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scipionremporteune grandevictoire surles Cartha-ginois com-mandés parAsdrubal&Magon.

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Dans le tems dont il s'agit, scipion donscipionremporteune grandevictoire surles Cartha-ginois com-mandés parAsdrubal&Magon.na de grandes preuves de son habileté & de son courage. Asdrubal fils de Gisgon, le plus illustre des Généraux Carthaginois après ceux de la famille Barcienne, étant revenu de Cadix, passa dans l'Espagne L. Vetur. Q. Cæcil. Cons.An. R. 546.Av. J. C.206.(a) ultérieure. Avec le secours de Magon frére d'Annibal, il fit de grandes levées dans tout le pays, & mit sur pié une Armée de cinquante (b) mille hommes d'Infanterie, & de quatre mille cinq cens Chevaux. Les deux Généraux Carthaginois campérent auprès de (c) silpia dans une vaste plaine, à dessein d'accepter la bataille si les Romains la leur présentoient.


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Quand les deux Armées furent en présence, il se donna de légéres escarmouches de part & d'autre. Après que les deux partis eurent assez essayé leurs forces dans plusieurs petits combats, Asdrubal mit le prémier ses troupes en bataille. Les Romains aussitôt en firent autant. Les deux Armées étoient rangées devant les retranchemens de leur camp, où elles demeuroient en repos, l'une attendant que l'autre commençât la charge. Le soir étant venu sans que l'une ni l'autre se fût ébranlée, Asdrubal d'abord, & scipion après lui, firent rentrer les soldats dans leur camp. Ce manége dura plusieurs jours, sans qu'on en vînt à une action.


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Quand les deux Armées furent en présence, il se donna de légéres escarmouches de part & d'autre. Après que les deux partis eurent assez essayé leurs forces dans plusieurs petits combats, Asdrubal mit le prémier ses troupes en bataille. Les Romains aussitôt en firent autant. Les deux Armées étoient rangées devant les retranchemens de leur camp, où elles demeuroient en repos, l'une attendant que l'autre commençât la charge. Le soir étant venu sans que l'une ni l'autre se fût ébranlée, Asdrubal d'abord, & scipion après lui, firent rentrer les soldats dans leur camp. Ce manége dura plusieurs jours, sans qu'on en vînt à une action.


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A peine le jour avoit-il paru, qu'il détacha toute sa Cavalerie avec les soldats armés à la légére contre les corps de garde des Carthaginois. Un moment après il partit lui-même avec toute son Infanterie, plaçant, contre l'opinion des ennemis & des siens, les soldats Romains sur les ailes, & les Espagnols dans le milieu de la bataille. Asdrubal, éveillé au bruit de cette attaque imprévue, sortit promtement de sa tente. Il n'eut pas plutôt apperçu les Romains devant ses retranchemens, les Carthaginois en desordre, & toute la plaine couverte d'ennemis, que de son côté il envoya toute sa Cavalerie contre celle de scipion, & sortit lui-même de son camp à la tête de son Infanterie, sans rien changer à l'arrangement dont il avoit usé jusques-là dans sa bataille. Le combat fut longtems douteux entre les Cavaliers; & il étoit difficile que de leur part il devînt décisif, parce que ceux qui plioient (ce qui arrivoit alternativement aux deux partis) trouvoient une retraite assurée auprès de leur Infanterie.


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Les ailes se battirent pendant quelque tems avec courage: mais la chaleur étant devenue plus grande, les Espagnols qui avoient été obligés de sortir du camp sans avoir pris de nourriture, étoient d'une foiblesse à ne pouvoir soutenir leurs armes; pendant que les Romains pleins de force & de vigueur, avoient encore cet avantage sur eux, que, par la prudence de leur Général, ce qu'il y avoit de plus fort dans leur Armée n'avoit eu affaire qu'à ce qu'il y avoit de plus foible dans celle des ennemis. Ceux- ci donc, épuisés de force & de courage, lâchérent pié, gardant cependant leurs rangs comme si toute l'Armée eût fait retraite par l'ordre de son Général. Mais alors le vainqueur aiant commencé à les pousser de tous côtés avec d'autant plus de vigueur qu'il les voyoit reculer, il ne leur fut pas possible de résister plus longtems; & malgré tous les efforts & toutes les remontrances d'Asdrubal, la crainte l'emportant sur la honte, ils se débandérent, prirent ouvertement la fuite, & se retirérent avec beaucoup d'effroi dans leur camp. Les Romains les y auroient poursuivis, & L. Vetur. Q. Cæcil. Cons. s'en seroient rendus maîtres sans un vioAn. R. 546.Av. J. C.206.lent orage, pendant lequel il tomba une si grande abondance de pluie, que les vainqueurs eux-mêmes eurent bien de la peine à regagner leur camp.


