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Cependant on fit le dénombrement,Dénombrement. qui fut le quarante-troisiéme. Il s'y trouva deux cens soixante-dix mille deux cens treize citoyens. L. Emilius & C. Fla minius étoient alors Censeurs.


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nemi, & ravage tout le pays pour attirer le Consul au combat. Flaminius, malgré les avis du Conseil de guerre, & les mauvais présages, engage le combat. Fameuse bataille du Lac de Trasiméne. Contraste de Flaminius & d'Annibal. Mauvais choix du Peuple, cause de la défaite. Affliction générale qu'elle cause à Rome.

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nemi, & ravage tout le pays pour attirer le Consul au combat. Flaminius, malgré les avis du Conseil de guerre, & les mauvais présages, engage le combat. Fameuse bataille du Lac de Trasiméne. Contraste de Flaminius & d'Annibal. Mauvais choix du Peuple, cause de la défaite. Affliction générale qu'elle cause à Rome.

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Ces tristes réflexions n'occupérent pasPréparatifs pourla campagne suivante. longtems les Romains. Ils songérent à prévenir les suites d'un si fâcheux événement. On fit de grands préparatifs pour la campagne suivante: on mit des garnisons dans les places: on envoya des troupes en Sardaigne & en Sicile: on en fit marcher aussi à Tarente, & dans tous les postes importans. L'on équipa soixante galéres à cinq rangs de rames, & l'on dépêcha aussi vers Hiéron pour lui demander du secours. Ce Roi leur fournit cinq cens Crétois, & mille Rondachers. Enfin il n'y eut point de mesures que l'on ne prît, point de mouvement que l'on ne se donnât. Car, ajoute Polybe, tels sont les Romains en général & en particulier: plus ils ont raison de craindre, plus ils deviennent P. Corn. Ti. Sempron. Cons.An. R.534.Av. J. C.218.redoutables. Avant tout, ils firent venir de l'Armée le Consul Sempronius, pour présider à l'Assemblée où l'on devoit procéder à l'élection des Consuls. On nomma pour cette charge Cn. Servilius, & C. Flaminius. Nous verrons bientôt quel étoit le caractére de ce dernier, après que nous aurons raporte ce qui se passa en Espagne dans la même année.


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On avoit désigné pour Consuls Cn. Ser vilius & C. Flaminius. Ce dernier s'étoit fait connoitre depuis longtems pour un esprit brouillon, séditieux, incapable soit de prendre son parti avec sagesse, soit de fléchir après l'avoir pris une fois. Nous avons vu qu'il avoit eu de vives contestations avec les Sénateurs, en prémier lieu pendant son Tribunat, & une seconde fois dans son prémier Consulat; d'abord au sujet du Consulat même qu'on vouloit l'obliger d'abdiquer, puis à l'occasion du triom

(a) Romæ aut circa urbem multa, eâ hieme, prodigia facta: aut (quod evenire solet motis semel in religionem animis) multa nunciata, & temerè credita sunt. Liv.

P. Corn. Ti. Sempron. Cons. phe dont on avoit entrepris de le priver. IlsAn. R.534.Av. J. C.218. s'étoit encore rendu odieux aux Sénateurs, à cause d'une nouvelle Loi que Q. Claudius avoit portée contre leur Ordre, n'ayant de tous les Sénateurs que le seul Flaminius qui l'appuyât dans cette entreprise. Cette Loi faisoit défense à tout Sénateur d'avoir une barque qui tînt plus de trois censamphores, qui équivalent au poids de 15625 de nos livres, ou moins de huit* tonneaux, comme l'on compte sur mer. Q. Claudius trouvoit que c'étoit assez pour transporter à Rome les fruits que les Sénateurs recueilloient dans leurs terres, & qu'il étoit indigne de leur rang de faire servir leurs vaisseaux de charge à transporter la recolte des autres pour de l'argent. La haine du Sénat ne servit qu'à lui acquérir la faveur du Peuple, qui par une affection aveugle l'éleva une seconde fois au Consulat.


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Il se persuada que les Sénateurs, pour se venger de lui, le retiendroient à Rome, soit en alléguant de mauvais présages, soit en l'obligeant de célébrer les Féries Latines, ou enfin en apportant quelqu'un des prétextes dont on avoit coutume de se servir pour retarder le départ des Consuls. Résolu de couper court à toutes ces difficultés, il feignit d'avoir affaire à la campagne; & étant sorti de Rome il s'en alla furtivement dans sa province, n'étant encore que

* Le tonneau de mer pése 2000 livres, au dire du Dictionnaire de Trévoux.

