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On a grand soin de dire, quel jour s'est donné une bataille, & on a raison. On imprime les Traités, on décrit la pompe d'un Couronnement, la cérémonie de la reception d'une Barrette, & même l'entrée d'un Ambassadeur, dans laquelle on n'oublie ni son Suisse ni ses Laquais. Il est bon, qu'il y ait des Archives de tout, afin qu'on puisse les consulter dans le besoin; & je regarde à présent tous les gros Livres comme des Dictionnaires. Mais après avoir lû trois ou quatre mille déscriptions de Batailles, & la teneur de quelques centaines de Traités, j'ai trouvé que je n'étois gueres plus instruit au fond. Je n'apprenois-là que des événemens. Je ne connais pas plus les Français & les Sarrasins par la bataille de Charles Martel, que je ne connais les Tartares & les Turcs par la victoire que Tamerlan remporta sur Bajazet. J'avoue, que quand j'ai lû les Mémoires du Cardinal de Retz & deMadame de Motteville, je sçai que ce que la Reine Mere a dit, mot pour mot, à Mr. de Jersay; j'apprens, comment le Coadjuteur a contribué aux Barricades; je peux me faire un précis des longs discours, qu'il tenoit à Madame de Bouillon. C'est beaucoup pour ma curiosité: c'est pour mon instruction très-peu de chose.


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On a grand soin de dire, quel jour s'est donné une ba- taille, & on a raison. On imprime les Traités, on décrit la pompe d'un Couronnement, la cérémonie de la rece- ption d'une Barette, & même l'entrée d'un Ambassadeur, dans laquelle on n'oublie ni son Suisse ni ses Laquais. Il est bon, qu'il y ait des Archives de tout, afin qu'on puisse les consulter dans le besoin; & je regarde à pré- sent tous les gros Livres comme des Dictionnaires. Mais après avoir lû trois ou quatre mille déscriptions de Ba- tailles, & la teneur de quelques centaines de Traités, j'ai trouvé que je n'étois gueres plus instruit au fond. Je n'apprenois - là que des événemens. Je ne connais pas plus les Français & les Sarrasins par la bataille de Charles Martel, que je ne connais les Tartares & les Turcs par la victoire que Tamerlan remporta sur Bajazet. J'avoue, que quand j'ai lû les Mémoires du Cardinal de Retz & de Madame de Motteville, je sçai que ce que la Reine Mere a dit, mot pour mot, à Mr. de Jersay; j'apprens, com- ment le Coadjuteur a contribué aux Barricades; je peux me faire un précis des longs discours, qu'il tenoit à Mada- me de Bouillon. C'est beaucoup pour ma curiosité: c'est pour mon instruction très - peu de chose.


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On consultoit les Astrologues, & on y croyoit. Tous les Mémoires de ces tems-là, à commencer par l'Histoire du Président de Thou, sont remplis de Prédictions. Le grave & severe Duc de Sully, rap- porte sérieusement celles, qui furent faites à Henry IV. Cette crédulité, la marque la plus infaillible de l'igno- rance, étoit si accréditée, qu'on eut soin de tenir un Astrologue caché prés de la Chambre de la Reine Anne d'Autriche, au moment de la naissance de Louis XIV.


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Le Cardinal de Richelieu, & Louïs XIII venoient de mourir, l'un admiré & haï, l'autre déja oublié. Ils avoient laissé aux Français, alors très - inquiets, de l'aversion pour le nom seul du Ministére; & peu de re- spect pour le Trône. Louïs XIII par son Testament établissoit un Conseil de Régence. Ce Monarque, mal obéï pendant sa vie seflatta de l'être mieux après sa mort,18 Août 1643. mais la premiere démarche de sa veuve Anne d'Autriche, fut de faire annuller les volontés de son mari par un Arrêt du Parlement de Paris. Ce Corps, long-tems op- posé à la Cour, & qui avoit à peine conservé sous Lou- ïs la liberté de faire des Remontrances, cassa le Testa- ment de son Roi, avec la même facilité qu'il auroit jugé la cause d'un Citoyen. Anne d'Autriche s'adressa à cette Compagnie pour avoir la Régence illimitée; par- ceque Marie de Médicis s'étoit servie du même Tribu- nal après la mort d'Henri IV, & Marie de Médicis avoit donné cet exemple; parceque toute autre voye eût été longue & incertaine, que le Parlement entouré de Gar- des ne pouvoit résister à ses volontés, & qu'un Arrêt rendu par le Parlement & par les Pairs, sembloit assu- rer un droit incontestable *.


