l'un des combattans, devint leur divertissement le plus ordinaire & le plus agréable.


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Plutarque est, en ce point, réfuté par Tite-Live, qui,

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Les Tribuns ne s'en tinrent pas là. Dès qu'ils se furent arrogé le droit d'assembler le Peuple sans la permission du Sénat, ils s'en servirent aussitôt pour rendre fréquens les Comices par Tribus, & trouvérent peu de tems après le moyen d'attribuer aux Tribus l'élection des Magistrats Plébéïens, qui s'étoit faite jusqu'alors par les Curies: Entreprise, dit (a) Tite-Live, qui n'aiant

(a) Haud parva res, sub titulo prima specie minimè atroci, ferebatur; sed quæ patriciis omnem potestatem per clientium suffiagia creandi quos vellent Tribunos auferret. Liv. II. 56.

les Tribus de Rome. rien dans le dehors de choquant, n'effraya point d'abord, mais qui dans la suite donna une grande atteinte à l'autorité des Patriciens.


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Tite-Live s'est ici trompé, en ne lui donnant que quatorze ans,

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(a) Annibal fut donc envoyé en EspaCaractère d'Annibal.Liv.XXI. 4.

(a) Missus Annibal in Hispaniam, primo statim adventu omnem exercitum in se convertit. Amilcarem viventem redditum sibi veteres milites credere: eumdem vigorem in vultu, vimque in oculis, habitum oris, lineamentaque intueri. Deinde brevi effecit, ut pater in se minimum momentum ad favorem conciliandum esset. Nunquam ingenium idem ad res diversissimas, parendum atque imperandum habilius fuit. Itaque haud facilè discerneres, utrum impera tori an exercitui carior esset. Neque Asdrubal alium quemquam præficere malle, ubi quid strenuè ac fortiter agendum esset: neque milites alio duce plus confidere, aut audere. Plurimum audaciæ ad pericula capessenda, plurimum consilii inter ipsa pericula erat. Nullo labore aut corpus fatigari, aut animus vinci poterat. Caloris ac frigoris patientia par: cibi potionisque, desiderio naturali, non voluptate, modus finitus: vigiliarum somnique, nec die nec nocte discriminata tempora; id quod gerendis rebus superesset, quieti datum. Ea neque molli strato, neque silentio arcessita: multi sæpe militari sagulo opertum humi jacentem inter custodias stationesque militum conspexerunt. Vestitus nihil inter æquales excellens: arma atque equi conspiciebantur. Equitum peditumque idem longè primus erat. Princeps in prælium ibat: ultimus conserto prælio excedebat. Has tantas viri virtutes ingentia vitia æquabant: inhumana crudelitas, perfidia plusquàm Punica: nihil veri, nihil sancti, nullus deûm metus, nullum jusjurandum, nulla religio. Cum hac indole virtutum atque vitiorum, triennio sub Asdrubale imperatore meruit; nullâ re, quæ agenda videndaque magno futuro duci esset, prætermissâ. Liv. XXI. 4.

Pre'paratifs e'loigne'sgne: & à cette occasion voici comme Tite-Live trace son portrait. Dès qu'il parut dans l'Armée, il attira sur lui les yeux & la faveur des troupes. Les vieux soldats sur-tout croyoient voir revivre en lui Amilcar leur ancien Général. Ils remarquoient les mêmes traits, la même vigueur martiale dans l'air du visage, la même vivacité dans le regard. Mais bientôt cette ressemblance avec son pére devint le moindre des motifs qui lui gagnérent tous les cœurs. En effet, jamais un même caractére ne fut plus heureusement disposé que le sien à deux choses aussi contraires que le paroissent l'obéissance & le commandement. Aussi eût-il été difficile de décider qui le chérissoit davantage du Général ou des Soldats. S'il s'agissoit d'exécuter quelque entreprise qui deman doit de la vigueur & du courage, Asdru bal le choisissoit préférablement à tout autre: & les troupes n'avoient jamais plus de confiance, que quand elles marchoient sous sa conduite. Personne n'avoit plus de valeur que lui, lorsqu'il faloit s'exposer au péril: personne n'avoit plus de présence d'esprit dans le péril même. Nulle fatigue ne pouvoit domter, ni les forces de a la II. Guerre Punique. son corps, ni la fermeté de son courage. Il supportoit également & le froid, & le chaud. Le plaisir n'avoit aucune part à ses repas, & il régloit le boire & le manger sur la simple nécessité, & sur les be soins de la nature. Il ne connoissoit point la distinction du jour & de la nuit, pour marquer les heures du travail ou du repos. Il donnoit au sommeil le tems qui lui restoit après qu'il avoit terminé ses affaires; & il ne cherchoit, pour l'inviter, ni le silence, ni un lit mollet & délicat. On le trouvoit souvent couché par terre enveloppé dans une casaque de soldat parmi les sentinelles & les corps de garde. Il ne se distinguoit point de ses égaux par la ma gnificence de ses habits, mais par la bonté de ses chevaux & de ses armes. Il étoit en même tems le meilleur homme de pie & le meilleur cavalier de l'Armée. Il alloit toujours le prémier au combat, & n'en revenoit jamais que le dernier. De si grandes qualités se trouvoient jointes en lui à des vices qui n'étoient pas moins grands: une cruauté inhumaine, une perfidie plus que Carthaginoise: nul respect pour la Vérité, ni pour ce qu'il y a de plus sacré parmi les hommes: nulle crain te des Dieux, nul égard pour la sainteté des Sermens, nul sentiment de Religion. Avec ce mêlange de vertus & de vices, il servit trois ans sous Asdrubal, pendant lesquels il s'appliqua avec une attention infinie à voir faire aux plus habiles, & à pra- Pre'paratifs e'loigne's tiquer lui-même dans l'occasion, tout ce qui peut former un grand Capitaine. Nous examinerons dans la suite, si les traits vi cieux, dont Tite-Live a composé une partie du portrait d'Annibal, lui conviennent tous véritablement.


