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Text
Monsieur mon treshonorè Oncle .
La veille d'aujourdhuy, m'a fait souuenir de la debte, dont ie vous suis
obligé, Vous ayant perdu dernierement un
Nöel
au jeu de Cartes J'auois toujours esperè, que quelques marchants françois,
suiuant leur coustume, passeroient par icy un des ces jours, Et que par ce
moien je pourrois trouuer quelque chose de plus grand prix, pour, en
l'enuoiant á V. E., m'acquitter tant mieux de mon deuoir en cet endroit.
Mais ayant esté frustré de celle attente, Je me suis Veu contraint de
prendre, ce, que j'ai peu trouuer, assauoir la presente espee, que VE.
daignera receuoir de moi en paiement dudit Nöel, qu'elle m'a gaignè: la suppliant bien humblement,
ne regarder tant au prix d'icelle qui se coignoist aisement estre assez
petit, qu'á l'affection, que je vous ai vouee, Et a l'assurance, que j'ai en
vostre bontè laquelle me fait esperer en outre que ne refuserez point les
neuf Muses, enchantees et changees en autant de Verrez par l'artifice du
sage
Attalante
, lesquelles vont chercher, pres du verdoyant
Parnasse, leur maistre et Gouuerneur Appollon , qu'elles ont entendu estre deguisè par le
mesme Attalante, en une tasse, sous le nom du fameux Öelberger, En intention,
apres l'auoir trouué, et receu l'honneur de ses ordonnances et commendemens,
de se presenter au lieu des Estrenez que j'ai perdues contre VE.
aussi. En suite de ceci, puis que le bon heur a esté pareillement du coste
de VE. || [
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] touchant les trois rois, Voici trois verres, Venüs du coste du Leuant [4v] sous les noms et deuises des
trois Rois, á la façon desquelles on cognoist aisement, que les peuples
Orientaux doiuent estre plus Spirituels et plus laborieux tout ensemble que
ceux du Septentrion: Suppliant treshumblement V. E.
les vouloir pareillement prendre en bonne part, en se souuenant que: Dat pyra dat poma qui non
habet alia dona: Remettant au surplus á sa
volontè et bon plaisir de les faire par fois faire le tour de sa table, en y
faisant adjouster la sauce assaisonnee du: Le Roi boit: á condition pou[r]tant, qu'il ne m'en prenne, comme au forgeur du taureau d'airain, Beryllus pour en faire
le preuue le premier: A tant pour n'abuser par trop de la patience de VE.
apres auoir baisé treshumblement les mains á VE. et auec sa permission á
Madame ma Tante, et m'estre recommandé
tresaffectueusement á mon Cousin et Cousine vos enfans Je serai fin,
priant Dieu vous tenir en sa sainte garde et demeurant.
Monsieur mon treshonoré Oncle
Vostre plushumble et plus assuré Nepueu
á vous seruir.
Jean Casimir , Prince á Anhalt mapp.
Dessa ce 24 Dec.
1617.