P. Corn. Ti. Sempron. Cons.An. R.534.Av. J. C.218.particulier. Cette évasion, quand elle fut devenue publique, anima encore davantage les Sénateurs, déja fort irrités contre lui. On disoit hautement, „Que Fla minius avoit déclaré la guerre, non seulement au Sénat, mais aux Dieux-mêmes. Qu'aiant été fait Consul la prémiére fois contre les Auspices qui s'opposoient à son élection, il s'étoit moqué des Hommes & des Dieux, qui de concert lui défendoient de donner bataille. Que maintenant, agité par les reproches que sa conscience lui faisoit de son impiété, il avoit évité de paroître au Capitole, & d'y faire la cérémonie auguste de son entrée dans le Consulat, pour n'être point obligé d'invoquer le grand Jupiter en un jour si solennel; pour ne point voir ni consulter le Sénat, qu'il haïssoit seul de tous les Romains, & de qui il savoit qu'il avoit mérité d'être haï; pour se sous traire aux cérémonies les plus augustes & les plus indispensables; pour éviter de faire dans le Capitole les vœux ordinaires pour la prospérité de la République, & la sienne propre; & partir ensuite pour sa province revétu des marques honorables de sa dignité. Qu'il étoit sorti de Rome à la dérobée comme le dernier des valets de son Armée, sans être précédé de ses licteurs, sans faire porter devant lui les haches & les faisceaux, à peu près comme s'il eût Cn. Servil. C. Flamin. Cons. quité sa patrie pour aller en exil. CroyoitAn. R.534.Av. J. C.218.il plus honorable & plus décent pour lui & pour l'Empire Romain, de faire une cérémonie si sainte & si éclatante à Rimini qu'à Rome, & dans une hôtellerie qu'à la vue de ses Dieux domestiques?“


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C. Flaminius II.


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Servilius entra en charge à Rome aux Ides, c'est-à-dire le 15 de Mars, jour solennel & marqué alors pour cette cérémonie; & assembla les Sénateurs, pour les consulter sur les opérations de la campagne qu'il alloit commencer. Cette délibération donna lieu de renouveller les reproches contre Flaminius. Ils se plaignoient d'avoir créé deux Consuls, & de n'en avoir qu'un. Que Flaminius ne pouvoit passer pour tel, étant parti de Rome sans autorité & sans auspices. Que c'étoit au Capitole que les Consuls recevoient Cn. Servil. C. Flamin. Cons.An. R.535.Av. J. C.217.ces deux caractéres, à la vue des Dieux & des Citoyens de Rome, après avoir célébré les Féries Latines, & fait sur la Montagne d'Albe, & dans le Temple du grand Jupiter, les sacrifices accoutumés; & non pas dans la province & dans une terre étrangére, où il n'avoit porté que la qualité de particulier. Servilius, après avoir reçu ses instructions, s'en alla avec ses troupes à Rimini, pour fermer aux ennemis les passages de ce côté-là.


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Servilius entra en charge à Rome aux Ides, c'est-à-dire le 15 de Mars, jour solennel & marqué alors pour cette cérémonie; & assembla les Sénateurs, pour les consulter sur les opérations de la campagne qu'il alloit commencer. Cette délibération donna lieu de renouveller les reproches contre Flaminius. Ils se plaignoient d'avoir créé deux Consuls, & de n'en avoir qu'un. Que Flaminius ne pouvoit passer pour tel, étant parti de Rome sans autorité & sans auspices. Que c'étoit au Capitole que les Consuls recevoient Cn. Servil. C. Flamin. Cons.An. R.535.Av. J. C.217.ces deux caractéres, à la vue des Dieux & des Citoyens de Rome, après avoir célébré les Féries Latines, & fait sur la Montagne d'Albe, & dans le Temple du grand Jupiter, les sacrifices accoutumés; & non pas dans la province & dans une terre étrangére, où il n'avoit porté que la qualité de particulier. Servilius, après avoir reçu ses instructions, s'en alla avec ses troupes à Rimini, pour fermer aux ennemis les passages de ce côté-là.


