Suchbegriff: hasdru
Treffer: 234

46 - /

Quand on réunit sous un seul point de vue tous les malheurs arrivés aux Romains dans le cours d'une même année; cinquante mille hommes tués à Cannes avec l'élite des Généraux & des Sénateurs; peu de tems après une Armée entiére exterminée avec le Consul dans la Gaule; la défection presque générale des Alliés; l'ordre expédié à Asdrubal de passer en Italie avec toute son Armée, & à Magon autre T. Sempron. Q. Fabius, Cons.An. R.537.Av. J. C.215.frére d'Annibal d'y conduire douze mille hommes de pié, quinze cens chevaux, vingt éléphans; ajoutez à cela le nouveau Traité de Philippe prêt à envoyer contre les Romains une Flotte de deux cens voiles, & à les attaquer par terre & par mer avec toutes ses forces: je le répéte, quand on rassemble toutes ces circonstances, qui pouvoient, & qui même, en parlant humainement, devoient concourir ensemble, tant les mesures étoient sagement concertées, la ruïne de Rome ne paroit-elle pas absolument inévitable, & ne croit-on pas qu'elle touche à sa fin? Mais, si cela est, que devient la prédiction claire & évidente de sa future grandeur, consignée dans les Ecritures? Est-il difficile au Tout-puissant de dissiper & de faire disparoître tous ces dangers? Et c'est ce qui arrive. Dans le moment qu'Asdrubal est prêt à partir, une bataille donnée à propos, & gagnée par les Scipionsgemeint sind Publius und Gnaeus Scipio, l'arrête tout court. La nouvelle de cet échec portée à Carthage, rompt le voyage de Magon. La prise des Ambassadeurs de Philippe déconcerte tous les desseins de ce nouvel ennemi. Nous verrons que Rome, au milieu de tous ces orages, conserve une tranquillité & une constance qui tiennent du prodige. Continuons la suite de l'histoire.


47 - /

Les Traitans, au moins dans les commencemens, ne firent pas paroître moins d'exactitude & de fidélité à fournir tout ce qui étoit nécessaire, qu'ils avoient témoigné de courage & de confiance à s'en charger; & les troupes furent vétues & nourries comme elles auroient pu l'être dans les tems où les coffres de la RépubliLes Car thaginoisbattusdeux foiscoup surcoup enEspagnepar lesScipionsgemeint sind Publius und Gnaeus Scipio.Ibid.que étoient bien remplis. Lorsque ces convois arrivérent, Asdrubal, Magon, & Amilcar fils de Bomilcar, assiégeoient la ville d'Illiturgis, qui s'étoit déclarée pour les Romains. Les Scipionsgemeint sind Publius und Gnaeus Scipio passérent au milieu de ces trois camps ennemis avec de grands efforts, & avec un grand carnage de ceux qui voulurent s'y opposer: & après avoir fait entrer dans la ville de leurs Alliés les provisions de bouche dont ils manquoient, & les avoir exhortés à défendre leurs murailles avec le même courage qu'ils avoient vu les Romains combattre pour leur intérêt, ils allérent pour forcer

a Hi mores, eaque caritas patriæ per omnes ordines velut tenore uno pertinebat. Liv.

T. Sempron. Q. Fabius, Cons. le camp d'Asdrubul, qui étoit le plus conAn. R.527.Av. J. C.215.sidérable des trois. Les deux autres Généraux Carthaginois, voyant qu'il s'agissoit ici du tout, marchérent aussitôt à son secours avec leurs deux Armées. Etant donc tous sortis de leur camp, ils se trouvérent soixante mille combattans contre les Romains, qui n'étoient pas plus de seize mille hommes. Cependant la victoire fut si peu douteuse, que les Romains tuérent plus d'ennemis qu'ils n'avoient eux-mêmes de soldats, firent plus de trois mille prisonniers, & prirent près de mille chevaux & cinquante-neuf drapeaux. Il resta outre cela cinq éléphans sur la place, & les trois camps demeurérent au pouvoir du vainqueur.


