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Il ne se fit rien de considérable cette anLe Sénattourne denouveautous sesefforts ducôté de lamer.Polyb. I.41.née. Les Consuls, qui étoient passés en Sicile, n'attaquérent point l'ennemi, & n'en furent point non plus attaqués. Cependant Asdrubal, nouveau Général des Carthaginois, étoit arrivé tout récemment avec deux cens galéres, cent trente éléphans, & vingt mille tant fantassins que cavaliers. Cette inaction, laquelle, en traînant la guerre en longueur, épuisoit les fonds du trésor, donna lieu au Sénat d'examiner de nouveau la résolution qu'on avoit prise de ne plus construire de Flottes, à cause des grandes dépen- C. At. Regul. L. Manl. Cons.An. R.501.Av. J. C.251.ses auxquelles elles engagoient la République.“ Le Sénat voyoit qu'on retomboit dans le même inconvénient par la prolongation de la guerre. Depuis l'échec de Régulus, les troupes Romaines ne montroient plus la même ardeur qu'auparavant. Quand tout réussiroit à l'ordinaire dans les combats de terre, on ne pouvoit rien terminer, ni chasser les Carthaginois de la Sicile, tant qu'ils demeuroient maitres de la mer. D'ailleurs, il y avoit quelque chose de honteux, & d'indigne du caractére Romain, de se laisser rebuter par des pertes causées non par leur faute, mais par des malheurs inévitables à toute la prudence humaine.“ Ces considérations déterminérent le Sénat à reprendre leur ancien plan, & à tourner les principaux efforts de la République du côté de la mer.


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Les pertes considérables que les Carthaginois avoient faites tant par terre que sur mer depuis quelques années, les déterminérent à envoyer à Rome des Ambassadeurs pour y traiter de paix; & en cas qu'ils n'en pussent obtenir une qui leur fût favorable, pour y proposer l'échange des prisonniers, & sur-tout de certains d'entr'eux qui étoient des prémiéres familles de Carthage. Ils cru rent que Régulus pourroit leur être d'un grand secours, sur-tout par raport au second article. Il avoit à Rome sa femme & ses enfans, grand nombre de parens & d'amis dans la place de Consul. On avoit lieu de présumer que le desir de se tirer du triste état où il languissoit depuis plusieurs années, de rentrer dans sa famille qui lui étoit fort chére, & d'être rétabli dans une patrie où il étoit généralement estimé & respecté, le porteroit infailliblement à appuyer la demande des Carthaginois. On le pressa donc de se joindre aux Ambassadeurs dans le voyage qu'ils se préparoient de faire à Rome. Il ne crut pas devoir se refuser à cette demande: la suite fera connoitre quels furent ses motifs. Avant que de partir, on lui fit prêter serment, qu'en cas qu'il ne réussît point dans ses demandes, il reviendroit à Carthage; & on lui fit même entendre que sa vie dépendoit du succès de sa négociation.


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Quand ils furent près de Rome, Régu- C. At. Regul. L. Manl. Cons. lus refusa d'y entrer, apportant pour raisonAn. R.502.Av. J. C.250. que la coutume des ancêtres étoit de ne donner audience aux Ambassadeurs des ennemis que hors de la ville. Le Sénat s'y étant assemblé, les Ambassadeurs, après avoir exposé le sujet de leur ambassade, se re tirérent. Régulus vouloit les suivre, quoique les Sénateurs le priassent de rester; & il ne se rendit à leurs priéres qu'après que les Carthaginois, dont il se regardoit comme l'esclave, le lui eurent permis.


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Quand ils furent près de Rome, Régu- C. At. Regul. L. Manl. Cons. lus refusa d'y entrer, apportant pour raisonAn. R.502.Av. J. C.250. que la coutume des ancêtres étoit de ne donner audience aux Ambassadeurs des ennemis que hors de la ville. Le Sénat s'y étant assemblé, les Ambassadeurs, après avoir exposé le sujet de leur ambassade, se re tirérent. Régulus vouloit les suivre, quoique les Sénateurs le priassent de rester; & il ne se rendit à leurs priéres qu'après que les Carthaginois, dont il se regardoit comme l'esclave, le lui eurent permis.