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(a) Annibal fut donc envoyé en EspaCaractère d'Annibal.Liv.XXI. 4.

(a) Missus Annibal in Hispaniam, primo statim adventu omnem exercitum in se convertit. Amilcarem viventem redditum sibi veteres milites credere: eumdem vigorem in vultu, vimque in oculis, habitum oris, lineamentaque intueri. Deinde brevi effecit, ut pater in se minimum momentum ad favorem conciliandum esset. Nunquam ingenium idem ad res diversissimas, parendum atque imperandum habilius fuit. Itaque haud facilè discerneres, utrum impera tori an exercitui carior esset. Neque Asdrubal alium quemquam præficere malle, ubi quid strenuè ac fortiter agendum esset: neque milites alio duce plus confidere, aut audere. Plurimum audaciæ ad pericula capessenda, plurimum consilii inter ipsa pericula erat. Nullo labore aut corpus fatigari, aut animus vinci poterat. Caloris ac frigoris patientia par: cibi potionisque, desiderio naturali, non voluptate, modus finitus: vigiliarum somnique, nec die nec nocte discriminata tempora; id quod gerendis rebus superesset, quieti datum. Ea neque molli strato, neque silentio arcessita: multi sæpe militari sagulo opertum humi jacentem inter custodias stationesque militum conspexerunt. Vestitus nihil inter æquales excellens: arma atque equi conspiciebantur. Equitum peditumque idem longè primus erat. Princeps in prælium ibat: ultimus conserto prælio excedebat. Has tantas viri virtutes ingentia vitia æquabant: inhumana crudelitas, perfidia plusquàm Punica: nihil veri, nihil sancti, nullus deûm metus, nullum jusjurandum, nulla religio. Cum hac indole virtutum atque vitiorum, triennio sub Asdrubale imperatore meruit; nullâ re, quæ agenda videndaque magno futuro duci esset, prætermissâ. Liv. XXI. 4.

Pre'paratifs e'loigne'sgne: & à cette occasion voici comme Tite-Live trace son portrait. Dès qu'il parut dans l'Armée, il attira sur lui les yeux & la faveur des troupes. Les vieux soldats sur-tout croyoient voir revivre en lui Amilcar leur ancien Général. Ils remarquoient les mêmes traits, la même vigueur martiale dans l'air du visage, la même vivacité dans le regard. Mais bientôt cette ressemblance avec son pére devint le moindre des motifs qui lui gagnérent tous les cœurs. En effet, jamais un même caractére ne fut plus heureusement disposé que le sien à deux choses aussi contraires que le paroissent l'obéissance & le commandement. Aussi eût-il été difficile de décider qui le chérissoit davantage du Général ou des Soldats. S'il s'agissoit d'exécuter quelque entreprise qui deman doit de la vigueur & du courage, Asdru bal le choisissoit préférablement à tout autre: & les troupes n'avoient jamais plus de confiance, que quand elles marchoient sous sa conduite. Personne n'avoit plus de valeur que lui, lorsqu'il faloit s'exposer au péril: personne n'avoit plus de présence d'esprit dans le péril même. Nulle fatigue ne pouvoit domter, ni les forces de a la II. Guerre Punique. son corps, ni la fermeté de son courage. Il supportoit également & le froid, & le chaud. Le plaisir n'avoit aucune part à ses repas, & il régloit le boire & le manger sur la simple nécessité, & sur les be soins de la nature. Il ne connoissoit point la distinction du jour & de la nuit, pour marquer les heures du travail ou du repos. Il donnoit au sommeil le tems qui lui restoit après qu'il avoit terminé ses affaires; & il ne cherchoit, pour l'inviter, ni le silence, ni un lit mollet & délicat. On le trouvoit souvent couché par terre enveloppé dans une casaque de soldat parmi les sentinelles & les corps de garde. Il ne se distinguoit point de ses égaux par la ma gnificence de ses habits, mais par la bonté de ses chevaux & de ses armes. Il étoit en même tems le meilleur homme de pie & le meilleur cavalier de l'Armée. Il alloit toujours le prémier au combat, & n'en revenoit jamais que le dernier. De si grandes qualités se trouvoient jointes en lui à des vices qui n'étoient pas moins grands: une cruauté inhumaine, une perfidie plus que Carthaginoise: nul respect pour la Vérité, ni pour ce qu'il y a de plus sacré parmi les hommes: nulle crain te des Dieux, nul égard pour la sainteté des Sermens, nul sentiment de Religion. Avec ce mêlange de vertus & de vices, il servit trois ans sous Asdrubal, pendant lesquels il s'appliqua avec une attention infinie à voir faire aux plus habiles, & à pra- Pre'paratifs e'loigne's tiquer lui-même dans l'occasion, tout ce qui peut former un grand Capitaine. Nous examinerons dans la suite, si les traits vi cieux, dont Tite-Live a composé une partie du portrait d'Annibal, lui conviennent tous véritablement.