48 - /

Les Traitans, au moins dans les commencemens, ne firent pas paroître moins d'exactitude & de fidélité à fournir tout ce qui étoit nécessaire, qu'ils avoient témoigné de courage & de confiance à s'en charger; & les troupes furent vétues & nourries comme elles auroient pu l'être dans les tems où les coffres de la RépubliLes Car thaginoisbattusdeux foiscoup surcoup enEspagnepar lesScipionsgemeint sind Publius und Gnaeus Scipio.Ibid.que étoient bien remplis. Lorsque ces convois arrivérent, Asdrubal, Magon, & Amilcar fils de Bomilcar, assiégeoient la ville d'Illiturgis, qui s'étoit déclarée pour les Romains. Les Scipionsgemeint sind Publius und Gnaeus Scipio passérent au milieu de ces trois camps ennemis avec de grands efforts, & avec un grand carnage de ceux qui voulurent s'y opposer: & après avoir fait entrer dans la ville de leurs Alliés les provisions de bouche dont ils manquoient, & les avoir exhortés à défendre leurs murailles avec le même courage qu'ils avoient vu les Romains combattre pour leur intérêt, ils allérent pour forcer

a Hi mores, eaque caritas patriæ per omnes ordines velut tenore uno pertinebat. Liv.

T. Sempron. Q. Fabius, Cons. le camp d'Asdrubul, qui étoit le plus conAn. R.527.Av. J. C.215.sidérable des trois. Les deux autres Généraux Carthaginois, voyant qu'il s'agissoit ici du tout, marchérent aussitôt à son secours avec leurs deux Armées. Etant donc tous sortis de leur camp, ils se trouvérent soixante mille combattans contre les Romains, qui n'étoient pas plus de seize mille hommes. Cependant la victoire fut si peu douteuse, que les Romains tuérent plus d'ennemis qu'ils n'avoient eux-mêmes de soldats, firent plus de trois mille prisonniers, & prirent près de mille chevaux & cinquante-neuf drapeaux. Il resta outre cela cinq éléphans sur la place, & les trois camps demeurérent au pouvoir du vainqueur.


49 - /

Affaires d'Espagne. Les deux Scipionsgemeint sind Publius und Gnaeus Scipio sé parent leurs Armées.Cn. Scipion marche contre Asdrubal. Abandonné par les Celtibériens, il est défait. P. Scipion, qui avoit marché contre deux autres Généraux, est vaincu & tué dans le combat. Les trois Généraux Carthaginois réunis, vont attaquer Cneus, & le défont. Il meurt. Noble desintéressement de Cneus. Réflexion

50 - /

Il y avoit deux ans qu'il ne se passoit rien de considérable dans l'Espagne, & que les deux parties se tenoient sur la défensive, sans rien entreprendre l'un contre Q. Fulvius, Ap. Claud. Cons. l'autre. Mais, cette campagne, les GénéAn. R.540.Av. J. C.212.raux Romains étant sortis de leurs quartiers d'hiver, réunirent toutes leurs forces; & après avoir tenu Conseil, ils convinrent d'un consentement unanime, qu'après s'être bornés jusqu'à ce jour à empê cher Asdrubal de passer en Italie comme il en avoit le dessein, il étoit tems alors de travailler à finir la guerre dans cette province. Qu'ils avoient assez de troupes pour en venir à bout, depuis qu'ils avoient engagé l'hiver précédent trente mille Celtibériens à prendre les armes pour les Romains contre les Carthaginois.


51 - /

Les ennemis avoient trois corps d'ArLes deuxScipionsgemeint sind Publius und Gnaeus Scipiopartagent& separentleurs Armées.mées dans le pays. Asdrubal fils de Gisgon & Magon avoient réuni les troupes qu'ils commandoient, & n'étoient éloignés du camp des Romains que d'environ cinq journées. Asdrubal fils d'Amilcar, qui faisoit depuis longtems la guerre en Espagne, étoit campé près d'Anitorgis, beaucoup moins éloigné de l'ennemi. Le des sein des deux Scipiongemeint sind Publius und Gnaeus Scipios étoit de l'attaquer le prémier, & ils comptoient avoir des forces plus que suffisantes pour l'accabler. Tout ce qu'ils craignoient, c'est qu'après l'avoir vaincu, les deux autres Généraux effrayés de sa défaite, ne se retirassent dans des montagnes & dans des défilés inacces fibles, & par-là ne tirassent la guerre en longueur. Pour éviter cet inconvénient, ils crurent que le parti le plus sûr étoit de partager toutes leurs troupes en deux corps, Q. Fulvius, Ap. Claud. Cons.An. R.540.Av. J. C.212.& d'embrasser à la fois toute la guerre d'Es pagne; ensorte que P. Cornelius, avec les deux tiers de l'Armée, composée de Romains & d'Alliés, marcheroit contreMagon & Asdrubal fils de Gisgon, tandis que son frére Cneus, avec l'autre tiers composé des vieilles troupes & des Celti bériens, feroit la guerre contre l'autre Asdrubal.


