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Les années suivantes ne fournissent pas de grands événemens, jusqu'à la bataille dé cisive qui termina la guerre. Amilcar, surnommé Barcas, pére du grand Annibal, succéde à Carthalon en Sicile. Il part de- L. C. Metell. Num. Fab. Cons.An. R.504.Av. J. C.248.là avec sa Flotte pour l'Italie, & ravage les terres des Locriens & des Brutiens.


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Amilcar s'empare d'une montagne nommée Epiercte ou Ercte, & située entre Panorme & Eryx, d'où il incommode fort les Romains.


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Les Consuls étoient occupés, l'un au siéPolyb. I. 58ge de Lilybée, l'autre à celui de Drépane. Amilcar, du poste qu'il avoit occupé, les harceloit continuellement; & cette manœuvre dura plusieurs années. On mit des deux côtés tout en usage. C'étoient tous les jours de nouvelles ruses de guerre, des piéges, des surprises, des approches, des attaques. Rien ne fut oublié: mais il ne se passa rien de décisif.


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Amilcar trouve le moyen de faire entrerFrontin.III. 10. du secours & des vivres dans Lilybée.


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An. R.508.Av. J. C.244.<Amilcar serend maitre de laville d'Eryx.Polyb. I. 59.Diod. Eclog.XXIV. pag.881.

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Nous avons dit auparavant que les Romains s'étoient rendu maitres d'Eryx. Aiant placé un bon corps de troupes au sommet de la montagne, & un autre pareil au bas, ils croyoient n'avoir rien à craindre pour la ville située entre les deux, d'autant plus que sa situation seule sembloit la mettre hors de tout danger. Mais ils avoient af- A. Manl. C. Sempron. Cons.An. R.508.Av. J. C.244.faire à un ennemi dont la vigilance & l'activité auroient dû les tenir toujours en haleine. Amilcar fit avancer ses troupes pendant la nuit, & marchant à leur tête il fit une lieue & demie dans un profond silence en tournoyant sur cette montagne, s'empara de la ville après avoir tué une partie de la garnison, & fit conduire le reste à Drépane. On ne conçoit pas comment les Carthaginois purent se soutenir dans ce poste, attaqués comme ils l'étoient & d'en haut & d'en bas, & ne pouvant recevoir de convois que par un seul endroit de mer dont ils étoient maitres. C'est par de tels coups, autant & peut-être plus que par le gain d'une bataille, qu'on connoit l'habileté & la sage hardiesse d'un Commandant.


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La guerre, dans ce petit intervalle de lieu sur la montagne d'Eryx, étoit la plus vive & la plus animée qu'il soit possible d'imaginer. Amilcar, posté entre deux corps de troupes, l'un en haut, l'autre en bas, étoit assiégé par celui-ci, comme de son côté il assiégeoit l'autre. L'attaque & la résistance étoient soutenues de part & d'autre avec une égale vivacité. Nul repos ni jour ni nuit. Ils avoient appris à ne se pas laisser surprendre. Ils savoient qu'un moment pouvoit être décisif. Tantôt vainqueurs, tantôt vaincus, ils ne perdoient point courage. Ni la disette de vivres, ni les fatigues, ni les dangers qu'ils eurent à souffrir pendant deux ans, ne pu- C. Fundan. C. Sulpic. Cons. rent engager aucun des deux partis à céder.An. R.508.Av. J. C.244.Vell. I. 14. Ce double siége, car on peut bien l'appelleé ainsi, ne finit qu'avec la guerre même.


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Les Carthaginois fort surpris que les Romains osassent reparoître en mer, & ne voulant pas que le camp d'Eryx manquât d'aucune des munitions nécessaires, équipérent sur le champ des vaisseaux, & les ayant fournis de grains & d'autres provifions, ils firent partir cette Flotte, dont ils donnérent le commandement à Han non. Celui-ci cingla d'abord vers l'Ile d'Hiére, dans le dessein d'aborder à Eryx sans être aperçu des ennemis, d'y décharger ses vaisseaux, d'ajouter à son Armée navale ce qu'il y avoit de meilleurs sol dats à Eryx, & d'aller avec Amilcar présenter la bataille aux ennemis.


