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Quintius aiant remarqué que les Généraux qui avoient été envoyés devant lui contre Philippe, comme sulpicius & Villius, n'étoient entrés dans la Macédoine que sur l'arriére-saison, & qu'ils n'y avoient fait la guerre qu'avec beaucoup de lenteur, consumant le tems en de légéres escarmouches pour forcer quelques passages, ou pour enlever quelques convois; il songea tout au contraire à mettre le tems à profit, & à hâter son départ. Aiant donc obtenu du sénat qu'on lui donnât son frére Lucius pour commander son Armée de mer, il choisit parmi les soldats, qui sous la conduite de scipion avoient vaincu les Carthaginois en Espagne & en Afrique, environ trois mille hommes qui étoient encore en état de servir, & pleins de bonne volonté pour suivre. Il y en joignit encore cinq mille, & avec un corps de huit mille hommes de pié & huit cens chevaux il passa en Epire, & se rendit à grandes journées au camp des Romains. Il trouva Villius campé devant l'Armée de Philippe, qui depuis longtems gardoit les passages & les défilés, & tenoit l'Armée Romaine en échec.


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Le Consul, après avoir pris le commandement des troupes, & renvoyé Villius, commença par considérer avec soin l'assiette du pays. L'unique passage pour arriver aux ennemis étoit un petit chemin entre de Ælius et Quintius Cons. hautes montagnes & le fleuve (a) AoüsAn. R. 554.Av. J. C.198.s'étoit re-tranché. qui coule au pié de ces montagnes. Ce chemin, taillé dans le roc, étoit si étroit & si escarpé, qu'une Armée ne pourroit y passer que très difficilement quand il ne seroit pas défendu, & pour peu qu'on le défendît il paroissoit impraticable. Quintius assembla le Conseil de guerre, pour savoir s'il marcheroit aux ennemis par le chemin le plus droit & le plus court, pour les aller forcer dans leur camp; ou si, abandonnant un dessein aussi pénible que dangereux, il feroit un long circuit, mais sans danger, pour entrer dans la Macédoine par la Dassarétie. Les avis se trouvérent partagés. Quintius auroit pris volontiers le dernier parti. Mais outre que ce détour traînoit les affaires en longueur, & laissoit au Roi le tems de lui échapper en s'enfonçant dans les déserts & les forêts comme il avoit déja fait, il craignoit de s'éloigner de la mer, d'où il tiroit ses vivres. Ainsi il résolut de forcer les passages, quoi qu'il dût lui en couter. Il se prépara donc à cette hardie entreprise.


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Le Consul, après avoir pris le commandement des troupes, & renvoyé Villius, commença par considérer avec soin l'assiette du pays. L'unique passage pour arriver aux ennemis étoit un petit chemin entre de Ælius et Quintius Cons. hautes montagnes & le fleuve (a) AoüsAn. R. 554.Av. J. C.198.s'étoit re-tranché. qui coule au pié de ces montagnes. Ce chemin, taillé dans le roc, étoit si étroit & si escarpé, qu'une Armée ne pourroit y passer que très difficilement quand il ne seroit pas défendu, & pour peu qu'on le défendît il paroissoit impraticable. Quintius assembla le Conseil de guerre, pour savoir s'il marcheroit aux ennemis par le chemin le plus droit & le plus court, pour les aller forcer dans leur camp; ou si, abandonnant un dessein aussi pénible que dangereux, il feroit un long circuit, mais sans danger, pour entrer dans la Macédoine par la Dassarétie. Les avis se trouvérent partagés. Quintius auroit pris volontiers le dernier parti. Mais outre que ce détour traînoit les affaires en longueur, & laissoit au Roi le tems de lui échapper en s'enfonçant dans les déserts & les forêts comme il avoit déja fait, il craignoit de s'éloigner de la mer, d'où il tiroit ses vivres. Ainsi il résolut de forcer les passages, quoi qu'il dût lui en couter. Il se prépara donc à cette hardie entreprise.


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Conféren-ce entreQuintius &Philippe.Liv.XXXII.10.

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Cependant, Philippe aiant demandé uneConféren-ce entreQuintius &Philippe.Liv.XXXII.10. entrevue par l'entremise des Epirotes, pour tâcher de trouver des moyens de conciliation & de paix, Quintius y consentit sans peine. Les conférences se tinrent sur les

(a) Plutarque nomme l'Apsus, riviére plus septentrionale que l'Aoüs. Mais toute la suite des faits nous détermine à préférer Tite-Live.

Ælius et Quintius Cons.An. R. 554.Av. J. C.198.bords du fleuve Aoüs. Elles durérent trois jours. Le Consul offrit au Roi la paix & l'amitié des Romains, à condition qu'il laisseroit les Grecs en liberté & soumis à leurs propres loix, & qu'il retireroit ses garnisons de leurs places. C'étoit-là le principal article. On y en ajouta plusieurs autres, dont la discussion demanda quelque tems. Quand on examina quels étoient les peuples à qui on devoit rendre la liberté, le Consul nomma les Thessaliens les prémiers. La Thessalie, depuis Philippe pére d'Alexandre, avoit toujours été soumise aux Macédoniens. Ainsi le Roi fut si indigné de la proposition que lui faisoit le Consul, que transporté de colére il s'écria: Quelles loix plus dures m'imposeriez-vous donc, Quintius, si vous m'aviez vaincu? & sur le champ il rompit les conférences. On vit pour-lors clairement, & les plus affectionnés au parti de Philippe furent forcés de le reconnoître, que les Romains étoient venus pour faire la guerre, non aux Grecs, mais aux Macédoniens en faveur des Grecs: ce qui leur gagna le cœur des peuples.


