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à Masinissa. Discours de sophonisbe à Masinissa. Masinissa épouse sophonisbe. syphax est amené dans le camp des Romains. Il tâche de se justifier devant scipion, en accusant sophonisbe. Re- proches de scipion à Masinissa, pleins de douceur & de ménagemens. Masi- nissa envoie du poison à sophonisbe. El- le l'avale avec fermeté. scipion console Masinissa, & le comble de louanges. Lelius conduit à Rome syphax & les prisonniers. Les Carthaginois envoient demander la paix à scipion. Conditions de paix proposées par scipion. Lelius arrive à Rome. Joie qu'y cause la nouvelle des victoires remportées en Afrique. Ambassadeurs de Masinissa bien reçus du sénat. Magon est vaincu. Il reçoit ordre de repasser en Afrique. Il meurt en chemin.

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à Masinissa. Discours de sophonisbe à Masinissa. Masinissa épouse sophonisbe. syphax est amené dans le camp des Romains. Il tâche de se justifier devant scipion, en accusant sophonisbe. Re- proches de scipion à Masinissa, pleins de douceur & de ménagemens. Masi- nissa envoie du poison à sophonisbe. El- le l'avale avec fermeté. scipion console Masinissa, & le comble de louanges. Lelius conduit à Rome syphax & les prisonniers. Les Carthaginois envoient demander la paix à scipion. Conditions de paix proposées par scipion. Lelius arrive à Rome. Joie qu'y cause la nouvelle des victoires remportées en Afrique. Ambassadeurs de Masinissa bien reçus du sénat. Magon est vaincu. Il reçoit ordre de repasser en Afrique. Il meurt en chemin.

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Après avoir pris des mesures si justes, scipion tint Conseil; & aiant ordonné à ceux qu'il avoit employés pour reconnoître l'état du camp des ennemis de rendre compte de ce qu'ils y avoient remarqué, & prié Masinissa qui en avoit une connoissan- Cepion et Geminus Cons. ce particuliére de dire ce qu'il pensoit, ilAn. R. 549.Av. J. C.203.écute heu-reusement.Polyb. XIV.679-682.Liv. XXX.5-7.Appian. deBello Pun,10-12. déclara enfin lui-même l'entreprise qu'il vouloit exécuter la nuit suivante, qui étoit de bruler les deux camps des ennemis. Il ordonna aux Tribuns de faire sortir les Légions du camp, au prémier signal qu'on leur donneroit après que l'on seroit sorti du Conseil. Les troupes prirent de la nourriture, & partirent, selon l'ordre qu'elles en avoient reçu, immédiatement après le coucher du soleil. Quelque tems après elles se mirent en ordre de bataille, & marchant au petit pas, elles arrivérent sur le minuit au camp des ennemis, distant du leur d'environ deux lieues. Là scipion, donnant une partie de ses troupes à Lelius, le chargea d'aller, accompagné de Masinissa & de ses Numides, attaquer le camp de syphax, & d'y mettre le feu. Et en même tems prenant Lelius & Masinissa à part, il les conjura de remédier par un redoublement de vigilance & d'attention au trouble que la nuit pouvoit apporter dans l'exécution d'une telle entreprise. Que pour lui il attaqueroit Asdrubal & les Carthaginois, mais qu'il ne commenceroit que quand il auroit vu le feu au camp de syphax.


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Après avoir pris des mesures si justes, scipion tint Conseil; & aiant ordonné à ceux qu'il avoit employés pour reconnoître l'état du camp des ennemis de rendre compte de ce qu'ils y avoient remarqué, & prié Masinissa qui en avoit une connoissan- Cepion et Geminus Cons. ce particuliére de dire ce qu'il pensoit, ilAn. R. 549.Av. J. C.203.écute heu-reusement.Polyb. XIV.679-682.Liv. XXX.5-7.Appian. deBello Pun,10-12. déclara enfin lui-même l'entreprise qu'il vouloit exécuter la nuit suivante, qui étoit de bruler les deux camps des ennemis. Il ordonna aux Tribuns de faire sortir les Légions du camp, au prémier signal qu'on leur donneroit après que l'on seroit sorti du Conseil. Les troupes prirent de la nourriture, & partirent, selon l'ordre qu'elles en avoient reçu, immédiatement après le coucher du soleil. Quelque tems après elles se mirent en ordre de bataille, & marchant au petit pas, elles arrivérent sur le minuit au camp des ennemis, distant du leur d'environ deux lieues. Là scipion, donnant une partie de ses troupes à Lelius, le chargea d'aller, accompagné de Masinissa & de ses Numides, attaquer le camp de syphax, & d'y mettre le feu. Et en même tems prenant Lelius & Masinissa à part, il les conjura de remédier par un redoublement de vigilance & d'attention au trouble que la nuit pouvoit apporter dans l'exécution d'une telle entreprise. Que pour lui il attaqueroit Asdrubal & les Carthaginois, mais qu'il ne commenceroit que quand il auroit vu le feu au camp de syphax.