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Au point du jour, voyant que le vent, favorable aux Carthaginois, lui étoit fort contraire, & que la mer étoit extrêmement agitée, il hésita d'abord sur le parti qu'il devoit prendre. Mais il fit ensuite réflexion, que s'il donnoit le combat pendant ce gros tems, il n'auroit affaire qu'à l'Armée navale, & à des vaisseaux chargés & pesans: qu'au contraire, s'il attendoit le calme, & laissoit Hannon se joindre avec le camp d'Eryx, il auroit à combattre contre des vaisseaux devenus légers par la décharge de leurs fardeaux; contre l'élite de l'Armée de terre; &, ce qui étoit alors plus formidable que tout le reste, contre l'intrépidité d'Amilcar. Toutes ces raisons le déterminérent à saisir l'occasion présente. Ces motifs de la conduite d'un Général, exposés de la sorte par un homme plus habile encore comme Guerrier que comme Ecrivain, tel

(a) C'étoit une des Iles appellées Egates.

C. Lutat. A. Postum. Cons. que Polybe, ajoutent un prix infini auAn. R.510.A. J. C.242. récit des faits, & en sont comme l'ame.


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Lutatius, après l'action, s'avança vers Lilybée, & joignit ses troupes à celles desOrosius,IV. 10.assiégans. Quand il les y eut fait reposer quelque tems, il les mena à Eryx, où il remporta un avantage sur Amilcar, sans doute dans un combat sur terre, & lui tua deux mille hommes.


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Quand ces tristes nouvelles furent portées à Carthage, elles y causérent d'autant plus de surprise & d'effroi, qu'on s'y étoit moins attendu. Le Sénat ne perdit pas courage. Le desir de continuer la guerre ne leur manquoit pas: mais l'état de leurs affaires s'y refusoit. Les Romains tenant la mer, il n'étoit plus possible d'envoyer ni vivres, ni secours aux Armées de Sicile. Ils dépêchérent donc au plutôt vers Amilcar Barcas qui y commandoit, & laissérent à sa prudence de prendre tel parti qu'il jugeroit à propos. Ce grand homme, tant qu'il avoit vu quelque rayon d'espérance, avoit fait tout ce qu'on pouvoit attendre du courage le plus intrépide, & de la sagesse la plus consommée. C. Lutat. A. Postum. Cons. Mais comme il ne lui restoit plus de resAn. R.510.Av. J. C.242.source, il députa vers le Consul pour traiter d'alliance & de paix: la prudence, dit Polybe, consistant à savoir & résister & céder à propos.


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Le Consul avoit demandé que les troupes qui étoient dans Eryx, livrassent leurs ar mes. Barcas tint ferme sur cet article, & déclara qu'il s'exposeroit aux derniéres extrémités & périroit, plutôt que de consenLiv. XXI.41.tir à une telle infamie. Il convint seulement de payer dix-huit deniers Romains (neuf livres) pour chacun des soldats qui composoient cette garnison.


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Pour les soldats, nulle comparaison entre ceux de Rome & ceux de Carthage, les prémiers l'emportant infiniment sur les autres pour le courage. Parmi les Gé néraux, Amilcar, surnommé Barcas, fut sans contredit celui de tous qui se distingua le plus & par sa bravoure, & par sa prudence. Dans toute cette guerre, il n'a paru, du côté des Romains, aucun Général dont les talens éclatans puissent être regardés comme la cause de la victoire: ensorte que c'est uniquement par la cons titution de son état, & par des vertus, si j'ose ainsi parler, nationales, que Rome triompha de Carthage.


