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Dans le tems même qu'il travailloit de toutes ses forces à rétablir les affaires des Carthaginois dans l'Espagne, il eut la douleur d'aprendre la désertion des Capitaines qui commandoient sur ses vaisseaux. Depuis les violens reproches qu'il leur avoit faits pour avoir lâchement abandonné la Flotte auprès de l'Ebre, ils n'avoient été que foiblement attachés à Asdrubal, & aux intérêts des Carthaginois. Après s'être eux-mêmes déclarés pour les Romains, ils avoient soulevé plusieurs villes du pays des*Tartésiens, & en avoient même pris u

* Ces Peuples étoient voisins de l'Ebre vers l'Arragon.

C. Ter. Varro, L. Æmil. Cons.An. R.536.Av. J. C.216.ne par force. Ce mouvement obligea Asdru bal à s'éloigner des Romains, pour porter la guerre de ce côté-là Les rebelles remportérent d'abord d'assez grands avantages sur les Carthaginois, ensorte qu'Asdrubal n'osoit tenir la campagne. Ces bons succès leur devinrent funestes. Ne gardant plus ni ordre ni discipline, ils se répandoient de côté & d'autre, sans prendre aucune précaution. Asdrubal sut bien profiter de leur négligence. Etant tombé sur eux lorsqu'ils s'y attendoient le moins, il les mit en déroute, & les défit pleinement. Cette victoire obligea dès le lendemain toute la nation à se soumettre à lui.


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Asdrubalreçoit ordre de passer en Ita lie.Liv.XXIII. 27.

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Les choses étoient en cet état, lorsqu'As drubal reçut ordre de Carthage de passer incessamment en Italie. Le bruit s'en étant répandu dans l'Espagne, y changea entiérement la face des affaires. Asdrubal le sentit bien. Il écrivit au Sénat de Carthage, pour lui aprendre le mauvais effet qu'avoit déja produit dans tout le pays le bruit de son départ. Il marquoit “que s'il quitoit la province, il n'auroit pas plutôt passé l'Ebre, qu'elle se déclareroit entiérement pour les Romains. Qu'outre qu'il n'avoit ni Général ni troupes à laisser en sa place, ceux qui commandoient les Armées Romaines étoient des Capitaines d'une expérience si consommée dans la guerre, qu'il seroit très difficile de leur résister, quand on auroit des forces égales à leur opposer. Qu'ainsi, C. Ter. Varro, L. Æmil. Cons. s'ils songeoient à conserver l'Espagne,An. R.536.Av. J. C.216. ils lui envoyassent un successeur à la tête d'une Armée considérable: que quelque heureux succès que pût avoir ce nouveau Général, ce ne seroit pas sans peine, & qu'il trouveroit bien de l'occupation dans son emploi.“


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Les choses étoient en cet état, lorsqu'As drubal reçut ordre de Carthage de passer incessamment en Italie. Le bruit s'en étant répandu dans l'Espagne, y changea entiérement la face des affaires. Asdrubal le sentit bien. Il écrivit au Sénat de Carthage, pour lui aprendre le mauvais effet qu'avoit déja produit dans tout le pays le bruit de son départ. Il marquoit “que s'il quitoit la province, il n'auroit pas plutôt passé l'Ebre, qu'elle se déclareroit entiérement pour les Romains. Qu'outre qu'il n'avoit ni Général ni troupes à laisser en sa place, ceux qui commandoient les Armées Romaines étoient des Capitaines d'une expérience si consommée dans la guerre, qu'il seroit très difficile de leur résister, quand on auroit des forces égales à leur opposer. Qu'ainsi, C. Ter. Varro, L. Æmil. Cons. s'ils songeoient à conserver l'Espagne,An. R.536.Av. J. C.216. ils lui envoyassent un successeur à la tête d'une Armée considérable: que quelque heureux succès que pût avoir ce nouveau Général, ce ne seroit pas sans peine, & qu'il trouveroit bien de l'occupation dans son emploi.“


