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Enfin, sollicité par les vives instances d'Annibal, qui lui marquoit que les assiégés ne pouvoient plus résister à la famine, & que plusieurs passoient chez les ennemis, il résolut de donner la bataille sans plus dif férer, & convint avec Annibal qu'il feroit dans le même tems une sortie. Les Consuls en étant instruits, affectérent de se tenir tranquilles dans leurs camps. Ce fut une rai son pour Hannon de présenter la bataille avec encore plus de fierté. Il s'avançoit tout près de leurs retranchemens, & leur reprochoit avec insulte leur lâche timidité. Les Romains, contens de défendre leur camp, n'engageoient que de petits combats: ce qui augmentoit toujours la sécurité des Cartha- L. Postum. Q. Mamil. Cons.An. R.490.Av. J. C.262.ginois, & leur mépris pour l'ennemi. En fin un jour qu'Hannon vint à son ordinaire pour attaquer les retranchemens, le Consul Postumius fit aussi sortir selon sa coutume quelques troupes pour le repousser simplement, lesquelles le fatiguérent & le harcelérent depuis six heures du matin jusqu'à midi. Alors comme Hannon se retiroit, le Consul mena toutes ses Légions en bon ordre pour tomber sur lui. Quoiqu'il se vît surpris, ne s'attendant plus à la bataille, il combattit avec toute la valeur possible, de sorte que le succès demeura incertain presque jusqu'à la fin du jour. Mais comme ses troupes avoient déjà beaucoup fatigué avant le combat sans prendre de nourriture, au-lieu que les Romains qui s'y étoient bien préparés en toute maniére apportoient des forces toutes fraîches & un courage tout neuf, la partie ne fut plus égale. La déroute commença par les soldats mercenaires qui étoient à la prémiére ligne, & qui ne purent soutenir plus longtems la fatigue. Non seulement ils abandonnérent leur poste; mais se jettant avec précipitation au milieu des éléphans & sur la seconde ligne, ils troublérent tous les rangs, & entraînérent tous les autres après eux. L'autre Consul n'eut pas moins de succès de son côté, & il repous sa vivement dans la ville Annibal qui avoit fait une sortie, & lui tua beaucoup de monde. Le camp des Carthaginois fut pris. Il y eut trois éléphans de blessés, trente de L. Postum. Q. Mamil. Cons. tués, & onze qui tombérent entre lesAn. R490.Av. J. C.262. mains des Romains. Les hommes furent taillés en piéces, ou dispersés par la fuite. D'une Armée si nombreuse peu se sauvérent à Héraclée avec leur Général.


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Enfin, sollicité par les vives instances d'Annibal, qui lui marquoit que les assiégés ne pouvoient plus résister à la famine, & que plusieurs passoient chez les ennemis, il résolut de donner la bataille sans plus dif férer, & convint avec Annibal qu'il feroit dans le même tems une sortie. Les Consuls en étant instruits, affectérent de se tenir tranquilles dans leurs camps. Ce fut une rai son pour Hannon de présenter la bataille avec encore plus de fierté. Il s'avançoit tout près de leurs retranchemens, & leur reprochoit avec insulte leur lâche timidité. Les Romains, contens de défendre leur camp, n'engageoient que de petits combats: ce qui augmentoit toujours la sécurité des Cartha- L. Postum. Q. Mamil. Cons.An. R.490.Av. J. C.262.ginois, & leur mépris pour l'ennemi. En fin un jour qu'Hannon vint à son ordinaire pour attaquer les retranchemens, le Consul Postumius fit aussi sortir selon sa coutume quelques troupes pour le repousser simplement, lesquelles le fatiguérent & le harcelérent depuis six heures du matin jusqu'à midi. Alors comme Hannon se retiroit, le Consul mena toutes ses Légions en bon ordre pour tomber sur lui. Quoiqu'il se vît surpris, ne s'attendant plus à la bataille, il combattit avec toute la valeur possible, de sorte que le succès demeura incertain presque jusqu'à la fin du jour. Mais comme ses troupes avoient déjà beaucoup fatigué avant le combat sans prendre de nourriture, au-lieu que les Romains qui s'y étoient bien préparés en toute maniére apportoient des forces toutes fraîches & un courage tout neuf, la partie ne fut plus égale. La déroute commença par les soldats mercenaires qui étoient à la prémiére ligne, & qui ne purent soutenir plus longtems la fatigue. Non seulement ils abandonnérent leur poste; mais se jettant avec précipitation au milieu des éléphans & sur la seconde ligne, ils troublérent tous les rangs, & entraînérent tous les autres après eux. L'autre Consul n'eut pas moins de succès de son côté, & il repous sa vivement dans la ville Annibal qui avoit fait une sortie, & lui tua beaucoup de monde. Le camp des Carthaginois fut pris. Il y eut trois éléphans de blessés, trente de L. Postum. Q. Mamil. Cons. tués, & onze qui tombérent entre lesAn. R490.Av. J. C.262. mains des Romains. Les hommes furent taillés en piéces, ou dispersés par la fuite. D'une Armée si nombreuse peu se sauvérent à Héraclée avec leur Général.


