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Louis XIV, élevé dans l'adversité, alloit avec sa mere, son frere, & le Cardinal Mazarin, de Province en Pro- vince, n'ayant pas autant de Troupes autour de sa per- sonne, à beaucoup près qu'il en eut depuis en tems de paix pour sa seule Garde. Cinq à six mille hommes, les uns envoyez d'Espagne, les autres levez par les Partisans du Prince de Condé, le poursuivoient au cœur de son Royaume.


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Le Prince de Condé couroit cependant de Bordaux à Montauban, prenoit des Villes, & grossissoit partout son Parti.


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Toute l'espérance de la Cour étoit dans le Maréchal de Turenne. L'Armée Royale se trouva auprès de Gien ESSAI SUR LE SIE'CLE sur la Loire. Celle du Prince de Condé étoit à quelques lieuës sous les ordres du Duc de Nemours & du Duc de Beaufort. Les divisions de ces deux Généraux alloient être funestes au Parti du Prince. Le Duc de Beaufort étoit in- capable du moindre Commandement. Le Duc de Ne- mours passoit pour être plus brave, & plus aimable qu'ha- bile. Tous deux ensemble ruïnoient leur Armée. Les Soldats savoient, que le Grand Condé étoit à cent lieües de là, & se croyoient perdus, lorsqu'au milieu de la nuit un Courier se présenta dans la forêt d'Orleans devant les Gran- des Gardes. Les Sentinelles reconnurent dans ce Courier le Prince de Condé lui - même, qui venoit d'Agen à - tra- vers mille avantures, & toûjours déguisé se mettre à la tête de son Armée.


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Toute l'espérance de la Cour étoit dans le Maréchal de Turenne. L'Armée Royale se trouva auprès de Gien ESSAI SUR LE SIE'CLE sur la Loire. Celle du Prince de Condé étoit à quelques lieuës sous les ordres du Duc de Nemours & du Duc de Beaufort. Les divisions de ces deux Généraux alloient être funestes au Parti du Prince. Le Duc de Beaufort étoit in- capable du moindre Commandement. Le Duc de Ne- mours passoit pour être plus brave, & plus aimable qu'ha- bile. Tous deux ensemble ruïnoient leur Armée. Les Soldats savoient, que le Grand Condé étoit à cent lieües de là, & se croyoient perdus, lorsqu'au milieu de la nuit un Courier se présenta dans la forêt d'Orleans devant les Gran- des Gardes. Les Sentinelles reconnurent dans ce Courier le Prince de Condé lui - même, qui venoit d'Agen à - tra- vers mille avantures, & toûjours déguisé se mettre à la tête de son Armée.


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Toute l'espérance de la Cour étoit dans le Maréchal de Turenne. L'Armée Royale se trouva auprès de Gien ESSAI SUR LE SIE'CLE sur la Loire. Celle du Prince de Condé étoit à quelques lieuës sous les ordres du Duc de Nemours & du Duc de Beaufort. Les divisions de ces deux Généraux alloient être funestes au Parti du Prince. Le Duc de Beaufort étoit in- capable du moindre Commandement. Le Duc de Ne- mours passoit pour être plus brave, & plus aimable qu'ha- bile. Tous deux ensemble ruïnoient leur Armée. Les Soldats savoient, que le Grand Condé étoit à cent lieües de là, & se croyoient perdus, lorsqu'au milieu de la nuit un Courier se présenta dans la forêt d'Orleans devant les Gran- des Gardes. Les Sentinelles reconnurent dans ce Courier le Prince de Condé lui - même, qui venoit d'Agen à - tra- vers mille avantures, & toûjours déguisé se mettre à la tête de son Armée.


