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Le lendemain, pour faire diversion à la tristesse de ce Prince, il assembla l'Ar- Cepion et Geminus Cons. mée, & là en présence de toutes les trouAn. R. 549.Av. J. C.203.pes, après l'avoir appellé & reconnu Roi au nom du Peuple Romain, après l'avoir comblé des louanges les plus flateuses, il lui fit présent d'une couronne & d'une coupe d'or, d'une Chaire Curule, d'un sceptre d'ivoire, d'une robe de pourpre brodée, & d'une tunique ornée de palmes aussi en broderie, ajoutant que c'étoient-là les plus superbes ornemens des Triomphateurs, & que Masinissa étoit le seul entre tous les Etrangers que le Peuple Romain jugeât digne de pareilles marques d'honneur. Il combla aussi de louanges Lelius, & lui donna une couronne d'or. Il récompensa ensuite tous les autres Officiers, chacun à proportion des services qu'il avoit rendus. Ces honneurs accordés à Masinissa adoucirent beaucoup sa douleur, & lui firent espérer qu'après la mort de syphax il pourroit bien devenir maître de toute la Numidie.


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scipion aiant chargé Lelius de condui-Lelius con-duit à Ro.me syphax& les pri-sonniers.Liv. XXX.16. re à Rome syphax & les autres prisonniers, & fait partir avec lui les Ambassadeurs de Masinissa, alla une seconde fois camper auprès de Tunis, & acheva les fortifications qu'il y avoit commencées.


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Lelius con-duit à Ro.me syphax& les pri-sonniers.Liv. XXX.16.

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Lelius ar-rive à Ro-me. La nou-velle desvictoiresremportéesen Afrique,y cause unegrande joie.Liv. XXX.17.

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Cependant Lelius étoit arrivé à Rome il y avoit déja plusieurs jours, avec syphax & les plus considérables des prisonniers Numides. Il exposa au sénat tout ce qui s'étoit passé en Afrique; ce qui causa une grande joie pour le présent, & donna de grandes espérances pour l'avenir. Les sénateurs aiant délibéré sur ce rapport, furent d'avis que l'on gardât syphax à Albe, & que l'on retînt Lelius à Rome jusqu'à l'arrivée des Ambassadeurs de Carthage. De plus, on ordonna des actions de graces aux Dieux, dont la solennité dureroit quatre jours; & le Préteur P. Elius, aiant congédié le sénat, & convoqué l'Assemblée du Peuple, monta sur la Tribune aux Harangues avec Lelius. Dès que les citoyens eurent appris de la bouche même du Lieutenant de scipion que les Armées des Carthaginois avoient été défaites & mises en Cepion et Geminus Cons. déroute, qu'un Roi célébre & puissant aAn. R. 549.An. J. C.203.voit été fait prisonnier, & que toute la Numidie avoit été soumise, ils s'abandonnérent à une joie démesurée, qu'ils témoignoient par des cris & autres mouvemens impétueux, qui sont ordinaires à la multitude en de pareilles occasions. C'est pourquoi le Préteur ordonna sur le champ que les Temples fussent ouverts par toute la ville, & qu'on laissàt au peuple la liberté de les visiter pendant tout le jour, & de rendre aux Dieux les actions de graces qu'ils méritoient pour de si grands bienfaits. Cette vive reconnoissance parmi un peuple idolâtre, est pour nous une grande leçon, & souvent un grand reproche.


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Cependant Lelius étoit arrivé à Rome il y avoit déja plusieurs jours, avec syphax & les plus considérables des prisonniers Numides. Il exposa au sénat tout ce qui s'étoit passé en Afrique; ce qui causa une grande joie pour le présent, & donna de grandes espérances pour l'avenir. Les sénateurs aiant délibéré sur ce rapport, furent d'avis que l'on gardât syphax à Albe, & que l'on retînt Lelius à Rome jusqu'à l'arrivée des Ambassadeurs de Carthage. De plus, on ordonna des actions de graces aux Dieux, dont la solennité dureroit quatre jours; & le Préteur P. Elius, aiant congédié le sénat, & convoqué l'Assemblée du Peuple, monta sur la Tribune aux Harangues avec Lelius. Dès que les citoyens eurent appris de la bouche même du Lieutenant de scipion que les Armées des Carthaginois avoient été défaites & mises en Cepion et Geminus Cons. déroute, qu'un Roi célébre & puissant aAn. R. 549.An. J. C.203.voit été fait prisonnier, & que toute la Numidie avoit été soumise, ils s'abandonnérent à une joie démesurée, qu'ils témoignoient par des cris & autres mouvemens impétueux, qui sont ordinaires à la multitude en de pareilles occasions. C'est pourquoi le Préteur ordonna sur le champ que les Temples fussent ouverts par toute la ville, & qu'on laissàt au peuple la liberté de les visiter pendant tout le jour, & de rendre aux Dieux les actions de graces qu'ils méritoient pour de si grands bienfaits. Cette vive reconnoissance parmi un peuple idolâtre, est pour nous une grande leçon, & souvent un grand reproche.