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Enfin, sollicité par les vives instances d'Annibal, qui lui marquoit que les assiégés ne pouvoient plus résister à la famine, & que plusieurs passoient chez les ennemis, il résolut de donner la bataille sans plus dif férer, & convint avec Annibal qu'il feroit dans le même tems une sortie. Les Consuls en étant instruits, affectérent de se tenir tranquilles dans leurs camps. Ce fut une rai son pour Hannon de présenter la bataille avec encore plus de fierté. Il s'avançoit tout près de leurs retranchemens, & leur reprochoit avec insulte leur lâche timidité. Les Romains, contens de défendre leur camp, n'engageoient que de petits combats: ce qui augmentoit toujours la sécurité des Cartha- L. Postum. Q. Mamil. Cons.An. R.490.Av. J. C.262.ginois, & leur mépris pour l'ennemi. En fin un jour qu'Hannon vint à son ordinaire pour attaquer les retranchemens, le Consul Postumius fit aussi sortir selon sa coutume quelques troupes pour le repousser simplement, lesquelles le fatiguérent & le harcelérent depuis six heures du matin jusqu'à midi. Alors comme Hannon se retiroit, le Consul mena toutes ses Légions en bon ordre pour tomber sur lui. Quoiqu'il se vît surpris, ne s'attendant plus à la bataille, il combattit avec toute la valeur possible, de sorte que le succès demeura incertain presque jusqu'à la fin du jour. Mais comme ses troupes avoient déjà beaucoup fatigué avant le combat sans prendre de nourriture, au-lieu que les Romains qui s'y étoient bien préparés en toute maniére apportoient des forces toutes fraîches & un courage tout neuf, la partie ne fut plus égale. La déroute commença par les soldats mercenaires qui étoient à la prémiére ligne, & qui ne purent soutenir plus longtems la fatigue. Non seulement ils abandonnérent leur poste; mais se jettant avec précipitation au milieu des éléphans & sur la seconde ligne, ils troublérent tous les rangs, & entraînérent tous les autres après eux. L'autre Consul n'eut pas moins de succès de son côté, & il repous sa vivement dans la ville Annibal qui avoit fait une sortie, & lui tua beaucoup de monde. Le camp des Carthaginois fut pris. Il y eut trois éléphans de blessés, trente de L. Postum. Q. Mamil. Cons. tués, & onze qui tombérent entre lesAn. R490.Av. J. C.262. mains des Romains. Les hommes furent taillés en piéces, ou dispersés par la fuite. D'une Armée si nombreuse peu se sauvérent à Héraclée avec leur Général.