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Il ne paroit pas qu'on fit mention de ceRégulusse déclarecontre l'échange desprisonniers. qui regardoit la paix, ou du moins qu'on s'y arrêta: la délibération ne roula que sur l'échange des prisonniers. Régulus, invité par la Compagnie à dire son avis, répondit qu'il ne pouvoit le faire comme Sénateur, ayant perdu cette qualité, aussi-bien que celle de Citoyen Romain, depuis qu'il étoit tombé entre les mains des ennemis: mais il ne refusa pas de dire comme particulier ce qu'il pensoit. La conjoncture étoit délicate. Tout le monde étoit touché du malheur d'un si grand homme. Il n'avoit, dit Cicéron, qu'à prononcer un mot pour recouvrer avec sa liberté, ses biens, ses dignités, sa femme, ses enfans, sa patrie. Mais ce mot lui paroissoit contraire à l'honneur & au bien de l'Etat. Il ne fut attentif qu'aux sentimens que lui inspiroient la force & la grandeur d'ame. Ce (a) sont

(a) Magnitudo animi & fortitudo .... Harum enim est virtutum proprium, nihil extimescere, omnia humana despicere, nihil quod homini accidere possit, intolerandum putare. Offic. III. 100.

Calcatis utilitatibus ad eam (virtutem) eundum est, quocumque vocavit, quocumque misit, sine respectu rei familiaris, Senec. de Benef. VI. 1.

C. At. Regul. L. Manl. Cons.An. R.502.Av. J. C.250.ces vertus, dit Cicéron en parlant de Ré gulus, qui apprennent aux hommes à ne rien craindre; à mépriser toutes les choses humaines; à se préparer à tout ce qui peut arriver de plus fâcheux; j'ajouterai avec Se néque, à marcher par-tout où le devoir nous appelle à travers les plus grands dangers, en foulant aux piés tout autre intérêt quel qu'il puisse être. Il (a) déclara donc nettement,“ qu'on ne devoit point songer à faire l'échange des prisonniers: qu'un tel exemple auroit des suites funestes à la République: que des citoyens qui avoient eu la lâcheté de livrer leurs armes à l'en nemi, étoient indignes de compassion, & incapables de servir leur patrie. Que pour lui, à l'âge où il étoit, on devoit compter que le perdre, c'étoit ne rien perdre; au-lieu qu'ils avoient entre leurs mains plusieurs Généraux Carthaginois dans la vigueur de l'âge, & en état de rendre encore à leur patrie de grands services pendant plusieurs années.“


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Il ne paroit pas qu'on fit mention de ceRégulusse déclarecontre l'échange desprisonniers. qui regardoit la paix, ou du moins qu'on s'y arrêta: la délibération ne roula que sur l'échange des prisonniers. Régulus, invité par la Compagnie à dire son avis, répondit qu'il ne pouvoit le faire comme Sénateur, ayant perdu cette qualité, aussi-bien que celle de Citoyen Romain, depuis qu'il étoit tombé entre les mains des ennemis: mais il ne refusa pas de dire comme particulier ce qu'il pensoit. La conjoncture étoit délicate. Tout le monde étoit touché du malheur d'un si grand homme. Il n'avoit, dit Cicéron, qu'à prononcer un mot pour recouvrer avec sa liberté, ses biens, ses dignités, sa femme, ses enfans, sa patrie. Mais ce mot lui paroissoit contraire à l'honneur & au bien de l'Etat. Il ne fut attentif qu'aux sentimens que lui inspiroient la force & la grandeur d'ame. Ce (a) sont

(a) Magnitudo animi & fortitudo .... Harum enim est virtutum proprium, nihil extimescere, omnia humana despicere, nihil quod homini accidere possit, intolerandum putare. Offic. III. 100.

