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Duresconditionsde paixque Régulus offreaux Carthaginois.Ils les refusent.Polyb. I. 31.

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Les Carthaginois, se voyant sans espéZonar.VIII. 391.rance & sans ressource, députèrent les principaux de leur Sénat au Général Ro main pour demander la paix. Régulus, Serv. Fulv. M. Æmil. Cons.An. R.497.Av. J. C.255.dans la crainte qu'un successeur ne vînt lui enlever la gloire de ses heureux succès, & d'ailleurs se voyant hors d'état, avec le peu de troupes qu'on lui avoit laissées, d'entreprendre le siége de Carthage, qui étoit le seul moyen de terminer entiérement la guerre en Afrique, ne refusa pas d'entrer enPolyb.négociation. Il fit quelques propositions de paix aux vaincus: mais elles leur parurent si dures, qu'ils ne purent y prêter l'oreille. Ces conditions étoient: „Qu'ils céderoient aux Romains la Sicile & la Sardaigne entiéres; qu'ils leur rendroient gratuitement leurs prisonniers; qu'ils rachetteroient les leurs pour le prix dont on conviendroit; qu'ils restitueroient tous les frais de la guerre; & qu'ils payeroient un tribut annuel.“{??} On y ajoutoit encore d'autres conditions non moins fâcheuses: „Qu'ils regarderoient comme amis & ennemis tous ceux qui le seroient des Romains; qu'ils ne feroient point usage de vaisseaux longs; qu'ils ne pourroient mettre en mer qu'un seul vaisseau de guerre; qu'ils fourniroient aux Romains, toutes les fois qu'ils en seroient requis, cinquante galéres à trois rangs de rames tout équipées.“ Comme il étoit persuadé que les Carthaginois étoient aux abois, il ne rabatit rien de ces conditions, quelque instance que lui en fissent les Députés; & par un éblouissement que causent presque toujours les succès grands & inopinés, il les traita avec hauteur, préten- Serv. Fulv. M. Æmil. Cons. dant qu'ils devoient regarder comme uneAn. R.497.Av. J. C.255.grace tout ce qu'il leur laissoit, & ajoutant avec une sorte d'insulte, Qu'il faut ou savoir vaincre, ou savoir se soumettre au Vainqueur. Un traitement si dur & si fier révolta les Carthaginois, & ils prirent la résolution de périr plutôt les armes à la main, que de rien faire qui fût indigne de la grandeur de Carthage.


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Régulusbattu dansun combatpar Xanthippe, estfait prisonnier.

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Du côté des Romains, comme ce qui les épouvantoit les plus étoient les éléphans, Régulus, pour remédier à cet inconvénient, distribua les troupes armées à la légére sur une prémiére ligne. Après elles il plaça les cohortes les unes derriére les autres, & mit sa cavalerie sur les deux ailes. En donnant ainsi au corps de bataille moins de front & plus de profondeur, il prenoit à la vérité de justes mesures contre les éléphans, (dit Po lybe) mais il ne remédioit point à l'inégalité de la cavalerie, qui, du côté des Ennemis, étoit beaucoup supérieure à la sienne.


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Il ne faut pas être fort habile dans la ScienAn. R.497.Av. J. C.255.ce militaire, pour voir que les Carthaginois aiant quatre mille chevaux, & les Romains n'en aiant en tout que trois cens, le Général Romain devoit éviter les plaines, & prendre des postes où la cavalerie des ennemis ne pût point agir, & leur devînt inutile: ce qui étoit ôter, en quelque sorte, aux Carthaginois la partie de leurs troupes sur laquelle ils comptoient le plus. Régulus savoit lui-même, que c'étoit par une pareille faute, quoique dans un genre opposé, que les Carthaginois avoient perdu la bataille précédente, c'est-à-dire pour avoir choisi un poste où ils ne pouvoient faire aucun usage de leur cavalerie, ni de leurs éléphans. Il faut l'avouer: l'éclat d'une victoire si brillante l'avoit ébloui. Il se crut invincible, dans quelque lieu que se donnât le combat.