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Annibal voyant que les Romains fatiguésLa villed'Agrigente estprise aprèssept moisde siége. d'une si rude journée, se livroient à la joie de la victoire, & faisoient moins bonne garde qu'à l'ordinaire, profita de ce moment d'inaction & de négligence, sortit de la ville de nuit, & emmena avec lui les troupes mercenaires. Les Romains, qui apprirent sa sortie le lendemain matin, se mirent aussitôt à le poursuivre. Mais comme il avoit beaucoup d'avance sur eux, ils ne purent atteindre que son arriére-garde, dont ils maltraitérent une partie. Les habitans d'Agrigente se voyant abandonnés par les Carthaginois, égorgérent plusieurs de ceux qui étoient restés dans la ville, soit pour se venger des auteurs de leurs maux, soit pour faire leur cour aux vainqueurs. Ils y eut plus de vingt-cinq mille hommes réduits en esclavage. Ainsi fut prise Agrigente, après sept mois de siége. En conséquence, un grand nombre d'autres places se rendirent aux vainqueurs. Cette victoire fut fort utile & glorieuse aux Romains, mais elle leur couta cher. Pendant ce siège il périt par différentes causes, tant de l'Armée des Consuls, que de celle des peuples de Sicile, plus de trente mille hommes. Comme les approches de l'hiver ne laissoient plus lieu à aucune L. Valer. T. Otacil. Cons. entreprise en Sicile, ils retournérent à Messine, pour se rendre de-là à Rome.


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Noire perfidied'Hannonà l'égardde ses soldats mercenaires.Frintin.Stratag. III.16.Zonar.VIII. 386.

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A la douleur que ressentoit Hannon de sa défaite, se joignit une terrible inquiétude par raport à la révolte des soldats mercenaires, & sur-tout des Gaulois, qui se plaignoient avec des cris séditieux de ce qu'on ne leur avoit pas payé quelques mois de solde. Il tâcha de les adoucir par de magnifiques promesses d'un avantage considérable & promt qu'il songeoit à leur procurer, & leur dit qu'il avoit une ville voisine dont il étoit sûr de se rendre maitre par intelligence, & dont il leur destinoit le pillage, qui les dédommageroit avantageusement de tout ce qui leur étoit dû. Ils goutérent fort cette proposition, & se croyant déja fort riches, ils lui marquoient beaucoup de reconnoissance de la bonne volonté qu'il avoit pour eux, & se félicitoient mutuellement du butin qn'ils alloient faire. Cependant Han non avoit engagé son Trésorier à aller trouver le Consul Otacilius comme transfuge, sous prétexte qu'il vouloit éviter de L. Valer. T. Otacil. Cons. rendre ses comptes à son Général; & à luiAn. R.491.Av. J. C.261. donner avis en même tems que la nuit suivante quatre mille Gaulois avoient ordre de se rendre près de la ville d'Entelle*, qu'on devoit leur livrer par trahison; qu'il seroit aisé de les faire tous périr en leur dressant une embuscade. Quoique le Consul ne comptât pas beaucoup sur la parole d'un transfuge, il crut néanmoins ne devoir pas mépriser entiérement cet avis, & plaça une embuscade à l'endroit dont on étoit convenu. Les Gaulois ne manquent pas de venir à l'heure & au lieu marqués. L'embuscade se léve, les attaque brusquement, & les passe tous au fil de l'épée: mais ils vendirent bien cher leur vie. Ainsi Hannon eut une double joie: de s'être acquité de ses dettes à bon marché, & d'avoir fait périr un bon nombre de ses en nemis. Quelle horreur! Hannon justifie bien ici le proverbe appliqué aux Carthanois, La Foi Punique, Fides Punica. Peuton se flatter qu'une si noire & si détestable perfidie demeurera, ou inconnue aux hom mes, ou impunie de la part de la Divinité? Aussi l'on verra, à la fin de cette guerre, Carthage conduite à deux doigts de sa perte, pour avoir manqué de parole à d'autres sol dats mercenaires, & avoir refusé de leurAmilcarest envoyéà la placed'Hannon payer leur solde.