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Ces Lettres firent d'abord quelque im pression sur l'esprit des Sénateurs de Carthage: mais comme, préférablement à tout, ils songeoient à se maintenir dans l'Italie, ils ne changérent point de résolution à l'égard d'Asdrubal & de ses troupes. Ils firent partir Himilcon avec uneHimilconarrive enEspagnepour prendre la pla ce d'As drubal.Liv.XXIII. 28. bonne Armée & une puissante Flotte, pour conserver & défendre l'Espagne tant par terre que par mer. Dès que ce Général fut arrivé, aiant mis ses Troupes & sa Flotte en sureté, il alla joindre Asdrubal avec un Corps de Cavalerie le plus promtement qu'il lui fut possible. Lorsqu'il lui eut exposé les Decrets du Sénat, & qu'à son tour il eut apris de lui de quelle maniére il faloit faire la guerre en Espagne, il retourna dans son camp, mettant toute sa sureté dans la promtitude, & sortant toujours des lieux où il passoit avant que les habitans eussent pu prendre aucune mesure pour l'arrêter. PourAsdrubal, avant que de quiter la province, il tira de l'argent de tous les peuples qui étoient encore sous la domination des Carthaginois, prévoyant qu'il en auroit grand besoin dans le voyage qu'il alloit en- C. Ter. Varro, L. Æmil. Cons.An. R.536.Av. J. C.216.Les deuxScipions,gemeint sind Publius und Gnaeus Scipiopour em pêcher ledépartd'Asdrubal lui livrent ba taille. Ilest défaitavec sonArmée.Liv.XXIII.28. 29.treprendre; après quoi il se rendit sur les bords de l'Ebre.


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Himilconarrive enEspagnepour prendre la pla ce d'As drubal.Liv.XXIII. 28.

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Ces Lettres firent d'abord quelque im pression sur l'esprit des Sénateurs de Carthage: mais comme, préférablement à tout, ils songeoient à se maintenir dans l'Italie, ils ne changérent point de résolution à l'égard d'Asdrubal & de ses troupes. Ils firent partir Himilcon avec uneHimilconarrive enEspagnepour prendre la pla ce d'As drubal.Liv.XXIII. 28. bonne Armée & une puissante Flotte, pour conserver & défendre l'Espagne tant par terre que par mer. Dès que ce Général fut arrivé, aiant mis ses Troupes & sa Flotte en sureté, il alla joindre Asdrubal avec un Corps de Cavalerie le plus promtement qu'il lui fut possible. Lorsqu'il lui eut exposé les Decrets du Sénat, & qu'à son tour il eut apris de lui de quelle maniére il faloit faire la guerre en Espagne, il retourna dans son camp, mettant toute sa sureté dans la promtitude, & sortant toujours des lieux où il passoit avant que les habitans eussent pu prendre aucune mesure pour l'arrêter. PourAsdrubal, avant que de quiter la province, il tira de l'argent de tous les peuples qui étoient encore sous la domination des Carthaginois, prévoyant qu'il en auroit grand besoin dans le voyage qu'il alloit en- C. Ter. Varro, L. Æmil. Cons.An. R.536.Av. J. C.216.Les deuxScipions,gemeint sind Publius und Gnaeus Scipiopour em pêcher ledépartd'Asdrubal lui livrent ba taille. Ilest défaitavec sonArmée.Liv.XXIII.28. 29.treprendre; après quoi il se rendit sur les bords de l'Ebre.


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Ces Lettres firent d'abord quelque im pression sur l'esprit des Sénateurs de Carthage: mais comme, préférablement à tout, ils songeoient à se maintenir dans l'Italie, ils ne changérent point de résolution à l'égard d'Asdrubal & de ses troupes. Ils firent partir Himilcon avec uneHimilconarrive enEspagnepour prendre la pla ce d'As drubal.Liv.XXIII. 28. bonne Armée & une puissante Flotte, pour conserver & défendre l'Espagne tant par terre que par mer. Dès que ce Général fut arrivé, aiant mis ses Troupes & sa Flotte en sureté, il alla joindre Asdrubal avec un Corps de Cavalerie le plus promtement qu'il lui fut possible. Lorsqu'il lui eut exposé les Decrets du Sénat, & qu'à son tour il eut apris de lui de quelle maniére il faloit faire la guerre en Espagne, il retourna dans son camp, mettant toute sa sureté dans la promtitude, & sortant toujours des lieux où il passoit avant que les habitans eussent pu prendre aucune mesure pour l'arrêter. PourAsdrubal, avant que de quiter la province, il tira de l'argent de tous les peuples qui étoient encore sous la domination des Carthaginois, prévoyant qu'il en auroit grand besoin dans le voyage qu'il alloit en- C. Ter. Varro, L. Æmil. Cons.An. R.536.Av. J. C.216.Les deuxScipions,gemeint sind Publius und Gnaeus Scipiopour em pêcher ledépartd'Asdrubal lui livrent ba taille. Ilest défaitavec sonArmée.Liv.XXIII.28. 29.treprendre; après quoi il se rendit sur les bords de l'Ebre.