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Le lendemain, scipion envoya à la pour-scipionsoumet tou-tes les vil-les qui é-toient de ladépendancede Cartha-ge.Polyb. XIV.685.Liv. XXX.9. suite des vaincus Lelius & Masinissa avec toute la Cavalerie Romaine & Numide, & un détachement d'Infanterie. Pour lui, avec le gros de l'Armée, il réduisit sous la puissance des Romains toutes les villes voisines qui étoient de la dépendance des Carthaginois, employant la crainte & la force contre celles qui refusoient de se rendre volontairement. Tout le pays, fatigué de la longueur de la guerre, & des impôts qu'il avoit falu paier pour la soutenir, étoit depuis longtems préparé à un soulévement général.


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Pendant le même tems Lelius & Masinissa arrivérent en Numidie après quinze jours de marche. Les Massyliens, sujets de Masinissa, se rendirent aussitôt avec beaucoup de joie & d'empressement auprès de leur Roi, dont ils souhaitoient depuis longtems le retour & le rétablissement. Quoique syphax, dont on avoit chassé de tout

(a) Major, quàm pro re, lætitia, sed eo gratior, quòd inter assiduas clades ac Iacrymas unum quantumcumque ex insperato gaudium affulserat. Liv.

Cepion et Geminus Cons. le pays les Lieutenans & les garnisons, seAn. R. 549.Av. J. C.203.velles trou-pes sur pié. tînt enfermé dans les bornes de son ancien Royaume, son dessein n'étoit pas d'y demeurer longtems. sa femme qu'il aimoit éperdument, & Asdrubal son beau-pére, le sollicitoient sans relâche à continuer la guerre; & les forces d'un Etat aussi puissant que le sien, qui abondoit en hommes & en chevaux, auroient pu donner du courage à un Prince encore moins féroce & moins présomtueux que lui. Aiant donc ramassé tout ce qu'il avoit de gens capables de servir, il leur distribua des chevaux & des armes, & rangea la Cavalerie par Escadrons, & l'Infanterie par Cohortes, comme il l'avoit autrefois appris des Centurions Romains que les*scipion lui avoient en-* Voyez To-me V. voyés d'Espagne. A la tête d'une Armée aussi nombreuse que celle qu'il avoit eue quelque tems auparavant, mais au reste composée de soldats enrôlés tout récemment, & sans aucune connoissance de la discipline militaire, il se crut en état d'aller chercher les Romains.


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Il est vain-cu par Le-lius & Ma-sinissa, &fait prison-nier.

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Dès que syphax se fut campé à la vueIl est vain-cu par Le-lius & Ma-sinissa, &fait prison-nier. de l'ennemi, il y eut de fréquentes escarmouches, qui engagérent bientôt un combat de Cavalerie dans les formes. Tant qu'elle agit seule, les Romains eurent de la peine à résister aux Masésyliens que syphax envoyoit par gros détachemens. Mais dès que les gens de pié, en passant par les intervalles que les Escadrons laissoient entre eux, eurent rassuré les Cavaliers, les Cepion et Geminus Cons.An. R. 549.Av. J. C.203.Barbares demeurérent étonnés de se voir sur les bras un ennemi auquel ils ne s'attendoient pas. Bientôt après ils s'arrêtérent, étant peu faits à ce genre de combat extraordinaire pour eux; & ils pliérent enfin tout-à-fait, la Cavalerie Romaine prenant sur eux, par le secours de ses Fantassins, une supériorité qu'elle n'avoit pas par elle- même. Déja les Légions approchoient. Les Masésyliens, loin d'être en état de leur résister, n'en purent pas même soutenir la vue, tant ils furent abattus, ou par le souvenir de leurs défaites passées, ou par la crainte qui les saisit dans ce moment. Là, pendant que syphax se jette à travers les Escadrons Romains, pour voir si la honte de l'abandonner seul au pouvoir des ennemis pourroit arrêter la fuite des siens, il tomba de son cheval qui avoit reçu une grande blessure, & aiant été fait prisonnier, fut mené à Lelius: spectacle bien doux pour Masinissa, détrôné autrefois par ce Prince! La plus grande partie des vaincus se réfugia à Cirta, capitale du Royaume de syphax. Le carnage fut moins grand dans ce combat, où la Cavalerie seule avoit donné. Il y eut environ cinq mille des ennemis tués sur la place, & plus de deux mille faits prisonniers à l'attaque du camp, où les vaincus s'étoient jettés en foule après avoir perdu leur Roi.