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A la douleur que ressentoit Hannon de sa défaite, se joignit une terrible inquiétude par raport à la révolte des soldats mercenaires, & sur-tout des Gaulois, qui se plaignoient avec des cris séditieux de ce qu'on ne leur avoit pas payé quelques mois de solde. Il tâcha de les adoucir par de magnifiques promesses d'un avantage considérable & promt qu'il songeoit à leur procurer, & leur dit qu'il avoit une ville voisine dont il étoit sûr de se rendre maitre par intelligence, & dont il leur destinoit le pillage, qui les dédommageroit avantageusement de tout ce qui leur étoit dû. Ils goutérent fort cette proposition, & se croyant déja fort riches, ils lui marquoient beaucoup de reconnoissance de la bonne volonté qu'il avoit pour eux, & se félicitoient mutuellement du butin qn'ils alloient faire. Cependant Han non avoit engagé son Trésorier à aller trouver le Consul Otacilius comme transfuge, sous prétexte qu'il vouloit éviter de L. Valer. T. Otacil. Cons. rendre ses comptes à son Général; & à luiAn. R.491.Av. J. C.261. donner avis en même tems que la nuit suivante quatre mille Gaulois avoient ordre de se rendre près de la ville d'Entelle*, qu'on devoit leur livrer par trahison; qu'il seroit aisé de les faire tous périr en leur dressant une embuscade. Quoique le Consul ne comptât pas beaucoup sur la parole d'un transfuge, il crut néanmoins ne devoir pas mépriser entiérement cet avis, & plaça une embuscade à l'endroit dont on étoit convenu. Les Gaulois ne manquent pas de venir à l'heure & au lieu marqués. L'embuscade se léve, les attaque brusquement, & les passe tous au fil de l'épée: mais ils vendirent bien cher leur vie. Ainsi Hannon eut une double joie: de s'être acquité de ses dettes à bon marché, & d'avoir fait périr un bon nombre de ses en nemis. Quelle horreur! Hannon justifie bien ici le proverbe appliqué aux Carthanois, La Foi Punique, Fides Punica. Peuton se flatter qu'une si noire & si détestable perfidie demeurera, ou inconnue aux hom mes, ou impunie de la part de la Divinité? Aussi l'on verra, à la fin de cette guerre, Carthage conduite à deux doigts de sa perte, pour avoir manqué de parole à d'autres sol dats mercenaires, & avoir refusé de leurAmilcarest envoyéà la placed'Hannon payer leur solde.


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A la douleur que ressentoit Hannon de sa défaite, se joignit une terrible inquiétude par raport à la révolte des soldats mercenaires, & sur-tout des Gaulois, qui se plaignoient avec des cris séditieux de ce qu'on ne leur avoit pas payé quelques mois de solde. Il tâcha de les adoucir par de magnifiques promesses d'un avantage considérable & promt qu'il songeoit à leur procurer, & leur dit qu'il avoit une ville voisine dont il étoit sûr de se rendre maitre par intelligence, & dont il leur destinoit le pillage, qui les dédommageroit avantageusement de tout ce qui leur étoit dû. Ils goutérent fort cette proposition, & se croyant déja fort riches, ils lui marquoient beaucoup de reconnoissance de la bonne volonté qu'il avoit pour eux, & se félicitoient mutuellement du butin qn'ils alloient faire. Cependant Han non avoit engagé son Trésorier à aller trouver le Consul Otacilius comme transfuge, sous prétexte qu'il vouloit éviter de L. Valer. T. Otacil. Cons. rendre ses comptes à son Général; & à luiAn. R.491.Av. J. C.261. donner avis en même tems que la nuit suivante quatre mille Gaulois avoient ordre de se rendre près de la ville d'Entelle*, qu'on devoit leur livrer par trahison; qu'il seroit aisé de les faire tous périr en leur dressant une embuscade. Quoique le Consul ne comptât pas beaucoup sur la parole d'un transfuge, il crut néanmoins ne devoir pas mépriser entiérement cet avis, & plaça une embuscade à l'endroit dont on étoit convenu. Les Gaulois ne manquent pas de venir à l'heure & au lieu marqués. L'embuscade se léve, les attaque brusquement, & les passe tous au fil de l'épée: mais ils vendirent bien cher leur vie. Ainsi Hannon eut une double joie: de s'être acquité de ses dettes à bon marché, & d'avoir fait périr un bon nombre de ses en nemis. Quelle horreur! Hannon justifie bien ici le proverbe appliqué aux Carthanois, La Foi Punique, Fides Punica. Peuton se flatter qu'une si noire & si détestable perfidie demeurera, ou inconnue aux hom mes, ou impunie de la part de la Divinité? Aussi l'on verra, à la fin de cette guerre, Carthage conduite à deux doigts de sa perte, pour avoir manqué de parole à d'autres sol dats mercenaires, & avoir refusé de leurAmilcarest envoyéà la placed'Hannon payer leur solde.