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Quelles loix plus dures m'imposeriez-vous donc, Quintius, si vous m'aviez vaincu?

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Un Bergerdécouvre àQuintiueun sentierpour arri-ver à l'en-nemi.Liv. ibid.Plutar. inFlam. 370.

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Les affaires étoient dans cette situation,Un Bergerdécouvre àQuintiueun sentierpour arri-ver à l'en-nemi.Liv. ibid.Plutar. inFlam. 370. lorsqu'un Berger envoyé par Charopus, l'un des principaux de la nation des Epirotes qui favorisoit secrettement les Romains, vint trouver le Consul. Il lui dit qu'il faisoit paître son troupeau dans le défilé où le Roi étoit campé avec ses troupes; qu'il connoissoit tous les détours & les sentiers écartés de ces montagnes; que si le Consul vouloit envoyer avec lui quelque détachement de soldats, il les conduiroit par des chemins surs & faciles au-dessus de la tête des ennemis. Quoique Quintius ne fût pas absolument sans défiance, & que sa joie fût mêlée de quelque crainte, cependant, frappé du nom & de l'autorité de Charopus, il résolut de tenter l'entreprise.


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Quintiusdéfait Phi-lippe, &l'oblige defuir.Liv. ibid.12. Plut.ibid. 371.

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Pour ôter tout soupçon aux ennemis, il continua de les harceler vivement, comme s'il eût prétendu les forcer dans leurs postes. Au troisiéme jour, dès le matin, Quintius apperçut sur le haut des montagnes une fumée, d'abord assez médiocre, mais qui grossissant de plus en plus obscurcit bientôt l'air, & s'éleva par grands tourbillons. Alors aiant donné au détachement le signal dont il étoit convenu, il marche droit contre la hauteur, toujours exposé aux traits des Macédoniens, & toujours combattant à coups de main contre ceux qui défendoient les passages. Les Romains jettoient de grands cris pour se faire entendre de leurs compagnons qui étoient sur la hauteur. Ceux-ci répondent du haut de la montagne à ces cris par un bruit épouvantable, & tombent en même tems sur les Macédoniens, qui se voyant attaqués en tête & en queue, perdent courage, & prennent tous la fuite. L'Armée de Philippe auroit été entiérement défaite, si les vainqueurs eussent pu la poursuivre; mais la Cavalerie fut arrêtée par la difficulté des lieux, & l'Infanterie par la Ælius et Quintius Cons. pesanteur de ses armes. Philippe s'enfuitAn. R. 554.Av. J. C.198. d'abord avec précipitation, & sans regarder derriére lui. Mais, après avoir fait plus d'une lieue & demie, jugeant, comme il étoit vrai, que la difficulté des chemins avoit arrêté les ennemis, il s'arrêta sur une éminence, & envoya des Officiers dans tous les vallons & sur toutes les montagnes voisines, pour ramasser ceux des siens que la fuite avoit dispersés. Les vainqueurs trouvant le camp des Macédoniens abandonné, le pillérent tout à leur aise, & rentrérent dans le leur, où ils prirent du repos pendant la nuit.


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Quintius Flamininus n'en usa pas de laL'Epire &la Thessaliese soumet-tentà Quin-tius.Liv.XXXII.14. 15. sorte. Il passa par l'Epire sans ravager le pays, quoiqu'il sût que les principaux, à l'exception de Charopus, avoient été contraires aux Romains. Mais, comme ils obéissoient de bonne grace, il eut plus d'égard à leur disposition présente, qu'au ressentiment qu'il pouvoit avoir du passé; ce qui lui gagna le cœur des Epirotes, & les Ælius et Quintius Cons.An. R. 554.Av. J. C.198.lui attacha d'inclination. Il sentit bientôt combien cette conduite de douceur & de modération lui fut avantageuse; car il ne fut pas plutôt arrivé sur les frontiéres de la Thessalie, que la plupart des villes s'emLiv.XXXII.17.pressérent pour lui ouvrir leurs portes. Atrax fut presque la seule qui ne se rendit point. Elle étoit très bien fortifiée, & avoit une nombreuse garnison, toute composée de Macédoniens. Elle fit une si longue & si vigoureuse résistance, que le Consul se trouva enfin obligé de lever le siége.


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L'Epire &la Thessaliese soumet-tentà Quin-tius.Liv.XXXII.14. 15.

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Quintiusassiége Ela-tie.Ibid. 18.

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Pendant qu'il étoit occupé à ce siége, il forma un dessein important, qui étoit de détacher les Achéens du parti de Philippe, & de leur faire embrasser celui des Romains. Les trois Flottes unies étoient prêtes à former le siége de Corinthe, dont Philippe étoit actuellement le maître. Rien ne pouvoit faire plus de plaisir aux Achéens, Ælius et Quintius Cons. que de leur rendre cette grande & impor-An. R. 554.Av. J. C.198.Philippe ysont écou-tés. Aprèsde longuescontesta-tions l'As-semblée sedéclarepour lesRomains.Liv.XXXII. 19-23. tante ville. Le Consul crut devoir les tenter par cette offre, & leur en fit porter la parole par des Ambassadeurs de Lucius son frére, d'Attale, des Rhodiens, & des Athéniens. Les Achéens donnérent audience à tous ces Ambassadeurs dans une Assemblée de la Nation qui se tint à sicyone.


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que les forces de la République Achéenne puissent soutenir les armes Romaines, auxquelles les Macédoniens ont été obligés de céder? Quintius aiant trouvé Philippe dans un poste inaccessible, l'en a arraché, lui a pris son camp, l'a pour-