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An. R.536.Av. J. C.216.Les deuxScipions,gemeint sind Publius und Gnaeus Scipiopour em pêcher ledépartd'Asdrubal lui livrent ba taille. Ilest défaitavec sonArmée.Liv.XXIII.28. 29.

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Les deux Généraux Romains n'eurent pas plutôt apris les ordres qu'on avoit donnés à Asdrubal, que renonçant à toute autre entreprise, ils réunirent leurs Armées pour s'opposer à son départ. Ils sentoient bien que si ce Général, avec l'Armée qu'il avoit en Espagne, venoit à bout de passer en Italie où l'on avoit déja beaucoup de peine à résister à Annibal seul, la jonction des deux fréres entraîneroit infailliblement la ruïne de Rome. Ils joignirent donc leurs troupes sur les bords de l'Ebre, & aiant passé ce fleuve, ils marchérent contre Asdrubal. Pendant quelques jours les deux Armées demeuUn peumoins dedeuxlienes.rérent campées à cinq milles l'une de l'autre, se contentant d'escarmoucher, sans qu'aucune des deux parût songer à une action générale. Enfin, dans le même jour & presque dans le même moment, les Généraux des deux partis, com me de concert, donnérent le signal de la bataille, & descendirent dans la plaine avec toutes leurs forces. Les Romains étoient rangés sur trois lignes à leur ordinaire, qui étoient les Hastaires, les Princes, & les Triaires. La Cavalerie formoit les deux ailes. Une partie des soldats armés à la légére étoit placée parmi ceux qui étoient au prémier rang, les autres derriére l'Armée. Asdrubal mit les Espagnols au corps de sa bataille, les C. Ter. Varro, L. Æmil. Cons. Carthaginois à leur droite, & les AfricainsAn. R.536.Av. J. C.216, à leur gauche avec les troupes auxiliaires. A l'égard de la Cavalerie, il plaça celle des Numides à l'aile droite à la suite de l'Infanterie des Carthaginois, & les autres à l'aile gauche à la suite des Africains. Il ne rangea pas tous les Numides à la droite, mais seulement ceux qui traînant deux chevaux à la fois, avoient coutume, dans le plus fort de la mêlée, de sauter tout armés de dessus celui qui étoit las & harassé sur le plus frais: tant étoit grande, & la légéreté des Cavaliers, & la souplesse & docilité des chevaux pour se prêter à tous leurs mouvemens.


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Les deux Généraux Romains n'eurent pas plutôt apris les ordres qu'on avoit donnés à Asdrubal, que renonçant à toute autre entreprise, ils réunirent leurs Armées pour s'opposer à son départ. Ils sentoient bien que si ce Général, avec l'Armée qu'il avoit en Espagne, venoit à bout de passer en Italie où l'on avoit déja beaucoup de peine à résister à Annibal seul, la jonction des deux fréres entraîneroit infailliblement la ruïne de Rome. Ils joignirent donc leurs troupes sur les bords de l'Ebre, & aiant passé ce fleuve, ils marchérent contre Asdrubal. Pendant quelques jours les deux Armées demeuUn peumoins dedeuxlienes.rérent campées à cinq milles l'une de l'autre, se contentant d'escarmoucher, sans qu'aucune des deux parût songer à une action générale. Enfin, dans le même jour & presque dans le même moment, les Généraux des deux partis, com me de concert, donnérent le signal de la bataille, & descendirent dans la plaine avec toutes leurs forces. Les Romains étoient rangés sur trois lignes à leur ordinaire, qui étoient les Hastaires, les Princes, & les Triaires. La Cavalerie formoit les deux ailes. Une partie des soldats armés à la légére étoit placée parmi ceux qui étoient au prémier rang, les autres derriére l'Armée. Asdrubal mit les Espagnols au corps de sa bataille, les C. Ter. Varro, L. Æmil. Cons. Carthaginois à leur droite, & les AfricainsAn. R.536.Av. J. C.216, à leur gauche avec les troupes auxiliaires. A l'égard de la Cavalerie, il plaça celle des Numides à l'aile droite à la suite de l'Infanterie des Carthaginois, & les autres à l'aile gauche à la suite des Africains. Il ne rangea pas tous les Numides à la droite, mais seulement ceux qui traînant deux chevaux à la fois, avoient coutume, dans le plus fort de la mêlée, de sauter tout armés de dessus celui qui étoit las & harassé sur le plus frais: tant étoit grande, & la légéreté des Cavaliers, & la souplesse & docilité des chevaux pour se prêter à tous leurs mouvemens.