Calcatis utilitatibus ad eam (virtutem) eundum est, quocumque vocavit, quocumque misit, sine respectu rei familiaris, Senec. de Benef. VI. 1.

C. At. Regul. L. Manl. Cons.An. R.502.Av. J. C.250.ces vertus, dit Cicéron en parlant de Ré gulus, qui apprennent aux hommes à ne rien craindre; à mépriser toutes les choses humaines; à se préparer à tout ce qui peut arriver de plus fâcheux; j'ajouterai avec Se néque, à marcher par-tout où le devoir nous appelle à travers les plus grands dangers, en foulant aux piés tout autre intérêt quel qu'il puisse être. Il (a) déclara donc nettement,“ qu'on ne devoit point songer à faire l'échange des prisonniers: qu'un tel exemple auroit des suites funestes à la République: que des citoyens qui avoient eu la lâcheté de livrer leurs armes à l'en nemi, étoient indignes de compassion, & incapables de servir leur patrie. Que pour lui, à l'âge où il étoit, on devoit compter que le perdre, c'étoit ne rien perdre; au-lieu qu'ils avoient entre leurs mains plusieurs Généraux Carthaginois dans la vigueur de l'âge, & en état de rendre encore à leur patrie de grands services pendant plusieurs années.“


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Ce ne fut point sans peine que le SénatAn. R.502.Av. J. C.250. se rendit à un avis qui devoit couter si cher, & qui étoit inoui & sans exemple dans le cas où se trouvoit Régulus. Cicé ron, au troisiéme livre des Offices, exami ne si Régulus, après avoir dit son avis dans le Sénat, étoit obligé de retourner à Carthage, & de s'exposer aux tourmens les plus cruels, plutôt que de manquer à un serment extorqué de lui par force, fait à un ennemi qui ne savoit ce que c'étoit que d'être fidéle à sa parole, de qui il n'avoit rien à craindre, non plus que de la colére des Dieux, qui en (*) sont incapables.


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Ce ne fut point sans peine que le SénatAn. R.502.Av. J. C.250. se rendit à un avis qui devoit couter si cher, & qui étoit inoui & sans exemple dans le cas où se trouvoit Régulus. Cicé ron, au troisiéme livre des Offices, exami ne si Régulus, après avoir dit son avis dans le Sénat, étoit obligé de retourner à Carthage, & de s'exposer aux tourmens les plus cruels, plutôt que de manquer à un serment extorqué de lui par force, fait à un ennemi qui ne savoit ce que c'étoit que d'être fidéle à sa parole, de qui il n'avoit rien à craindre, non plus que de la colére des Dieux, qui en (*) sont incapables.


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Il faut conclure de ce qui vient d'être dit, que tout ce que la crainte & la bassesse de cœur font faire, c'est-à-dire toutes les actions telles qu'auroit été celle de Ré gulus, si en opinant sur l'échange des prisonniers il eût regardé ce qui lui convenoit plutôt que ce qui convenoit à la République, ou qu'au-lieu de retourner il fût demeuré chez lui; que ces actions doivent être regardées comme criminelles, honteu ses, & infames. C'est toujours Cicéron qui parle. Et voilà jusqu'où peut aller la sa gesse humaine, toujours bien courte, lorsqu'il s'agit de remonter aux prémiers prin cipes des choses, & qui bâtissant sa morale sans raport à Dieu, sans la crainte d'être puni de lui, sans l'espérance de lui plaîre,

(a) O fides alma, apta pinnis, jusjurandum Jovis!

C. At. Regul. L. Manl. Cons. ôte à la vertu tout solide motif, & toutAn. R.502.Av. J. C.250.Régulusretourne àCarthage,où il expire au milieu desplus cruelssuplices. soutien réel.