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A la douleur que ressentoit Hannon de sa défaite, se joignit une terrible inquiétude par raport à la révolte des soldats mercenaires, & sur-tout des Gaulois, qui se plaignoient avec des cris séditieux de ce qu'on ne leur avoit pas payé quelques mois de solde. Il tâcha de les adoucir par de magnifiques promesses d'un avantage considérable & promt qu'il songeoit à leur procurer, & leur dit qu'il avoit une ville voisine dont il étoit sûr de se rendre maitre par intelligence, & dont il leur destinoit le pillage, qui les dédommageroit avantageusement de tout ce qui leur étoit dû. Ils goutérent fort cette proposition, & se croyant déja fort riches, ils lui marquoient beaucoup de reconnoissance de la bonne volonté qu'il avoit pour eux, & se félicitoient mutuellement du butin qn'ils alloient faire. Cependant Han non avoit engagé son Trésorier à aller trouver le Consul Otacilius comme transfuge, sous prétexte qu'il vouloit éviter de L. Valer. T. Otacil. Cons. rendre ses comptes à son Général; & à luiAn. R.491.Av. J. C.261. donner avis en même tems que la nuit suivante quatre mille Gaulois avoient ordre de se rendre près de la ville d'Entelle*, qu'on devoit leur livrer par trahison; qu'il seroit aisé de les faire tous périr en leur dressant une embuscade. Quoique le Consul ne comptât pas beaucoup sur la parole d'un transfuge, il crut néanmoins ne devoir pas mépriser entiérement cet avis, & plaça une embuscade à l'endroit dont on étoit convenu. Les Gaulois ne manquent pas de venir à l'heure & au lieu marqués. L'embuscade se léve, les attaque brusquement, & les passe tous au fil de l'épée: mais ils vendirent bien cher leur vie. Ainsi Hannon eut une double joie: de s'être acquité de ses dettes à bon marché, & d'avoir fait périr un bon nombre de ses en nemis. Quelle horreur! Hannon justifie bien ici le proverbe appliqué aux Carthanois, La Foi Punique, Fides Punica. Peuton se flatter qu'une si noire & si détestable perfidie demeurera, ou inconnue aux hom mes, ou impunie de la part de la Divinité? Aussi l'on verra, à la fin de cette guerre, Carthage conduite à deux doigts de sa perte, pour avoir manqué de parole à d'autres sol dats mercenaires, & avoir refusé de leurAmilcarest envoyéà la placed'Hannon payer leur solde.


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Amilcarest envoyéà la placed'Hannon

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Les Carthaginois, mécontens d'Hannon,

* Au midi de l'Ile, tirant vers le couchant.