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Les deux Généraux Romains n'eurent pas plutôt apris les ordres qu'on avoit donnés à Asdrubal, que renonçant à toute autre entreprise, ils réunirent leurs Armées pour s'opposer à son départ. Ils sentoient bien que si ce Général, avec l'Armée qu'il avoit en Espagne, venoit à bout de passer en Italie où l'on avoit déja beaucoup de peine à résister à Annibal seul, la jonction des deux fréres entraîneroit infailliblement la ruïne de Rome. Ils joignirent donc leurs troupes sur les bords de l'Ebre, & aiant passé ce fleuve, ils marchérent contre Asdrubal. Pendant quelques jours les deux Armées demeuUn peumoins dedeuxlienes.rérent campées à cinq milles l'une de l'autre, se contentant d'escarmoucher, sans qu'aucune des deux parût songer à une action générale. Enfin, dans le même jour & presque dans le même moment, les Généraux des deux partis, com me de concert, donnérent le signal de la bataille, & descendirent dans la plaine avec toutes leurs forces. Les Romains étoient rangés sur trois lignes à leur ordinaire, qui étoient les Hastaires, les Princes, & les Triaires. La Cavalerie formoit les deux ailes. Une partie des soldats armés à la légére étoit placée parmi ceux qui étoient au prémier rang, les autres derriére l'Armée. Asdrubal mit les Espagnols au corps de sa bataille, les C. Ter. Varro, L. Æmil. Cons. Carthaginois à leur droite, & les AfricainsAn. R.536.Av. J. C.216, à leur gauche avec les troupes auxiliaires. A l'égard de la Cavalerie, il plaça celle des Numides à l'aile droite à la suite de l'Infanterie des Carthaginois, & les autres à l'aile gauche à la suite des Africains. Il ne rangea pas tous les Numides à la droite, mais seulement ceux qui traînant deux chevaux à la fois, avoient coutume, dans le plus fort de la mêlée, de sauter tout armés de dessus celui qui étoit las & harassé sur le plus frais: tant étoit grande, & la légéreté des Cavaliers, & la souplesse & docilité des chevaux pour se prêter à tous leurs mouvemens.