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Régulus n'hésita point sur le parti qu'il devoit prendre. Cet (a) illustre exilé partit de Rome pour retourner à Carthage, sans être touché ni de la vive douleur de ses amis, ni des larmes de sa femme & de ses enfans, mais avec la tranquillité d'un Magistrat, qui libre enfin de toute affaire part pour sa campagne. Cependant il n'ignoroit pas à quels suplices il étoit réservé. En effet, dès que les ennemis le virent de retour sans avoir obtenu l'échange, & qu'ils surent qu'il s'y étoit même opposé, il n'y eut sorte de tourmens que leur barbare cruauté ne lui fît souffrir. Ils le tenoient longtems resserré dans un noir cachot, d'où, après lui avoir coupé les paupiéres, ils le faisoient sortir tout-à-coup, pour l'exposer au soleil le plus vif & le plus ardent. Ils l'enfermérent ensuite dans une espéce de coffre tout hérissé de pointes,


(a) Fertur pudicæ conjugis osculum,
Parvosque natos, ut capitis minor,
A se removisse, & virilem
Torvus humi posuisse vultum,
Donec labantes consilio Patres
Firmaret auctor nunquam aliàs dato,
Interque mœrentes amicos
Egregius properaret exul.
Atqui sciebat quæ sibi barbarus
Tortor pararet. Non aliter tamen
Dimovit obstantes propinquos,
Et populum reditus morantem,
Quàm si clientum longa negotia
Dijudicatâ lite relinqueret,
Tendens Venafranos in agros,
Aut Lacedæmonium Tarentum.
C. At. Regul. L. Manl. Cons.An. R.502.Av. J. C.250.qui ne lui laissoient aucun moment de repos ni jour, ni nuit. Enfin, après l'avoir ainsi longtems tourmenté par d'excessives douleurs & une cruelle insomnie, ils l'at tachérent à une croix, qui étoit le suplice le plus ordinaire chez les Carthaginois, & l'y firent périr.


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Réflexionssur la fermeté & lapatiencede Régulus.

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Telle fut la fin de ce grand homme. Il (a) auroit manqué quelque chose à sa gloire, si sa fermeté & sa patience n'eussent été mises à une si rude épreuve. Ce ne sont point les prospérités, mais les malheurs, qui font paroître la vertu avec éclat, qui la mettent dans tout son jour, & qui font connoitre jusqu'où va sa force. C'est un Payen qui parle ainsi: mais il ignoroit l'usage des gran des vérités qu'il enseignoit. Quand vous voyez les gens de bien, dit encore Sené que, poursuivis par les méchans, affligés, tourmentés, ne croyez pas que Dieu les oublie. Il les traite, comme un bon pére

(a) Adversi aliquid incurrat oportet, quod animum probet. Senec. ad Marc. cap. 6.

Marcet sine adversario virtus. Tunc apparet quanta sit, quantum valeat, quantumque polleat, cùm, quid possit, patientia ostendit. Id. de Provid. cap. 2.

Quem (virum bonum) parens ille magnificus, virtutum non lenis exactor, sicut severi patres, duriùs educat. Itaque cùm videris bonos viros, acceptosque diis, laborare, sudare, per arduum ascendere; malos autem lascivire, & voluptatibus fluere; cogita filiorum nos modestia delectari, vernularum licentia; illos disciplina tristiori contineri, horum ali audaciam. Idem tibi de Deo liqueat. Bonum virum in deliciis non habet: experitur, indurat, sibi illum præparat. Ib.

C. At. Regul. L. Manl. Cons. traite ses enfans, qu'il aime, mais qu'il forAn. R.502.Av. J. C.250.me avec sévérité à la sagesse & aux bon nes mœurs. Dieu n'a pas pour les hom mes vertueux une tendresse foible, qui le porte à les traiter délicatement: il les éprouve, il les endurcit, il travaille à les rendre dignes de lui. (a) Un Tyran peut exercer son pouvoir sur leur corps, mais il ne va pas plus loin: il ne peut rien sur leur ame, qui est un asyle sacré, & inaccessible à ses coups. Au (b) milieu des tourmens, ils demeurent tranquilles, & attachés inviolablement à leur devoir: ils les sentent, mais ils les surmontent. Voila le portrait de Régulus, le Héros du Paganis me en fait de courage & de patience; mais, malheureusement pour lui, le martyre de la vanité, de l'amour de la gloire, & d'un vain phantôme de vertu.