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L'Armée Royale étoit séparée en deux Corps. Condé fondit sur celui, qui étoit à Blenau, commandé par le Ma- réchal d'Hoquincourt, & ce Corps fut dissipé en même tems qu'attaqué. Turenne n'en put être averti. Le Car- dinal Mazarin effrayé, courut à Gien au milieu de la nuit réveiller le Roi qui dormoit, pour lui apprendre cette nou- velle. Sa petite Cour fut consternée; on proposa de sau- ver le Roi par la fuite, & de le conduire sécretement à Bourges. Le Prince de Condé victorieux, approchoit de Gien, la désolation & la crainte augmentoient. Turenne par sa fermeté rassura les esprits, & sauva la Cour par son habilité: il fit, avec le peu qui lui restoit de Troupes, des mouvemens si heureux, profita si bien du terrein & du DE LOUIS XIV. tems, qu'il empêcha Condé de poursuivre son avantage. Il fut difficile alors de décider, lequel avoit acquis plus d'honneur, ou de Condé victorieux, ou de Turenne, qui lui avoit arraché le prix de sa victoire. Il est vrai, que dans ce combat de Blenau, si long-tems célébre en France, il n'y avoit pas eu quatre cens hommes de tuez; mais le Prince de Condé n'en fut pas moins sur le point de se rendre Maître de toute la Famille Royale, & d'avoir entre ses mains son ennemi, le Cardinal Mazarin. On ne pouvoit guéres voir un plus petit combat, de plus grands intérêts, & un danger plus pressant.


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L'Armée Royale étoit séparée en deux Corps. Condé fondit sur celui, qui étoit à Blenau, commandé par le Ma- réchal d'Hoquincourt, & ce Corps fut dissipé en même tems qu'attaqué. Turenne n'en put être averti. Le Car- dinal Mazarin effrayé, courut à Gien au milieu de la nuit réveiller le Roi qui dormoit, pour lui apprendre cette nou- velle. Sa petite Cour fut consternée; on proposa de sau- ver le Roi par la fuite, & de le conduire sécretement à Bourges. Le Prince de Condé victorieux, approchoit de Gien, la désolation & la crainte augmentoient. Turenne par sa fermeté rassura les esprits, & sauva la Cour par son habilité: il fit, avec le peu qui lui restoit de Troupes, des mouvemens si heureux, profita si bien du terrein & du DE LOUIS XIV. tems, qu'il empêcha Condé de poursuivre son avantage. Il fut difficile alors de décider, lequel avoit acquis plus d'honneur, ou de Condé victorieux, ou de Turenne, qui lui avoit arraché le prix de sa victoire. Il est vrai, que dans ce combat de Blenau, si long-tems célébre en France, il n'y avoit pas eu quatre cens hommes de tuez; mais le Prince de Condé n'en fut pas moins sur le point de se rendre Maître de toute la Famille Royale, & d'avoir entre ses mains son ennemi, le Cardinal Mazarin. On ne pouvoit guéres voir un plus petit combat, de plus grands intérêts, & un danger plus pressant.


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L'Armée Royale étoit séparée en deux Corps. Condé fondit sur celui, qui étoit à Blenau, commandé par le Ma- réchal d'Hoquincourt, & ce Corps fut dissipé en même tems qu'attaqué. Turenne n'en put être averti. Le Car- dinal Mazarin effrayé, courut à Gien au milieu de la nuit réveiller le Roi qui dormoit, pour lui apprendre cette nou- velle. Sa petite Cour fut consternée; on proposa de sau- ver le Roi par la fuite, & de le conduire sécretement à Bourges. Le Prince de Condé victorieux, approchoit de Gien, la désolation & la crainte augmentoient. Turenne par sa fermeté rassura les esprits, & sauva la Cour par son habilité: il fit, avec le peu qui lui restoit de Troupes, des mouvemens si heureux, profita si bien du terrein & du DE LOUIS XIV. tems, qu'il empêcha Condé de poursuivre son avantage. Il fut difficile alors de décider, lequel avoit acquis plus d'honneur, ou de Condé victorieux, ou de Turenne, qui lui avoit arraché le prix de sa victoire. Il est vrai, que dans ce combat de Blenau, si long-tems célébre en France, il n'y avoit pas eu quatre cens hommes de tuez; mais le Prince de Condé n'en fut pas moins sur le point de se rendre Maître de toute la Famille Royale, & d'avoir entre ses mains son ennemi, le Cardinal Mazarin. On ne pouvoit guéres voir un plus petit combat, de plus grands intérêts, & un danger plus pressant.