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Masinissa sut bien profiter de la victoire. Il représenta à Lelius „que s'il ne considéroit que ce qui lui seroit le plus agréa- Cepion et Geminus Cons. ble, rien ne pouvoit lui être plus douxAn. R. 549.Av. J. C.203. que d'aller se faire reconnoître dans son Royaume, où il venoit d'être rétabli. Mais il ajoutoit, que dans la bonne fortune comme dans la mauvaise, on ne devoit jamais perdre un moment. Que si Lelius lui permettoit de prendre les devans avec la Cavalerie, il marcheroit droit à Cirta, & qu'infailliblement il s'en rendroit maître en montrant aux habitans effrayés leur Roi prisonnier. Que Lelius le pouvoit suivre à petites journées avec l'Infanterie.“


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Masinissa sut bien profiter de la victoire. Il représenta à Lelius „que s'il ne considéroit que ce qui lui seroit le plus agréa- Cepion et Geminus Cons. ble, rien ne pouvoit lui être plus douxAn. R. 549.Av. J. C.203. que d'aller se faire reconnoître dans son Royaume, où il venoit d'être rétabli. Mais il ajoutoit, que dans la bonne fortune comme dans la mauvaise, on ne devoit jamais perdre un moment. Que si Lelius lui permettoit de prendre les devans avec la Cavalerie, il marcheroit droit à Cirta, & qu'infailliblement il s'en rendroit maître en montrant aux habitans effrayés leur Roi prisonnier. Que Lelius le pouvoit suivre à petites journées avec l'Infanterie.“


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Masinissa sut bien profiter de la victoire. Il représenta à Lelius „que s'il ne considéroit que ce qui lui seroit le plus agréa- Cepion et Geminus Cons. ble, rien ne pouvoit lui être plus douxAn. R. 549.Av. J. C.203. que d'aller se faire reconnoître dans son Royaume, où il venoit d'être rétabli. Mais il ajoutoit, que dans la bonne fortune comme dans la mauvaise, on ne devoit jamais perdre un moment. Que si Lelius lui permettoit de prendre les devans avec la Cavalerie, il marcheroit droit à Cirta, & qu'infailliblement il s'en rendroit maître en montrant aux habitans effrayés leur Roi prisonnier. Que Lelius le pouvoit suivre à petites journées avec l'Infanterie.“


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sophonisbe étoit à la fleur de son âge,An. R. 549.Av. J. C.203.Masinissaépouse so-phonisbe. & d'une rare beauté. ses priéres, qui ressembloient plutôt à des caresses, réveillérent aisément dans le cœur de Masinissa un feu mal éteint. Il ne put la voir, sans être attendri, tantôt embrasser ses genoux, tantôt lui baiser la main; & ce Prince victorieux, vaincu à son tour par les charmes de sa prisonniére, lui promit sans balancer ce qu'elle lui demandoit, & s'engagea à ne la point livrer au pouvoir des Romains. Il commença par promettre. La réflexion vint après. Plus il examina la promesse qu'il venoit de faire, plus il trouva de difficulté à l'accomplir. Dans cet embarras, il suivit aveuglément le conseil imprudent & téméraire que lui suggéra sa passion. Il prend le parti de l'épouser le jour même, afin que ni Lelius qui devoit arriver dans peu, ni scipion lui-même, ne prétendissent plus avoir droit de traiter comme leur prisonniére une Princesse devenue femme de Masinissa.


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Dès que la cérémonie fut achevée, & le mariage consommé, Lelius arriva; & loin d'approuver ce qui s'étoit passé, il fut sur le point de faire enlever sophonisbe du lit nuptial, pour l'envoyer à scipion avec syphax & les autres prisonniers. Mais il se laissa vaincre aux priéres de Masinissa, & voulut bien remettre la chose au jugement du Général. Il se contenta donc d'envoyer au camp syphax & les autres prisonniers, & il partit avec Masinissa pour achever la conquête de la Numidie.