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Le Sénat aiant appris la mort tragiqueCarthaginois livrés auressentiment de de Régulus, & la cruauté inouie des Carthaginois, livra les plus distingués de leurs prisonniers à Marcia sa femme, & à ses

(a) Corpusculum hoc ... huc atque illuc jactatur. In hoc supplicia, in hoc latrocinia, in hoc morbi exercentur: animus quidem ipse sacer & æternus est, & cui non possunt injici manus. De Consolat. ad Helv. cap. 11.

(b) Est omnibus externis potentior, nec hoc dico, non sentit illa, sed vincit; & alioquin quietus placidusque contra incurrentia attollitur. De Provid. cap. 2.

C. At. Regul. L. Manl. Cons.An. R.502.Av. J. C.250.Marciafemme deRégulus.Zonar.VIII. 394.Aul. Gell.VI. 4.Diod. apudVales.LXXIV.enfans. Ils les enfermérent dans une armoire garnie de pointes de fer, pour leur rendre avec usure les douleurs au milieu desquelles Régulus avoit fini sa vie; & les laissérent cinq jours entiers sans nourriture, au bout desquels Bostar mourut de faim & de misére. Mais Amilcar, dont le tempérament étoit plus vigoureux, vécut encore cinq autres jours à côté du cadavre de Bostar avec lequel il étoit enfermé, au moyen de la nourriture qu'on ne lui four nit que pour prolonger ses tourmens. A la fin, les Magistrats, informés de ce qui se passoit dans la maison de Marcia, firent cesser ces inhumanités, renvoyérent à Carthage les cendres de Bostar, & ordonnérent que les autres prisonniers fussent traités plus doucement. Il me semble que quelque dignes que parussent les Carthaginois d'une telle barbarie, le Sénat n'auroit pas dû les livrer au ressentiment d'une femme, & qu'un contraste d'humanité auroit été une plus noble vengeance, & plus digne du nom Romain.


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Le Sénat aiant appris la mort tragiqueCarthaginois livrés auressentiment de de Régulus, & la cruauté inouie des Carthaginois, livra les plus distingués de leurs prisonniers à Marcia sa femme, & à ses

(a) Corpusculum hoc ... huc atque illuc jactatur. In hoc supplicia, in hoc latrocinia, in hoc morbi exercentur: animus quidem ipse sacer & æternus est, & cui non possunt injici manus. De Consolat. ad Helv. cap. 11.

(b) Est omnibus externis potentior, nec hoc dico, non sentit illa, sed vincit; & alioquin quietus placidusque contra incurrentia attollitur. De Provid. cap. 2.

C. At. Regul. L. Manl. Cons.An. R.502.Av. J. C.250.Marciafemme deRégulus.Zonar.VIII. 394.Aul. Gell.VI. 4.Diod. apudVales.LXXIV.enfans. Ils les enfermérent dans une armoire garnie de pointes de fer, pour leur rendre avec usure les douleurs au milieu desquelles Régulus avoit fini sa vie; & les laissérent cinq jours entiers sans nourriture, au bout desquels Bostar mourut de faim & de misére. Mais Amilcar, dont le tempérament étoit plus vigoureux, vécut encore cinq autres jours à côté du cadavre de Bostar avec lequel il étoit enfermé, au moyen de la nourriture qu'on ne lui four nit que pour prolonger ses tourmens. A la fin, les Magistrats, informés de ce qui se passoit dans la maison de Marcia, firent cesser ces inhumanités, renvoyérent à Carthage les cendres de Bostar, & ordonnérent que les autres prisonniers fussent traités plus doucement. Il me semble que quelque dignes que parussent les Carthaginois d'une telle barbarie, le Sénat n'auroit pas dû les livrer au ressentiment d'une femme, & qu'un contraste d'humanité auroit été une plus noble vengeance, & plus digne du nom Romain.