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L'Armée Royale étoit séparée en deux Corps. Condé fondit sur celui, qui étoit à Blenau, commandé par le Ma- réchal d'Hoquincourt, & ce Corps fut dissipé en même tems qu'attaqué. Turenne n'en put être averti. Le Car- dinal Mazarin effrayé, courut à Gien au milieu de la nuit réveiller le Roi qui dormoit, pour lui apprendre cette nou- velle. Sa petite Cour fut consternée; on proposa de sau- ver le Roi par la fuite, & de le conduire sécretement à Bourges. Le Prince de Condé victorieux, approchoit de Gien, la désolation & la crainte augmentoient. Turenne par sa fermeté rassura les esprits, & sauva la Cour par son habilité: il fit, avec le peu qui lui restoit de Troupes, des mouvemens si heureux, profita si bien du terrein & du DE LOUIS XIV. tems, qu'il empêcha Condé de poursuivre son avantage. Il fut difficile alors de décider, lequel avoit acquis plus d'honneur, ou de Condé victorieux, ou de Turenne, qui lui avoit arraché le prix de sa victoire. Il est vrai, que dans ce combat de Blenau, si long-tems célébre en France, il n'y avoit pas eu quatre cens hommes de tuez; mais le Prince de Condé n'en fut pas moins sur le point de se rendre Maître de toute la Famille Royale, & d'avoir entre ses mains son ennemi, le Cardinal Mazarin. On ne pouvoit guéres voir un plus petit combat, de plus grands intérêts, & un danger plus pressant.


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L'Armée Royale étoit séparée en deux Corps. Condé fondit sur celui, qui étoit à Blenau, commandé par le Ma- réchal d'Hoquincourt, & ce Corps fut dissipé en même tems qu'attaqué. Turenne n'en put être averti. Le Car- dinal Mazarin effrayé, courut à Gien au milieu de la nuit réveiller le Roi qui dormoit, pour lui apprendre cette nou- velle. Sa petite Cour fut consternée; on proposa de sau- ver le Roi par la fuite, & de le conduire sécretement à Bourges. Le Prince de Condé victorieux, approchoit de Gien, la désolation & la crainte augmentoient. Turenne par sa fermeté rassura les esprits, & sauva la Cour par son habilité: il fit, avec le peu qui lui restoit de Troupes, des mouvemens si heureux, profita si bien du terrein & du DE LOUIS XIV. tems, qu'il empêcha Condé de poursuivre son avantage. Il fut difficile alors de décider, lequel avoit acquis plus d'honneur, ou de Condé victorieux, ou de Turenne, qui lui avoit arraché le prix de sa victoire. Il est vrai, que dans ce combat de Blenau, si long-tems célébre en France, il n'y avoit pas eu quatre cens hommes de tuez; mais le Prince de Condé n'en fut pas moins sur le point de se rendre Maître de toute la Famille Royale, & d'avoir entre ses mains son ennemi, le Cardinal Mazarin. On ne pouvoit guéres voir un plus petit combat, de plus grands intérêts, & un danger plus pressant.


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Condé, qui ne se flattoit pas de surprendre Turenne, comme il avoit surpris d'Hoquincourt, fit marcher son Armée vers Paris: il se hâta d'aller dans cette Ville jouïr de sa gloire, & des dispositions favorables d'un Peuple aveugle. L'admiration qu'on avoit pour ce dernier com- bat, dont on exagéroit encor toutes les circonstances, la haine qu'on portoit à Mazarin, le nom & la présence du Grand Condé, sembloient d'abord le rendre Maître absolu de la Capitale. Mais dans le fond tous les esprits étoient divisés; chaque Parti étoit subdivisé en Factions, comme il arrive dans tous les troubles. Le Coadjuteur, devenu Cardinal de Retz, racommodé en apparence avec la Cour, qui le craignoit, & dont il se défioit, n'étoit plus le Maître du Peuple, & ne jouoit plus le principal rôle. Il gouver- noit le Duc d'Orleans, & étoit opposé à Condé. Le Par- lement flotoit entre la Cour, le Duc d'Orleans, & le Prince, quoique tout le monde s'accordât à crier contre Mazarin; chacun ménageoit en secret des intérêts particuliers; le Peuple étoit une mer orageuse dont les vagues étoient poussées au hazard par tant de vents contraires.


