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16 - /

Il fallut que Henri III pressé de tous côtés se réconciliât enfin avec le Navarrois. Ces deux Princes vinrent camper devant Paris; & c'est-là, que commence laHenriade.


17 - /

Presque toute l'Europe entra dans cette guerre. La célébre Elisabeth, Reine d'Angleterre, qui étoit pleine d'estime pour le Roi de Navarre, & qui eut toujours une extrême passion de le voir, le secourut plusieurs fois d'hommes, d'argent, de vaisseaux; & ce fut DuplessisMornay, qui alla toujours en Angleterre solliciter ces secours.


18 - /

D'un autre côté la branche d'Autriche, qui régnoit en Espagne favorisoit la Ligue dans l'espérance d'arracher quelques dépouilles d'un Royaume déchiré par la guerre civile. Les Papes combattoient le Roi de Navarre, non seulement par des excommunications; mais par tous les artifices de la politique, & par les petits secours d'hommes & d'argent, que la Cour de Rome peut fournir.


19 - /

Après la mort de Henri III, le Roi de Navarre, (Henrile Grand) reconnu Roi de France par l'armée, eut à soutenir toutes les forces de la Ligue, celles de Rome, de l'Espagne, & son Royaume à conquérir. Il bloqua, il assiégea Paris à plusieurs reprises. Parmi les plus grands hommes qui lui furent utiles dans cette guerre, & dont on a fait quelqu'usage dans ce poëme, on compte lesMaréchaux d'Aumont & de Biron, le Duc de Bouillon, etc.Duplessis-Mornay fut dans sa plus intime confidence jusqu'au changement de religion de ce Prince; il le servoit de sa personne dans les armées, de sa plume contre les excommunications des Papes, & de son grand art de négocier, en lui cherchant des secours chez tous les Princes protestans.


20 - /

On donna beaucoup de combats, dont le plus fameux, le plus décisif, & le plus glorieux pour Henri IV fut la bataille d'Ivri, où le Duc de Mayenne fut vaincu, & le Comte d'Egmont fut tué.


21 - /

Pendant le cours de cette guerre, le Roi étoit devenu amoureux de la belle Gabrielle d'Estrées; mais son courage ne s'amollit point auprès d'elle, témoin la lettre qu'on voit encore dans la bibliothéque du Roi, dans laquelle il dit à sa maîtresse: Si je suis vaincu, vous me connaissez assez pour croire, que je ne fuirai pas; mais ma derniére pensée sera à Dieu, & l'avant-derniére à vous.


22 - /

Il suffit de dire, qu'après tant de malheurs & de désolation, Henri IV se fit catholique, & que les Parisiens, qui haïssoient sa religion, & révéroient sa personne, le reconnurent alors pour leur Roi.


23 - Lettre sur Messieurs Jean Law, Melon et Dutot /

2. Il répéte dans plusieurs endroits, que l'Espagne seroit plus puissante sans l'Amérique. Il se fonde sur la dépopulation de l'Espagne, & sur la faiblesse où ce Royaume a langui long-tems. Cette idée que l'Amérique affaiblit l'Espagne, se voit dans près de cent Auteurs; mais s'ils avoient voulu considérer, que les trésors du Nouveau Monde ont été le ciment de la puissance de Charles-Quint, & que par eux Philippe II auroit été le maître de l'Europe, si Henri le Grand, Elizabeth & les Princes d'Orange, n'eussent été des Héros; ces Auteurs auroient changé de sentiment. On a cru, que la Monarchie Espagnole étoit anéantie, parceque les Rois Philippe III, Philippe IV, &Charles II ont été malheureux ou faibles. Mais, que l'on voye comme cette Monarchie a repris tout-d'un-coup une nouvelle vie sous le Cardinal Alberoni; que l'on jette les yeux sur l'Afrique & sur l'Asie, théâtre des Conquêtes du présent Gouvernement Espagnol; il faudra bien convenir alors que les Peuples sont ce que les Rois ou les Ministres les font être. Le courage, la force, l'industrie, tous les talens restent ensevelis jusqu'à ce qu'il paraisse unGénie, qui les ressuscite; le Capitole est habité aujourd'hui par des Recolets, & on distribue des Chapelets au même endroit où des Rois vaincus suivoient le char de Paul Emile. Qu'un Empereur siége à Rome, & que cet Empereur soit un Jules-César, tous les Romains redeviendront des Césars eux-mêmes. Quant à la dépopulation de l'Espagne, elle est moindre qu'on ne le dit; & après tout, ce Royaume & les Etats de l'Amérique, qui en dépendent, sont aujourd'hui des Provinces d'un même Empire, divisées par une espace qu'on franchit en deux mois; enfin leurs Trésors deviennent les nôtres par une circulation nécessaire; la Cochenille, l'Indigo, le Quinquina, les Mines du Mexique & du Perou sont à nous, & par-là nos Manufactures sont Espagnoles. Si l'Amérique leur étoit à charge, persisteroient-ils si long tems à défendre aux Etrangers l'entrée de ce Paës? Garde-t-on avec tant de soin le Principe de sa ruëne, quand on a eu deux cens ans pour faire ses réfléxions?