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Cependant les Gaulois souffroient impatiemment que la guerre se fît dans leur pays. Ils n'avoient été engagés à suivre Annibal que par l'espérance du butin. Ils voyoient qu'au-lieu de s'enrichir aux dépens d'autrui, leur pays, devenu le théatre de la guerre, étoit également foulé par les quartiers d'hiver des deux Armées. Annibal avoit tout à craindre de ce mécontentement, qui éclatoit déja par des murmures & des plaintes assez publiques. Pour en détourner les effets, dès que l'hiver fut passé il se hâta de décamper. Il savoit que Flaminius étoit arrivé à Arrétium dans l'Etrurie: il dirigea sa marche de ce côté-là. Il commença par consulter ceux qui connoissoient le mieux ce pays, pour savoir quelle route il prendroit pour aller aux ennemis. On lui en indiqua plusieurs, qui lui déplurent comme trop longues, & qui l'exposoient à être traversé par les ennemis. Il y en avoit une qui conduisoit à travers certains marais. Celle-ci se trouva plus de son goût, & plus conforme au vif desir qu'il avoit d'en venir aux mains avec le Consul, avant que son collégue eût pu le joindre: il la préféra. Au bruit qui s'en répandit dans l'Armée, chacun fut effrayé. Il n'y eut personne qui ne tremblât à la vue des fatigues & des dangers que l'on éprouveroit en passant ces marécages, dans les Cn. Servil. C. Flamin. Cons.quels même l'Arno depuis quelques joursAn. R.535.Av. J. C.217.Il passepar le marais deClusiumoù il perdun œil.Polyb. III.230 231.Liv. XXII.2. s'étoit débordé.


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Lorsqu'il fut sorti avec bien de la peine de ces terres humides & marécageuses, il campa dans le prémier endroit sec qu'il rencontra, pour donner quelque relâche à ses troupes. Et aiant appris par ses coureurs que l'Armée ennemie étoit encore aux environs d'Arrétium, il s'attacha avec une application infinie à connoitre, d'un côté les desseins & le caractére du Consul, de l'autre la situation du pays, les moyens dont il devoit se servir pour avoir des vivres, les chemins par où il pouvoit les faire conduire dans son camp, & généralement toutes les choses qui pou Cn. Servil. C. Flamin. Cons.voient lui être avantageuses dans la conAn. R.535.Av. J. C.217.joncture présente: attentions bien dignes d'un grand homme de guerre, & qui n'a git point au hazard. Il sut donc que le pays entre Fésules & Arrétium étoit leFiésole& Arizzo,villes deToscane. plus fertile de l'Italie, & qu'on y trouvoit en abondance des troupeaux, des blés, & tous les fruits que la terre produit pour la nourriture des hommes. A l'égard de Flaminius, que c'étoit un homme habile à s'insinuer dans l'esprit de la populace, mais qui, sans avoir aucun talent ni pour le Gouvernement ni pour la Guerre, avoit une haute idée de sa capacité dans l'un & dans l'autre, & par cette raison ne consultoit & ne croyoit personne: du reste vif, bouillant, hardi jusqu'à la témérité. De-là Annibal conclut que s'il faisoit le dégât de la campagne sous ses yeux, il l'attireroit infailliblement à un combat.


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Il n'oublia rien de ce qui pouvoit irriter le caractére bouillant de son adversaire, & le précipiter plus infailliblement dans les vices qui lui étoient naturels. Ainsi laissant l'Armée Romaine à la gauche, il prit sur la droite du côté de Fésules; & mettant tout à feu & à sang dans le plus beau pays de l'Etrurie, il étala aux yeux du Consul le plus de ravage & de désola tion qu'il lui fut possible. Flaminius n'éFlaminius, malgré les avis duConseil deGuerre,& lestoit pas d'humeur à rester tranquille dans son camp, quand même Annibal seroit demeuré en repos dans le sien. Mais quand il vit qu'on pilloit à ses yeux les Cn. Servil. C. Flamin. Cons.An. R.535.Av. J. C.217.mauvaisprésages,engage lecombat.Polyb. III.233.Liv. XXII.3.Appian.319.terres des Alliés, qu'on emportoit impunément le butin qu'on avoit fait sur eux, & que la fumée lui annonçoit de tout côté la ruïne entiére du pays, il crut que c'étoit une honte pour lui, qu'Annibal marchât la tête levée par le milieu de l'Italie, prêt de s'avancer jusques aux portes de Rome, sans trouver de résistance. Ce fut inutilement que tous ceux qui composoient le Conseil de Guerre voulurent lui persuader „de préférer le parti le plus sûr à celui qui paroissoit le plus glorieux; d'attendre son collégue pour agir tous deux de concert avec toutes les forces de l'Empire réunies ensemble, & de se contenter jusques-là de détacher la cavalerie & l'infanterie légére, pour empêcher les ennemis de faire leurs ravages avec tant de licence & de sécurité“. Flaminius ne put entendre ces sages discours sans indignation. Il sortit brusquement du Conseil, & donna en même tems le signal de la marche & du combat. Oui sans doute, dit-il, demeurons les bras croisés devant les murs d'Arrétium. Car c'est là notre patrie, c'est là que sont nos Dieux pénates. Souffrons qu'Annibal, échappé de nos mains, désole impunément l'Italie, & que mettant tout à feu & à sang il arrive jusqu'aux portes de Rome. Et pour nous, gardons-nous bien de sortir d'ici, qu'un Arrêt du Sénat ne vienne tirer Fla minius d'Arrétium, comme autrefois Camille de Véies, pour aller au secours de la patrie.