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Le combat commença par les éléphans, que Xanthippe fit avancer pour enfoncer les rangs des ennemis. Ceux-ci, pour ef frayer ces animaux, jettent de grands cris, Serv. Fulv. M. Æmil. Cons.An. R.497.Av. J. C.255.& font un grand bruit avec leurs armes. La cavalerie Carthaginoise donne en même tems contre celle des Romains, qui ne tint pas longtems, étant infiniment inférieure à l'autre. L'infanterie Romaine qui étoit du côté gauche, soit pour éviter le choc des éléphans, soit parce qu'elle espéroit avoir meilleur marché des soldats étrangers qui faisoient la droite dans l'infanterie ennemie, l'attaque, la renverse, & la poursuit jusqu'au camp. De ceux qui étoient opposés aux éléphans, les prémiers furent foulés aux piés & écrasés, en se défendant vaillamment: le reste du corps de bataille fit ferme quelque tems à cause de sa profondeur. Mais lorsque les derniers rangs, enveloppés par la cavalerie & par les armés à la légére, furent contraints de tourner face pour faire tête aux ennemis, & que ceux qui avoient forcé le passage au travers des éléphans, rencontrérent la phalange des Carthaginois qui n'avoit point encore chargé, & qui étoit en bon ordre, les Romains furent mis en déroute de tous côtés, & entiérement défaits. La plupart furent écrasés sous le poids énorme des éléphans: le reste, sans sortir de ses rangs, fut criblé par les traits des armés à la légére, & accablé par la cavalerie. Il n'y en eut qu'un petit nombre qui prit la fuite: mais, comme c'étoit dans un plat-pays, les éléphans & la cavalerie Numide en tuérent une grande partie. Cinq cens, ou environ, furent faits pri sonniers avec Régulus.


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Les Carthaginois, après avoir dépouilléAn. R.497.Av. J. C.255. les morts, rentrérent triomphans dans Carthage, faisant marcher devant eux le Général des Romains, & cinq cens prisonniers. Leur joie fut d'autant plus grande, que quelques jours auparavant ils s'étoient vus à deux doigts de leur perte. A peine pouvoient-ils croire ce qu'ils voyoient de leurs yeux. Hommes & femmes, jeunes gens & vieillards, tous se répandirent dans les temples pour rendre aux Dieux de vives actions de graces; & ce ne furent, pendant plusieurs jours, que festins & réjouissances. Régulus fut enfermé dans un cachot, où il resta pendant cinq ou six ans, & où il eut beaucoup à souffrir de la cruauté des Carthaginois. Nous voyons le Général Romain battu & pris: mais sa prison le rendra plus illustre que ses victoires.


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Prémiérement, doit-on beaucoup comp ter sur son bonheur, après ce qui arrive ici à Régulus? Fier de sa victoire, & inexorable à l'égard des vaincus, à peine daigne- t-il les écouter: & lui-même bientôt après il tombe entre leurs mains. Annibal fera faire la même réflexion à Scipion, lorsqu'il l'exhortera à ne se pas laisser éblouir par l'heureux succès de ses armes. (a) Régulus,

(a) Inter pauca felicitatis virtutisque exempla M. Atilius quondam in hac eadem terra fuisset, si victor pacem petentibus dedisset patribus nostris. Sed non statuendo tandem felicitati modum, nec cohibendo efferentem se fortunam, quanto altiùs elatus erat, eo fœdiùs corruit. Livius, XXX. 30.

Serv. Fulv. M. Æmil. Cons. lui dira-t-il, auroit été un des plus rares moAn. R.497.Av. J. C.255.déles de courage & de bonheur qu'il y ait jamais eu, si, après la victoire qu'il remporta dans le même pays où nous sommes, il avoit voulu accorder à nos péres la paix qu'ils lui demandoient. Mais, pour n'avoir pas su mettre un frein à son ambition, & ne s'être pas contenu dans de justes bornes, plus son élevation étoit grande, plus sa chute fut honteuse.


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Régulus,

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(a) Inter pauca felicitatis virtutisque exempla M. Atilius quondam in hac eadem terra fuisset, si victor pacem petentibus dedisset patribus nostris. Sed non statuendo tandem felicitati modum, nec cohibendo efferentem se fortunam, quanto altiùs elatus erat, eo fœdiùs corruit. Livius, XXX. 30.


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La nouvelle de la défaite & de la prise deOn construit unenouvelleFlotte àRome.Régulus causa une grande allarme à Rome, & fit craindre que les Carthaginois, enflés de leur victoire, & irrités des maux qu'ils avoient soufferts, ne songeassent à venir

(a) ὡς εν σοφὸν βοὺλευμα τὰς πολλὰς Χεῖρας νικᾷ.