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Asdrubal voyant que les Turdetans l'avoient abandonné, & que tous les autres Alliés étoient prêts d'en faire autant, décampa la nuit suivante pour empêcher que le mal n'allât plus loin. A la pointe du jour, scipion averti de la retraite des ennemis, ordonna à sa Cavalerie de les poursuivre. Quoique par l'erreur de ses guides sa marche eût été inutilement allongée, elle atteignit néanmoins les ennemis, & les prenant tantôt en queue & tantôt en flanc, elle les fatiguoit sans relâche, & elle retarda assez leur fuite pour donner aux Légions le tems d'arriver. Depuis ce moment ce ne fut plus un combat, mais une véritable boucherie; jusqu'à ce que le Général exhortant lui-même ses troupes à fuir, se sauva sur les montagnes voisines avec un gros d'environ six mille hommes à moitié desarmés. Tout le reste fut tué ou pris. Asdrubal, voyant que ses troupes passoient de moment à autre dans le camp des ennemis, abandonna son Armée, gagna le bord de la mer pendant la nuit, & se jetta dans des vaisseaux qui le portérent à Cadix.


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Magon suivit Asdrubal à Cadix avec les vaisseaux que ce dernier lui avoit renvoyés. La fuite ou la désertion dispersérent dans les villes voisines tout le reste du parti L. Vetur. Q. Cæcil. Cons. Carthaginois abandonné de ses Chefs. OnAn. R. 546.Av. J. C.206. n'en vit plus rien paroître, au moins qui fût considérable par son nombre ou par ses forces. C'est ainsi que scipion chassa les Carthaginois de l'Espagne, six ans après qu'il eut pris le commandement des Armées de cette province, & treize après que la guerre eut commencé entre les deux nations.


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scipionrecherchel'amitié desyphax, vale trouveren Afrique,& s'y ren-contre avecAsdrubal.

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L'amitié de ce Prince étoit de la derniére importance pour les vues que scipion avoit sur l'Afrique. C'étoit le Roi le plus opulent de tout le pays. Il avoit déja été en guerre avec les Carthaginois. ses Etats étoient dans une situation très commode par rapport à l'Espagne, dont ils n'étoient séparés que par un trajet de mer assez court. scipion crut qu'un si grand avantage valoit bien la peine qu'il s'exposât à un danger même considérable pour se le procurer; & sans balancer il part de Carthagéne avec deux vaisseaux pour aller trouver syphax. Dans le même tems, Asdrubal fils de Gisgon, Général Carthagi- L. Vetur. Q. Cæcil. Cons. nois qui venoit d'être obligé d'abandonnerAn. R. 546.Av. J. C.206. l'Espagne, se retiroit près du même Prince avec sept vaisseaux. Il étoit déja dans le port, lorsqu'il apperçut les deux galéres Romaines qui étoient encore en pleine mer. Il fit quelques mouvemens pour aller les attaquer. Mais le vent, qui étoit assez fort, aiant amené en peu de tems scipion dans le port, Asdrubal n'osa plus entreprendre de l'insulter, & ne songea qu'à se rendre auprès de syphax, où scipion le suivit bientôt.