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Les Généraux des deux partis aiant rangé leurs Armées dans l'ordre que je viens de dire, avoient des motifs d'espérance à peu près égaux. Leurs troupes étoient assez égales pour le nombre; mais du côté des soldats, les sentimens & le courage étoient bien différens. Car, quoique les Romains fissent la guerre loin de leur patrie, leurs Généraux n'avoient pas laissé de leur persuader qu'ils combattoient pour l'Italie & pour la ville de Rome, en empêchant la jonction des deux fréres & des deux Armées. C'est pourquoi, faisant dé pendre leur retour auprès de leurs femmes & de leurs enfans du succès de cette bataille, ils s'étoient déterminés à vaincreou à mourir. L'autre Armée étoit composée de gens qui n'avoient pas la même ardeur, ni la même résolution, parce C. Ter. Varro, L. Æmil. Cons.An. R.536.Av. J. C.216.qu'ils n'avoient pas les mêmes intérêts. La plus grande partie des soldats étoient des Espagnols, qui aimoient mieux être vaincus en Espagne, qui d'y vaincre pour être traînés en Italie. Ainsi ceux qui étoient au corps de la bataille lâchérent pié dès le prémier choc, presque avant qu'on eût lancé aucun trait; puis voyant que les Romains s'avançoient contr'eux avec beaucoup de vigueur, ils prirent ouvertement la fuite. Les deux autres corps d'Infanterie ne combattirent pas pour cela avec moins de courage; les Carthaginois d'un côté, & les Africains de l'autre, pressoient vivement les ennemis qu'ils tenoient comme enveloppés. Mais dès que l'Infanterie des Romains se fut avancée toute entiére dans le milieu en poursuivant le corps de bataille qui fuyoit, elle se trouva en état d'écarter les deux corps de l'Infanterie ennemie, qui l'attaquoit à droite & à gauche par les flancs. Quoiqu'elle eût deux combats à soutenir en même tems, elle fut cependant victorieuse dans l'un & dans l'autre. Car après avoir défait & mis en fuite ceux qui étoient au centre, elle se trouva supérieure en valeur & en nombre à ceux qui restoient. Il y eut beaucoup de sang répandu dans ce dernier combat; & si les Espagnols n'avoient pas pris la fuite dès le commencement de l'action, il s'en fût sauvé très peu d'une si grande Armée. La Cavalerie ne donna point. Car dès que les Maures & les Numides C. Ter. Varro, L. Æmil. Cons. virent que la victoire se déclaroit pourAn. R.536.Av. J. C.216. leurs ennemis par la défaite du corps de bataille, ils prirent la fuite, & faisant marcher les éléphans devant eux, ils laissérent les deux corps de leur Infanterie découverts. Asdrubal, de son côté, aiant soutenu le combat jusqu'au bout, se sauva du milieu du carnage avec un petit nombre de soldats. Les Romains s'emparérent de son camp, & le pillérent.


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Le succès de cette bataille affermit dans le parti des Romains ceux des Espagnols, qui auparavant étoient encore partagés entr'eux & les Carthaginois: au-lieu qu'Asdrubal perdit l'espérance, non seulement de passer en Italie avec son Armée, mais même de demeurer en Espagne avec quel que sureté. Ces bons succès annoncés à Rome par les Lettres des Scipionsgemeint sind Publius und Gnaeus Scipio, y causérent beaucoup de joie, non seulement parce qu'on avoit vaincu Asdrubal en Espagne, mais encore plus parce qu'on l'avoit empêché de passer en Italie.


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Quand on réunit sous un seul point de vue tous les malheurs arrivés aux Romains dans le cours d'une même année; cinquante mille hommes tués à Cannes avec l'élite des Généraux & des Sénateurs; peu de tems après une Armée entiére exterminée avec le Consul dans la Gaule; la défection presque générale des Alliés; l'ordre expédié à Asdrubal de passer en Italie avec toute son Armée, & à Magon autre T. Sempron. Q. Fabius, Cons.An. R.537.Av. J. C.215.frére d'Annibal d'y conduire douze mille hommes de pié, quinze cens chevaux, vingt éléphans; ajoutez à cela le nouveau Traité de Philippe prêt à envoyer contre les Romains une Flotte de deux cens voiles, & à les attaquer par terre & par mer avec toutes ses forces: je le répéte, quand on rassemble toutes ces circonstances, qui pouvoient, & qui même, en parlant humainement, devoient concourir ensemble, tant les mesures étoient sagement concertées, la ruïne de Rome ne paroit-elle pas absolument inévitable, & ne croit-on pas qu'elle touche à sa fin? Mais, si cela est, que devient la prédiction claire & évidente de sa future grandeur, consignée dans les Ecritures? Est-il difficile au Tout-puissant de dissiper & de faire disparoître tous ces dangers? Et c'est ce qui arrive. Dans le moment qu'Asdrubal est prêt à partir, une bataille donnée à propos, & gagnée par les Scipionsgemeint sind Publius und Gnaeus Scipio, l'arrête tout court. La nouvelle de cet échec portée à Carthage, rompt le voyage de Magon. La prise des Ambassadeurs de Philippe déconcerte tous les desseins de ce nouvel ennemi. Nous verrons que Rome, au milieu de tous ces orages, conserve une tranquillité & une constance qui tiennent du prodige. Continuons la suite de l'histoire.