24 - /

Le plus horrible accident, qui soit jamais arrivé en Europe, a produit les plus odieuses conjectures. Presque tous les Mémoires du tems de la mort deHenri IV, jettent également des soupçons sur les ennemis de ce bon Roi, sur les Courtisans, sur les Jesuites, sur saMaîtresse, sur sa femme même. Ces accusations durent encore, & on ne parle jamais de cet assassinat sans former un jugement téméraire. J'ai toujours été étonné de cette facilité malheureuse, avec laquelle les hommes les plus incapables d'une méchante action aiment à imputer les crimes les plus affreux aux Hommes d'Etat, aux Hommes en place. On veut se venger de leur grandeur en les accusant; on veut se faire valoir en racontant des Anecdotes étranges. Il en est de la conversation comme d'un Spectacle, comme d'une Tragédie dans laquelle il faut attacher par de grandes passions & par de grands crimes.


25 - /

Des Voleurs assassinent Vergier dans la ruë; tout Paris accuse de ce meurtre un grand Prince. Une rougeole pourprée enlève des personnes considérables, il faut qu'elles ayent été toutes empoisonnées. L'absurdité de l'accusation, le défaut total de preuves, rien n'arrête; & la calomnie passant de bouche en bouche, & bientôt de livre en livre, devient une vérité importante aux yeux de la Postérité toujours crédule. Depuis que je m'applique à l'Histoire, je ne cesse de m'indigner contre ces accusations sans preuve, dont les Historiens se plaisent à noircir leurs Ouvrages.


26 - /

Ce que je dis de Guicciardin, je le dirai des Mémoires de Sully au sujet de la mort de Henri IV. Ces Mémoires furent composés par des Secrétaires du Duc de Sully alors disgracié par Marie de Médicis; on y laisse échapper quelques soupçons sur cette Princesse, que la mort de Henri IV faisoit Maîtresse du Royaume, & sur leDuc d'Espernon qui servit à la faire déclarer Régente.


27 - /

Ce que je dis de Guicciardin, je le dirai des Mémoires de Sully au sujet de la mort de Henri IV. Ces Mémoires furent composés par des Secrétaires du Duc de Sully alors disgracié par Marie de Médicis; on y laisse échapper quelques soupçons sur cette Princesse, que la mort de Henri IV faisoit Maîtresse du Royaume, & sur leDuc d'Espernon qui servit à la faire déclarer Régente.


28 - /

Maîtresse de Henri IV, Madame de Verneuil

29 - /

J'ai cru bien faire en tuant un Roi qui vouloit faire la guerre au Pape, j'ai eu des visions, des révélations, j'ai cru servir Dieu: je reconnais que je me suis trompé, & que je suis coupable d'un crime horrible, je n'y ai été jamais excité par personne.

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Ravaillac persiste toujours à dire dans ses Interrogatoires: J'ai cru bien faire en tuant un Roi qui vouloit faire la guerre au Pape, j'ai eu des visions, des révélations, j'ai cru servir Dieu: je reconnais que je me suis trompé, & que je suis coupable d'un crime horrible, je n'y ai été jamais excité par personne. Voilà la substance de toutes ses réponses. Il avoue que le jour de l'assassinat il avoit été dévotement à la Messe; il avoue qu'il avoit voulu plusieurs fois parler au Roi pour le détourner de faire la guerre en faveur des Princes hérétiques; il avoue que le dessein de tuer le Roi l'a déja tenté deux fois; qu'il y a résisté; qu'il a quitté Paris pour se rendre le crime impossible; qu'il y est retourné vaincu par son Fanatisme. Il signe l'un de ses Interrogatoires, François Ravaillac.