52 - /

Les ennemis avoient trois corps d'ArLes deuxScipionsgemeint sind Publius und Gnaeus Scipiopartagent& separentleurs Armées.mées dans le pays. Asdrubal fils de Gisgon & Magon avoient réuni les troupes qu'ils commandoient, & n'étoient éloignés du camp des Romains que d'environ cinq journées. Asdrubal fils d'Amilcar, qui faisoit depuis longtems la guerre en Espagne, étoit campé près d'Anitorgis, beaucoup moins éloigné de l'ennemi. Le des sein des deux Scipiongemeint sind Publius und Gnaeus Scipios étoit de l'attaquer le prémier, & ils comptoient avoir des forces plus que suffisantes pour l'accabler. Tout ce qu'ils craignoient, c'est qu'après l'avoir vaincu, les deux autres Généraux effrayés de sa défaite, ne se retirassent dans des montagnes & dans des défilés inacces fibles, & par-là ne tirassent la guerre en longueur. Pour éviter cet inconvénient, ils crurent que le parti le plus sûr étoit de partager toutes leurs troupes en deux corps, Q. Fulvius, Ap. Claud. Cons.An. R.540.Av. J. C.212.& d'embrasser à la fois toute la guerre d'Es pagne; ensorte que P. Cornelius, avec les deux tiers de l'Armée, composée de Romains & d'Alliés, marcheroit contreMagon & Asdrubal fils de Gisgon, tandis que son frére Cneus, avec l'autre tiers composé des vieilles troupes & des Celti bériens, feroit la guerre contre l'autre Asdrubal.


53 - /

Les ennemis avoient trois corps d'ArLes deuxScipionsgemeint sind Publius und Gnaeus Scipiopartagent& separentleurs Armées.mées dans le pays. Asdrubal fils de Gisgon & Magon avoient réuni les troupes qu'ils commandoient, & n'étoient éloignés du camp des Romains que d'environ cinq journées. Asdrubal fils d'Amilcar, qui faisoit depuis longtems la guerre en Espagne, étoit campé près d'Anitorgis, beaucoup moins éloigné de l'ennemi. Le des sein des deux Scipiongemeint sind Publius und Gnaeus Scipios étoit de l'attaquer le prémier, & ils comptoient avoir des forces plus que suffisantes pour l'accabler. Tout ce qu'ils craignoient, c'est qu'après l'avoir vaincu, les deux autres Généraux effrayés de sa défaite, ne se retirassent dans des montagnes & dans des défilés inacces fibles, & par-là ne tirassent la guerre en longueur. Pour éviter cet inconvénient, ils crurent que le parti le plus sûr étoit de partager toutes leurs troupes en deux corps, Q. Fulvius, Ap. Claud. Cons.An. R.540.Av. J. C.212.& d'embrasser à la fois toute la guerre d'Es pagne; ensorte que P. Cornelius, avec les deux tiers de l'Armée, composée de Romains & d'Alliés, marcheroit contreMagon & Asdrubal fils de Gisgon, tandis que son frére Cneus, avec l'autre tiers composé des vieilles troupes & des Celti bériens, feroit la guerre contre l'autre Asdrubal.


54 - /

Les ennemis avoient trois corps d'ArLes deuxScipionsgemeint sind Publius und Gnaeus Scipiopartagent& separentleurs Armées.mées dans le pays. Asdrubal fils de Gisgon & Magon avoient réuni les troupes qu'ils commandoient, & n'étoient éloignés du camp des Romains que d'environ cinq journées. Asdrubal fils d'Amilcar, qui faisoit depuis longtems la guerre en Espagne, étoit campé près d'Anitorgis, beaucoup moins éloigné de l'ennemi. Le des sein des deux Scipiongemeint sind Publius und Gnaeus Scipios étoit de l'attaquer le prémier, & ils comptoient avoir des forces plus que suffisantes pour l'accabler. Tout ce qu'ils craignoient, c'est qu'après l'avoir vaincu, les deux autres Généraux effrayés de sa défaite, ne se retirassent dans des montagnes & dans des défilés inacces fibles, & par-là ne tirassent la guerre en longueur. Pour éviter cet inconvénient, ils crurent que le parti le plus sûr étoit de partager toutes leurs troupes en deux corps, Q. Fulvius, Ap. Claud. Cons.An. R.540.Av. J. C.212.& d'embrasser à la fois toute la guerre d'Es pagne; ensorte que P. Cornelius, avec les deux tiers de l'Armée, composée de Romains & d'Alliés, marcheroit contreMagon & Asdrubal fils de Gisgon, tandis que son frére Cneus, avec l'autre tiers composé des vieilles troupes & des Celti bériens, feroit la guerre contre l'autre Asdrubal.