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L'amitié de ce Prince étoit de la derniére importance pour les vues que scipion avoit sur l'Afrique. C'étoit le Roi le plus opulent de tout le pays. Il avoit déja été en guerre avec les Carthaginois. ses Etats étoient dans une situation très commode par rapport à l'Espagne, dont ils n'étoient séparés que par un trajet de mer assez court. scipion crut qu'un si grand avantage valoit bien la peine qu'il s'exposât à un danger même considérable pour se le procurer; & sans balancer il part de Carthagéne avec deux vaisseaux pour aller trouver syphax. Dans le même tems, Asdrubal fils de Gisgon, Général Carthagi- L. Vetur. Q. Cæcil. Cons. nois qui venoit d'être obligé d'abandonnerAn. R. 546.Av. J. C.206. l'Espagne, se retiroit près du même Prince avec sept vaisseaux. Il étoit déja dans le port, lorsqu'il apperçut les deux galéres Romaines qui étoient encore en pleine mer. Il fit quelques mouvemens pour aller les attaquer. Mais le vent, qui étoit assez fort, aiant amené en peu de tems scipion dans le port, Asdrubal n'osa plus entreprendre de l'insulter, & ne songea qu'à se rendre auprès de syphax, où scipion le suivit bientôt.


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syphax fut bien flaté de se voir ainsi recherché par deux Généraux des deux plus puissans peuples de l'Univers, qui venoient en un même jour lui demander son secours & son amitié. Il les invita tous deux à loger dans son palais. Il fit même des efforts pour les engager à terminer tous leurs différends par une entrevue. Mais scipion s'en défendit, en représentant qu'il n'avoit point personnellement d'intérêts à démêler avec Asdrubal, ni de pouvoirs pour traiter d'affaires d'Etat avec un ennemi. Il voulut bien néanmoins, à la priére du Roi, manger avec Asdrubal, & même se mettre sur un même lit avec lui.


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syphax fut bien flaté de se voir ainsi recherché par deux Généraux des deux plus puissans peuples de l'Univers, qui venoient en un même jour lui demander son secours & son amitié. Il les invita tous deux à loger dans son palais. Il fit même des efforts pour les engager à terminer tous leurs différends par une entrevue. Mais scipion s'en défendit, en représentant qu'il n'avoit point personnellement d'intérêts à démêler avec Asdrubal, ni de pouvoirs pour traiter d'affaires d'Etat avec un ennemi. Il voulut bien néanmoins, à la priére du Roi, manger avec Asdrubal, & même se mettre sur un même lit avec lui.


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La conversation de scipion avoit tant d'attraits, & sa dextérité à manier les esprits étoit si grande, qu'il charma pendant le repas, non seulement syphax Prince barbare, & plus aisé à gagner par une politesse & une douceur qui lui étoient tout- à-fait nouvelles; mais même Asdrubal, cet L. Vetur. Q. Cæcil. Cons.An. R. 546.Av. J. C.206.ennemi si acharné contre les Romains, & contre scipion en particulier. Ce Carthaginois avoua depuis que cet entretien lui avoit donné une plus haute idée de scipion, que ses victoires & ses conquêtes. Il ajouta qu'il ne doutoit point que syphax & son Royaume ne fussent desormais entiérement dévoués aux Romains: tant scipion avoit un art merveilleux pour s'insinuer dans les esprits, & gagner la confiance de tous ceux avec qui il traitoit.


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Mais une autre pensée occupoit Asdrubal, & lui causoit de cruelles inquiétudes. „Il sentoit bien que ce n'étoit ni pour se procurer une agréable promenade le long des côtes de la mer, ni par une vaine curiosité, qu'un Capitaine d'une si haute réputation étoit passé en Afrique avec deux galéres, en abandonnant ses troupes dans une province nouvellement conquise, & s'étoit exposé, sur une terre ennemie, à la bonne-foi d'un Prince, sur laquelle il n'avoit pas fort lieu de compter. Qu'assurément le but de ce voyage étoit le dessein qu'avoit scipion d'attaquer l'Afrique. Il savoit qu'il y avoit longtems que ce Général en méditoit la conquête, & demandoit assez hautement pourquoi Annibal aiant bien eu l'audace de porter la guerre dans le cœur de l'Italie, scipion n'iroit pas la faire jusqu'aux portes de Carthage?“ Il concluoit de tous ces raisonnemens, que les Carthaginois devoient dorénavant son- L. Vetur. Q. Cæcil. Cons. ger, non à recouvrer les Espagnes, maisAn. R. 546.Av. J. C.206. à conserver l'Afrique; & il ne se trompoit pas.