Cn. Cornel. C. Duil. Cons.An. R.491.Av. J. C.261.le révoquérent, & le condannérent à une grosse amende. Amilcar, qu'il ne faut pas confondre avec le pére d'Annibal, fut envoyé en sa place. Ce nouveau Général, n'espérant pas pouvoir l'emporter sur les Romains dans les combats sur terre, songea à tourner toutes les opérations de la guerre du côté où les Carthaginois avoient incontestablement la supériorité, c'est-à-dire du côté de la mer. Il se mit donc à parcourir avec sa Flotte, non seulement les côtes de la Sicile, dont toutes les villes se rendirent à lui, mais celles mêmes de l'I talie, & il portoit par-tout le ravage. Il n'y eut point cette année-ci en Sicile de nouvelle action. Il se fit comme un partage entre les villes situées au milieu des terres, & les maritimes. Les prémiéres embrassoient le parti des Romains, & les autres celui des Carthaginois.


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Nous commençons ici la cinquiéme année de la prémiére Guerre Punique. Les Romains n'avoient pas lieu de se repentir de l'avoir entreprise. Jusqu'ici, siéges ou batailles, tout leur avoit réussi. Cependant, quelque avantageuse que fût la vic toire remportée sur Hannon, & la conquête d'une place aussi importante que celle d'Agrigente, ils comprirent bien que, tant que les Carthaginois demeureroient maitres Cn. Cornel. C. Duil. Cons. de la mer, les villes maritimes de l'Ile seAn. R.492.Av. J. C.260. déclareroient toujours pour eux, & que jamais ils ne pourroient venir à bout de les en chasser. D'ailleurs, ils souffroient avec peine que l'Afrique demeurât paisible & tranquille, pendant que l'Italie étoit infestée par les fréquentes incursions de l'ennemi. Car autant que Rome étoit puissante par ses Légions & ses Armées de terre, autant Carthage étoit redoutable par ses Flottes & ses Armées de mer. Les Romains songérent donc sérieusement pour la prémiére fois à bâtir une Flotte, & à disputer l'empire de la mer aux Carthaginois. L'entreprise étoit hardie, & pouvoit sembler même téméraire: mais elle montre quel é toit le courage & la grandeur d'ame des Romains. Ils n'avoient pas, lorsqu'ils avoient passé en Sicile, un seul bâtiment, si petit qu'il pût être, armé en guerre; & pour faire ce trajet, ils n'avoient eu que leurs canots dont nous avons parlé, avec quelques vaisseaux empruntés de leurs voi sins. Ils n'avoient aucun usage de la marine. Ils n'avoient aucun ouvrier habile dans la construction des vaisseaux. Ils ne connoissoient pas même la forme des quinquérémes, c'est-à-dire des galéres à cinq rangs de rames, qui faisoient alors la principale force des Flottes. Mais heureusement, dès le commencement de la guerre, ils en avoient pris une qui avoit échoué sur la côte, & qui leur servit de modéle. Cette nation appliquée & ingénieuse, que nul tra Cn. Cornel. C. Duil. Cons.An. R.492.Av. J. C.260.vail ne rebutoit, & qui profitoit de tout, apprit de ses ennemis mêmes l'art & l'invention de les vaincre. Les Consuls présidérent à ce nouveau travail. Les Romains, animés par leurs vives exhortations, & encore plus par leur exemple, se mirent avec une ardeur & une industrie incroyables à bâtir des vaisseaux de toutes sortes. Pendant qu'ils étoient occupés à ce travail, d'un autre côté on amassoit des rameurs; on les formoit à une manœuvre, qui jusques-là leur avoit été absolument inconnue; & assis sur des bancs au bord de la mer dans le même ordre qu'on l'est dans les vaisseaux, on les accoutumoit, comme s'ils eussent été actuellement à la chiourme, & qu'ils eussent eu en main des rames, à s'élancer en arriére en retirant leurs bras, puis à les repousser en avant pour recommencer le même mouvement, & cela tous ensemble, de concert, & dans le même instant, dès qu'on en donnoit le signal. On équipa dans l'espace de deux mois, cent galéres à cinq rangs de rames, & vingt à trois rangs: en (a) sorte, dit un Auteur, qu'on auroit presque cru, que ce n'étoient pas des bâtimens construits par l'art, mais des arbres métamorphosés en galéres par les Dieux. Après qu'on eut exercé pendant quelque tems les rameurs dans les vais

(a) Ut non arte factæ, sed quodam munere deorum conversæ in naves, atque mutatæ arbores viderentur. Flor. II. 2.