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Le Cardinal de Richelieu, & Louïs XIII venoient de mourir, l'un admiré & haï, l'autre déja oublié. Ils avoient laissé aux Français, alors très - inquiets, de l'aversion pour le nom seul du Ministére; & peu de re- spect pour le Trône. Louïs XIII par son Testament établissoit un Conseil de Régence. Ce Monarque, mal obéï pendant sa vie seflatta de l'être mieux après sa mort,18 Août 1643. mais la premiere démarche de sa veuve Anne d'Autriche, fut de faire annuller les volontés de son mari par un Arrêt du Parlement de Paris. Ce Corps, long-tems op- posé à la Cour, & qui avoit à peine conservé sous Lou- ïs la liberté de faire des Remontrances, cassa le Testa- ment de son Roi, avec la même facilité qu'il auroit jugé la cause d'un Citoyen. Anne d'Autriche s'adressa à cette Compagnie pour avoir la Régence illimitée; par- ceque Marie de Médicis s'étoit servie du même Tribu- nal après la mort d'Henri IV, & Marie de Médicis avoit donné cet exemple; parceque toute autre voye eût été longue & incertaine, que le Parlement entouré de Gar- des ne pouvoit résister à ses volontés, & qu'un Arrêt rendu par le Parlement & par les Pairs, sembloit assu- rer un droit incontestable *.


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* Riencourt dans son Hist. Louis XIV a si peu de sens, qu'il Ce qui trompa cet Ecrivain, c'est qu'en effet Louis XIII avoit dé- claré la Reine Régente; ce qui de dit, que le Testament de Louis XIII fut vérifié au Parlement. fut confirmé: mais il avoit limi- mité son autorité; ce qui fut cassé.

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Anne d'Autriche fut obligée d'abord de continuer la guerre contre le Roi d'Espagne Philippe IV, son frere, qu'elle aimoit. Il est difficile de dire précisément, pour- quoi l'on faisoit cette guerre; on ne demandoit rien à l'Espagne, pas même la Navarre, qui auroit dû être le patrimoine des Rois de France. On se battoit depuis 1635, parceque le Cardinal de Richelieu l'avoit voulu. La France & la Suede attaquoient aussi l'Empereur; mais vers ce tems - là le fort de la guerre étoit du côté de la Flandre; les Troupes Espagnoles sortirent des frontieres du Hainaut au nombre de vingt-six mille hommes, sous la conduite d'un vieux Général expérimenté, nommé Don Francisco de Mélos. Ils vinrent ravager les fron- tiéres de Champagne: ils attaquerent Rocroy, & ils cru- rent pénétrer bien-tôt jusqu'aux portes de Paris, comme ils avoient faits huit ans auparavant. La mort de Louïs XIII, la faiblesse d'une Minorité relevoient leurs espé- rances, & quand ils virent qu'on ne leur opposoit qu'une Armée inférieure en nombre, commandée par un jeune- homme de 21 ans, leur espérance se changea en sécurité.


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La Reine Anne d'Autriche, Régente absolue, avoit fait du Cardinal Mazarin le maître de la France, & le sien. Il avoit sur elle cet empire, qu'un homme adroit devoit avoir sur une femme née avec assez de faiblesse pour être dominée, & avec assez de fermeté pour persi- ster dans son choix.


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Que cette Reine ait éte déterminée à ce choix par son cœur ou par la politique, c'est ce qu'on n'a jamais sçu, & ce que les plus clairvoyans tâcherent envain de démê- ler. Mazarin usa d'abord avec modération de sa puissan- ce. Il faudroit avoir vécu long-tems avec un Ministre pour peindre son caractere, pour dire quel degré de cou- rage ou de faiblesse il avoit dans l'esprit; à quel point il étoit ou prudent ou fourbe. Ainsi sans vouloir deviner ce qu'étoit Mazarin, on dira seulement ce qu'il fit. Il affecta dans les commencemens de sa grandeur, autant de simplicité que Richelieu avoit déployé de hauteur. Loin de prendre des Gardes, & de marcher avec un faste Royal, il eut d'abord le train le plus modeste; il mit de l'affabilité, & même de la molesse partout, où son Préde- cesseur avoit fait paraitre une fierté infléxible. La Reine vouloit faire aimer sa Régence & sa personne, de la Cour & des Peuples, & elle y réussissoit. Gaston, Duc d'Or- leans frere de Louïs XIII, & le Prince de Condé, ap- puyoient son pouvoir, & n'avoient d'émulation que pour servir l'Etat.


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Que cette Reine ait éte déterminée à ce choix par son cœur ou par la politique, c'est ce qu'on n'a jamais sçu, & ce que les plus clairvoyans tâcherent envain de démê- ler. Mazarin usa d'abord avec modération de sa puissan- ce. Il faudroit avoir vécu long-tems avec un Ministre pour peindre son caractere, pour dire quel degré de cou- rage ou de faiblesse il avoit dans l'esprit; à quel point il étoit ou prudent ou fourbe. Ainsi sans vouloir deviner ce qu'étoit Mazarin, on dira seulement ce qu'il fit. Il affecta dans les commencemens de sa grandeur, autant de simplicité que Richelieu avoit déployé de hauteur. Loin de prendre des Gardes, & de marcher avec un faste Royal, il eut d'abord le train le plus modeste; il mit de l'affabilité, & même de la molesse partout, où son Préde- cesseur avoit fait paraitre une fierté infléxible. La Reine vouloit faire aimer sa Régence & sa personne, de la Cour & des Peuples, & elle y réussissoit. Gaston, Duc d'Or- leans frere de Louïs XIII, & le Prince de Condé, ap- puyoient son pouvoir, & n'avoient d'émulation que pour servir l'Etat.