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Cependant Lelius étoit arrivé à Rome il y avoit déja plusieurs jours, avec syphax & les plus considérables des prisonniers Numides. Il exposa au sénat tout ce qui s'étoit passé en Afrique; ce qui causa une grande joie pour le présent, & donna de grandes espérances pour l'avenir. Les sénateurs aiant délibéré sur ce rapport, furent d'avis que l'on gardât syphax à Albe, & que l'on retînt Lelius à Rome jusqu'à l'arrivée des Ambassadeurs de Carthage. De plus, on ordonna des actions de graces aux Dieux, dont la solennité dureroit quatre jours; & le Préteur P. Elius, aiant congédié le sénat, & convoqué l'Assemblée du Peuple, monta sur la Tribune aux Harangues avec Lelius. Dès que les citoyens eurent appris de la bouche même du Lieutenant de scipion que les Armées des Carthaginois avoient été défaites & mises en Cepion et Geminus Cons. déroute, qu'un Roi célébre & puissant aAn. R. 549.An. J. C.203.voit été fait prisonnier, & que toute la Numidie avoit été soumise, ils s'abandonnérent à une joie démesurée, qu'ils témoignoient par des cris & autres mouvemens impétueux, qui sont ordinaires à la multitude en de pareilles occasions. C'est pourquoi le Préteur ordonna sur le champ que les Temples fussent ouverts par toute la ville, & qu'on laissàt au peuple la liberté de les visiter pendant tout le jour, & de rendre aux Dieux les actions de graces qu'ils méritoient pour de si grands bienfaits. Cette vive reconnoissance parmi un peuple idolâtre, est pour nous une grande leçon, & souvent un grand reproche.


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On avoit déja congédié Lelius & lesLes Am-bastadeursde Carthagede mandentla paix auxRomains.Ils sont ren-voyés à sci-pion.Liv.XXX. 22. Ambassadeurs de Masinissa, lorsqu'on apprit que ceux de Carthage, qu'on avoit envoyés pour demander la paix, étoient abordés à Pouzzoles, d'où ils devoient venir par terre à Rome. On crut devoir rappeller Lelius, pour traiter de la paix en sa présence. On ne reçut point les Ambassadeurs dans la ville. Ils furent logés dans une maison de campagne qui appartenoit à la République, & ils eurent audience dans le Temple de Bellone. Ils y tinrent à peu près le même langage dont ils avoient usé en parlant à scipion, imputant au seul Annibal toute la cause de cette guerre. „Que c'étoit sans l'ordre du sénat qu'il avoit passé l'Ebre, puis les Alpes; & que c'étoit de sa propre autorité qu'il avoit dé-

(a) Adeo, ne advenientem quidem gratiam homines benignè accipere, nedum ut præteritæ satis memores sint!

Cepion et Geminus Cons.An. R. 549.Av. J. C.203.claré la guerre, d'abord aux sagontins, & depuis aux Romains eux-mêmes. Mais, qu'à juger sainement des choses, le Traité d'alliance, qui avoit été fait du tems & par l'entremise du Consul Lutatius, n'avoit encore souffert aucune atteinte de la part du sénat & du Peuple de Carthage. Que pour ces raisons, toutes leurs instructions se bornoient à demander l'observation de la paix qui avoit été conclue pour-lors entre les Romains & les Carthaginois.“


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On avoit déja congédié Lelius & lesLes Am-bastadeursde Carthagede mandentla paix auxRomains.Ils sont ren-voyés à sci-pion.Liv.XXX. 22. Ambassadeurs de Masinissa, lorsqu'on apprit que ceux de Carthage, qu'on avoit envoyés pour demander la paix, étoient abordés à Pouzzoles, d'où ils devoient venir par terre à Rome. On crut devoir rappeller Lelius, pour traiter de la paix en sa présence. On ne reçut point les Ambassadeurs dans la ville. Ils furent logés dans une maison de campagne qui appartenoit à la République, & ils eurent audience dans le Temple de Bellone. Ils y tinrent à peu près le même langage dont ils avoient usé en parlant à scipion, imputant au seul Annibal toute la cause de cette guerre. „Que c'étoit sans l'ordre du sénat qu'il avoit passé l'Ebre, puis les Alpes; & que c'étoit de sa propre autorité qu'il avoit dé-

(a) Adeo, ne advenientem quidem gratiam homines benignè accipere, nedum ut præteritæ satis memores sint!