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Condé, qui ne se flattoit pas de surprendre Turenne, comme il avoit surpris d'Hoquincourt, fit marcher son Armée vers Paris: il se hâta d'aller dans cette Ville jouïr de sa gloire, & des dispositions favorables d'un Peuple aveugle. L'admiration qu'on avoit pour ce dernier com- bat, dont on exagéroit encor toutes les circonstances, la haine qu'on portoit à Mazarin, le nom & la présence du Grand Condé, sembloient d'abord le rendre Maître absolu de la Capitale. Mais dans le fond tous les esprits étoient divisés; chaque Parti étoit subdivisé en Factions, comme il arrive dans tous les troubles. Le Coadjuteur, devenu Cardinal de Retz, racommodé en apparence avec la Cour, qui le craignoit, & dont il se défioit, n'étoit plus le Maître du Peuple, & ne jouoit plus le principal rôle. Il gouver- noit le Duc d'Orleans, & étoit opposé à Condé. Le Par- lement flotoit entre la Cour, le Duc d'Orleans, & le Prince, quoique tout le monde s'accordât à crier contre Mazarin; chacun ménageoit en secret des intérêts particuliers; le Peuple étoit une mer orageuse dont les vagues étoient poussées au hazard par tant de vents contraires.


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Condé, qui ne se flattoit pas de surprendre Turenne, comme il avoit surpris d'Hoquincourt, fit marcher son Armée vers Paris: il se hâta d'aller dans cette Ville jouïr de sa gloire, & des dispositions favorables d'un Peuple aveugle. L'admiration qu'on avoit pour ce dernier com- bat, dont on exagéroit encor toutes les circonstances, la haine qu'on portoit à Mazarin, le nom & la présence du Grand Condé, sembloient d'abord le rendre Maître absolu de la Capitale. Mais dans le fond tous les esprits étoient divisés; chaque Parti étoit subdivisé en Factions, comme il arrive dans tous les troubles. Le Coadjuteur, devenu Cardinal de Retz, racommodé en apparence avec la Cour, qui le craignoit, & dont il se défioit, n'étoit plus le Maître du Peuple, & ne jouoit plus le principal rôle. Il gouver- noit le Duc d'Orleans, & étoit opposé à Condé. Le Par- lement flotoit entre la Cour, le Duc d'Orleans, & le Prince, quoique tout le monde s'accordât à crier contre Mazarin; chacun ménageoit en secret des intérêts particuliers; le Peuple étoit une mer orageuse dont les vagues étoient poussées au hazard par tant de vents contraires.


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On ne voyoit que Négociations entre les Chefs de Par- tis, Députations du Parlement, Assemblées de Chambres, séditions dans la Populace, Gens de Guerre dans la cam- ESSAI SUR LE SIE'CLE pagne. Le Prince avoit appellé les Espagnols à son se- cours. Charles IV, ce Duc de Lorraine chassé de ses Etats, & à qui il restoit pour tous biens une Armée de huit mille hommes, qu'il vendoit tous les ans au Roi d'Espagne, vint auprès de Paris avec cette Armée. Le Cardinal Mazarin lui offrit plus d'argent pour s'en retourner, que le Parti de Condé ne lui en avoit donné pour venir. Le Duc de Lor- raine quitta bien-tôt la France après l'avoir désolée sur son passage, emportant l'argent des deux Partis.


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Condé resta donc dans Paris avec un pouvoir, qui di- minua tous les jours, & une Armée plus faible encore. Turenne mena le Roi & sa Cour vers Paris. Le Roi à l'âge de quinze ans vit de la hauteur de Charonne la bataille de St. Antoine, où ces deux Généraux firent avec si peu de Troupes de si grandes choses, que la réputation de l'un & de l'autre, qui sembloit ne pouvoir plus croître, en fut augmentée.