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Le Royaume resta dans cette combustion encor quel- ques années. Le Gouvernement ne prit jamais que des Conseils faibles & incertains: il sembloit devoir suc- comber: mais les Révoltés furent toûjours désunis, & c'est ce qui sauva la Cour. Le Coadjuteur tantôt ami, tantôt ennemi du Prince de Condé, suscita con- tre lui une partie du Parlement & du Peuple: il osa en même - tems servir la Reine, en tenant tête à ce Prince, & l'outrager, en la forçant d'éloigner le Car- dinal Mazarin, qui se retira à Cologne. La Reine par une contradiction trop ordinaire aux Gouvernemens faibles, fut obligée de recevoir à la fois ses services & ses offenses, & de nommer au Cardinalat ce même Coadjuteur, l'Auteur des Barricades, qui avoit con-

traint la Famille Royale à sortir de la Capitale, & à l'assiéger.


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Louis XIV, élevé dans l'adversité, alloit avec sa mere, son frere, & le Cardinal Mazarin, de Province en Pro- vince, n'ayant pas autant de Troupes autour de sa per- sonne, à beaucoup près qu'il en eut depuis en tems de paix pour sa seule Garde. Cinq à six mille hommes, les uns envoyez d'Espagne, les autres levez par les Partisans du Prince de Condé, le poursuivoient au cœur de son Royaume.


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Charles I, Roi d'Angleterre, venoit de se mettre la tête sur un échafaut, pour avoir dans le commencement des troubles abandonné le sang de Straford son Premier Ministre, à son Parlement. Louïs XIV au-contraire de- vint le maître paisible de son Royaume en souffrant l'exil de Mazarin. Ainsi les mêmes faiblesses eurent des suc- cez bien différens. Le Roi d'Angleterre, en abandon- nant son Favori, enhardit un Peuple, qui respiroit la guer- re, & qui haïssoit les Rois: & Louïs XIV (ou plûtôt la Reine Mere) en renvoyant le Cardinal, ôta tout pré- texte de révolte à un Peuple las de la guerre, & qui ai- moit la Royauté.


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Man wendet viel Sorgfalt an, den Tag zu bestimmen, an welchem eine Schlacht vorgefallen ist, und man hat Recht. Man läßt die Tractaten drucken, man beschreibt die Pracht bey einer Krönung, so gar den Einzug eines Gesandten, und vergißt weder seine Schweizer noch seine Bedienten dabey. Es ist gut, daß man von allen Sachen Archive habe, damit man sie im Nothfalle um Rath fragen kann, und ich betrachte jetzo alle große Bücher als Wörterbücher. Nachdem ich aber drey bis vier tausend Beschreibungen von Schlachten, und den Inhalt von etliche hundert Tractaten gelesen, so fand ich, daß ich im Grunde nichts mehr gelernt hatte. Ich erfuhr nichts als bloße Begebenheiten. Ich lernte aus der Schlacht des Carl Martels die Franzosen und Saracenen eben so wenig kennen, als ich die Tartarn und Türken aus dem Siege kennen lernte, welchen Tamerlan über den Bajazet davon trug. Ich gestehe es, als ich die Denkwürdigkeiten des Kardinals von Retz und der Frau von Motteville gelesen hatte, so wußte ich, von Wort zu Wort, was die Königinn über die Geschichte überhaupt. Mutter zu dem Herrn von Jersay gesagt hat: ich lerne, wie der Coadjutor das Seine zu der Wagenburg beygetragen hat; ich kann mir einen genauen Begriff von den langen Reden machen, welche er gegen die Frau von Bouillon gehalten hat. Dieses ist für meine Neugierigkeit sehr viel; für meine Unterweisung aber sehr wenig.


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Man befragte die Sterndeuter, und glaubte ihnen. Alle Geschichtbücher dieser Zeiten, von der Historie des Thuanus anzufangen, sind mit Vorherverkün digungen angefüllt. Der ernsthafte Herzog von SullyVersuch über das Jahrhundert erzählt diejenigen in allem Ernste, welche dem vierten Heinrich geschahen. Diese Leichtgläubigkeit, der untrüglichste Beweis der Unwissenheit, war so durchgängig angenommen, daß man einen Sterndeuter neben dem Zimmer der Königinn Anna von Oesterreich, in dem Augenblicke der Geburt Ludewigs desXIV, verborgen hielt.