55 - /

Cn. Scipion marche contreAsdrubal.Abandonné par lesCeltibériens, il estdéfait.

56 - /

Asdrubal s'apperçut bientôt qu'il y avoit peu de Romains dans l'Armée de Cn. Scipion, & que toute l'espérance de ce Général étoit fondée sur le secours des Celtibériens. Comme il connoissoit l'infidéli té de ces nations parmi lesquelles il faisoit la guerre depuis tant d'années, & qu'il n'y avoit point de ruse ni de fraude qu'il ne sût lui-même mettre en usage, il traita secrettement avec les Chefs des Celtibériens par le moyen des Espagnols qui

* On ne sait point du tout en quel canton de l'Espagne étoit Anitorgis, ni par conséquent quelle étoit la riviére dont parle ici Tite-Live.

Q. Fulvius, Ap. Claud. Cons. servoient dans son camp, & les engagea,An. R.540.Av. J. C.212. moyennant une grande récompense, à se retirer dans leur pays avec leurs troupes. Ces Officiers ne crurent pas commettre un grand crime en faisant ce marché; car on n'exigeoit pas d'eux qu'ils tournassent leurs armes contre les Romains; & d'ailleurs on leur donnoit pour demeurer neutres & tranquilles, ce qu'à peine ils auroient pu demander pour s'exposer aux périls & aux travaux de la guerre. Ajoutez à cela, que les soldats étoient flatés de la douceur du repos, & du plaisir de retourner dans leur patrie, & de revoir leurs parens. Ainsi la multitude se laissa gagner aussi facilement que les Chefs. D'ailleurs ils n'avoient rien à craindre de la part des Romains, que leur petit nombre mettoit hors d'état de les retenir par force. Les Celtibériens pliérent aussitôt bagage, & se mirent en marche pour s'en retourner, ne répondant autre chose aux Romains, qui leur demandoient la raison de ce changement, & qui les conjuroient de ne les point abandonner, sinon qu'ils alloient au se cours de leur patrie. Scipion voyant qu'il ne gagnoit rien par ses priéres sur l'esprit de ses Alliés, & qu'il ne pouvoit pas les retenir de force; jugeant bien aussi qu'il n'étoit pas en état sans leur secours de résister aux ennemis, & qu'il ne lui étoit plus possible de rejoindre son frére,Q. Fulvius, Ap. Claud. Cons.An. R.540.Av. J. C.212.il prit le parti qui seul lui parut salutaire dans de pareilles conjonctures: ce fut de rebrousser chemin le plus promtement qu'il pourroit, évitant avec soin de combattre en plaine contre un ennemi qui lui étoit entiérement supérieur par le nombre de ses troupes, & qui aiant passé le fleuve, le suivoit à la piste, & le serroit de fort près.


57 - /

Les deux Généraux Carthaginois, pour tirer de leur victoire tout le fruit qu'elle pouvoit leur procurer, donnérent à peine quelques heures de repos à leurs soldats, & les conduisirent aussitôt du côté où étoitAsdrubal fils d'Amilcar, ne doutant pas que quand ils l'auroient joint, ils ne fussent en état de terminer la guerre par la défaite entiére des Romains. Dès qu'ils y furent arrivés, les Généraux & les soldats se livrérent à la joie que leur inspiroit la victoire signalée qu'on venoit de remporter sur un si grand Général & sur son Armée, & les uns & les autres se félicitérent par avance de celle qu'ils espéroient de gagner au prémier jour.


58 - /

Le peu de tems qui leur resta avant la venue des e nnemis, fut employé à fortifier leur camp, & à y faire venir des provisions, les soldats exécutant tous les ordres qui leur étoient donnés, non seulement avec beaucoup de zèle & de diligence, mais encore avec beaucoup de courage & d'intrépidité. Mais quand ils apprirent qu'Asdrubal fils de Gisgon avoit passé l'Ebre, & qu'il s'approchoit dans le dessein d'exterminer tout ce qui restoit de Romains échappés aux défaites précéden Q. Fulvius, Ap. Claud. Cons.An. R.540.Av. J. C.212.tes, & qu'ils virent le signal du combat donné par le nouveau Chef qu'ils venoient de nommer, alors se souvenant des Généraux qui les avoient commandés auparavant, sous les auspices & par les ordres desquels des Armées nombreuses avoient coutume de marcher contre les ennemis, ils se mirent tous à pleurer, les uns se frappant la tête, & élevant les mains vers les Dieux qu'ils accusoient de leur malheur; les autres se couchant par terre, & appellant leurs anciens Généraux par leur nom. Il n'étoit pas possible de tarir leurs larmes, ni d'appaiser leurs cris. Les Officiers tâchoient envain de les consoler, & Marcius lui-même leur faisoit inutilement des remontrances mêlées de douceur & de sévérité, en leur demandant “pourquoi ils s'abandonnoient ainsi à la douleur en pleurant comme des femmes, plutôt que de songer à se défendre & la République avec eux, & à tirer vengeance de la mort de ces Généraux qu'ils avoient tant aimés.“