Cepion et Geminus Cons.An. R. 549.Av. J. C.203.claré la guerre, d'abord aux sagontins, & depuis aux Romains eux-mêmes. Mais, qu'à juger sainement des choses, le Traité d'alliance, qui avoit été fait du tems & par l'entremise du Consul Lutatius, n'avoit encore souffert aucune atteinte de la part du sénat & du Peuple de Carthage. Que pour ces raisons, toutes leurs instructions se bornoient à demander l'observation de la paix qui avoit été conclue pour-lors entre les Romains & les Carthaginois.“


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Alors on les fit sortir du sénat, & l'on recueillit les voix. M. Livius vouloit qu'on fît venir le Consul C. servilius, qui étoit le moins éloigné, pour délibérer de la paix en sa présence. Il représenta „que l'affaire étant des plus importantes, il ne Cepion et Geminus Cons. paroissoit pas qu'il fût de la dignité duAn. R. 549.Av. J. C.203. Peuple Romain qu'on la décidât sans la participation des deux Consuls, ou au moins de l'un d'entre eux“. Q. Metellus, toujours favorable à scipion, dit: „Que, comme c'étoit P. scipion qui, en taillant en piéces les Armées des Carthaginois, & en ravageant leurs campagnes, les avoit réduits à la nécessité de demander humblement la paix, personne ne pouvoit mieux juger de l'intention avec laquelle ils faisoient cette démarche, que celui qui menaçoit actuellement les murailles de Carthage. Qu'il croyoit donc que c'étoit uniquement sur ses conseils qu'il faloit se régler pour leur accorder la paix, ou pour la leur refuser“. M. Valerius Levinus, qui avoit été Consul avec Marcellus, soutenoit „que c'étoient des Espions & non des Ambassadeurs, qui étoient venus de Carthage; & il conclut qu'il faloit leur ordonner de sortir incessamment de l'Italie, & leur donner des gardes pour les conduire jusqu'à leurs vaisseaux, & cependant écrire à scipion qu'il continuât la guerre sans relâche“. Lelius & Fulvius ajoutoient, „Que scipion n'avoit compté sur la paix, qu'autant que Magon & Annibal ne seroient point rappellés d'Italie. Que les Carthaginois ne refuseroient aucune condition, tant qu'ils attendroient ces deux Généraux & leurs Armées: mais qu'ils ne les verroient pas plutôt de retour, que, sans Cepion et Geminus Cons.An. R. 549.Av. J. C.203.se soucier des Traités ni des Dieux mêmes, ils reprendroient aussitôt les armes“. Tout bien examiné, on s'en tint à l'avis de Levinus, & les Ambassadeurs furent renvoyés sans avoir rien obtenu, & presque sans réponse.


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C'est après cette double rupture de la tréve que Lelius & Fulvius arrivérent de Rome dans le camp de scipion avec les Cepion et Geminus Cons. Députés de Carthage. Ce Général pouvoitAn. R. 549.Av. J. C.203. user de represailles. Mais, ne songeant pour toute vengeance qu'à surpasser en vertu les Carthaginois, & à opposer sa généreuse probité à leur mauvaise foi, il les renvoya après leur avoir dit: „Qu'encore que les Carthaginois eussent non seulement rompu la tréve en attaquant ses vaisseaux, mais même violé le Droit des Gens en insultant ses Ambassadeurs; cependant il ne se conduiroit point à leur égard d'une maniére qui pût démentir ou la gravité Romaine, ou sa propre générosité“. Dès qu'ils furent partis, il se mit en état de continuer la guerre comme il l'avoit commencée.


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Voici de quelle maniére scipion rangeascipionrange sonArmée enbataille.Polyb. XV.697.Liv. XXX.33.Appian. 22. ses troupes en bataille. Il mit à la prémiére ligne les Hastaires, laissant des intervalles entre les Cohortes: à la seconde les Princes, plaçant leurs Cohortes, non derriére les intervalles de la prémiére ligne comme c'étoit la coutume des Romains, mais derriére les Cohortes de cette prémiére ligne, afin de laisser des ouvertures aux éléphans de l'Armée ennemie qui étoient en très grand nombre. Les Triaires étoient à la troisiéme ligne dans le même ordre, & formoient le corps de réserve. Il plaça Lelius à l'aile gauche avec la Cavalerie Italienne, & Masinissa à la droite avec ses Numides. M. servil. T. Claud. Cons.An. R. 550.Av. J. C.202.Il mit dans les intervalles de la prémiére ligne des soldats armés à la légére, & leur donna ordre de commencer le combat; de maniére que s'ils ne pouvoient soutenir le choc des éléphans, il se retirassent, ceux qui seroient les plus légers à la course, derriére toute l'Armée, par les intervalles qui la traversoient en droite ligne; & ceux qui se verroient trop pressés, par les espaces d'entre les lignes à droit & à gauche, afin de laisser à ces animaux un passage dans lequel ils fussent exposés aux traits qu'on leur lanceroit de tous côtés.