Cn. Cornel. C. Duil. Cons. seaux mêmes, la Flotte se mit en mer. LeAn. R.492.Av. J. C.260. commandement de l'Armée de terre dans la Sicile étoit échu à Duilius, celui de la Flotte à Cornélius.


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On donna le signal du combat. La Flotte des Carthaginois étoit composée de cent trente vaisseaux, & commandée par Annibal, le même dont on a déja parlé. Il montoit une galére à sept rangs de ra mes, qui avoit appartenu à Pyrrhus. Les Carthaginois, à qui l'échec qu'ils venoient de recevoir n'avoit pas encore appris à ne point mépriser leurs ennemis, s'avancent fiérement, moins pour combattre, que pour recueillir les dépouilles dont ils se croyoient déja maitres. Ils furent pourtant un peu étonnés de ces machines, qu'ils voyoient élevées sur la proue de chaque vaisseau, & qui étoient nouvelles pour eux. Mais ils le furent bien plus, quand ces mêmes machines, abaissées tout d'un coup, & lancées avec force contre leurs vaisseaux, les accrochérent malgré eux, & changeant la forme du combat les obligérent à en venir aux mains comme si on eût été sur terre. C'étoit le fort des Romains de combattre de pié ferme. C'est pourquoi, lorsqu'ils en vinrent à l'abordage par le moyen de leurs corbeaux, ils eurent une

(a) Polybe fait une description fort détaillée de cette machine, mais fort obscure. Il y a plusieurs sortes de Corbeaux. On peut voir la dissertation de Mr. Follart sur cette matière.Polybe Liv. I. pag. 83. &c.

Cn. Cornel. C. Duil. Cons.An. R.492.Av. J. C.260.grande supériorité sur des ennemis qui ne les surpassoient qu'en agilité & en adresse pour la manœuvre, mais qui leur étoient inférieurs dans tout le reste. Aussi ne purent-ils soutenir l'attaque des Romains. Le carnage fut horrible. Les Carthaginois perdirent trente vaisseaux, parmi lesquels étoit celui du Général, qui se sauva avec peine dans une chaloupe.


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Annibal,

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Le Consul Cornélius s'avança vers ces Iles. Il prit d'abord Alérie dans la Corse, & toutes les autres places se rendirent. De-là il passa en Sardaigne. Il rencontra, en y allant, la Flotte ennemie, qu'il mit en fuite. Il avoit dessein d'attaquer Olbia:{??} mais se sentant trop foible, & trouvant cette ville trop en état de se bien défendre, il renonça à ce siège, & retourna à Rome pour y ramasser des troupes plus nombreuses. A son retour il fut plus heureux. Aiant vaincu dans une ba taille Hannon qui y fut tué, il prit la ville. Le Consul fit faire au Général Carthaginois d'honorables funérailles, persuadé que cet acte d'humanité à l'égard d'un ennemi reléveroit beaucoup l'éclat de la victoire qu'il avoit remportée. Cette action de Cornélius convient à sa probité & à sa vertu attestée par une inscription antique, que je raporterai ici parce qu'elle est courte, mais qui renferme un éloge par fait, en marquant que Cornélius parmi les

(a) Jam domiti ut pareant, nondum ut serviant.Tacit. in Vit. Agric. cap. 13.

L. Cornel. C. Aquil. Cons.An. R.493.A. J. C.259.gens de bien tenoit le prémier rang, Honc oinom ploerumei cosentiont duonorum optimom fuisse virom. Ce qui s'écriroit selon la manière des âges postérieurs: Hunc unum plurimi consentiunt bonorum optimum fuisse virum.