59 - /

Ainsi dans l'espace d'une nuit & d'un jour, L. Marcius força deux camps ennemis, & défit deux Armées considérables. Les Auteurs varient sur le nombre Q. Fulvius, Ap. Claud. Cons. de ceux qui furent tués dans ces deuxAn. R.540.Av. J. C.212. actions. Le butin fut grand. On y remarqua sur-tout un bouclier d'argent pesant plus de deux cens quinze de nos marcs, sur lequel étoit gravé le portrait d'Asdrubal frére d'Annibal. Ce bouclier fut placé à Rome dans le Capitole, & périt dans l'incendie de ce Temple sous le Consulat de Scipion & de Norbanus.


60 - /

Asdrubal, fils d'Amilcar, étoit campé àAsdrubalenfermés'échappede sesmains parfraude.Ibid. Pierre-noire dans l'Ausetanie, entre les villes d'Illiturgie & de Mentissa (villes du pays que l'on nomme aujourdhui l'Andalousie.) Néron s'empara de l'entrée d'un défilé qui se trouvoit-là. Asdrubal, qui craignoit de se voir enfermé par l'Armée ennemie, lui envoya un Trompette, qui avoit ordre de lui promettre de sa part, que s'il lui laissoit la liberté de se retirer, il abandonneroit absolument l'Espagne avec toutes ses troupes. Néron aiant reçu cette proposition avec grande joie, Asdrubal lui demanda pour le lendemain une entrevue, dans laquelle les Romains devoient marquer les conditions auxquelles ils vouloient qu'on leur livrât les citadelles des villes, & le jour où les Carthaginois reti- Cn. Fulvius, P. Sulpicius. Cons.An. R.541.Av. J. C.211.reroient leurs garnisons, & emporteroient tout ce qui leur appartenoit, sans faire au cun tort aux habitans. Néron ne fut pas plutôt convenu de ce rendez-vous, qu'Asdrubal ordonna aux siens de commencer dès la fin du jour, & de continuer pendant toute la nuit à tirer du défilé, le plus promtement qu'ils pourroient, les plus gros bagages de l'Armée. On eut grande attention à ne pas faire sortir cette nuit-là une grande quantité d'hommes, le petit nombre étant plus propre en même tems, & à tromper les ennemis par le silence, & à faciliter la retraite à travers des sentiers étroits & difficiles par où il faloit nécessairement passer. Le lendemain on se trouva de part & d'autre à l'entrevue; mais le Carthaginois, en tenant à dessein de longs discours, & en écrivant bien des choses inutiles, consuma le jour entier sans rien terminer, desorte que l'on fut obligé de remettre l'affaire au jour suivant. Il n'y fut encore rien décidé. Il naissoit toujours quelques nouvelles difficultés, qui demandoient du délai. Cependant toutes les nuits étoient mises à profit. Déja la plus grande partie de l'Infanterie étoit en sureté, lorsqu'heureusement, dès la pointe du jour, un brouillard épais couvrit tout le défilé, & toutes les plaines d'alentour. Le Carthaginois demande & obtient un dernier délai, sous prétexte d'une fête où il n'étoit point permis à ceux de sa nation de traiter d'affaires. Alors, à Cn. Fulvius, P. Sulpicius. Cons. à la faveur de l'obscurité, il sort deAn. R.541.Av. J. C.211. son camp avec sa Cavalerie & ses Eléphans; &, sans être aucunement troublé par les ennemis, il gagne un poste où il n'avoit plus rien à craindre de leur part. Sur les dix heures le brouillard se dissipa, & découvrit aux Romains tout-à-la-fois & le jour, & la fraude des Carthaginois. Néron, honteux de s'être ainsi laissé duper, se mit en devoir de les poursuivre. Mais Asdrubal ne jugea pas à propos de risquer une bataille, & tout se borna à quelques légéres escarmouches qui n'eurent point de suite. Le Général Romain auroit du mieux connoître les Carthaginois, & savoir ce que l'on entendoit par la Foi Punique.