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Polybe, dont Tite-Live a tiré tout ce raisonnement, ajoute une réflexion, que celui-ci n'auroit pas dû omettre. Ce seroit, dit-il, se tromper grossiérement, que de re garder la prise de Sagonte par Annibal comme la prémiére & véritable cause de la seconde Guerre Punique. Elle en fut le commencement, mais non la cause. Le regret qu'eurent les Carthaginois d'avoir cédé trop facilement la Sicile par le Traité de Luta tius qui termina la prémiére Guerre Punique; l'injustice & la violence des Romains, qui profitérent des troubles excités dans l'Afrique pour enlever encore la Sardaigne aux Carthaginois, & pour leur imposer un nou veau tribut; enfin les heureux succès & les conquêtes de ces derniers dans l'Espagne, qui donnérent de l'inquiétude aux uns, & inspirérent du courage & de la fierté aux autres: voilà quelles furent les véritables causes de la rupture du Traité. Si l'on s'en tenoit simplement à la prise de Sagonte, P. Cornel. Ti. Sempron. Cons. tout le tort seroit du côté des Carthaginois,An. R.534.Av. J. C.218. qui ne pouvoient, sous aucun prétexte raisonnable, assiéger une ville comprise certainement, comme Alliée de Rome, dans le Traité de Lutatius. Les Sagontins, il est vrai, n'avoient pas encore fait alliance avec les Romains lors de ce Traité: mais il est évident que ce même Traité n'ôtoit point aux deux Peuples la liberté de faire de nouveaux Alliés. A n'envisager les choses que de ce côté, les Carthaginois auroient été absolument inexcusables. Mais si l'on remonte plus haut, & qu'on aille jusqu'au tems où la Sardaigne fut enlevée par force aux Carthaginois, & où sans aucune raison on leur imposa un nouveau tribut; il faut avouer (c'est toujours Polybe qui parle) que sur ces deux points la conduite des Romains ne peut être excusêe en aucune sorte, étant fondée uniquement sur l'injustice & sur la violence. Certainement c'est une tache à leur gloire, que nulle de leurs plus belles actions ne peut effacer. Je demande seulement si l'injustice notoire des Romains qui étoit précédente, dispensoit les Carthaginois d'observer un Traité conclu dans toutes les formes, & si c'étoit une raison légitime d'entrer en guerre avec eux? Il est bien rare que dans ces sortes de discussions de Traités on agisse de bonne foi, & qu'on se fasse un devoir de n'y suivre pour guide & pour interpréte que la justice.


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Cependant les deux partis, envoyés de côté & d'autre pour reconnoitre l'ennemi s'étant rencontrés, se livrérent un combat plus acharné & plus sanglant qu'on ne devoit P. Cornel. Ti. Sempron. Cons. l'attendre d'un si petit nombre. PresqueAn. R.534.Av. J. C.218. tous furent blessés. Le nombre des morts fut à peu près égal de part & d'autre. Et ce ne fut qu'après une résistance opiniâtre, que les Numides prirent la fuite, & abandeux partis.Polyb. III.198Liv. XXI.29.donnérent la victoire aux Romains, qui commençoient de leur côté à être extrêmement fatigués. Il resta sur la place du côté des victorieux cent soixante soldats, tant Romains que Gaulois; les vaincus y en laissérent plus de deux cens. Cette ac tion, qui fut tout à la fois, dit Tite-Li ve, & le commencement de cette guerre & le présage de l'événement, fit juger que si les Romains avoient à la fin l'avantage, au moins achetteroient-ils bien cher la victoire. Après ce combat, les Romains en poursuivant l'ennemi s'approchérent des retranchemens des Carthaginois, examinérent tout de leurs propres yeux, & coururent aussitôt en rendre compte au Consul.


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Le texte de Polybe tel que nous l'avons, & celui de Tite-Live, mettent cette Ile entre la Saonne & le Rhône, c'est-à-dire à l'endroit où Lyon a été bâtie. On prétend que c'est une faute. Il y avoit dans le Grec