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Lutatius & Valére étoient restés en Sicile, le prémier en qualité de Proconsul, l'autre contre tous les réglemens nécessai res pour y établir un bon ordre, & fixérent les droits & les tributs que chaque ville devoit payer à la République. Ils s'appliquérent sur-tout à écarter toute cause & toute occasion de trouble & de remuement. Pour cela ils ôtérent les armes à ceux des Siciliens qui s'étoient déclarés pour Amil car, & ils ordonnérent aux Gaulois qui avoient quité le parti du même Amilcar pendant qu'ils étoient en garnison sur le Mont Eryx, pour embrasser celui des Romains, de sortir de l'Ile & d'aller s'établir ailleurs, leur fournissant pour cet effet les vaisseaux qui leur étoient nécessaires. Ils prirent pour prétexte de cet ordre, qui devoit leur paroître fort dur, le crime qu'ils avoient commis en pillant le Temple de Q. Lutat. A. Manlius, Cons.An. R.511.Av. J. C.241.Vénus bâti sur le Mont Eryx: crime qui les avoit rendu odieux à toute l'Ile. Depuis ce tems-là, la partie de la Sicile qui avoit obéi aux Carthaginois, devint province du peuple Romain. Le reste de l'Ile formoit le Royaume d'Hiéron. Après que tout eut été réglé, Lutatius & Valére retournérent à Rome. Le triomphe fut décerné à Lutatius. Pour lors Valére ayant représenté qu'il avoit contribué également à l'heureux succès des armes Romaines, ajouta qu'il paroissoit juste qu'ayant partagé avec Lutatius les soins & les dangers du combat, il en partageât aussi avec lui l'honneur & la récompense. Ce qui rendoit la cause du Préteur encore plus favorable, & ce qu'il ne manqua pas de faire valoir, c'est que dans la bataille, le Consul, qui n'étoit pas encore bien guéri de sa blessure, n'avoit pas pu agir; de sorte que Valére avoit fait les fonctions de Général dans cette action. Lutatius s'opposa à sa demande comme insolite & injuste, prétendant qu'il étoit contre l'usage & contre les Loix d'égaler, dans la distribution des honneurs, deux puissances, dont l'une étoit inférieure & subordonnée à l'autre. La dispute s'échaufant des deux côtés, ils convinrent de prendre pour arbi tre Atilius Calatinus, qui, sur le titre de supériorité de pouvoir dans Lutatius que son adversaire ne pouvoit pas lui contester, donna gain de cause au prémier. Q. Lutat. A. Manlius, Cons. Malgré ce jugement, comme Valére avoitAn. R.511.Av. J. C.241. fait paroître dans cette guerre un mérite singulier, l'honneur du triomphe lui fut aussi accordé.


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Lutatius & Valére étoient restés en Sicile, le prémier en qualité de Proconsul, l'autre contre tous les réglemens nécessai res pour y établir un bon ordre, & fixérent les droits & les tributs que chaque ville devoit payer à la République. Ils s'appliquérent sur-tout à écarter toute cause & toute occasion de trouble & de remuement. Pour cela ils ôtérent les armes à ceux des Siciliens qui s'étoient déclarés pour Amil car, & ils ordonnérent aux Gaulois qui avoient quité le parti du même Amilcar pendant qu'ils étoient en garnison sur le Mont Eryx, pour embrasser celui des Romains, de sortir de l'Ile & d'aller s'établir ailleurs, leur fournissant pour cet effet les vaisseaux qui leur étoient nécessaires. Ils prirent pour prétexte de cet ordre, qui devoit leur paroître fort dur, le crime qu'ils avoient commis en pillant le Temple de Q. Lutat. A. Manlius, Cons.An. R.511.Av. J. C.241.Vénus bâti sur le Mont Eryx: crime qui les avoit rendu odieux à toute l'Ile. Depuis ce tems-là, la partie de la Sicile qui avoit obéi aux Carthaginois, devint province du peuple Romain. Le reste de l'Ile formoit le Royaume d'Hiéron. Après que tout eut été réglé, Lutatius & Valére retournérent à Rome. Le triomphe fut décerné à Lutatius. Pour lors Valére ayant représenté qu'il avoit contribué également à l'heureux succès des armes Romaines, ajouta qu'il paroissoit juste qu'ayant partagé avec Lutatius les soins & les dangers du combat, il en partageât aussi avec lui l'honneur & la récompense. Ce qui rendoit la cause du Préteur encore plus favorable, & ce qu'il ne manqua pas de faire valoir, c'est que dans la bataille, le Consul, qui n'étoit pas encore bien guéri de sa blessure, n'avoit pas pu agir; de sorte que Valére avoit fait les fonctions de Général dans cette action. Lutatius s'opposa à sa demande comme insolite & injuste, prétendant qu'il étoit contre l'usage & contre les Loix d'égaler, dans la distribution des honneurs, deux puissances, dont l'une étoit inférieure & subordonnée à l'autre. La dispute s'échaufant des deux côtés, ils convinrent de prendre pour arbi tre Atilius Calatinus, qui, sur le titre de supériorité de pouvoir dans Lutatius que son adversaire ne pouvoit pas lui contester, donna gain de cause au prémier. Q. Lutat. A. Manlius, Cons. Malgré ce jugement, comme Valére avoitAn. R.511.Av. J. C.241. fait paroître dans cette guerre un mérite singulier, l'honneur du triomphe lui fut aussi accordé.