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Ce discours, dicté encore plus par la jalousie que par la haine, fit naître de grandes inquiétudes dans l'esprit de scipion. La précipitation avec laquelle Masinissa avoit brusqué son mariage sans attendre & consulter Lelius, en faisant passer en un moment sophonisbe de la qualité de prisonniére à celle d'épouse, justifioit les reproches de syphax. Une conduite si peu mesurée choquoit d'autant plus scipion, que lui-même avoit toujours été insensible à la beauté des prisonniéres qu'il avoit faites en Espagne, quoiqu'il fût alors dans le plus grand feu de la jeunesse. son inquiétude étoit comment il pourroit ramener Masinissa à la raison, car il ne vouloit pas l'aliéner.


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Il étoit occupé de ces pensées, lorsque Lelius & Masinissa arrivérent. Il leur fit à tous deux un accueil également gracieux: il leur donna à l'un & à l'autre, en présence des principaux Officiers de l'Armée, toutes les louanges qui étoient dues à leurs exploits. Puis, tirant Masinissa en particu- Cepion et Geminus Cons. lier, il lui parla en ces termes. Je(a)An. R. 549.Av. J. C.203.crois, Prince, que c'est la vue de quelques bonnes qualités que vous avez cru remarquer en moi, qui vous a engagé, & à faire d'abord alliance avec moi en Espagne, & depuis mon arrivée en Afrique à me confier votre personne & toutes vos espérances. Or de toutes les vertus qui vous ont fait croire que je méritois d'être recherché de vous, celle dont je me fais le plus d'honneur, est la force à repousser les traits des passions trop ordinaires à notre âge. Je voudrois bien, Masinissa, qu'à toutes les grandes qualités qui vous rendent si estimable, vous ajoutassiez encore celle dont je parle. Non, Prince, croyez-moi, non certainement, nos ennemis les plus redoutables ne sont pas ceux qui nous attaquent les armes à la main: ce sont les plaisirs qui

(a) Aliqua te existimo, Masinissa, intuentem in me bona, & principio in Hispania ad jungendam mecum amicitiam venisse, & postea in Africa te ipsum, spesque omnes tuas, in fidem meam commisisse. Atqui nulla earum virtus est, propter quas appetendus tibi visus sum, qua ego æquè atque temperantia & continentia libidinum gloriatus fuerim. Hanc te quoque ad ceteras tuas eximias virtutes adjecisse velim. Non est, non (mihi crede) tantum ab hostibus armatis ætati nostræ periculum, quantum ab circumfusis undique voluptatibus. Qui eas suâ temperantiâ frenavit ac domuit, multo majus decus majoremque victoriam sibi peperit, quàm nos syphace victo habemus. Quæ me absente strenuè ac fortiter fecisti, libenter & commemoravi, & memini. Cetera te ipsum reputare tacum, quàm, me dicente, erubescere malo.

Cepion et Geminus Cons.An. R. 549.Av. J. C.203.nous tendent des piéges de toutes parts. Celui qui par sa vertu a su les domter & leur mettre un frein, peut se vanter d'avoir remporté une victoire bien plus illustre que n'est celle qui nous a rendu maîtres des Etats & de la personne de syphax. Je me suis fait un vrai plaisir de rendre témoignage en public aux grandes actions que vous avez faites en mon absence, & j'en conserve avec joie le souvenir. Al'égard du reste, j'aime mieux l'abandonner à vos réflexions, que de vous en faire rougir en vous le représentant. C'est par les forces & sous le commandement des Généraux du Peuple Romain que syphax a été vaincu & fait prisonnier. De-là il s'ensuit que lui, sa femme, son Royaume, ses sujets, ses villes, ses campagnes, en un mot tout ce qu'il a eu en son pouvoir, appartient au Peuple Romain. Et quand même sophonisbe ne seroit pas Carthaginoise, & que nous ne verrions pas son pére à la tête des Armées Carthaginoises, il faudroit néanmoins l'envoyer à Rome pour y subir le jugement du sénat & du Peuple Romain sur le crime dont elle est chargée, c'est-à- dire d'avoir fait prendre contre nous les armes à un Roi allié de l'Empire. Tâchez donc, Prince, de vous vaincre vous-même. Prenez garde de deshonorer tant de vertus par un seul vice, & de perdre tout le mérite des services que vous nous avez rendus, par une faute plus grande que n'est l'intérêt qui vous l'a fait commettre.