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Tout étant prêt pour le combat, & les Cavaliers Numides aiant longtems escarmouché de part & d'autre, Annibal donna

(a) Celsus hæc corpore, vultuque ita læto, ut vicisse jam crederes, dicebat.

M. servil. T. Claud. Cons. ordre de mener les éléphans contre les enAn. R. 550.Av. J. C.202.Polyb. XV.700-702.Liv.XXX. 33-35.App. 23-26.nemis. Les Romains firent sonner aussitôt les trompettes, & poussérent en même tems de si grands cris, que les éléphans qui marchoient contre la droite des Romains retournérent en arriére, & mirent le desordre parmi les Maures & parmi les Numides qui formoient la gauche. Masinissa les voyant ébranlés, acheva aisément de les mettre en déroute. Le reste des éléphans s'avança entre les deux Armées dans la plaine, & fondit sur les armés à la légére des Romains, dont ils écrasérent un grand nombre, malgré la grêle des traits dont ils étoient eux-mêmes accablés de toutes parts. Enfin épouvantés, les uns enfilérent les intervalles que scipion avoit prudemment ménagés, les autres en fuyant revinrent sur l'aile droite, toujours poursuivis par la Cavalerie Romaine, qui à coups de traits les chassa jusques hors du champ de bataille. Lelius prit ce moment pour charger la Cavalerie Carthaginoise, qui tourna le dos, & s'enfuit à toute bride. Lelius la poursuivit avec ardeur, pendant que Masinissa faisoit la même chose de son côté.


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Quand ils furent sur le même front que les Hastaires, alors il se commença entre les deux partis un nouveau combat. L'Infanterie de part & d'autre s'ébranle, & charge avec beaucoup de courage & de vi- M. servil. T. Claud. Cons.An. R. 550.Av. J. C.202.gueur. Comme, des deux côtés, le nombre, la résolution, les armes étoient égales, & que l'opiniâtreté étoit si grande que l'on mouroit sur la place, où l'on combattoit plutôt que de lâcher pié, le sort du combat demeura longtems douteux, sans qu'on pût conjecturer qui demeureroit maître du champ de bataille. Les choses étant dans cet état, Lelius & Masinissa, après avoir poursuivi assez longtems la Cavalerie ennemie, revinrent fort à propos pour attaquer leur Infanterie par les derriéres. Ce fut cette derniére charge qui décida de la victoire. Un grand nombre des Carthaginois furent tués sur le champ de bataille, où ils se trouvérent investis presque de toutes parts. Plusieurs s'étant dispersés dans les plaines d'alentour, y furent accablés par la Cavalerie des Romains qui tenoient tout le pays. Les Carthaginois laissérent sur la place plus de vingt mille morts, tant de leurs citoyens que de leurs alliés. Il y en eut à peu près autant de pris, avec cent trente-trois drapeaux ou étendarts, & onze éléphans. Les vainqueurs ne perdirent que quinze cens hommes. Ainsi finit cette grande action, qui contribua beaucoup à rendre les Romains les Maîtres du Monde.


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Pour scipion, il fit porter dans ses vaisseaux le butin qui étoit fort considérable; & étant retourné lui-même au bord de la mer, il y apprit que P. Lentulus avoit abordé au camp des Romains près d'Utique avec cinquante gros vaisseaux, & cent barques chargées de toutes sortes de provisions. Croyant qu'il ne faloit pas donner aux Carthaginois le tems de se remettre de leur consternation, mais jetter de tous côtés en même tems la terreur dans le sein de la capitale, après avoir envoyé Lelius à Rome pour y porter la nouvelle de sa victoire, il ordonna à Cn. Octavius de con- M. servil. T. Claud. Cons. duire par terre les Légions jusqu'aux porAn. R. 550.Av. J. C.202.tes de Carthage; & lui-même, avec son ancienne Flotte & celle que venoit d'amener Lentulus, il partit de son camp devant Utique, & s'avança vers le port de Carthage.