Serv. Fulv. M. Æmil. Cons.An. R.497.Av. J. C.255.s'en venger sur Rome même, & n'entre prissent de faire sentir à l'Italie les mêmes ravages que l'Afrique venoit d'éprouver. C'est pourquoi le Sénat ordonna aux Consuls de pourvoir d'abord à la sureté du pays, en y laissant les troupes nécessaires pour sa défense; de travailler à la construction d'une Flotte considérable; de partir au plutôt pour la Sicile; & de passer même en Afrique s'ils le jugeoient à propos, pour donner de l'occupation aux ennemis dans leur propre pays.


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Les Consuls avoient fait une si grande diligence, qu'au commencement de l'été il se trouva trois cens cinquante galéres parfaitement équipées, & prêtes à se mettre en mer. Ils partirent sans perdre de tems, abordérent d'abord en Sicile où ils laissérent de bonnes garnisons dans les villes qui en Serv. Fulv. M. Æmil. Cons. avoient besoin, & en partirent aussitôt pourAn. R.497.Av. J. C.255.deux batailles,ils se remettenten merpour retourneren Italie. l'Afrique. Une rude tempête les poussa vers l'Ile Cossura, située entre l'Afrique & la Sicile vis-à-vis le promontoire de Lilybée. Ils y firent une descente, ravagérent tout le plat-pays, & prirent la ville capitale, qui portoit le nom même de l'Ile. De-là ils gagnérent le promontoire d'Hermée, près duquel est située la ville de Clypéa, où la Flotte Carthaginoise vint à leur rencontre. Il s'y donna un rude combat, dont le succès fut longtems douteux. Le secours qui survint fort à propos de Clypéa, fit pancher la balance du côté des Romains, & leur procura une victoire complette. Les Carthaginois eurent plus de cent galéres coulées à fond, trente de prises; & ils y perdirent près de quinze mille hommes. Les Romains ne perdirent qu'onze cens hommes, & neuf vaisseaux. La Flotte passa aussitôt à Clypéa, & les troupes aiant été débarquées, y établirent leur camp près de la ville. Les Carthaginois vinrent peu après les y attaquer. Il se donna un combat sur terre. Les Carthaginois furent encore vaincus, & perdirent près de neuf mille hommes. Parmi les prisonniers il s'en trouva plusieurs des principaux citoyens de Carthage, qu'on garda soigneusement pour servir à l'échange de Régulus & des autres Romains les plus distingués.


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On délibéra ensuite sur le parti qu'il faloit prendre. Les grands avantages qu'on venoit de remporter, avoient d'abord fait Serv. Fulv. M. Æmil. Cons.An. R.497.Av. J. C.255.espérer qu'on pourroit se maintenir dans l'Afrique. Mais comme tous les pays circonvoisins avoient été ravagés, on craignoit la famine. On jugea donc à propos d'emmener la garnison de Clypéa, & de faire voile en Sicile. On emporta un grand bu tin, qui étoit le fruit des victoires de Ré gulus, & qu'il avoit mis en dépôt dans cette ville.


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Ces Consuls passérent dans l'Afrique avec une Flotte de deux cens soixante vaisseaux. Ils y firent des descentes, prirent quelques places, & en remportérent un grand butin. Il ne s'y passa aucune expédition importante, parce que les Carthaginois les empêchérent toujours d'y prendre aucun poste commode. Ils avoient bien rétabli leurs affaires dans tout le pays, aiant repris toutes les places dont Régulus s'étoit rendu maitre, & fait rentrer dans le devoir tous ceux qui s'étoient révoltés. Amilcar aiant parcouru la Numidie & la Mauritanie, avoit pacifié toutes ces contrées, & avoit exigé des peuples en forme d'amende & de satisfaction mille talens d'argent (trois millions) & vingt mille bœufs. Pour ce qui regarde les principaux des villes, qu'on accusoit d'avoir été favorables aux Romains, il en fit pendre jusqu'à trois mille. On re connoit bien ici le caractére des Carthaginois.


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Depuis le malheur de Régulus, les éléphans, qui y avoient beaucoup contribué, avoient jetté une si grande terreur parmi les troupes Romaines, qu'elles n'osoient presque plus se présenter devant les ennemis, ni hazarder de combat contre eux. Ce changement, dont les Carthaginois s'aperçurent bien, joint à la résolution qu'ils surent que le Sénat avoit prise de ne plus équiper de nouvelles Flottes, leur fit espé- C. Aurelius P. Servil. Cons.An. R.500.Av. J. C.252.Ambassade desCarthaginois versPtolémée.Appian.apud Fulv.Urs. Six millions.rer, que, pour peu qu'ils voulussent faire d'efforts, il leur seroit facile de recouvrer toute la Sicile.