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Il n'oublia rien de ce qui pouvoit irriter le caractére bouillant de son adversaire, & le précipiter plus infailliblement dans les vices qui lui étoient naturels. Ainsi laissant l'Armée Romaine à la gauche, il prit sur la droite du côté de Fésules; & mettant tout à feu & à sang dans le plus beau pays de l'Etrurie, il étala aux yeux du Consul le plus de ravage & de désola tion qu'il lui fut possible. Flaminius n'éFlaminius, malgré les avis duConseil deGuerre,& lestoit pas d'humeur à rester tranquille dans son camp, quand même Annibal seroit demeuré en repos dans le sien. Mais quand il vit qu'on pilloit à ses yeux les Cn. Servil. C. Flamin. Cons.An. R.535.Av. J. C.217.mauvaisprésages,engage lecombat.Polyb. III.233.Liv. XXII.3.Appian.319.terres des Alliés, qu'on emportoit impunément le butin qu'on avoit fait sur eux, & que la fumée lui annonçoit de tout côté la ruïne entiére du pays, il crut que c'étoit une honte pour lui, qu'Annibal marchât la tête levée par le milieu de l'Italie, prêt de s'avancer jusques aux portes de Rome, sans trouver de résistance. Ce fut inutilement que tous ceux qui composoient le Conseil de Guerre voulurent lui persuader „de préférer le parti le plus sûr à celui qui paroissoit le plus glorieux; d'attendre son collégue pour agir tous deux de concert avec toutes les forces de l'Empire réunies ensemble, & de se contenter jusques-là de détacher la cavalerie & l'infanterie légére, pour empêcher les ennemis de faire leurs ravages avec tant de licence & de sécurité“. Flaminius ne put entendre ces sages discours sans indignation. Il sortit brusquement du Conseil, & donna en même tems le signal de la marche & du combat. Oui sans doute, dit-il, demeurons les bras croisés devant les murs d'Arrétium. Car c'est là notre patrie, c'est là que sont nos Dieux pénates. Souffrons qu'Annibal, échappé de nos mains, désole impunément l'Italie, & que mettant tout à feu & à sang il arrive jusqu'aux portes de Rome. Et pour nous, gardons-nous bien de sortir d'ici, qu'un Arrêt du Sénat ne vienne tirer Fla minius d'Arrétium, comme autrefois Camille de Véies, pour aller au secours de la patrie.


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demeurons les bras croisés devant les murs d'Arrétium. Car c'est là notre patrie, c'est là que sont nos Dieux pénates. Souffrons qu'Annibal, échappé de nos mains, désole impunément l'Italie, & que mettant tout à feu & à sang il arrive jusqu'aux portes de Rome. Et pour nous, gardons-nous bien de sortir d'ici, qu'un Arrêt du Sénat ne vienne tirer Fla minius d'Arrétium, comme autrefois Camille de Véies, pour aller au secours de la patrie.

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En disant ces mots, il sauta sur son cheAn. R.535.Av. J. C.217.val; mais le cheval s'abattit sous lui, & le fit tomber la tête la prémiére. Tous ceux qui étoient présens furent effrayés de cet accident, comme d'un mauvais présage. Pour lui il n'en fit aucun cas. L'OfCic. de Divinat. I.77.ficier qui présidoit aux Auspices lui aiant annoncé que les poulets ne mangeoient point, & qu'il faloit remettre le combat à un autre jour: Et s'il leur prend fantaisie encore de ne point manger, dit Flaminius,que faudra-t-il faire? Se tenir en repos, répondit l'Officier. Merveilleux auspices, s'écria Flaminius! Si les poulets ont bon appétit, on pourra donner le combat: s'ils ne mangent point, parce qu'ils seront bien rassasiés, il faudra se donner de garde de livrer la bataille. Il donna ordre qu'on prît les drapeaux, & qu'on le suivît. Dans le moment même on vint l'avertir qu'un Porte-enseigne ne pouvoit, quelque effort qu'il fît, arracher de terre son drapeau, qui selon l'usage y étoit enfoncé. Flaminius, sans faire paroître aucun étonnement, se tournant du côté de celui qui lui annonçoit cette nouvelle: Ne m'apportes-tu point aussi, lui dit-il, des Lettres du Sénat, pour m'empêcher de donner bataille? Va-t-en: dis au Porte-enseigne, que si la crainte a glacé ses mains, il creuse la terre tout autour pour retirer son drapeau.